EMPREINTE CARBONE DU DESSALEMENT

L'empreinte carbone est définie comme la somme des émissions individuelles de GES, dans lesquelles le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et l'oxyde nitreux (N2O) sont exprimés en équivalents dioxyde de carbone (CO2eq) en convertissant les émissions de CH4 et de N2O en fonction de leur potentiel de réchauffement global (PRG) (Cornejo, et al., 2014).

Le dessalement est une méthode à forte consommation énergétique par rapport au projet de détournement d'eau. Cependant, avec le développement d'une nouvelle technologie, l'efficacité énergétique, peut être effectivement améliorée. Avec différents carburants et modes de production, l'empreinte carbone a une large gamme de fluctuation. (Liu, et al., 2015), ont étudié la gamme de fluctuation des émissions de carbone dans les trois différentes techniques de

Page | 95

dessalement. Pour la méthode MSF, l'empreinte carbone de la production d'eau varie de 1,98 kg à 34,68 kg de CO2 pour la méthode MED et de 1,19 kg à 26,94 kg de CO2 pour la méthode OI (Raluy, et al., 2004).

Basant sur les émissions de gaz à effet de serre associées à l'énergie de production, l'utilisation de l'énergie solaire photovoltaïque pour alimenter une installation d'osmose inverse permettra d'obtenir une empreinte carbone de 248 grammes d'équivalent dioxyde de carbone par mètre cube (figure 23).

Figure 19 : Empreinte carbone du dessalement

4.4. L

D

D

Vue de sa localisation géographique dans la Ceinture du Soleil (fig.5). L’Algérie dispose d’un des gisements solaires les plus élevés au monde. La durée d’insolation sur la quasi-totalité du territoire national dépasse les 2000 heures annuellement et peut atteindre les 3900 heures (hauts plateaux et Sahara) (Rezzak, et al., 2016).

L’énergie reçue quotidiennement sur une surface horizontale de 1 m2 est de l’ordre de 5 kWh sur la majeure partie du territoire national, soit près de 1700 kWh/m2/an au Nord et 2263

Page | 96

kWh/m2/an au Sud du pays (Direction des Énergies Nouvelles et Renouvelables, 2007) (Boudghene Stambouli, et al., 2012), (Yettou, et al., 2014)(figure 20). La stratégie énergétique de l’Algérie repose sur l’accélération du développement de l’énergie solaire. Le gouvernement prévoit le lancement de plusieurs projets solaires photovoltaïques d’une capacité totale d’environ 800 MWc d’ici 2020. D’autres projets d’une capacité de 200 MWc par an devraient être réalisés sur la période 2021-2030. (AIT-MEKIDECHE, 2011). En mai 2015, le Conseil des Ministres a adopté un nouveau programme national de développement des énergies renouvelables qui est une actualisation de celui de 2011, qui visait à produire 12 000 méga watts à l’horizon de 2030 montrant la volonté de l’Algérie à investir dans les énergies propres. Le programme consiste à installer jusqu'à 22 000 MW de capacités de production d'électricité à partir de sources renouvelables entre 2011 et 2030. Dans ce programme, les énergies renouvelables sont au cœur des politiques énergétiques et économiques de l’Algérie : on estime qu'environ 40% d'électricité produite pour la consommation domestique proviendra des sources d'énergie renouvelable à l’horizon de 2030. L'Algérie vise en effet à être un acteur majeur dans la production d'électricité à partir de l'énergie solaire et photovoltaïque (CDER , 2011).

En outre, le ministère de l’Énergie et des Mines a projeté, dans son nouveau programme des Énergies Renouvelables, d’installer des parcs éoliens d’une puissance totale de 1000 MW à moyen terme (2015-2020) (figure 21) pour atteindre 5010 MW à l’horizon 2030 (CDER , 2011).

Page | 97

Figure 20 : carte de l'irradiation goobale directe annuelle moyenne période 2002-2011 (CDER , 2011)

Figure 21 : Carte des vitesses de vent à 10 m de hauteur (moyennes annuelles) (CDER , 2011)

Le couplage des sources d'énergie renouvelable (ER) avec le dessalement a le potentiel de fournir une source durable d'eau potable. De plus, le couplage de ces deux technologies réduira l'empreinte carbone du dessalement en raison de sa forte dépendance à l'égard des combustibles fossiles. Les différentes applications à travers le monde ont montré que les unités de dessalement

Page | 98

solaire et éolien de petite capacité, bien conçues et exploitées, peuvent permettre d’alimenter en eau de bonne qualité des sites isolés, à des coûts intéressants. (Une multitude d'options sont envisageables pour associer le procédé de dessalement aux énergies renouvelables. Cependant, l’utilisation des énergies renouvelables pour le dessalement conventionnel souffre de deux contraintes : leur coût élevé et la discontinuité de la production (alternance jour/nuit pour le solaire et aléas climatiques pour l’éolien) (Boyé, 2008).

4.5. C

Bien que Le procédé de dessalement adopté a évolué avec le temps au cours des dernières années, on ne dispose que d’une pauvre recherche bibliographique sur les impacts que cette activité exerce sur le milieu récepteur. Les principaux enjeux concernent lesrejets sur le milieu marin, les émissions de polluants atmosphériques et la demande énergétique des procédés.

Le dessalement n’est pas en soi une option compatible avec des objectifs de développement durable ; c’est une alternative d’adaptation à la raréfaction des ressources en eau ,Les usines de dessalement doivent être construites seulement lorsqu'elles sont avérées être la solution la plus efficace et la moins préjudiciable pour compléter l'approvisionnement en eau douce, à la suite d'un processus d'évaluation approfondi et transparent de toutes les solutions de rechange et leurs impacts environnementaux, économiques et sociaux.

Pour tout projet de dessalement des eaux, il est nécessaire de réaliser un LCA afin de minimiser les coûts, les dépenses d’énergie et les impacts environnementaux et climatiques. Les nombreuses technologies et procèdes disponibles présentent différentes caractéristiques, avantages et inconvénients qui les rendent chacune adaptée à des marches particulières ou des créneaux spécifiques.

Les concepteurs et les chercheurs de dessalement cherchent continuellement des moyens de réduire davantage la consommation d'énergie. Il y a un intérêt croissant pour la réduction ou l'élimination des émissions de gaz à effet de serre en alimentant le dessalement avec des énergies renouvelables, directement ou indirectement et la valorisation des énergies sans empreinte carbone. Cela peut apaiser certaines inquiétudes sur les besoins énergétiques massifs

Page | 99

de ces systèmes et peut aider à obtenir un soutien local, voire réglementaire. Mais il doit être envisagé dans un contexte plus vaste.

CHAPITRE 5