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Plusieurs études21, notamment celles de médecins

du travail, montrent que les aides à domicile connaissent de graves problèmes de santé : cer- tains sont liés à des accidents du travail et des maladies professionnelles, mais la majorité se tra- duisent par des troubles de la santé (physique et psychique) avec des arrêts maladie.

Les accidents du travail sont surtout des accidents de trajet et parfois des malaises graves22. Les aut-

res accidents sont globalement liés à des chutes, des manutentions de charges lourdes ou lors de transferts de personnes (par exemple, du lit au fauteuil). Il semble que des statistiques précises sur la santé des aides à domicile n’existent pas23.

Le suivi d’aides à domicile dans la réalité de leur travail confirme les informations sur les pénibi- lités du travail, recueillies auprès de médecins du travail et dans la bibliographie.

Les pénibilités physiques se traduisent par des

maux de dos, mal aux épaules, des troubles mus- culo-squelettiques (TMS), de l’arthrose (« à force d’avoir toujours les mains dans l’eau et avec les produits d’entretien »), des eczémas, mais aussi par de l’obésité, des infections urinaires, des trou- bles de la vue…

Des médecins du travail (F.Gonzales-Mendoza, Burel et al) ont effectué une enquête auprès de 167 aides-ménagères à l’occasion de la visite annuelle, dans la région de Brest : « Entre la moi- tié et les 2/3 des aides à domicile enquêtées ont consulté un médecin dans les 12 mois précédents l’enquête pour un motif lié au travail. La moitié des consultations concernait des lombalgies et cervicalgies. »

Les pénibilités psychiques comprennent :

- anxiété, troubles du sommeil, dépressions ner- veuses,

- fatigue et stress dus à l’isolement et à la prise en charge de situations trop lourdes...

Dans l’enquête du CISME (Centre interservices de santé et de médecine du travail en entreprises) : - un quart des aides à domicile ayant consulté un médecin mentionnaient des symptômes dépres- sifs,

- un quart déclarent « avoir des problèmes de som- meil » et 36 % se déclarent « tendues, nerveuses »,

LE TRAVAIL CONCRET DES AIDES À DOMICILE

20 ouvrage SEMAD (voir « Pour en savoir plus »). 21 voir « Pour en savoir plus ».

22 Cf. Banque de données EPICEA (INRS) : elle recense les accidents mor- tels et graves (transmis à l’INRS et jugés significatifs par les Services Prévention CRAM) survenus dans les entreprises du régime général de la Sécurité Sociale : sur 12 accidents mortels d’aides à domicile recensés (de 1992 à 2001) 4 sont dus à des malaises (infarctus, accidents vasculaires cérébraux), 5 sur la voie publique, un dans un incendie (provoqué par un poêle à pétrole), 2 par agression.

23 Dans les statistiques de la CNAMTS (Caisse nationale d’assurance mal- adie), les accidents du travail et les maladies professionnelles des aides à domicile sont incluses dans la catégorie « Action sociale sous toutes ses formes, y compris garderies, haltes-garderies, centres de réadaptation fonctionnelle et rééducation professionnelle, d'aide par le travail (person- nel administratif et enseignement) ».

21 % « se sentent tout le temps fatiguées », - même si environ 90 % des aides à domicile se déclarent « satisfaites » de la relation à la per- sonne âgée, 70 % disent également qu’elles sont « exigeantes » voire « très exigeantes » (20 %).

Comment les aides à domicile gèrent-elles ces pénibilités ?

Plusieurs moyens sont cités : - La volonté de « tenir ».

- La prise de médicaments : « la moitié consomme des médicaments : (un quart, des psychotropes) et des anti-inflammatoires » (Burel, Gonzales- Mendoza et al, 1999).

- l’absentéisme « quand on n’en peut vraiment

plus » :

Le taux d’absentéisme dans le secteur de l’aide à domicile est, selon les informations recueillies, parmi les plus élevés. Il semble augmenter d’an- née en année dans les associations rencontrées et laisser les employeurs bien démunis pour y remé- dier. En général ce sont les salariées de moins d’un an d’ancienneté et parmi les plus jeunes, qui s’ab- sentent le plus. Pour les salariées plus anciennes et plus âgées, les arrêts maladies semblent être un moyen (souvent ultime) pour réguler la charge de travail et les conséquences des pénibilités sur la

santé. Et cela malgré les inconvénients : manque à gagner, remplacements, rupture dans le suivi de la personne aidée, remarques des collègues, risque d’être « mal vue » et d’avoir moins de missions…

- Le licenciement pour « maladie », pour « inap- titude » :

Les aides à domicile qui ne peuvent pas être reclas- sées vers des postes mieux adaptés sont licen- ciées. Les problèmes de santé amènent à l’ex- clusion du travail. Pourtant la nécessité de gagner sa vie (souvent dans des conditions sociales et familiales difficiles) pèse sur elles.

Nous n’avons pas de données générales sur les parcours professionnels des aides à domicile. Néanmoins nous avons des témoignages sur la sélection par la santé qui s’opère dans ce secteur professionnel, comme dans d’autres où des sala- riés ont des travaux pénibles, répétitifs et sous cadence. Si bien que l’on ne rencontre comme aides à domicile que celles qui peuvent le rester, les autres sont parties (mais où au fait ?).

- Le temps partiel, même s’il n’est pas choisi.

On peut penser aussi que (comme dans les temps partiels des caissières d’hypermarchés) ce soit une façon de réguler la charge de travail et sa pénibilité (moins d’heures d’exposition).

- Le départ vers d’autres structures (maisons de retraite, cliniques…) ou vers l’industrie (si on a la chance d’avoir une usine qui ouvre ses portes dans la région).

- La démission (surtout chez des personnes qui débutent dans le métier).

Peu d’aides à domicile semblent arriver à la retraite. Beaucoup de témoignages convergent

vers la même remarque : « On se demande jus-

qu’à quand on va tenir ! », alors même que beau-

coup de ces femmes sont appelées à continuer à travailler jusqu’à un âge avancé du fait de par- cours de cotisations de retraite interrompus.

Des salariées qui n’ont pas encore droit à la médecine du travail

Quand l’aide à domicile travaille en prestataire, elle bénéficie comme tout salarié de la médecine du travail. Mais quand elle travaille en mandataire (ou en « gré à gré » avec un « particulier employeur ») elle n’a pas droit à la médecine du travail.

LE TRAVAIL CONCRET DES AIDES À DOMICILE