3.4 Repr´esentabilit´e
4.1.1 Composante des fibres le long d’une section
Lemme 4.1.1.1 Soient k un corps, X un k-sch´ema connexe localement de type fini, L
une extension de k et p la projection de X
Ldans X. Alors les fibres de p rencontrent
toutes les composantes connexes de X
L. Autrement dit, pour toute composante connexeU
de X
L, le morphisme induitp
|U:U X est surjectif.
D´emonstration. En d´evissant l’extension, il suffit clairement de traiter le cas d’une
extension alg´ebrique et le cas d’une extension transcendante pure. Dans le premier cas, le
morphisme SpecL Speck est universellement ouvert ([29] 2.4.9) et universellement
ferm´e ([27] 6.1.10). Si U est une composante connexe deX
L, son imagep(U) dansX est
ouverte, ferm´ee et non vide, donc c’est X tout entier.
Supposons maintenant l’extensionL/ktranscendante pure. Si Ω est une autre
exten-sion dek, alors l’anneauL⊗
kΩ est int`egre. En effet, en ´ecrivantL=k(T), o`uT est une
famille d’ind´etermin´ees, on voit queL⊗
kΩ est isomorphe `aS
−1Ω[T] avecS=k[T]. Il en
r´esulte que les fibres de psont g´eom´etriquement int`egres. Notons (X
i)i∈Ila famille des
composantes connexes de X
L. Vu que les fibres dep sont connexes, chaque X
iest une
r´eunion de fibres. Donc les p(X
i) forment une partition deX, et ils sont ouverts puisque
pest ouvert. Par connexit´e un seul d’entre eux est non vide, doncX
Lest connexe.
Lemme 4.1.1.2 Soit
X
fS
′ g eS
un diagramme commutatif de sch´emas. On suppose que f est lisse et quasi-compact, et
que g est universellement ouvert. Alors il existe un unique ouvert U de X tel que pour
touts∈S,U
ssoit la r´eunion des composantes connexes de X
squi rencontrente(S
′).
D´emonstration.On noteX
′le produit fibr´eX×
SS
′ete
′:S
′X
′la section induite
pare. D’apr`es [30] (15.6.5), on a un ouvertU
′deX
′tel que pour touts
′∈S
′, la fibre de
U
′au-dessus des
′soit la composante connexe deX
′s′
contenante
′(s
′). SoitU l’image de
U
′dansX. C’est un ouvert deX puisqueg est universellement ouvert.
Sis est un point deS, il est clair que la fibreU
sest l’image de U
′s
par le morphisme
X
′s
X
sobtenu par changement de base. Donc pour montrer queU v´erifie la propri´et´e
annonc´ee, on peut supposer que S est le spectre d’un corps k. Pour tout s
′∈ S
′, la
fibre U
′s′
est connexe et contient e
′(s
′), de sorte que son image dans X est incluse dans
la composante connexe de e(s
′). Comme U est la r´eunion des images des U
′s′
, on en
d´eduit que U est inclus dans la r´eunion des composantes connexes de X qui rencontrent
e(S
′). R´eciproquement, ´etant donn´e un points
′deS
′et un pointxdeX qui est dans la
composante connexe dee(s
′), montrons quexappartient `aU. NotonsC
′la composante
connexe deX
′s′
qui contiente
′(s
′), etCla composante connexe dee(s
′) dansX. D’apr`es le
lemme (4.1.1.1), le morphisme induit deC
′versCest surjectif. En particulierxappartient
`
a l’image deC
′, donc `aU.
L’unicit´e deU est claire, puisque l’ensemble sous-jacent `aU est d´etermin´e de mani`ere
unique par ses fibres.
Remarque 4.1.1.3 Dans le lemme pr´ec´edent, pour touts∈S,X
sest lisse surκ(s) donc
ses composantes connexes sont irr´eductibles. On en d´eduit que si S
′est un ouvert deX,
alorsU
sest l’adh´erence deS
′s
dansX
s.Remarque 4.1.1.4 L’hypoth`ese de quasi-compacit´e sur f n’est pas n´ecessaire. Elle est
cependant pr´esente dans l’´enonc´e [30] (15.6.5), et c’est le seul endroit o`u nous l’utilisons.
Nous allons nous en affranchir dans le lemme (4.1.1.5) ci-dessous. Ceci prouve en
parti-culier, en reprenant la d´emonstration du lemme (4.1.1.2) et en y rempla¸cant
D’apr`es
[30] (15.6.5)
par
D’apr`es le lemme (4.1.1.5)
, que l’´enonc´e (4.1.1.2) est encore valable
mˆeme lorsquef n’est plus suppos´e quasi-compact.
Lemme 4.1.1.5 SoientS un sch´ema et X un espace alg´ebrique lisse surS muni d’une
sectione:S X. Alors il existe un sous-espace alg´ebrique ouvert deX, not´eU(X/S),
tel que pour tout s∈S, la fibre de U(X/S)au-dessus de ssoit la composante connexe de
e(s)dansX
s.D´emonstration.Il suffit de traiter le cas o`uS est quasi-compact. On notef :X S
le morphisme structural deX. Soitπun morphisme ´etale d’un sch´ema quasi-compactX
1vers X tel que le morphisme compos´e f ◦π soit surjectif. On note S
1le produit fibr´e
S×
e,X,πX
1. Le diagramme commutatifX
1 f◦πS
1 e′S
v´erifie bien les hypoth`eses du lemme (4.1.1.2), donc il existe un ouvertU
1deX
1tel que
pour tout s ∈S, U
1ssoit la r´eunion des composantes connexes de X
1squi rencontrent
e
′(S
1). On noteU l’image deU
1parπ(c’est un ouvert deX), puisV
1l’image r´eciproque
deU parπ(c’est un ouvert deX
1). Autrement ditV
1est le satur´e deU
1pour la relation
d’´equivalence d´efinie par π. On applique maintenant le lemme (4.1.1.2) au diagramme
commutatif
X
1 f◦π4.1 Pr´eliminaires 63
et on obtient ainsi un ouvertW
1deX
1tel que, pour touts∈S,W
1ssoit la r´eunion des
composantes connexes deX
1squi rencontrentV
1s, c’est-`a-dire l’adh´erence deV
1sdansX
1s(cf. remarque (4.1.1.3)). On note maintenantW l’image deW
1parπ. C’est un ouvert de
X.
NotonsC
sla composante connexe deX
squi contiente(s). L’ouvertU
1sest la r´eunion
des composantes connexes de X
1squi rencontrent e
′(S
1s). Donc son imageU
sest une
r´eunion de parties connexes qui contiennente(s). En particulierU
sest inclus dansC
s. DeplusU
sest non vide car tout point deSest dans l’image deX
1. CommeC
sest irr´eductible
(puisque X
sest lisse), on aC
s=U
s=π
s(V
1s).Par ailleurs, on a la suite d’inclusions et d’´egalit´es ensemblistes suivante :
π
s−1(W
s)= π
s−1(π
s(W
1s))= π
s−1(π
s(V
1s))par construction deW
1s⊂ π
−1s
(π
s(V
1s))par continuit´e deπ
s⊂ π
s−1(π
s(V
1s))parce queπ
sest un morphisme ouvert
= V
1s= W
1s⊂ π
−1 s(W
s).
D’o`u l’´egalit´e entreπ
−1s
(W
s) etπ
−1s
(π
s(V
1s)), qui peut encore s’´ecrire :W
s=π
s(X
1s)∩C
s.
Maintenant, soit (π
i: X
iX)i
∈Iune famille couvrante ´etale, o`u les X
isont des
sch´emas affines et o`u chacun des morphismes compos´esf◦π
iest surjectif (c’est possible :
il suffit de veiller `a ce que chacun desX
irecouvre l’image, quasi-compacte, de la section
e dans X). Pour chaque i ∈ I, on note W
il’ouvert de X obtenu par la construction
pr´ec´edente. Soit U(X/S) la r´eunion des W
i. Il est clair que pour touts∈S, la fibre de
U(X/S) au-dessus desest ´egale `aC
s.Remarque 4.1.1.6 Comme sous-foncteur de X, l’ouvert U = U(X/S) est caract´eris´e
par la propri´et´e suivante. Pour tout S-sch´ema T et pour tout ξ∈X(T),ξ appartient `a
U(T) si et seulement si pour tout s ∈ S, le point ξ
s∈ X
s(T
s) obtenu par changementde base appartient `a C
s(T
s), autrement dit le morphisme correspondantT
sX
sse
factorise parC
s. La v´erification est imm´ediate et laiss´ee au lecteur. En particulier on voitque la propri´et´e v´erifi´ee par les fibres d´etermine U(X/S) de mani`ere unique.
Remarque 4.1.1.7 La formation de U(X/S) commute `a tout changement de base. En
effet, soit S
′S un morphisme de changement de base. Notons U = U(X/S), X
′=
X ×
SS
′, U
′=U ×
SS
′, et e
′: S
′X
′la section obtenue par changement de base.
D’apr`es la remarque pr´ec´edente il suffit de montrer que pour tout points
′deS
′, la fibre
U
′s′
est la composante connexe deX
′s′
contenante
′(s
′). Soients
′un point deS
′et sson
image dansS. On a un diagramme commutatif `a carr´es cart´esiens :
U
s′′X
s′′ pSpecκ(s
′)
U
sX
sSpecκ(s).
L’ouvert U
sest un κ(s)-sch´ema connexe qui a un κ(s)-point, donc d’apr`es [29] 4.5.13 il
est g´eom´etriquement connexe. En particulierU
′s′
est connexe, et comme il contiente
′(s
′)
il est inclus dans la composante connexeC
′s′
dee
′(s
′). D’autre part,C
′s′
est connexe donc
son image aussi et elle contiente(s), doncp(C
′s′
) est inclus dansC
s, ou, ce qui revient aumˆeme, C
′s′
est inclus dansp
−1(U
s) =U
′s′
.
Dans le document
Champs algébriques et foncteur de Picard
(Page 62-65)