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Enjeux de la lecture à voix haute dans une approche pédagogique de l’enseignement de la poésie française en milieu universitaire espagnol

Mercredi – atelier 6 – 15h30

« Poésie française du XIXe et du XXe siècle » est une matière enseignée en troisième année du Grade universitaire en Études françaises. Les compétences langagières acréditées en FLE en début de semestre correspondent à un niveau de langue B1-2/B2-1 selon le cadre européen commun de référence, donc l’abordage de la poésie en langue française est de ce point de vue là envisageable. Les objectifs à atteindre dans le cadre de cette matière sont étroitement liés aux différents savoirs et compétences que les étudiants doivent acquérir et maîtriser en fin de parcours universitaire (ces savoirs et compétences étant en rapport avec les débouchés professionnels auxquels le diplôme prépare). Tout au long du cursus académique, l’approche de la littérature dans ses différents genres vise à assurer l’acquisition des connaissances d’histoire littéraire, de critique littéraire et à développer la maîtrise du commentaire et de la dissertation chez les apprenants, à les doter d’un support théorique (qui dans notre cas cherche à cerner ce qu’est le genre poétique et son évolution).

Notre approche pédagogique, cependant, concède en cours une place non négligeable à l’exploitation de l’hypermédia (visite des

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sites de poésie, interviews réalisés aux poètes, documents d’archives, auditions de lectures poétiques, mise en musique de textes poétiques, etc.) et, lors de chaque séance (15 semaines de 4 heures hebdomadaires par bloc de 2), un espace important est dédié à la lecture à voix haute des textes de la part des étudiants et de l’enseignante. Un espace qui vise le plaisir de la lecture, qui cherche à partager les expériences personnelles de lecture et, finalement, qui achemine les apprenants au plaisir de l’écriture.

Anne-Elisabeth Halpern l’a dit, « […] il s’agit de les faire découvrir la poésie, la lire, l’entendre comme gratuitement, comme en plus du programme, comme une gratification plus que comme obligation».

Si les étudiants dans leur langue maternelle avouent avoir des difficultés à l’étude de la poésie ou simplement à sa lecture, ils en ont davantage en FLE. Notre approche pédagogique dessert, évidemment, les objectifs d’apprentissage postulés dans le programme officiel, cependant nous envisageons année sur année d’amener les étudiants à devenir des sujets lecteurs de poésie y compris en français langue étrangère. Notre communication ne se propose pas simplement de rendre brièvement compte des activités d’enseignement-apprentissage exploitées en cours, mais d’apporter toute une série de réflexions et de raisonnements que les étudiants universitaires expriment à partir des questionnaires métacognitifs que le professeur leur soumet à trois moments du semestre : 1). Au début (connaissances préalables et disposition à l’accueil de la matière et à la lecture de la poésie), 2). Moitié du semestre : acheminement spontané vers la recherche et lectures de textes (programme et hors programme), 3). Fin de semestre: bilan de l’acquisition des savoirs et compétences (voir objectifs d’apprentissages postulés par l’Académie et, ensuite, bilan du succès de notre méthode: les étudiants, ont-il perdu la peur et leurs réticences à la poésie ?, prennent-ils du plaisir à chercher et à lire des textes poétiques en FLE ? sont-ils sur la voie de devenir des sujets lecteurs ?, ont-ils envie de partager leurs expériences de

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lectures : en parlent-ils avec leurs camarades, écrivent-ils plus facilement des synthèses de leurs expériences de lectures, souhaitent-ils se mettre en contact avec les poètes actuels ?, ont-ils envie de réécrire des textes en FLE en abordant à leur façon les thèmes tissés dans les textes poétiques français, etc. ?). Notre communication se propose surtout de rendre compte des réflexions de nos étudiants du Grade en Études françaises en rapport à leurs expériences nouvelles avec la poésie en FLE. Car leurs paroles nous indiquent dans quelle mesure notre approche pédagogique accomplit les enjeux recherchés par « l’écoute et la lecture du poème » et nous donnent la possibilité de réviser certaines pratiques si le cas en, de perfectionner notre appoche pédagogique qui cherche à assurer l’acquisition des compétences marquées par l’Académie, évidemment, mais de chercher aussi les voies les plus « opérationnelles » de réception et de transmission de la poésie en FLE.

AAVV (collectif), Enseigner la poésie avec les poèmes, Le français d’aujourd’hui, nº 169, 2(2010).

BLAIS Marie-Claude, Gauchet Marcel & Ottavi Dominique, Transmettre et apprendre¸ Paris, Stock, 2014.

DEBREUILLE Jean-Yves (dir.), Enseigner la poésie ?, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1995.

DOUMET Christian, Faut-il comprendre la poésie? Paris, Klincksieck, « 50 questions », 2004.

HALPERN, Anne Elisabeth, “Récitation, poème et poétique”, http:

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MIDAL Fabrice, Pourquoi la poésie, Paris, Pocket, 2010.

ROUXEL Annie &Langlade Gérard (dir.), Le sujet lecteur, lecture subjective et enseignement de la littérature, Presses Universitaires de Rennes, coll.

«Perspectives littéraires », 2004.

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Pascale Chiron & Philippe Chométy

P. Chiron est Maître de conférences à l’université de Toulouse-Jean Jaurès (PLH-ELH EA 4601). Spécialiste de la littérature de la Renaissance, elle s’intéresse à la poésie, des grands rhétoriqueurs à la Pléiade, mais aussi à la didactique de la poésie à partir d’un cours expérimental de « mise en voix de la littérature » au niveau licence et master.

P. Chométy est Maître de conférences en littérature française du XVIIe siècle à l’Université de Toulouse - Jean Jaurès (PLH-ELH EA 4601). Rédacteur en chef de la revue Littératures classiques.

Spécialiste des relations entre poésie et science. Co-responsable d’un cours expérimental sur la « mise en voix de la littérature ».

La mise en voix de la poésie, un dispositif de « lecture créative » à

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