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Le projet Mille-Pas ? Il y a 2 ans, un projet à dimension économique et touristique financé par le Département de l’Isère est monté sur le domaine de Mille-Pas par le service Économie du Pays Voironnais. En parallèle, le PAH était en train de réaliser un inventaire du patrimoine sur le territoire et dans ce cadre, un travail était porté sur la demeure et l’histoire de Mille-Pas, le PAH et le service aménagement-planification travaillant sur des outils et des processus pour intégrer dans la mesure du possible le volet patrimoine et architecture dans l’acte d’aménager; il y a un volet « bâti et patrimoine » inscrit dans le schéma de secteur, afin d’intégrer une politique patrimoniale ( prise en considération des résultats de l’inventaire dans les PLU par exemple); Du coup les différents services (économie, tourisme, aménagement, PAH) ont collaboré à l’occasion de l’étude urbaine en cours porté par le service aménagement sur le quartier Mille-Pas ; je rappelle qu’il y a un périmètre protégé de l’église Saint-Bruno et que la consultation de l’ABF avant-projet était indispensable, le patrimoine peut ajouter une plus- value à ce projet économique, qui consiste à créer un établissement bistronomique ; La qualité architecturale et patrimoniale d’une demeure comme Mille-Pas contribue à l’attractivité de la ville et au cadre de vie des habitants, il faut en tenir compte si un acteur économique s’installe ; tout cela montre l’intérêt que peut avoir la collectivité à intégrer le volet patrimonial en amont de tout projet ; on prévoit de donner un « discours », de contextualiser l’histoire du site et du quartier de Mille-Pas, pour donner un sens dans l’acte d’aménager : avant c’était le domaine Brun-Pérod, la première distillerie, avant la Chartreuse (les caves sont en cours de ré-affection de leur usage, elles vont déménager à Saint- Laurent-du Pont), avec un parc paysager ; le rappeler ça redonne du sens au domaine, qui aujourd’hui est composé de parcelles privées et publiques, saucissonné dans les années 30/40, on hérite d’un parcellaire morcelé, d’une gestion du bâti morcelée ; c’est le dernier grand domaine de distillerie du 19ème en Voironnais… Un intérêt donc majeur à prendre en considération, ce que de nombreux sites en Bourgogne, à Cognac ont su tirer parti ; Ainsi afin d’appuyer et démontrer l’importance patrimoniale et architecturale du domaine, on (Aménagement - PAH) propose et accompagne l’instruction d’un diagnostic architectural et patrimonial, avec un bureau d’étude, passer par un BET ça permet d’apporter un regard et une parole extérieurs, mais aussi une expertise pour conforter cette démonstration; Le PAH accompagne le volet technique et le suivi d’étude, le financement de l’opération est quant à lui intégré à l’étude urbaine, c’est le premier diagnostic architectural et patrimonial qui existe en amont d’un processus d’aménagement ; le travail du BE a duré deux mois ; les résultats ont été présentés aux membres du COTECH et du COPIL, à la base il n’était pas envisagé de conserver les communs de Mille-Pas, c’est les bâtiments associés à la maison de maître ; la réflexion était plus portée sur la réalisation d’un parking ; à ce moment les élus montrent un intérêt ; les quatre façades de la maison de maître, pas l’intérieur, sont intégrées à l’étude ; l’ABF a été associée à l’étude ; on souhaite que le caractère patrimonial du bâtiment soit pris en compte ; pour moi l’intelligence de ce projet c’est intégrer le patrimoine dans l’aménagement, à ce stade, c’est lié à une intelligence relationnelle entre deux techniciens, entre le service PAH et le service Aménagement ; nous avons communiqué les résultats du diag au cabinet Allimand, le BE paysagiste en charge de l’étude urbaine de requalification de l’ensemble ; on a fait ensuite un travail pédagogique pour restituer les résultats de l’étude, au service économie, aux élus, au cabinet paysagiste, aux caves de Chartreuse…; mais ce ne sont que des recommandations, quelques préconisations, pas d’obligations de les suivre, le travail doit être intégré dans les prochaines phases de programmation ; c’est important de restituer le domaine dans un quartier, la gare et le parvis, le réseau viaire ; ici il y a des immeubles haussmanniens, la route, c’est une entrée de ville, qui peut offrir un point de vue, des perspectives urbaines si on sait les valoriser ; il faudrait avoir une pensée globale sur le quartier et pas une vision parcellaire, limitée à une maison et un jardin ; persiste parfois encore une vision du patrimoine d’il y a trente ans, de ceux qui défendaient l’objet patrimonial, « le monument », et faisaient abstraction de son inscription, son intégration dans un contexte urbain (pas à l’espace dans lequel s’intègre le bâti, sa logique d’intégration urbain, sociale, économique...comme le font les ex espaces sauvegardés – les AVAP, et aujourd’hui les SPR…) ; il ne faut pas isoler le bâtiment dans la réflexion ; en parallèle, les caves de Chartreuse ont conduit une étude sur leur requalification, indépendamment du diagnostic établi sur le domaine ; on pourrait axer le bâtiment sur l’histoire de la distillerie, les savoir-faire ancestraux, comme le font très bien certaines

maisons (Hermès) qui misent leur attractivité sur le savoir-faire de leur enseigne, sur l’authenticité du produit , le lieu pourrait être valorisé ; un service Patrimoine est parfois vu sous l’angle de la contrainte ; mais on souhaite redorer l’identité du lieu, quand on visite les caves en Bourgogne, en Beaujolais, on aime ce qui est authentique ; notre dossier c’est une « écriture », qui montre comment les quartiers ont été pensés, réfléchis, on pourrait aboutir à un espace architectural et paysager qui peut être mis en tourisme, mais qui peut aussi contribuer à la qualité du cadre de vie des habitants ou futurs habitants ; qui sont les acteurs qui décident ? dans ce projet, les acteurs sont les élus, la ville de Voiron notamment, et le service Économie de la CAPV, tu devrais rencontrer Angela, et le service tourisme ; le PAH n’a que trois ans ; son domaine de compétence en matière d’ingénierie patrimoniale au service des projets urbain et d’aménagement, de politique de requalification, on le conçoit encore comme un simple outil d’animation et de mise en tourisme ; or une politique patrimoniale c’est 1/recherche, diagnostic 2/conservation / restauration 3/valorisation… on n’a que le 3ème volet là ; il serait intéressant de mettre en place un processus de décision qui intégrerait automatiquement le PAH dans les projets qui intègrent et touchent le bâti ancien; ce qui a aussi permis d’intégrer une réflexion et une étude architecturale et patrimoniale à l’étude urbaine de Mille-Pas, c’est qu’il est situé dans les abords d’un Monument Historique ; en Voironnais où il y a 34 MH ; c’est donc très difficile par exemple dans les centres bourgs qui n’ont aucune servitude de protection, qu’une réflexion émerge naturellement sur la qualité architecturale et patrimoniale dans une opération d’aménagement, à Tullins dans le quartier de Fure il y a une OAP en cours, qui est hors abords, c’est compliqué ; comme déjà évoqué on a une vision très passéiste du patrimoine ; qui intervient également ? le Département de l’Isère et son service patrimoine culturel (architectes du patrimoine, historiens, archéologue) ; le CAUE qui oriente, conseille, alimente les réflexions en matière de qualité urbaine, architecturale et paysagère des projets individuels ou publics , mais les CAUE n’ont pas forcément une expertise sur le volet patrimonial, d’où tout l’intérêt – sur un même territoire - de travailler en transversalité avec chacune des expertises ; le Parc régional de Chartreuse, car il y a 9 communes de la CAPV sur le parc ; le PAH ; les associations du patrimoine : elles ont souvent une lecture historique à l’échelle d’un bâtiment, mais le sujet de la place du patrimoine dans le site, dans son environnement urbain, est moins maîtrisée, elles ont souvent une vision de l’histoire du monument, c’est intéressant mais ça manque d’une vision plus large ; tout ça c’est à l’échelle de l’intercommunalité ; à l’échelle des communes, il y a rarement un service dédié au patrimoine culturel, éventuellement un élu référent sur le volet animation culturelle, qui est rarement associé, ce sont souvent les élus urbanisme qui sont mobilisés sur la gestion et la qualité du patrimoine; à la Ville de Voiron, il y a un service technique et urbanisme, avec un architecte dédié, pas de service patrimoine, le Département, avec la décentralisation, a une compétence culturelle et patrimoniale (inventaire – conservation restauration – accompagnement à l’aide) ; L’inventaire général du patrimoine est une compétence des Régions, mais en effet en Isère, avec les politiques de décentralisation, c’est une compétence qui a été prise ; il gère l’accompagnement, les subventions MH ; il a une politique de labels, le label Patrimoine en Isère; 9 personnes dans le service du Département, c’est la CAPV - PAH qui a sollicité le Département pour réaliser un inventaire, c’est inédit, d’habitude, ça se fait à l’échelle du canton ; le PAH est l’auteur de cette commande, et il a été intégré sur plusieurs volets de l’inventaire (recherche et rédaction patrimoine industriel, réalisation d’un projet pédagogique, sensibilisation des habitants par la mise en œuvre de parcours sur le territoire); l’inventaire a duré deux ans; maintenant c’est la phase communication, valorisation de l’inventaire, il faut se saisir des données et les optimiser, pour les diluer dans les politiques d’urbanisme et d’aménagement ; on a demandé que cinq synthèses historique du développement urbain soient effectuées sur cinq bourgs ; tu devrais rencontrer le service patrimoine du Département

Le PAH peut-il être un outil de protection du patrimoine bâti ? Par définition, le PAH est un label du Ministère de la Culture, rattaché à la Direction des Patrimoines et de l’Architecture ; Le PAH, ne doit pas être entendu comme « un logo », « une marque », mais il doit être compris comme un projet de territoire avec des enjeux, des orientations et des axes de développement en matière d’architecture et de patrimoine. Avec l’obtention du label, le Pays Voironnais s’est engagé dans la mise en œuvre d’une véritable politique de gestion et de valorisation du patrimoine architectural bâti de son territoire. Ainsi, le PAH n’est pas et ne peut être un outil de protection du patrimoine bâti au sens juridique du terme « SPR, ex AVAP, secteur sauvegardé.. » Pour autant, le PAH doit être un acteur essentiel de la diffusion de la culture architecturale et patrimoniale du territoire, qu'il s'agisse de transmettre des connaissances

(inventaire et recherche), de soutenir la qualité architecturale (intégrer le volet paysager et bâti architectural dans les processus d’aménagement), ou de contribuer à la protection des éléments patrimoniaux (accompagner le STAP et le CAUE dans les procédures de protection). Le PAH accompagne l’EPCI et les communes engagées dans la mise en valeur de leur patrimoine pour les conduire à une meilleure prise en considération du cadre bâti et paysager dans les opérations d'aménagement.

Annexe 2-3 Entretien auprès de Hélène Schmidgen-Benaut, architecte urbaniste en chef de