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1. POSITIONNEMENT ET ENJEUX

1.3. Enjeux de la recherche

1.3.3. Enjeu social : rendre accessible les lieux culturels

L’association Tourisme et Handicap créée le 28 février 2001, a pour objectif de sensibiliser, en France, les professionnels du tourisme à l’accueil des personnes en situation de handicap moteur, mental, visuel et auditif dans les établissements de tourisme et de loisirs. Le label « Tourisme et Handicap » est destiné à renseigner des usagers aux besoins spécifiques sur l’accessibilité des sites et les équipements proposant des prestations touristiques, en particulier les hébergements, les restaurants, les sites culturels (musées, monuments, etc.) et les sites de loisirs. Le cahier des charges de la mission d’ingénierie touristique Rhône-Alpes (MITRA) indique

des directives à suivre par les musées pour être susceptibles d’être labellisés. Pour l’accessibilité des personnes en situation de handicap visuel au sein des espaces intérieurs, le cahier des charges du label est le suivant [MITRA 2005] :

« Mettre en place une signalétique simple, repérable, à bonne hauteur, homogène dans toutes les salles. Mettre en place les outils adaptés d’aide à la visite. Proposer des documents de visites adaptés et attractifs, œuvres et maquettes manipulables, moulages, plans en relief. Proposer des produits de visites spécifiques : prévoir des visites tactiles, visites thématiques et ludiques, ateliers pédagogiques adaptés. »

Ces objectifs traduisent des besoins spécifiques réels liés à la perception de l’espace, des objets et des œuvres d’art. Cependant, ils sont insuffisamment précis pour être utilisés dans la conception de représentations tactiles pour les personnes aveugles et amblyopes.

En complément de ce label, la loi du 11 février 2005, qui est une « loi pour l’égalité des

droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées »,

a été mise en place en France. En introduction, le handicap 27 est défini comme :

« Toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle durable ou définitive, d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou trouble de santé invalidant. »

Elle réaffirme le principe d'accessibilité déjà présent dans la loi du 30 juin 1975 en introduisant des obligations vis-à-vis des constructeurs et des propriétaires d'immeubles quels qu'ils soient (notamment les établissements recevant du public, c’est-à-dire les [ERP]) en matière d'accessibilité aux personnes en situation de handicap :

27. Le terme « handicap » (littéralement « la main dans le chapeau » en anglais) apparaît pour la première fois dans un document écrit en anglais au XVIIe siècle. Intégré officiellement dans le dictionnaire de l’Académie française en 1913, il est adopté par les travailleurs sociaux et les associations, surtout à partir des années 1950. Son apparition dans le droit des personnes en situation de handicap (loi de 1957 sur les travailleurs handicapés) puis dans la loi du 30 juin 1975 en faveur des personnes handicapées admet

« Les établissements existants recevant du public doivent être tels que toute personne handicapée puisse y accéder, y circuler et y recevoir les informations qui y sont diffusées, dans les parties ouvertes au public. L'information destinée au public doit être diffusée par des moyens adaptés aux différents handicaps. » (loi 2005-102 du 11 février 2005, art. L.111-7-

3).

Tous les établissements ouverts au public ont jusqu’à 2015 pour devenir accessibles à tous. En cas de non-respect du délai de mise en conformité, les sanctions prévoient la fermeture de l’ERP existant, le remboursement de la subvention, des amendes, l’interdiction d’exercer, et réglementairement, en cas de récidive, une peine d’emprisonnement et une amende.

Plus récemment, le prix Des Musée pour tous, des musées pour chacun, créé en 2007 par le ministère de la Culture et de la Communication et la Direction des musées de France, avait pour objectif de récompenser les établissements qui favorisaient l’accès de leurs sites aux personnes en situation de handicap (moteur, sensoriel, mental ou psychique), par la mise en place d’aménagements, de dispositifs muséaux et d’offres de médiation spécifiques. Depuis 2011, il est remplacé par le prix Patrimoines pour tous, patrimoines pour chacun qui a pour objet de récompenser 
les projets innovants intégrés aux offres culturelles généralistes, répondant ainsi aux besoins de tous les publics.

Nous venons de voir que le contexte sociétal (dénombrement et prévisions de l’OMS) et la situation sociale (label « Tourisme et Handicap », loi du 11 février 2005, et prix Patrimoines pour tous, patrimoines pour chacun) montrent que les objectifs définis par le groupe Alain Mikli International répondent à une réelle demande qui dépasse l’enjeu industriel.

Synthèse / conclusions sur le positionnement et les enjeux

Notre recherche multidisciplinaire s’inscrit, du point de vue académique, dans les sciences de la conception. Il s’agit d’une recherche appliquée dont les livrables industriels attendus par notre entreprise d’accueil dans le cadre de la convention CIFRE permettent de définir notre objet de recherche, à savoir : concevoir des représentations tactiles pour les personnes en situation de handicap visuel. Le fait de concevoir ce type de produits pour des personnes dont les capacités perceptives sont particulières et dont les besoins sont donc spécifiques nous amène à positionner le démarrage de nos travaux en amont du processus de conception, car il nous est nécessaire d’obtenir des connaissances sur ces utilisateurs de manière expérimentale. Or, nous faisons le constat que, au-delà de cette demande industrielle, cette recherche revêt un enjeu social, compte tenu du contexte législatif français en faveur de l’accessibilité des musées à tous les publics, et un enjeu sociétal dans la mesure où les prévisions relatives à la déficience visuelle montrent un accroissement du nombre de personnes concernées au cours des prochaines décennies.

En vue de nos expérimentations, notre état de l’art synthétise notre recherche bibliographique qui porte sur trois aspects interdépendants : tout d’abord, le processus de conception de produits ; ensuite, la prise en compte de la perception tactile des usagers en situation de handicap visuel ; et, enfin, les produits tactiles conçus pour eux dans un périmètre plus large que les offres de médiation proposées au sein des musées.