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Visibilité des lésions

88 3.7 Effets indésirables :

Dans notre étude, l’existence d’effets indésirables s’accompagnait d’une observance moindre. Et le taux de non observance était très haut (88,9%) chez les patients qui déclaraient que la crainte des effets indésirables pouvait retentir sur leur prise médicamenteuse. En effet, la prise de conscience des effets indésirables quand elle retentit sur la prise médicamenteuse entrave l’observance avec un facteur de 0,057. Ce résultat était significatif.

Selon l’étude de Fès (11), 74,7% des patients qui ne souffraient pas d’effets secondaires étaient observants par rapport à 45,7% des patients qui rapportaient ces effets secondaires . D’autre part, les patients qui avaient des craintes des effets secondaires étaient également moins observants.

Dans l’étude de Zaghloul et Goodfield(14) les effets indésirables diminuaient l’observance thérapeutique. En effet, 45,7% seulement des malades se plaignant d’effets indésirables étaient observants contre 73,3% de ceux qui ne rapportaient aucun effet indésirable relatif à leur traitement.

Les corticoïdes sont un exemple type de médicaments très utilisés en médecine toutes spécialités confondues, la dermatologie n’étant pas une exception. Ce sont de puissants agents anti-inflammatoires souvent utilisés au long court pour soulager les symptômes inflammatoires liés à la maladie.

Une étude (15) portant sur 125 patients mis sous corticothérapie orale depuis au moins un mois à une dose supérieure à 5 mg/j et suivis en consultation ou hospitalisés dans le service de rhumatologie de Casablanca a montré que 64% des malades avaient une mauvaise adhésion au traitement. Vingt-deux patients rapportaient un arrêt thérapeutique momentané suite aux effets indésirables jugés sévères, des corticoïdes ou par peur et réticence vis-à-vis de ces derniers.

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Une autre facette de la non observance est la prise continue des corticoïdes par les patients eux-mêmes sans prescription médicale. La cause principale de cette automédication était le soulagement des symptômes de la maladie pour laquelle la corticothérapie était instaurée.(15)

Ces résultats concordent avec la littérature ; les effets indésirables peuvent avoir un retentissement sur l’adhésion thérapeutique ; les effets secondaires des corticoïdes sont la raison la plus fréquemment citée par les patients qui se disent réticents à recevoir une corticothérapie.(51)

3.8 Consultation :

Dans notre étude, le taux d’observance s’élevait à 69,1% lorsque la durée de la consultation était ≥15 minutes contre un taux de 56,7% lorsque la durée était <15minutes. Ce résultat n’était pas significatif.

Selon l’étude de Fès (11), l’observance était beaucoup plus importante chez les patients qui jugeaient que la durée de l’entretien médical était suffisante.

La durée de l’entretien entre le médecin et son patient, lorsqu’elle est suffisante, favorise l’adhésion de celui-ci au traitement prescrit. Ce temps précieux que passe le malade aux côtés de son médecin lui permet de mieux comprendre sa maladie, d’en prendre conscience et donc de percevoir le bénéfice thérapeutique. Ce temps lui permet aussi d’avoir une idée plus claire et plus précise sur son traitement, son efficacité, ses effets indésirables…

Le médecin de son côté, peut ainsi connaître son patient, son histoire, son style de vie, ses attentes, ses craintes… Et donc éviter ce qui peut entraver l’observance.

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En effet, les médecins participent à la non observance thérapeutique de leurs patients en prescrivant des ordonnances complexes, en expliquant insuffisamment les bénéfices et les effets indésirables des traitements, en ne considérant pas le style de vie du patient ou le coût du traitement et en maintenant une mauvaise relation médecin-malade . (1)

En cours de traitement, la fréquence des visites de suivi est un facteur positif. On constate d’ailleurs souvent un effet « blouse blanche » avec amélioration des prises dans les cinq jours qui précèdent et qui suivent la consultation (1).A contrario, les délais d’obtention de rendez-vous, l’attente avant les consultations et les consultations trop courtes pour réaliser une réelle éducation thérapeutique ont des effets néfastes sur l’observance thérapeutique (1).

3.9 Respect des RDV :

Dans notre étude, les patients qui respectaient leurs RDV étaient de loin les patients les plus observants avec un taux d’observance de 70,2% contre 28,1% chez ceux qui ne les respectaient pas. Ainsi, l’observance était six fois plus importante lorsque le patient respectait ses RDV. Ce résultat était significatif.

Le respect du suivi médical est représenté par l’assiduité aux rendez-vous de consultations et la réalisation des différents bilans prescrits. Cet aspect de l’observance a été beaucoup moins étudié que les deux autres aspects (la prise médicamenteuse et le respect des consignes hygiéno-diététiques). Certains auteurs considèrent qu’il pourrait être un marqueur prédictif du suivi des deux autres aspects de l’observance.(9)

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En effet, Postel Vinay et col (2) considère la ponctualité aux rendez-vous comme un témoin utile pour étudier l’observance thérapeutique.

Dans l’étude de Zaghloul et Goodfield (14) le respect des RDV a été pris comme un critère d’observance. Ainsi que dans l’étude de Nassar et al (15) où l’observance a été jugée par de nombreux critères dont le respect des RDV de consultation.

Cependant, dans le cas de maladies potentiellement graves, cette assertion est à nuancer : les internistes ont été surpris, après la généralisation du dosage sanguin d’hydroxychloroquine (Costedoat-Chalumeau N, et al. Ann Rheum Dis 2007 ;66 :821—4) de découvrir que nombre de leurs patientes lupiques, scrupuleusement observantes des rendez- vous et du suivi biologique, ne prenaient pas ce médicament.(9)

3.10 Hospitalisation :

Dans notre étude, Les patients qui ont été hospitalisés une plus longue durée étaient plus observants. L’hospitalisation était donc un facteur de bonne observance avec un p significatif.

L’hospitalisation permet au patient de sortir du tourbillon de son quotidien et le met face à sa maladie. Ce qui lui permet de se rendre compte qu’il est vraiment malade et que sa maladie pourrait effectivement être grave puisqu’elle nécessite une hospitalisation. Cette prise de conscience peut changer son comportement vis-à-vis de son traitement. N’oublions pas que l’éducation thérapeutique qui résulte du contact quotidien avec le personnel médical est un facteur incontournable de la bonne observance.

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Mais l’hospitalisation peut n’être qu’un contexte à effet éphémère. En effet, un patient hospitalisé peut être observant le temps de son hospitalisation, puis cesser de l’être une fois sorti. Ce phénomène peut se voir dans d’autres situations. Par exemple quand un patient étranger arrête son traitement le temps d’un retour au pays d’origine ou le cas de patients qui arrêtent leurs traitements le temps de leurs vacances, ce phénomène correspond à ce qu’on appelle les «vacances thérapeutiques», très souvent constatées dans les affections chroniques. Ce phénomène est dû à une décontextualisation de la pratique de soin. (6)

Mais l’hospitalisation peut entraver l’observance thérapeutique surtout chez le sujet âgé, car elle implique une modification du traitement déjà suivi en ambulatoire avec parfois introduction de nouveaux produits une fois le malade est en milieu hospitalier. On rapporte également, à la sortie de l’hôpital, une réduction des connaissances du traitement mise d’une part, sur le compte d’une assistance excessive à la médication en milieu hospitalier n’encourageant pas l’effort de mémorisation, et d’autre part, à un déficit d’éducation thérapeutique du patient. En effet des antécédents d'hospitalisation pour psoriasis ne modifiaient pas le niveau de connaissance du patient.(11)

Dans l’étude menée à Fès(11) , les patients qui ont été hospitalisés étaient moins observants que ceux suivis en ambulatoire.

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