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Chapitre 2. Should ice application be replaced with neurocryostimulation for the treatment

3.3 Effets de la NCS

3.3.1 NCS : les fondements physiologiques

Quand on s’attarde aux effets physiologiques de la NCS, celle-ci semble être une modalité de traitement prometteuse pour le traitement d’atteintes aigues comme l’ELC. Mourot et al. ont observé chez des sujets sains une réponse systémique très rapide de vasoconstriction cutanée et une augmentation de la pression artérielle avec la NCS, réactions qui s’apparentent aux effets observés lors d’un test d’immersion de la main dans l’eau froide (cold pressor test),75 et qui n’étaient pas observées lorsqu’un simple sac de glace était

appliqué.73,74 Cette réponse, qui implique nécessairement le système nerveux autonome, a

été nommée choc thermique, et est à la base des effets thérapeutiques prétendus de la NCS. L’implication du système nerveux autonome dans certains mécanismes de régulation de l’inflammation serait un des arguments importants pour appuyer ces prétentions.74 Dans

l’étude NCS-UL, le groupe NCS a présenté une diminution de température de la peau très rapide et plus importante que dans le groupe glace, suggérant que ce choc thermique a bel et bien eu lieu. Encore une fois, cela n’a toutefois pas permis de produire les résultats attendus du point de vue clinique.

Mourot et al. ont également observé qu'après la NCS, le vitesse de réchauffement de la peau est plus rapide qu'après l'application de glace pendant les premières minutes, et que la température de la peau n'est plus significativement différente entre les groupes après une minute,74 ou six minutes,73 respectivement, selon deux études réalisées sur des participants

sains. Cela laisse croire que le niveau de refroidissement induit aux tissus profonds serait similaire entre la NCS et la glace, et que le refroidissement supplémentaire induit par la NCS serait limité aux tissus superficiels. Pour ce qui est de potentiels effets analgésiques et de ralentissement métabolique au niveau de tissus lésés profonds, comme les ligaments dans le cas d’une entorse, la NCS et la glace auraient donc probablement des effets similaires. Ainsi, les effets sur le système nerveux autonome attribué à la NCS, le fameux "choc thermique", ne résulterait pas d’un refroidissement plus important de structures profondes. On pourrait l’attribuer, en revanche, soit à un refroidissement plus important des structures superficielles, ou encore à la vitesse importante de ce refroidissement, amenant une variation rapide de l’intensité de la stimulation des récepteurs cutanés sensibles à la température.

3.3.2 Les études cliniques

Très peu d’études cliniques publiées ont mesuré les effets de la NCS chez des populations présentant une atteinte musculosquelettique, et aucune ne s’est attardée spécifiquement aux entorses de cheville. Demoulin et al., dans un essai clinique randomisé, ont comparé les effets de la NCS avec deux autres formes de cryothérapie (sac de gel et cryocuff) sur la douleur, la mobilité du genou et l’œdème à sept jours en post-chirurgie de prothèse totale de genou, et n’ont relevé aucune différence entre leurs groupes.80 Ils rapportent toutefois

que leur technique d’application de la NCS n’était pas optimale, et que cela ne leur a permis de refroidir la peau qu’à 14°C en moyenne, ce qui n’est pas aussi froid que ce qui est rapporté par Mourot (6.9°C) ou encore ce qui a été obtenu dans l’étude NCS-UL (8.4°C). Il est possible que cela les ait empêché d’activer les mécanismes physiologiques souhaités. Similairement, dans une étude pilote comparant la NCS combinée à la thérapie manuelle (n=18), avec la thérapie manuelle seule (n=19), pour le traitement de patients souffrant d'épicondylite latérale chronique, Richer et al. n'ont pas réussi à montrer de différence sur la douleur, la fonction et la force de préhension sans douleur.98 Bien qu'ils aient rapporté

significative dans leurs deux groupes pour la douleur et la fonction, masquant peut-être, comme dans l’étude NCS-UL, un avantage relativement faible dans le groupe NCS par un effet plus important de leur co-intervention (la thérapie manuelle dans leur cas).

À l’opposé, une étude sur des personnes âgées a conclu à une réduction de la douleur aigue et chronique par la NCS;77 il n’y avait toutefois aucun groupe de comparaison dans

cette étude. Ces quelques publications sur la NCS résument à elles seules la littérature pertinente sur le sujet. Outre les études tout juste décrites, une recherche sur les bases de données scientifiques habituelles en utilisant des mots-clés comme neurocryostimulation, cryothérapie gazeuse, ou cryothérapie hyperbare par exemple, combinée à une vérification rigoureuse des références citées, n’a permis de retracer qu’une référence en russe, quelques articles sur des traitements aux chevaux, et une poignée de pseudo-articles de qualité méthodologique extrêmement faible ou ressemblant plus à des lettres éditoriales. D’autres modalités de cryothérapie ont le potentiel d’induire le choc thermique, notamment la cryothérapie corps entier (whole-body cryotherapy) ou corps partiel (partial-body cryotherapy), et l’immersion du corps dans l’eau froide. Une revue Cochrane de 2016 conclut sur l’effet de la cryothérapie corps entier que les preuves sont insuffisantes pour déterminer si elle réduit les douleurs musculaires auto-rapportées ou améliore la récupération subjective après l'exercice.70 Pour ce qui est de l’immersion dans l’eau froide,

une autre revue Cochrane rapporte qu’il y a quelques données probantes à l’effet qu’elle réduirait les courbatures après l’exercice (delayed onset muscle soreness).106 Les études

évaluant ces méthodes alternatives de cryothérapie pour le traitement de patients blessés ou avec des conditions plus sévères que la douleur post-exercice sont peu nombreuses et font leur apparition depuis quelques années seulement.

3.4. Mécanismes physiologiques vs objectifs

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