• Aucun résultat trouvé

F. Le modèle de McCombs

1.2.9 Comment enseigner une culture étrangère

Selon Gautheron-Boutchatsk et al (2003), la salle de classe de langue/ culture étrangère est un lieu où la médiation est nécessaire et l’enseignant est un médiateur car :

1 – l’enseignant transmet le sens à celui qui n’y a pas accès.

2 – le contenu de l’enseignement conduit à une confrontation de langue/culture différente. 3 – l’enseignant doit ranger les malentendus entre les cultures différentes.

« L’enseignant-médiateur a donc à établir des liens entre les différences tant culturelles que linguistiques et les rendre accessibles, acceptables » (Gautheron-Boutchatsky et al ,2003 :45).

Le système culturel « est un ensemble cohérent de catégories identitaires qui rend le monde intelligible. Dans cet agencement propre à chaque culture, chacun doit recevoir une place et une seule : cela signifie que personne ne peut être à toutes les places à la fois, ni être exclu de l’ensemble » (Gautheron-Boutchatsk et al ,2003 :47).

76 Selon Barthélémy, la didactique du FLE commence à s’intéresser beaucoup à la question de la formation à l’interculturel pour des raisons pas purement didactiques : les entreprises ont bien compris que la seule maîtrise de codes linguistiques ne suffisait pas et que la connaissance réciproque des cultures favoriserait les échanges commerciaux » (Barthélemy, 2007 : 138). Selon Barthélémy, le gouvernement américain a chargé E.T. Hall d’une mission importante pour favoriser les liens commerciaux avec l’étranger, cette mission était de réaliser une étude sur les comportements des chefs d’entreprises étrangers. Selon E.T. Hall (d’après Barthélemy, 2007) il est nécessaire de comprendre la culture de l’autre et connaître ses valeurs pour :

1 – Faciliter les échanges ; 2 – Reconnaître l’autre ;

3 – Établir un respect réciproque.

Pour Barthélémy, l’interculturel facilite la communication. L’importance de la découverte de la culture du pays de la langue étrangère permet à penser profondément à sa propre culture ainsi que penser profondément à son identité par rapport à celle des autres.

Chaque société a ses propres cultures « générationnelle, médiatique, sexuelle, politique, régional » (Barthélemy, 2007 : 139). Barthélémy insiste à enseigner cette compétence interculturelle dans la classe de langue étrangère à tout prix même en passant par la langue maternelle « la dimension interculturelle doit faire partie des enseignements dans les classes de langues. Elle n’est pas innée, et se construit « se fabrique » (Barthélemy, 2007 : 140).

Lussier (2006), met aussi l’accent sur l’importance de la culture du pays de la langue étrangère enseignée. Selon cette auteure, les enseignants de français aux non-francophones doivent :

1 – aider les apprenants à développer de l’empathie envers la langue de l’Autre ;

2 – amener les apprenants à déceler les éléments culturels, dans les interactions les discours des individus, qui peuvent influencer leur vision de l’autre ;

3 – créer des situations d’apprentissage permettant aux élèves d’interagir socialement dans des situations qui dépassent les stéréotypes et les éléments folkloriques ;

4 – faire apprendre aux élèves la médiation culturelle, afin qu’ils puissent agir positivement dans des situations pouvant générer de l’incompréhension ou des tensions.

Selon Luissier (2006 :115) « l’enseignant de français, langue seconde ou étrangère, doit se rappeler que tout texte écrit ou oral exploité en salle de classe est porteur de sens culturel ».

77 On a vu le rôle que la CCI peut jouer dans la classe de LE. Zarate dans son livre Enseigner une culture étrangère : « souhaite contribuer à la constitution de la didactique des cultures à l’instar de la didactique des langues » (Zarate, 1986 : 7).

Zarate (1986) refuse le postulat qui dit qu’il faut donner à l’étranger la même compétence culturelle que celle du natif. La raison principale pour ce postulat pour Zarate, c’est que l’apprentissage de la culture maternelle et étrangère est de nature différente car l’appartenance à une culture impose une représentation du monde. La représentation du monde est différente pour un étranger et pour un natif. Zarate insiste à cette différence de la représentation du monde qui peut être bien semblable pour des gens qui vivent dans une même zone géographique et partagent les mêmes modes de vie par exemple les Français et les Italiens, même si la représentation du monde pour eux n’est pas identiques mais reste bien plus proche que la représentation du monde pour un Syrien qui habite dans une autre zone géographique et parle une langue qui ne partage pas les mêmes racines avec le français.

1.2. 10 Les relations sociales et la culture

Pour Zarate (1986), l’appartenance culturelle se fait par les relations sociales : la méconnaissance qui a l’élève des relations sociales du natif, son milieu, doit motiver l’élève étranger à l’apprentissage culturel.

Zarate (1986 : 23) parle de la frontière culturelle qui est le « partage allusif entre une communauté familiale, régionale, nationale, etc». Pour l’auteure, les frontières culturelles ne sont pas seulement les frontières géographiques ou les frontières entre les nations mais même au sein de la même communauté on peut remarquer des frontières culturelles.

Pour un individu, les savoirs culturels qu’il a, semblent innés face à une culture étrangère. Il n’est pas vierge de tout savoir culturel lors de l’apprentissage d’une langue étrangère, mais il dispose d’outils conceptuels en fonction de son système culturel d’origine. Selon Zarate (1986), la compétence culturelle du natif est différente de celle de l’étranger. Dans un premier contact, chaque communauté essaye d’exclure les comportements de l’autre et les défavoriser aux yeux des membres de leur propre communauté. De cette affirmation de la part de Zarate on repère que :

1 – Exclure la culture étrangère complètement n’aide pas les membres d’une communauté « les élèves » à construire leur identité communautaire et national. Présenter la culture étrangère comme ennemi en montrant seulement ce qui est différent rend les élèves et toute une société enfermée.

78 2 – Présenter la culture étrangère comme digne et pas inférieure de la culture maternelle ou d’origine rend les membres d’une communauté plus ouverts et aide à construire un monde mondialisé.

La compétence culturelle du natif consiste selon Zarate(1986) à la mise en rapport de ces savoirs antérieurs avec le vécu immédiat. Donc ce qui compte ce n’est pas l’addition de savoir qui construit une compétence culturelle chez le natif mais c’est « la familiarité avec un nombre réduit de connaissance » (Zarate, 1986 : 81). L’étranger se trouve confronté à une lacune aberrante mais ce n’est pas le cas du natif.

Selon Zarate, l’organisation du monde est liée aux problèmes d’identité. Les malentendus viennent du classement : noir, blanc, directeur, contremaîtres, ouvriers, etc. L’expression « dialogue des cultures » exige une relation non conflictuelle entre les cultures différentes.

Les élèves face à une culture étrangère, se trouvent dans une situation qui pose la question de l’identité nationale et personnelle.

La relation entre deux cultures, une maternelle et la deuxième étrangère, en salle de classe doit être mise en pratique, c’est dans le sens de sensibiliser les élèves à la variété de contacts possibles avec la culture étrangère, dans ce cas les élèves auront la chance d’établir « une relation originale et personnelle avec la réalité étrangère. Si la démarche et les documents utilisés dans la classe encouragent cette prise de conscience, le processus d’acculturation et de déculturation vis-à- vis de la culture étrangère peuvent d’avantage être maîtrisés » (Zarate, 1986 : 38).

Selon Zarate (1986), quand on a deux cultures en salle de classe, on a aussi une réflexion sur l’identité. Construire l’identité personnelle ou nationale des élèves ne se fait pas en s’éloignant de toutes les autres cultures, les autres nations, les autres modes de vie et les autres modes de voir le monde.

Zarate (1986) insiste sur l’intégration de la culture étrangère dans les manuels de FLE, car pour elle :

dans certains contextes scolaires, la réflexion sur l’identité nationale des élèves investit la classe de langue lorsque l’institution scolaire estime qu’elle doit prendre en charge une définition du rapport entre culture nationale et culture étrangère. Cette option éducative est repérable lorsque les personnages mis en scène dans les documents sont majoritairement de la même nationalité que les élèves. Le séjour à l’étranger, fiction souvent utilisée dans les manuels, met dans ce cas en scène des Français en visite dans le pays d’enseignement. Le pays est ainsi implicitement valorisé comme pôle d’attraction du flux touristique. Cas extrême, ces manuels qui ne font que décrire en français la réalité nationale des élèves – en mentionnant les institutions politiques, les réalisations technologiques ou culturelles les plus prestigieuses, etc – c’est l’un des cas où, dans le domaine culturel, le politique prend le pas sur le pédagogique. Si les options les plus

79 extrêmes ont le mérite d’être explicites, on ne peut que remarquer que toute mesure de « protectionnisme culturel » s’accompagne d’un égal souci de fermeture à la culture étrangère. (Zarate, 1986 : 32).