Commen¸cons par une petite remarque d’alg`ebre que nous utiliserons abondamment
par la suite et que, par commodit´e, nous ´enon¸cons sous la forme d’un lemme.
Lemme 3.2.1 SoientAun anneau etIun id´eal de carr´e nul deA. On noteπla projection
canonique π:A A/I.
1) Le morphisme de groupes ab´eliens π
×:A
×(A/I)
×induit par πest surjectif.
2) L’application x7→1 +xinduit un isomorphisme de groupes ab´eliens deI surKerπ
×.
SoitX un champ alg´ebrique sur un sch´emaT et soitL un faisceau inversible surX.
On consid`ere une immersion ferm´ee
i:X Xf
d´efinie par un id´eal quasi-coh´erentI deXfde carr´e nul.
Remarque 3.2.2 SiX etXfsont des champs de Deligne-Mumford, le morphismei
in-duit une ´equivalence de sites entre les sites ´etales deX et deXf, ce qui permet d’identifier
les topos ´etales deX et deXf. Il est alors ´evident que la cat´egorie desO
X-modules
quasi-coh´erents est ´equivalente `a la cat´egorie des O
f
X
-modules quasi-coh´erents annul´es par I.
Lorsque l’on travaille avec des champs d’Artin (donc avec leurs sites lisses-´etales) il faut
ˆetre plus prudent. En effet le foncteur naturel du site lisse-´etale de Xfvers celui de X
n’est mˆeme plus fid`ele si bien que ces derniers ne sonta priori pas ´equivalents. Cependant,
la descente fid`element plate des modules quasi-coh´erents (cf. par exemple 1.1.1.6) nous
permet encore d’identifier la cat´egorie des O
X-modules `a la cat´egorie desO
f
X
-modules
annul´es parI. En particulier, l’id´ealI peut ˆetre vu comme unO
X-module.
On note Defm(L) la cat´egorie des d´eformations de L `a Xfd´efinie de la mani`ere
suivante. Un objet de Defm(L) est un couple (Lf, λ) o`uLfest un faisceau inversible sur
f
X et λest un isomorphisme λ:i
∗Lf
∼L . Un morphisme de (Lf, λ) vers (Mf, µ) est
un isomorphisme α: Lf
∼Mf tel que µ◦i
∗α =λ. On note Defm(L) l’ensemble des
classes d’isomorphie de Defm(L).
Dans [11], Aoki d´efinit la cat´egorie DefmT(f) des d´eformations d’un morphisme de
T-champs alg´ebriquesf :X Y et en donne une description compl`ete au th´eor`eme
2.1.1, que nous rappelons ci-dessous. Nous renvoyons `aloc. cit.pour les notations pr´ecises
et la d´efinition de DefmT(f).
Th´eor`eme 3.2.3 (Aoki) (1) Il existe un ´el´ementω ∈Ext
1(Lf
∗L
Y/T, I)dont
l’annu-lation ´equivaut `a l’existence d’une d´eformation de f.
3.2 D´eformations de faisceaux inversibles 49
(2) Si ω= 0, alors DefmT(f)est un torseur sous Ext
0(Lf
∗L
Y/T, I).
(3) Si (f , λe ) est une d´eformation de f, son groupe d’automorphismes est isomorphe `a
Ext
−1(Lf
∗L
Y/T, I).
En appliquant ce th´eor`eme avecY = BG
m, et en tenant compte du fait que lacat´ego-rie des morphismes deX vers BG
mest ´equivalente `a la cat´egorie des faisceaux inversibles
sur X, on en d´eduit une description de la cat´egorie Defm(L) en termes des groupes
Ext
i(Lf
∗LBG
m/T, I) (o`uf d´esigne le morphismeX BG
mcorrespondant au faisceau
inversible L sur X), que nous allons promptement remplacer par les groupes de
coho-mologie deX `a valeurs dansIgrˆace au lemme suivant.
Lemme 3.2.4 Pour touti∈Z, on a Ext
i(Lf
∗L
BGm/T, I) = H
i+1(X, I).
D´emonstration.Commen¸cons par calculer le complexe cotangent de BG
msur T. On
va montrer qu’il est repr´esent´e par le complexeO
BGm
[−1], qui a pour seul terme non nul
O
BGm
situ´e en degr´e 1. Vu que BG
mest lisse, on sait d’apr`es [38] (17.8) que L
BGm/Test canoniquement isomorphe `aL
∆[−1], o`uL
∆est le complexe cotangent du morphisme
diagonal
∆ : BG
mBG
m×
TBG
m.
Mais comme ∆ est repr´esentable et lisse, la proposition (17.5.8) de [38] montre que le
sys-t`eme projectifL
∆est essentiellement constant, et peut ˆetre repr´esent´e par leO
BGm
-module
quasi-coh´erent Ω∆= ΩBG
m/BGm×TBGmplac´e en degr´e 0 (rappelons que par d´efinition Ω∆
est la limite dans Modqcoh(O
X) du ind-objetH
0(L
∆)). Plus pr´ecis´ement, siY Z
est un morphisme repr´esentable et lisse, son complexe cotangent peut ˆetre calcul´e de la
mani`ere suivante. On choisit une pr´esentationZ Z deZ, et on noteY =Y ×
ZZ
l’espace alg´ebrique obtenu par changement de base. Le morphismeY Y est
automa-tiquement une pr´esentation de Y. On note Y
•(resp.Z
•) l’espace alg´ebrique simplicial
obtenu en prenant le 0-cosquelette du morphismeY Y (resp.Z Z).
Y
•Z
•Y Z
`
A l’´etagei, le morphismeY
iZ
iest lisse donc son complexe cotangent est repr´esent´e
par le O
Yi-module quasi-coh´erent ΩY
i/Ziplac´e en degr´e 0. Le O
Y•-module simplicial
ΩY
•/Z•se descend en unO
Y-module quasi-coh´erent unique `a unique isomorphisme pr`es
([38] (13.5.4) et (13.5.5)), qui n’est autre que Ω
Y/Z. Pour le cas qui nous occupe, on aY =
BG
metZ = BG
m×
TBG
m. Le morphismeT BG
mcorrespondant au torseur trivial
fournit par composition avec le morphisme diagonal une pr´esentation de BG
m×
TBG
m.De plus on a un carr´e 2-cart´esien
Y =G
m
Z =T
BG
mBG
m×
TBG
mdont on peut facilement calculer le 0-cosquelette. En effet, on a
Y
1= G
m×
BGmG
m≃ G
m×
TT×
BGmT×
TG
mpuis par r´ecurrence on en d´eduit Y
i≃(G
m/T)
2i+1. Par ailleurs,
Z
1= T×
(BGm×TBGm)T
≃ (T×
(BGm×TBGm)BG
m)×
BGmT
≃ G
m×
BGmT
≃ G
m×
T(T×
BGmT)
≃ G
m×
TG
m= (G
m/T)
2puis par r´ecurrence on en d´eduit Z
i≃(G
m/T)
2i. `A l’´etagei, le morphisme Y
iZ
is’identifie donc `a (G
m/T)
2i+1(G
m/T)
2i, autrement dit c’est le morphisme structural
G
m,SiS
idu groupeG
msur la baseS
i= (G
m/T)
2i, et son module des diff´erentielles
relatives est canoniquement isomorphe `a O
(Gm/T)2i+1
. En cons´equence, le O
Y•-module
simplicial ΩY
•/Z•est isomorphe `a O
Y•, si bien que Ω
Y/Zest isomorphe `a O
Y, ce qui
ach`eve le calcul du complexe cotangent de BG
m.Maintenant, sif est un morphisme deX dans BG
m, le syst`eme projectifLf
∗L
BGm/Test repr´esent´e par le complexeO
X[−1] qui a pour seul terme non nulO
Xsitu´e en degr´e 1.
On en d´eduit, par d´efinition,
Ext
i(Lf
∗L
BGm/T, I) = Ext
i(O
X[−1], I)
= HomD
qcoh(OX)(O
X[−1], I[i])
= HomD
qcoh(OX)(O
X, I[i+ 1])
= Ext
i+1(O
X, I)
= H
i+1(X, I)
Le th´eor`eme ci-dessus devient alors :
Th´eor`eme 3.2.5 (1) Il existe un ´el´ement ω∈H
2(X, I)dont l’annulation ´equivaut `a
l’existence d’une d´eformation deL `aXf.
(2) Si ω= 0, alors Defm(L)est un torseur sousH
1(X, I).
(3) Si (Lf, λ)est une d´eformation de L, son groupe d’automorphismes est isomorphe
`
aH
0(X, I).
Comme on peut s’en douter, le th´eor`eme (3.2.5), qui n’est qu’un cas particulier de
(3.2.3), est en r´ealit´e beaucoup plus facile `a obtenir que ce dernier. De plus la
d´emons-tration du th´eor`eme (3.2.3) fait appel `a un certain nombre de r´esultats non triviaux
concernant les d´eformations de morphismes d’espaces alg´ebriques ([33]), les d´eformations
de morphismes repr´esentables de champs alg´ebriques ([46]), les d´eformations de champs
alg´ebriques ([9]) et la th´eorie du complexe cotangent ([33], [38] et [44]). Il nous a donc paru
n´ecessaire de donner une d´emonstration directe, et plus ´el´ementaire que celle qui consiste
`a faire appel `a [11], du th´eor`eme (3.2.5). Commen¸cons par en d´emontrer le troisi`eme point
(pour mesurer l’ampleur des simplifications, le lecteur pourra comparer avec la
d´emons-tration du r´esultat analogue pour les d´eformations de morphismes, qui est essentiellement
la proposition 2.8 de [11]).
D´emonstration de (3.2.5), (3) Par d´efinition un automorphisme de (Lf, λ) est un
automorphisme ϕde Lftel que i
∗ϕ = Id
i∗Lf. Autrement dit, AutDefm(
L)(Lf, λ) est le
3.2 D´eformations de faisceaux inversibles 51
noyau du morphisme Aut(Lf) Aut(L) induit par i
∗. Or Aut(Lf) = Γ(Xf,O
Xf)
×et
Aut(L) = Γ(X,O
X)
×. Donc AutDefm
(L)(Lf, λ) est le noyau du morphisme
H
0(Xf,O
f X)
×H
0(Xf,O
f X)
H
0(Xf, I)
!
×.
On en d´eduit d’apr`es le lemme (3.2.1) 2), que le groupe AutDefm
(L)(Lf, λ) est isomorphe
`
a H
0(Xf, I) via l’applicationx7→1 +x.
Nous allons en fait donner deux d´emonstrations des parties (1) et (2) du th´eor`eme
(3.2.5). La premi`ere d´emonstration propos´ee ci-dessous est une traduction dans le
lan-gage des faisceaux inversibles de la d´emonstration du th´eor`eme 2.1.1 de [11]. Un certain
nombre d’arguments se simplifient, voire deviennent inutiles, et les outils invoqu´es diff`erent
sensiblement, mais le canevas sous-jacent est le mˆeme :
– prendre une pr´esentationX
0deX et l’espace alg´ebrique simplicial associ´e `a cette
pr´esentation ;
– relier les d´eformations dans la cat´egorie des champs alg´ebriques `a celles dans la
cat´egorie des espaces alg´ebriques simpliciaux ;
– comparer les groupes Ext (dans le cas des morphismes) ou les groupes de
cohomo-logie (dans le cas des faisceaux inversibles).
La seconde d´emonstration, plus rapide, g´en´eralise au cas des champs alg´ebriques
l’ar-gumentaire classique valable dans le cadre des espaces alg´ebriques.
Premi`ere d´emonstration de (3.2.5), (1) et (2) : Commen¸cons par une remarque
g´en´erale. Soit X
0X une pr´esentation de X. Alors la cat´egorie des faisceaux
in-versibles sur X est ´equivalente `a la cat´egorie suivante. Un objet est un couple (L
0, α)
o`uL
0est un faisceau inversible sur X
0et α:p
∗1
L
0 ∼p
∗2
L
0est un isomorphisme tel
que, `a des isomorphismes canoniques pr`es, (p
∗23
α)◦(p
∗12
α) = p
∗13
α. Un (iso)morphisme
(L
0, α) (M
0, β) est un isomorphisme γ:L
0 ∼M
0tel que (p
∗2
γ)◦α=β◦(p
∗1
γ).
On choisit une pr´esentationP :X
0X deX telle queL
0:=P
∗L soit trivial et
telle queX
0soit union disjointe de sch´emas affines. D’apr`es le lemme (3.2.6) ci-dessous, il
existe alors un morphisme lisse et surjectifPe:Xf
0Xfet un diagramme 2-cart´esien :
X
0 i0 Pf
X
0 e PX
iXf.
Quitte `a prendre une pr´esentation deXf
0, on peut supposer queXf
0est union disjointe de
sch´emas affines, et donc que i
0est une somme disjointe d’immersions ferm´ees entre des
sch´emas affines. Soit α:p
∗1
L
0 ∼p
∗2
L
0l’isomorphisme correspondant `a L via
l’´equi-valence de cat´egories ci-dessus (disons qu’on fixe une fois pour toute une telle ´equil’´equi-valence
de cat´egories ainsi qu’un quasi-inverse). Afin d’all´eger un peu les notations, on supposera
dans la suite que le faisceauL
0est´egal, et non seulement isomorphe, `aO
X0. (Ceci est
un abus clairement inoffensif. En toute rigueur il faudrait choisir une fois pour toute un
isomorphisme entre O
X0et L
0et le transporter tout au long de la d´emonstration.) On
note alors Defm(α) l’ensemble des isomorphismes αe:p
∗ 1O
f X0 ∼p
∗ 2O
f X0tels que
(p
∗ 23αe)◦(p
∗ 12αe) =p
∗ 13αe
et αe
|X1= i
∗ 1αe=α
(`a des isomorphismes canoniques pr`es, que nous omettrons pour rester lisible), o`uX
1=
X
0×
XX
0,Xf
1=Xf
0×
XfXf
0, eti
1est le morphisme induitX
1Xf
1.
Il existe alors une applicationA: Defm(α) Defm(L) qui `aαeassocie la classe du
couple (Lf, λ) constitu´e du faisceau inversibleLfsurXfassoci´e `a (O
f
X0
,αe) via l’´equivalence
de cat´egories mentionn´ee plus haut, et de l’isomorphisme λ : i
∗Lf L induit par
l’isomorphisme canonique i
∗0
O
Xf0O
X0.
•L’application Aainsi construite est surjective.
Soit (Lf, λ) une d´eformation de L. Soit Lg
0= Pe
∗Lf. On a un isomorphisme P
∗λ :
i
∗0
Lg
0L
0=O
X0, donc en vertu du lemme (3.1.5) le faisceau inversibleLg
0est trivial.
On fixe un isomorphisme ϕ : gL
0O
f X0. Soit αe : p
∗ 1gL
0p
∗ 2gL
0l’isomorphisme
correspondant `a Lf. On pose αb = (p
∗ 2ϕ)◦αe◦(p
∗ 1ϕ)
−1: p
∗ 1O
f X0p
∗ 2O
f X0. Il est clair
que αb appartient `a Defm(α). Soit A(αb) = (Lc,bλ) la d´eformation correspondante. On va
montrer que, pour un choix de ϕconvenable, (Lf, λ) et (Lc,bλ) sont isomorphes.
L’isomorphismeϕ, par d´efinition deαb, fait commuter le diagramme
p
∗ 1Lg
0 p ∗ 1ϕ e αp
∗ 1O
f X0 b αp
∗ 2Lg
0 p∗ 2ϕp
∗ 2O
f X0donc il induit un isomorphisme Lf
∼Lc. C’est un isomorphisme de d´eformations si et
seulement sibλ◦i
∗ϕ=λ. Vu la construction de l’isomorphisme Lf
∼Lc, cela revient
pr´e-cis´ement `a exiger quei
∗0
ϕ=P
∗λ. Or le morphisme de groupes Aut(O
Xf0) Aut(O
X0)
est surjectif en vertu du lemme (3.2.1) 1), donc on peut toujours choisir un tel ϕ, ce qui
prouve notre assertion.
On note maintenantK le noyau
K= Ker (H
0(X
1, I
1)
p ∗ 23−p∗ 13+p∗ 12H
0(X
2, I
2) ),
o`uX
2=X
0×
XX
0×
XX
0, etI
1,I
2sont les images inverses deIsurX
1,X
2. Ce groupe
agit sur Defm(α) de la mani`ere suivante : si x∈K et αe∈Defm(α), on pose
x.αe=µ
1+x◦α,e
o`uµ
1+xd´esigne l’automorphisme dep
∗2
O
fX0
de multiplication par 1 +x.
•Muni de cette action, Defm(α)est soit vide, soit un torseur sous K.
On suppose que Defm(α) est non vide. C’est alors clairement un torseur sous le groupe
B des automorphismes β ∈Aut(O
fX1
) tels que β
|X1= Id
OX1et (p
∗23
β)◦(p
∗12
β) =p
∗13
β.
Le lemme (3.2.1), 2) montre que l’application x 7→ 1 +x induit un isomorphisme de
3.2 D´eformations de faisceaux inversibles 53
H
0(X
1, I
1) sur le groupe des β ∈ Aut(O
fX1
) tels que β
|X1= Id
OX1. En consid´erant sa
restriction `aK on obtient un isomorphisme deK surB, d’o`u le r´esultat.
On a par ailleurs un morphisme D:H
0(X
0, I
0)
p∗
1−p∗
2
K , qui induit donc une action
deH
0(X
0, I
0) sur Defm(α).
•Les fibres de A sont les orbites deDefm(α)sousH
0(X
0, I
0).
Soientαe
1,αe
2∈Defm(α). Il s’agit de montrer queαe
1etαe
2sont dans la mˆeme orbite sous
H
0(X
0, I
0) si et seulement siA(αe
1) =A(αe
2). On note (Lf
1, λ
1),(Lf
2, λ
2) les d´eformationsdeL associ´ees. Un isomorphisme (Lf
1, λ
1)(Lf
2, λ
2) est un isomorphismeLf
1 γLf
2tel queλ
2◦i
∗γ=λ
1. Un tel isomorphisme correspond `a un isomorphismeγ:O
fX0
O
fX0
tel que les diagrammes
p
∗ 1O
Xf0 p∗ 1γ e α1p
∗ 1O
Xf0 e α2p
∗ 2O
f X0 p∗ 2γp
∗ 2O
f X0et i
∗ 0O
Xf0 i∗ 0γ can.i
∗ 0O
Xf0 can.L
0=O
X0commutent. Le second diagramme signifie simplement que i
∗0
γ= Idi
∗0Og
X0
. Cela ´equivaut
encore `a dire que γ est de la forme µ
1+xo`u x ∈ H
0(X
0, I
0). Donc A(αe
1) =A(αe
2)si et seulement s’il existe x ∈ H
0(X
0, I
0) tel que αe
2= (p
∗2
µ
1+x)◦αe
1◦(p
∗1
µ
1+x)−1=
(p
∗2
x−p
∗1
x).αe
1, i.e. si et seulement siαe
1etαe
2sont dans la mˆeme orbite sousH
0(X
0, I
0).
Le fait que A soit surjective et que ses fibres s’identifient aux orbites de Defm(α)
(qui, ne l’oublions pas, est soit vide soit un torseur sous K) sous H
0(X
0, I
0) montre
que, lorsqu’il est non vide, Defm(L) est naturellement un torseur sous le conoyau du
morphisme D : H
0(X
0, I
0) K. Or, comme P : X
0X est une pr´esentation de
X, la proposition (A.1.4.1) de l’annexe montre que l’on a une suite spectrale (cf. loc. cit.
pour les notations) :
E
2p,q= ˇH
p(H
q(X
•, I
•))⇒H
p+q(X, I).
La suite exacte des termes de bas degr´e associ´ee `a cette suite spectrale est la suivante
([17], chapitre XV, paragraphe 5, p.329) :
0 E
21,0H
1E
0,12E
22,0H
2. (3.1)
Or, commeX
0est union disjointe de sch´emas affines, le groupeH
1(X
0, I
0) est trivial, ce
qui montre que le terme E
20,1de la suite exacte ci-dessus est nul. On obtient donc d’une
part une injection de ˇH
2(H
0(X
•, I
•)) dansH
2(X, I), dont nous nous servirons bientˆot,
et d’autre part un isomorphisme entre H
1(X, I) et ˇH
1(H
0(X
•, I
•)). Ce dernier groupe
n’´etant autre que le conoyau de D, on en d´eduit la deuxi`eme assertion du th´eor`eme.
•Classe d’obstruction.
Vu que A est surjective, Defm(L) est vide si et seulement si Defm(α) l’est. Il ne nous
reste donc plus qu’`a construire un ´el´ementωdeH
2(X, I) dont la nullit´e caract´erise
l’exis-tence d’une d´eformationαe∈Defm(α). Or, via l’identification Aut(O
f
X0
)≃Γ(Xf
0,O
fX0
)
×,
chercher un telαerevient `a chercherαe∈Γ(Xf
1,O
f X1
)
×tel que
i
∗ 1αe=α∈Γ(X
1,O
X1)
×(p
∗ 23αe)(p
∗ 12αe)(p
∗ 13αe)
−1= 1∈Γ(Xf
2,O
Xf2)
×On rappelle que Γ(X
1,O
X1) =
Γ(Xf 1,Og X1) H0(X1,I1). Choisissons un ant´ec´edentβ∈Γ(Xf
1,O
f X1) de
α. Alorsβ est automatiquement inversible, et les ´equations ci-dessus deviennent :
i
∗ 1(αβe
−1) = 1∈Γ(X
1,O
X1)
×(p
∗ 23(αβe
−1))(p
∗ 12(αβe
−1))(p
∗ 13(αβe
−1))
−1= (p
∗ 23β)(p
∗ 12β)(p
∗ 13β)
−1=:ξ
Le fait queαv´erifie la condition de cocycle (p
∗23
α)(p
∗12
α)(p
∗13
α)
−1= 1 montre quei
∗2
ξ= 1,
ce qui signifie d’apr`es le lemme (3.2.1) que ξest de la forme 1 +uavecu∈H
0(X
2, I
2).
Posantγ=αβe
−1les ´equations deviennent
i
∗ 1γ= 1∈Γ(X
1,O
X1)
×(p
∗ 23γ)(p
∗ 12γ)(p
∗ 13γ)
−1= 1 +u∈Γ(Xf
2,O
f X2)
×Toujours d’apr`es (3.2.1) l’ensemble des ´el´ements qui v´erifient la premi`ere ´equation
s’iden-tifie `aH
0(X
1, I
1) viax7→γ = 1 +x. Donc chercher un ´el´ementαe∈Defm(α) revient `a
chercher un x∈H
0(X
1, I
1) tel que (p
∗23
−p
∗13
+p
∗12
)x=u. Par ailleurs, vu l’expression
de ξ= (p
∗ 23β)(p
∗ 12β)(p
∗ 13β)
−1, on a clairement (p
∗ 234−p
∗ 134+p
∗ 124−p
∗ 123)u= 0. On note
alorsω la classe deudans
ˇ
H
2(H
0(X
•, I
•)) = Ker (p
∗ 234−p
∗ 134+p
∗ 124−p
∗ 123)
Im (p
∗ 23−p
∗ 13+p
∗ 12) .
L’injection ˇH
2(H
0(X
•, I
•))֒→H
2(X, I) obtenue ci-dessus `a partir de la suite spectrale
de descente cohomologique permet de voir ω comme un ´el´ement de H
2(X, I), et la
dis-cussion que nous venons de mener montre que ω = 0 si et seulement si L admet une
d´eformation `aXf.
Lemme 3.2.6 Soit i: X Xfune immersion ferm´ee de champs alg´ebriques d´efinie
par un id´eal quasi-coh´erent I de Xfde carr´e nul (ou nilpotent). Soit P : X
0X
un morphisme lisse, o`u X
0est union disjointe de sch´emas affines. Alors il existe un
morphisme lisse de champs alg´ebriques Pe:Xf
0Xfet un diagramme 2-cart´esien :
X
0 i0 Pf
X
0 e PX
iXf.
Si de plusP est surjectif (resp. ´etale), il en est de mˆeme de Pe.
D´emonstration.D’apr`es [46], thm. 1.4, il existeo∈Ext
2(L
X0/X, P
∗I) tel queo= 0 si
et seulement s’il existe un diagramme 2-cart´esien comme ci-dessus avec Pe plat. Comme
P est lisse, d’apr`es [38], (17.5.8), le complexe cotangent L
X0/Xest quasi-isomorphe au
O
X0-module quasi-coh´erent Ω
1X0/X
, qui est localement libre de rang fini. On a donc :
Ext
i(L
X0/X, P
∗I) = Ext
i(Ω
1X0/X, P
∗I)
= Ext
i(O
X0,(Ω
1X0/X)
∨⊗P
∗I)
= H
i(X
0,(Ω
1X0/X
)
∨⊗P
∗I)
= 0
3.2 D´eformations de faisceaux inversibles 55
pouri >0 puisqueX
0est union disjointe de sch´emas affines. Il reste juste `a montrer que
e
P est lisse, et qu’il est mˆeme ´etale (resp. surjectif) d`es queP l’est. OrPeest repr´esentable
d’apr`es [46], lemme (2.1). Par descente fid`element plate, on peut supposer, quitte `a faire
un changement de base par une pr´esentation de Xf, queXfest un espace alg´ebrique. Le
r´esultat d´ecoule alors de [9], lemme (2.2.4).
Remarque 3.2.7 En r´ealit´e, dans le lemme qui pr´ec`ede,Xf
0est automatiquement une
union disjointe de sch´emas affines. Nous n’aurons pas besoin de ce fait par la suite.
La seconde d´emonstration que nous proposons repose sur une g´en´eralisation au cas des
champs alg´ebriques des arguments avanc´es par Artin dans [12]. Elle est plus directe que
la pr´ec´edente dans la mesure o`u elle ne repose pas sur une r´eduction au cas des espaces
alg´ebriques. Elle n´ecessite cependant un petit travail technique pour relier la cohomologie
des faisceaux ab´eliens sur X et surXf(ce qui ´etait trivial lorsque c’´etaient des sch´emas
puisqu’ils avaient le mˆeme espace topologique sous-jacent).
Seconde d´emonstration de (3.2.5), (1) et (2) :
Montrons d’abord que Defm(L) est isomorphe `a l’ensemble Pic[
L](Xf) des ´el´ements
de Pic(Xf) qui sont envoy´es sur [L] ∈ Pic(X). On a une application naturelle φ :
Defm(L) Pic[
L](Xf) qui `a une d´eformation (Lf, λ) associe la classe de Lfdans
Pic(Xf). Elle est clairement surjective par d´efinition mˆeme de Defm(L). Montrons qu’elle
est injective. Soient (Lf, λ) et (Mf, µ) tels que [Lf] = [Mf]. Autrement dit, il existe un
iso-morphismeα:Lf Mf. On veut montrer que l’on peut choisirαde telle sorte quei
∗α=
µ
−1◦λ. Il suffit pour cela de voir que le morphisme de groupes Aut(Lf) Aut(i
∗Lf)
est surjectif : il n’y aura plus alors qu’`a corrigerαpar un automorphisme convenablement
choisi de Lf. Or ce morphisme de groupes s’identifie `a Aut(O
f
X
) Aut(O
X), qui est
surjectif en vertu de (3.2.1), 1).
L’ensemble Defm(L), qui s’identifie `a Pic[
L](Xf), est donc naturellement un torseur
sous le noyau du morphisme Pic(Xf) Pic(X). Calculons ce noyau. On a une suite
exacte de faisceaux quasi-coh´erents surXf:
0 I O
f
X
i
∗O
X0.
Le morphisme O
fX
i
∗O
Xest donn´e sur un ouvert lisse-´etale (U, u) deXfpar
Γ((U, u),O
f
X
)
Γ((U,u),OXf) Γ((U,u),I).
Il induit donc d’apr`es (3.2.1) un morphisme surjectif
(Γ((U, u),O
Xf))
×Γ((U, u),O
f X)
Γ((U, u), I)
×dont le noyau s’identifie via l’application exponentielle `a Γ((U, u), I). En d’autres termes,
on obtient une suite exacte de faisceaux de groupes ab´eliens sur Xf:
0 I O
×f
X
i
∗O
×X
0.
La suite exacte longue de cohomologie associ´ee nous donne :
H
1(Xf, I) H
1(Xf,O
× fOr d’apr`es 1.1.2.4, le groupe H
1(Xf,O
× fX
) est isomorphe `a Pic(Xf). De plus le lemme
A.1.8.1 fourni en annexe montre queH
1(Xf, i
∗O
×X
)≃H
1(X,O
×X
)≃Pic(X). Montrons
enfin que la premi`ere fl`eche de la suite exacte longue ci-dessus est injective. Il suffit pour
cela de voir que le morphismeH
0(Xf,O
×f
X
) H
0(Xf, i
∗O
×X
) est surjectif, ce qui r´esulte
encore du lemme (3.2.1). On obtient donc la suite exacte
0 H
1(Xf, I) Pic(Xf) Pic(X) H
2(Xf, I),
ce qui ach`eve notre d´emonstration.
Remarque 3.2.8 Nous avons montr´e au passage que le noyau de Pic(Xf) Pic(X)
s’identifie `a H
1(Xf, I).
Dans le document
Champs algébriques et foncteur de Picard
(Page 49-57)