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personnel, il faut féliciter son personnel de vive voix en la personne humaine et pas seulement pour ses résultats obtenus.

Chapitre 4 - Les enjeux du repas du

personnel

1) Physiologique et nutritionnel

On s'intéresse ici aux enjeux physiologique et nutritionnel du repas du personnel dans les entreprises. En effet le premier enjeu d’un repas est le fait de se nourrir, c’est un besoin primaire commun à tous les êtres humains. Maslow par exemple dans sa pyramide des besoins place les besoins physiologiques au pied de l’édifice car ce sont les besoins

indispensables à l’Homme. Selon lui, la satisfaction d’un besoin, conduit automatiquement à l’envie de satisfaire le besoin suivant.

Figure I : Pyramide des besoins selon Maslow

L’enjeu physiologique est donc le premier enjeu que doit satisfaire le repas du personnel. Cet enjeu est couplé avec l’aspect nutritionnel du repas, qui rassemble comme nous l’avons vu précédemment rassemble la quantité, la qualité, l’équilibre et la variété. La satisfaction de ses besoins implique aussi une source de motivation. En effet, pour motiver un salarié il faut satisfaire ses besoins primaires et supérieurs, en lui confiant des responsabilités par exemple.

2) Social

Plus que l’aspect nutritionnel il y a aussi des aspects compensateurs voire thérapeutiques (notamment dans les hôpitaux). D’après Anne Monjaret dans

« Consommations et sociétés : l’alimentation au travail » (2001), les pauses repas participent à la socialisation des salariés et à la construction d’une identité professionnelle commune à tous les employés.

Au XIXème siècle le contrôle de la hiérarchie sur les salariés était moral dans les entreprises. Par exemple, pour les employés célibataires, l’entreprise devenait une sorte de famille de substitution, et il y avait une forte incitation à la consommation dans des lieux tels que la cantine. On peut considérer qu'à cette époque le management était paternaliste. A l’inverse, aujourd’hui, l’employé est beaucoup plus indépendant, l’offre de restauration est souvent beaucoup plus importante et diversifiée.

Le secteur de la restauration est particulier, puisqu’il est directement lié à la production, au service et à la consommation de nourriture. L’alimentation est omniprésente dans ce secteur. Les pauses repas encouragent les employés à produire une prestation de qualité pour la clientèle. Ces pauses sont spécifiques au corps de métiers puisque celui-ci fonctionne avec des horaires contraignant les employés de la restauration à manger de façon désynchronisée par rapport au reste de la société.

Il ne faut pourtant pas négliger l’alimentation du personnel et celle-ci doit rester un objet de plaisir. Le goût de celle-ci est différent pour chaque individu, donc l’alimentation permet une individualisation. Face au travail collectif s’alimenter permet de « redevenir » une personne singulière. Ce moment permet aussi de favoriser la cohésion d’équipe en permettant des échanges informels qui sont absents ou moindres lors des moments de travail.

L’enjeu social du repas du personnel se fait ressentir de plus en plus dans les entreprises et notamment dans la restauration, il va directement impacter l’implication et la motivation des employés à effectuer leur travail en renforçant le collectif (le travailler ensemble). Bien entendu il complète les autres enjeux liés à ce repas.

3) Santé publique

Santé et alimentation sont liés, c’est d’ailleurs primordial. Hippocrate (460- 356 avant J.-C) aurait dit : « Que ton aliment soit ta première médecine ».

Depuis quelques années, le bien-être au travail est un sujet d’actualité, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se mobiliser pour la santé physique et morale de leur personnel, elles mettent des actions en place dans les entreprises de différents secteurs.

Les entreprises recrutent aujourd’hui des « hapiness managers », que l’on peut traduire par managers du bonheur, ils veillent à ce que les employés soient heureux au travail et dans leur entreprise. On passe plus de temps à notre travail qu’en famille, ce dernier ne doit donc pas simplement être un gagne-pain mais un vecteur d’épanouissement et de réalisation de soi.

Comme le confirme l’INRS24 ; l’approche bien-être au travail permet de développer dans l’entreprise des moyens efficaces et performants qui visent à améliorer la santé des salariés et à favoriser leur motivation et leur implication dans le travail.

Pour être efficace, les entreprises doivent également valoriser une alimentation favorable pour la santé, que le repas soit une source de plaisir et de convivialité. Le 15 septembre 2005, une étude du Bureau international du Travail est publiée par l’OIT25. Elle s’intitule « L’alimentation au travail : des solutions

contre la malnutrition, l’obésité et les maladies chroniques ». Elle met en avant

qu’un régime alimentaire trop pauvre ou qu’une nourriture trop riche prise sur le lieu de travail, ou qu’une alimentation inadaptée peut coûter aux différents pays dans le monde jusqu'à 20% de leur productivité du fait d’une mauvaise hygiène alimentaire. Trop souvent, l'alimentation au travail est perçue comme une question de second plan et est donc une « occasion manquée » d'augmenter la productivité. La mauvaise alimentation affecte donc le bien-être, la concentration, le moral et la forme des salariés.

Toujours d’après cette étude, l’OIT dévoile qu’aux États-Unis, les coûts médicaux liés au surpoids entraînent des pertes de productivité de 3,9 milliards de dollars, ce qui correspond à 39,2 millions de journées de travail perdues.

Le bien-être au travail passe donc aussi par une restauration du personnel de qualité qui permet une meilleure motivation au travail et de meilleures performances des employés. Le Ministère des Affaires sociales et de la Santé, a publié en janvier 2013 un guide à l’usage des chefs d’entreprises : « Entreprises et Nutrition : Améliorer la santé des salariés par l’alimentation et l’activité physique ».

Depuis 2013, les entreprises volontaires de plus de 50 salariés à l’initiative de la direction de l’entreprise, peuvent adhérer à la Charte « Entreprises Actives du PNNS », elles doivent donc s’engager à devenir acteur de la nutrition au sein de leur entreprise dans l’attente des objectifs du PNNS.

24Institut National de Recherche et la sécurité pour la prévention des accidents du travail et des

maladies professionnelles

Les engagements des entreprises signataires portent sur :

 Un engagement global : développer ou renforcer un programme d’actions en nutrition ;

 Un engagement précis : mettre en place, chaque année, un minimum de trois actions définies par la charte.

Cela permet de contribuer au bien-être au travail, à la prévention des pathologies les plus fréquentes, à la réduction de l’absentéisme, à l’amélioration de la qualité du travail. D’après un rapport du PNNS un grand nombre d’entreprises ont déjà développé des actions pour la promotion de la nutrition au profit des salariés. Le bilan qu’elles en font est généralement très positif.

Dans cette charte, il est spécifié que les entreprises du secteur de l’alimentation (production, transformation, distribution, restauration) peuvent aussi en être signataires, elles doivent forcément éviter, en communication, toute confusion possible avec les actions d’amélioration nutritionnelle de leurs produits au sein de leur entreprise et les produits destinés à leurs consommateurs.

Un travail de master de la Faculté des sciences économiques et sociales de l’Université de Berne en Suisse confirme qu’une alimentation alliant plaisir et équilibre a un effet sur la prestation au travail au niveau de la productivité, de la satisfaction de l’employé au sein de son entreprise. En 2016, la SSN26, le groupe SV Group (groupe de gestion hôtelière des cinq secteurs d'activités de restauration) et la Poste de Suisse se sont appuyés sur l’étude de l’université, ils ont ainsi confirmé que deux salariés sur trois sont plus motivés après s’être rendus au restaurant du personnel et les salariés considèrent que les repas pris au restaurant du personnel renforcent l’esprit d’équipe grâce à la communication et aux interactions. À choisir entre une augmentation de salaire et le maintien d'un restaurant du personnel, deux tiers des personnes interrogées préfèrent que celui- ci soit maintenu plutôt que de recevoir 2000 francs suisse de plus par an.

Le bien-être au travail est primordial, cela passe notamment par le repas du personnel.

4) Managérial

La tendance managériale tend à s'inverser, en effet, certaines entreprises prennent de plus en plus conscience que ce sont les employés qui créent de la valeur surtout dans le secteur des services. Ce management moderne, a pour but de se préoccuper d’abord des employés avant les clients « Employees First, Customers Second ». Dans ce nouveau type de management, on se rend compte que ce sont les “opérationnels” qui créent de la valeur en rassemblant des outils pour trouver des solutions sur mesure. Cette transformation culturelle vise à investir et engager le salarié pour qu’il satisfasse au mieux le client. Les employés placés au premier rang, créent de la valeur pour les clients. Ce management vise à « renverser » la pyramide managériale classique, en donnant aux employés plus de responsabilités et en instaurant une politique de transparence.

Les clés de ce management, selon Vineet Nayar 2011 auteur de « Les employés

d’abord, les clients ensuite - Comment renverser les règles du management »,

sont :

 « Faire confiance aux employés ; 

 Encourager les employés ; 

 Enthousiasmer les employés ».

Ce nouveau management rentre aussi dans l’engrenage de « La chaîne du

service au profit », qui prend conscience que ce sont les employés qui vont

satisfaire les clients et donc l’entreprise sera prospère. Cette chaîne montre le lien entre la motivation des collaborateurs, la fidélité des clients et les profits des entreprises.

Figure J : La chaîne du service au profit par James Heskett à Harvard en 1990

Nous pouvons voir ici, que la motivation des employés est un des facteurs clés dans la satisfaction de la clientèle et leur fidélisation. Tout commence donc pour une entreprise avec un employé heureux, motivé et fidèle. En effet, un employé insatisfait ne peut pas satisfaire un client. Si un employé est motivé, productif et fidèle on peut considérer que celui-ci est “engagé” envers l’entreprise.

Un salarié engagé utilise ses compétences et est dévoué à son entreprise pour améliorer la performance. C’est un cercle vertueux, les managers doivent concentrer leurs efforts sur les salariés engagés et célébrer le succès des collaborateurs.

L’engagement des salariés peut se mesurer par des questionnaires soumis aux collaborateurs. Selon Pierre Laborie27, l’engagement des salariés peut se mesurer par des questions sur différentes thématiques comme « les relations avec mon manager sont-elles bonnes ? » ou « mangez-vous bien dans cette entreprise ? »

Il faut coupler ce type de management avec une culture d’entreprise forte qui vise à motiver et fidéliser les employés. La culture d’entreprise vise à rassembler les collaborateurs autour de rites, de valeurs, de mythes. L’entrepreneur fait des choix et essaye d'insuffler à ses collaborateurs des valeurs communes à tous.

La culture d’entreprise c’est donc l’histoire de celle-ci, c’est ce qui constitue l’identité de l’entreprise en faisant regarder tous les collaborateurs dans la même direction. Les rites font naître la culture d’entreprise, ceux-ci peuvent prendre la forme de repas du personnel journaliers, de repas « spéciaux » en fin de semaine, de sortie hebdomadaire, de « l’arbre de noël » annuel. Le repas du personnel rassemble ainsi tous les employés pour un moment de détente, de convivialité quel que soit la place dans la hiérarchie de ceux-ci dans le but de « nourrir » et développer le sentiment d’appartenance et de loyauté envers l’entreprise.

Les repas du personnel sont aussi l’occasion pour les dirigeants de remercier les équipes pour le travail accompli, en ce sens, le repas du personnel représente un levier pour accroître la motivation.

Dans le cadre, des micros-trottoirs nous avons eu l’occasion d’interroger les professionnels de la restauration indépendante avec la question suivante « Aimez- vous mangez dans votre entreprise ? ». Cette question est un des éléments qui peut mesurer l’engagement ou non d’un collaborateur.

28% des professionnels interrogés lors des micros-trottoirs ne sont pas satisfaits par les repas servis dans leurs entreprises. Cela veut donc dire que 28% des personnes interrogées sont possiblement désengagées de l’entreprise.

Nous pouvons donc voir ici, que l’alimentation est un facteur important dans la motivation et dans l’engagement des collaborateurs. En effet, selon Monsieur Laborie, la question de « la cantine du perso » est une question qui revient régulièrement dans les sondages qui mesurent l’engagement.

5) Économique

Nous avons voulu nous pencher sur l’enjeu économique du repas du personnel car il apparaît à plusieurs niveaux. En effet, l’employeur le rencontre :

 Lors de ses achats pour les repas du personnel, gérer ses ratios, gérer le coût du menu en fonction de la valeur de l’avantage en nature (minimum garanti de 3,57€ pour 1 repas, 7,14€ pour 2 repas). 

 Lorsqu'il choisit de récupérer des denrées non passées aux clients pour en faire un repas du personnel et donc éviter la perte, le gaspillage.

 Lorsqu’il établit son repas du personnel en fonction de ses besoins (exemple : un poulet rôti pour se servir de la carcasse pour faire un fond de volaille).

 De manière indirecte, car un employé qui aura eu une pause repas décente sera plus productif à son retour de table.

Comme nous avons pu le voir plus haut, l’enjeu économique peut rentrer dans plusieurs situations, on a donc trouvé intéressant d’aborder cet enjeu pour le repas du personnel.

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