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PARTIE I : L’ACTION COMPLEXE DU CANNABIS ET DE SON SYSTEME ENDOGENE

B. Effets somatiques

Bien qu'il n'y ait jamais eu aucun cas de décès déclaré lors d'une intoxication aiguë, des accidents impliquant des enfants ont déjà été relatés, avec une hypotonie et une mydriase, ainsi que rarement des cas de dépression respiratoire et de coma (25).

(a) Le système cardio-vasculaire

Le cannabis entraîne une augmentation du débit et de la fréquence cardiaque, et donc des besoins en oxygène du myocarde. Cela déclenche une tachycardie, qui reste relativement faible et bénigne, sauf chez les insuffisants coronariens.

De plus, il induit une vasodilation périphérique, provoquant ainsi une hypotension orthostatique, une hypersudation et des céphalées. Cet effet serait dû aux récepteurs aux cannabinoïdes situés au niveau des cellules endothéliales vasculaires (17).

(b) Le système respiratoire

Même si celui-ci est faible, le cannabis possède un pouvoir dépresseur sur le

système respiratoire. Son effet parasympatholytique périphérique induit une

bronchodilatation immédiate et transitoire, avec une diminution de la résistance des voies respiratoires. Une synergie d'actions peut apparaître s'il est pris conjointement à d'autres dépresseurs de ce système.

Dans certains cas, une hyperréactivité bronchique secondaire peut apparaître (6).

Lors d’une consommation par inhalation, une inflammation pouvant déclencher une quinte de toux, peut être présente. Celle-ci provient non seulement de l'action directe du Δ9-THC, mais aussi des produits de combustions qui sont irritants pour la muqueuse (26).

(c) Les yeux

La consommation de cannabis induit une vasodilatation ainsi qu'une irritation conjonctivale, ce qui aboutit à une hyperhémie conjonctivale ou dit des « yeux rouges ». Il est également possible d’observer avec une dose plus importante une mydriase, plus rarement, un nystagmus et une photophobie (6).

Même si le mécanisme n’est pas encore très bien connu, le cannabis entraîne également une diminution de la pression intraoculaire (17).

(d) Autres

La prise de cannabis induit une diminution de la sécrétion salivaire (bouche sèche), une diminution de la motricité intestinale, des vomissements et diarrhées (même

si rares), ainsi que des troubles de la thermorégulation (hypothermie chez l'enfant (27)

et hyperthermie chez l'adulte (28)).

Lors des premières prises, certains patients présentent une réaction anaphylactoïde, une éruption cutanée et une rétention urinaire (29).

2) A long terme

(a) Le système cardio-vasculaire

Lors d'une consommation chronique, des effets inverses aux symptômes lors d'une intoxication aiguë sont observés: une diminution de la fréquence cardiaque, avec une hypotension et une bradycardie. Une tolérance aux effets aigus se met donc en place mais sans dommage chronique (6).

(b) Le système respiratoire

Des études ont été menées pour déterminer un lien avec la Broncho- Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) chez les fumeurs de cannabis et de tabac, mais les résultats sont contradictoires : alors que l’une montre un lien avec le tabac mais pas avec la marijuana (30), l'autre montre une corrélation avec cette dernière et un effet additif du tabac (31).

En revanche, les maladies pulmonaires inflammatoires sont 60% plus importantes chez les fumeurs quotidiens de cannabis. Elles sont accompagnées de toux chroniques avec des expectorations bronchiques et de rares sibilants (32).

Un risque accru de cancer des voies aériennes supérieures est également présent. Car

bien que le Δ9-THC ne soit pas considéré comme cancérogène, le fumée de cannabis est

mutagène et cancérogène (goudrons et autres dérivés de pyrolyse du cannabis) (33). Mais il faut interpréter toutes ces études avec prudence : les résultats sont souvent contradictoires et l'influence du tabac est généralement mal déterminée.

(c) Le système immunitaire

Les résultats obtenus lors des recherches sur ce système sont assez contradictoires.

Alors qu'in vitro, l'observation de l'effet d'une forte quantité de Δ9-THC a permis de démontrer une activité immunosuppressive par une diminution de l'activité des macrophages, des lymphocytes et des cellules NK (34); les résultats obtenus in vivo diffèrent et sont très variables selon les études. De plus, il faut savoir que les effets obtenus in vitro sont retrouvés avec des cannabinoïdes dépourvus d'activité psychoactive (6).

D'après une autre étude, il pourrait entraîner une immunosuppression au niveau

pulmonaire chez des sidéens, plus sensibles aux infections à Aspergillus fumigatus (35).

Mais là encore, il est difficile de savoir si le cannabis agit comme un immunosuppresseur ou simplement comme la source du contaminant fongique.

En réalité, les cannabinoïdes ont un rôle de modulateur, suppresseur ou stimulant, de la réponse immune et inflammatoire. Cela dépendra de la cellule et de l'agent infectieux étudiés (6).

(d) Autres

Même si des troubles au niveau du système endocrinien ont pu être observés, les études menées à ce sujet restent limitées et discutées. De plus, aucun essai récent sur ce sujet n’a été réalisé.

Chez l'Homme, les résultats ont montré une diminution du taux de testostérone ainsi qu'une atrophie des testicules avec une baisse de la numération des spermatozoïdes ; alors que chez la femme, ils ont mis en évidence une diminution du niveau de l'hormone lutéinisante (LH) et de la prolactine en phase lutéale, ce qui induit des règles courtes et plus de cycle anovulatoire (36; 37; 38).

Une baisse de la thyroxine et des corticostéroïdes a été démontrée chez la souris, mais pas clairement chez l'Homme.

Une diminution de la synthèse de protéines et d'acide nucléique chez le rat a été constatée, mais cela n'a pu être prouvé chez les humains.

Bien qu'il n'y ait pas d'effet tératogène sévère, une diminution de la croissance fœtale peut être retrouvée si une femme consomme régulièrement du cannabis pendant sa grossesse (en plus des anomalies du comportement vues précédemment) (17).

L’usage de marijuana pendant la grossesse, surtout lors du premier trimestre, est associé à un risque important de neuroblastome chez l’enfant (39).

III. Le système endocannabinoïde

La complexité de ces réactions et l'intérêt thérapeutique potentiel du cannabis ont poussé les chercheurs à étudier les cannabinoïdes et leur mécanisme d'action. C’est l’identification du premier récepteur aux cannabinoïdes CB1 qui a ouvert la voie à la recherche d’un système endocannabinoïde. En effet, s’il existait un récepteur d’un composé exogène d’origine végétale, une ou plusieurs molécules endogènes de ce même récepteur existaient probablement.

Ils ont alors découvert un système interne, possédant ses récepteurs : CB1 et CB2 ; ses ligands dits endocannabinoïdes (avec leurs système de synthèse, de transport et de dégradation), ainsi que ses propres fonctions (régulations physiologiques mais également pathologiques).

A. L'exploration du système