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Introduction de la deuxième partie

C ADRE OPERATOIRE DE L ’ INFLUENCE DE L ’ INNOVATION SOCIALE SUR LE DEVELOPPEMENT TERRITORIAL DURABLE

1. Région de Rabat-Salé-Kénitra : Caractéristiques et enjeux de développement

1.3 Enjeux du développement

Comme souligné supra, la région RSK compte quelque 4,581 millions habitants (3,199 millions dans l’urbain et 1,382 millions dans le rural), d’après le recensement de 2014. Elle est ainsi la deuxième région la plus habitée au Maroc après Casablanca-Settat. C’est une région globalement urbanisée puisque 69,8 % de sa population s’installe dans des milieux urbains à cause, en particulier, de l’exode rural et de la création de nouveaux centres urbains, mais aussi de l’extension des zones urbaines des villes, comme le souligne le diagnostic stratégique de la région mené dans le cadre de l’élaboration du plan de développement régional. Le nombre de citadins est passé de 2,589 millions en 2004 à 3,198 millions en 2014, ce qui représente un taux d’accroissement démographique annuel moyen de 2,1% au cours de la période 2004-2014.

Avec un taux de pauvreté globale de 9,1 % (4 % en termes de pauvreté monétaire et 6,1 % multidimensionnelle), la région de Rabat-Salé-Kénitra se situe à la quatrième position au niveau régional, largement en-dessous de la moyenne nationale (11,71 %). La division de la pauvreté multidimensionnelle par source de manque montre les sources à l’origine de ce phénomène. La privation en termes d’éducation explique à elle seule 58,9 % de la pauvreté au niveau de la région. Quant aux privations dans le domaine d’accès aux infrastructures sociales de base, elles expliquent 18,7 % de la pauvreté multidimensionnelle. La santé participe avec un taux de 11,5 % à la pauvreté multidimensionnelle régionale. Cette contribution s’élève à 10,8 % pour les conditions d’habitat.

Par ailleurs, la région connait d’importantes dissemblances, aussi bien au niveau de la répartition démographique que du développement. Alors que la zone littorale est fortement peuplée et urbanisée, l’arrière-pays est plus rural et moins densément peuplé. Les trois provinces de Khémisset, Sidi Kacem et Sidi Slimane présentent des taux d’urbanisation

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beaucoup plus faibles que les autres (51,8%, 32,3% et 40,9%). Le taux de pauvreté globale est de 3,3 % en milieu rural contre 22,4 % en milieu urbain.

S’agissant du taux de pauvreté multidimensionnelle, il marque des disparités importantes aux échelles territoriales :

− Au niveau provincial, il atteint0,9 % à Rabat, 2,1 % à Skhirate-Témara, 2,4 % à Salé, 8,3 % à Kénitra, 9 % à Sidi Kacem, 9,6 % à Sidi Slimane et 13,2 % à Khémisset ; − A l’échelle communale, la pauvreté multidimensionnelle est plus répandue dans les

communes relevant des provinces de Khémisset (e.g. 51,8 % à Bouqachmir, 44,4 % à Ait Ichou, 42,9 % à Oulmes, etc.), Sidi Kacem (27 % à Moulay Abdelkader), Kénitra (26,5 % à Ameur Seflia) et Salé (26,3 % à Shoul), contre 0,3 % à Touarga (Rabat), 0,8 % à Harhoura (Skhirate-Témara) et 1,1 % à Hssaine (Salé).

Ces défis représentent de véritables enjeux de développement et leur prise en compte doit nécessairement être préalable à la conception de stratégies de développement. Plus précisément, il s’agit de :

− Stopper l’hémorragie démographique des zones rurales

A l’instar des autres zones rurales à l’échelle nationale, les communes rurales de la région de Rabat-Salé-Kénitra sont confrontées aux difficultés de l’hémorragie démographique et aux conséquences sociales d’une telle évolution qui risquerait de priver ces territoires de leur population, souvent la plus dynamique, et de les priver, ainsi, définitivement de leur capacité d’organisation et d’action, ce qui affecterait leurs chances d’initier un processus de développement. Toutefois, l’exode des populations rurales est une conséquence. Il est lié aux conditions sociales, économiques et environnementales dont les améliorations respectives constituent des enjeux de développement à part entière.

− Assurer la satisfaction des besoins essentiels et améliorer les conditions de vie

Comme le laissait entendre l’analyse des indicateurs socio-économique, les déficiences en termes d’éducation explique à elle seule 58,9 % de la pauvreté au niveau de la région de Rabat-Salé-Kénitra. Quant aux privations en termes d’accès aux infrastructures sociales de base, elles expliquent 18,7 % de la pauvreté multidimensionnelle. La santé contribue à hauteur de 11,5 % à la pauvreté multidimensionnelle régionale. Cette contribution s’élève à 10,8 % pour les privations en termes de conditions d’habitat.

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L’amélioration des conditions de vie des populations de la région devrait donc toucher cinq dimensions :

− Améliorer l’accès à l’éducation et promouvoir l’apprentissage et la formation durant toute la vie ;

− Améliorer l’accès à l’eau potable et à des services d’assainissement et d’hygiène ; − Améliorer l’accès aux services de santé ;

− Améliorer la mobilité, en particulier, urbaine ; − Améliorer l’accès au logement social.

Et constituent des enjeux centraux pour la population de notre région. − Favoriser la restructuration territoriale

Il est apparu que l’organisation et la structure de notre territoire d’étude présente des faiblesses à deux niveaux :

− des zones enclavées ;

− une structure foncière inégalitaire créant des problèmes sociaux (exode, précarité, pauvreté) économiques (faible capacité productive, faible revenu) et environnementaux (pression sur les ressources naturelles, perte de la biodiversité, pollution) ;

La restructuration territoriale de la région Rabat-Salé-Kénitra apparait donc comme un enjeu fondamental.

− Fournir des opportunités économiques aux populations

Une bonne partie de la population est aujourd’hui au chômage dans la région de Rabat-Salé-Kénitra (le taux de chômage est de 10,8 % en 2016). Or, l’emploi et la croissance économique contribuent de façon significative à la lutte contre la pauvreté. La promotion d’une croissance durable ainsi que la création d’un nombre suffisant d’emplois sont d’une importance primordiale pour la région.

En outre, les activités économiques présentes dans notre région d’étude sont relativement peu diversifiées au sens où elles sont essentiellement tertiaires (60 % de la structure productive). La capacité d’absorption de ces activités est limitée ce qui pousse certaine population à l’exode. Arriver à un niveau adéquat de productivité par la diversification et l’innovation, en se

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focalisant sur les secteurs à forte valeur ajoutée et à forte intensité de main-d’œuvre, constitue donc un enjeu majeur pour la région.

− Préserver l’environnement

La préservation et la valorisation de l’environnement représentent un enjeu fondamental pour notre région d’étude. En effet outre la valeur intrinsèque de la biodiversité, une trop forte dégradation de l’environnement compromettrait le développement durable de la région. Un épuisement ou une trop forte pollution des sols, compromettrait ou limerait fortement la production végétale et une raréfaction et/ou un trop fort appauvrissement de la couverture végétale compromettrait la pratique agricole (notamment l’élevage) d’une grande importance pour la région. Par ailleurs, au-delà des conséquences sur les milieux, une trop grande uniformisation du paysage compromettrait sa valorisation touristique et condamnerait une activité naissante et source de diversification.

A ce stade, on peut poser un certain nombre de bases sur lesquelles s’appuie notre analyse. On retrouve, à travers chacun des enjeux dont il a été question et la façon dont ils sont interconnectés, les différentes dimensions du développement telles qu’elles sont posées dans la notion de développement territorial durable et telles que présentées au chapitre 1.

Par ailleurs, il apparait que notre région d’étude présente un écart entre les objectifs contenus dans les principes du développement territorial durable et sa situation actuelle. Pour que notre région puisse relever le défi du développement, il est nécessaire :

− Que l’ensemble des enjeux précédemment évoqués soit perçu par les acteurs du développement ;

− Que ceux-ci soient intégrés de façon transversale aux stratégies de développement conçues par ses acteurs ;

Dans la mesure où la notion de développement territorial durable permet, comme nous l’avons démontré dans le chapitre 2, de prendre en compte l’ensemble des dimensions du développement et de contribuer à la conception et à la mise en œuvre de stratégies de développement transversales, intégrées, spécifiques et territorialisées ; il est également possible de supposer que celui-ci constitue un référent adéquat pour l’intégration et la résolution des enjeux de développement. Nous envisagerons infra (chapitre 2, Partie 2) dans quelle mesure les enjeux du développement territorial durable, présentés précédemment, ont été perçus et pris en

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compte au sein des différents projets socialement innovants menés sur notre territoire de référence.