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Effets de la supplémentation en glutamine sur HSP-

Moyenne d’IgA salivaires pré-entraînement (mg/L)

RESTQ Récupération générale

5.2 Effets de la supplémentation en glutamine sur les paramètres mesurés

5.2.3 Effets de la supplémentation en glutamine sur HSP-

Outre les résultats de deux participants (Figure 23, p.128), les valeurs d’HSP-72 sont restées relativement basses lors des deux phases du projet (< 5,0 ng/ml). Comme les prélèvements sanguins étaient effectués tôt le matin et non immédiatement en post-effort, la mesure d’HSP-72 n’avait pas pour but d’évaluer les effets aigus d’un entraînement ou d’une compétition de natation, puisque l’augmentation d’HSP-72 normalement observée suite à un effort physique s’estompe pour revenir à des valeurs normales 2 à 8 h post-exercice [349]. Des valeurs élevées de façon chronique auraient pu suggérer la présence de signes d’un stress continu sur l’organisme plutôt que ponctuel. Étant donné qu’il s’agissait de nageurs de haut niveau, il est possible que l’homéostasie de l’organisme soit moins perturbée par ce type d’effort et que le stress encouru par une compétition engendre moins de réactions de défense de la part de l’organisme.

En ce qui concerne les effets de la supplémentation en glutamine, les résultats obtenus vont à l’encontre de notre hypothèse de départ qui prévoyait une hausse des HSP-72 étant donné le lien établi entre cet acide aminé et la production de ces protéines. L’analyse des réponses

individuelles des sujets indiquent néanmoins que suite à la compétition, 4 sujets sur 8 présentaient des valeurs d’HSP-72 plus élevées sous la condition glutamine (augmentation de l’ordre de 37 % à 81 %). Toutefois, malgré cette hausse, la presque totalité des athlètes a maintenu des concentrations relativement basses d’HSP-72, n’indiquant probablement pas la présence d’un stress chronique sur l’organisme. Tel que montré dans la littérature, une supplémentation en glutamine s’est avérée être un atout de taille dans le maintien du bon fonctionnement des HSP-70, mais principalement lors de cas de stress catabolique très intense, telles que des septicémies ou des chirurgies importantes [207,209]. Ainsi, il est clair que dans notre cas, les participants ne vivaient pas un tel stress. Également, les concentrations plasmatiques de glutamine de nos participants étaient plus élevées que ceux de patients en phase critique (moyenne chez nos nageurs : 539,4 ± 113,6 µmol/L, patients en état critique : <300 µmol/L). Donc, nos résultats nous amènent à émettre l’hypothèse que pour que la supplémentation en glutamine fasse augmenter les concentrations d’HSP-72, il faut dans un premier temps que l’organisme soit soumis à un stress physiologique plus intense que celui qui est induit par une compétition de natation. Par la suite, dans un deuxième temps, il faut que les réserves de glutamine de l’organisme soient insuffisantes pour arriver à combler les demandes croissantes d’HSP-70.

Il est néanmoins important de souligner qu’une différence statistique a été observée lors de la phase B du projet, où le groupe recevant le placebo avait une valeur d’HSP-72 plus élevée que celle recevant le supplément (placebo : 3,00 ± 0,29 ng/ml, glutamine : 1,55 ± 0,29 ng/ml, p = 0,017). Il semble néanmoins peu probable que cela ait une signification clinique, comme les valeurs demeurent très faibles. À notre connaissance, aucun seuil spécifique d’HSP-70 sanguin n’existe, permettant de considérer les valeurs comme étant élevées ou basses. Toutefois, sachant qu’un effort maximal sur tapis roulant effectué jusqu’à épuisement (20 à 30 minutes) engendre une hausse de 71 % des concentrations d’HSP-70 (avant : 2,81 ± 1,32 ng/ml, 2h après : 9,78 ± 4,25 ng/ml, p = 0,04) [352], la différence observée entre nos deux groupes expérimentaux semble négligeable.

En présence de stress, le rôle des HSP est d’agir en tant que molécule chaperon, en s’associant à d’autres molécules telles que les protéines et ARNs afin de les protéger [134]. Tel que vu préalablement, les HSP sont induites par certains états physiopathologiques (fièvre, inflammation, infection), différentes conditions physiologiques normales (cycle et différenciation cellulaire, stimulation hormonale) ou encore des conditions de stress (choc thermique, exercice, etc.) [134]. Le stress cellulaire causé par l’exercice et qui engendrera une réponse de HSP-70 provient principalement du dommage musculaire, de la production de dérivés réactifs de l’oxygène, de la déplétion des réserves énergétiques et d’une diminution du pH intracellulaire [353]. La réponse de ces protéines se verra augmentée lors d’un exercice étant effectué dans un environnement très chaud ou en hypoxie. Ainsi, l’activation du gène HSP-70 serait proportionnelle à la quantité de protéines endommagées lesquelles reflèteraient l’intensité et la durée du stress subi. De là l’utilité de s’en servir comme biomarqueur. Liu et al (2000) ont montré que la réponse des HSP-70 à l’entraînement dépendrait davantage de l’intensité de l’exercice plutôt que du volume [354]. Par conséquent, on peut présumer que le type d’entraînement effectué par nos nageurs, de même que la participation à une compétition n’a pas engendré un tel de stress pour l’organisme nécessitant une réponse prolongée des HSP-70. Généralement, en période d’affûtage pour une compétition de natation, l’intensité de l’entraînement dans l’eau est maintenue, contrairement au volume d’entraînement qui est réduit. Ceci va donc à l’opposé des résultats de Lui et al., ce qui nous mène à supposer que la nature du sport aurait possiblement une influence sur l’ampleur de la réponse de HSP-70 engendrée par l’effort physique. Henstridge et al. (2016) ont récemment publié une revue traitant des HSP et de la capacité d’adaptation de l’organisme suite à l’exercice [144]. Ils abordent justement le phénomène d’affûtage chez les athlètes en indiquant que certaines études ont montré des concentrations d’HSP-72 plus élevés en période d’affûtage par rapport à ceux mesurés en période d’entraînement intense [355,356]. Ces observations vont une fois de plus à l’encontre de nos résultats. Toutefois, les études auxquelles faisaient référence la revue d’Henstridge et al. avaient été effectuées auprès de coureurs. La nature du sport et les demandes et répercussions physiologiques sont ainsi bien différentes de celles de la natation, la course imposant des impacts au sol répétés un dommage musculaire beaucoup plus important.

Deux participants avaient toutefois des valeurs d’HSP-72 plus élevées que le reste du groupe, dont un sujet montrant des résultats considérablement élevés oscillant entre 98,1 ng/ml et 121,0 ng/ml. La moyenne du groupe pour cette variable a donc été largement influencée par ce résultat. Par la suite, ces deux sujets ont abandonné l’étude puisque ceux-ci ont quitté le club de natation après la première phase du projet, donc il n’a pas été possible de voir si ces valeurs étaient toujours augmentées quelques mois plus tard chez ceux-ci. Malheureusement la mesure d’HSP-72 plasmatique ne permet pas de connaître la ou les causes de son apparition en circulation. Il est donc pratiquement impossible de connaître les raisons pouvant expliquer la présence de valeurs plasmatiques surélevées chez ces athlètes.

Considérant le fait que les valeurs d’HSP-72 de ces deux participants avaient une grande influence sur la moyenne, ainsi que sur la variabilité de nos résultats, il a été envisagé de les omettre éventuellement de nos calculs statistiques. En effet, il existe un grand débat en statistiques à savoir si les valeurs extrêmes ou outliers devraient être exclues ou pas des analyses [357]. Ce sujet d’intérêt ne date pas d’hier, en 1960, Anscombe avait déjà regroupé les outliers en 2 grandes catégories : celles provenant d’erreurs dans les données (erreurs humaines) et celles découlant de la variabilité inhérente aux données [357]. Dans le cadre de notre projet, puisque le même sujet a obtenu des valeurs élevées d’HSP-72 à plusieurs reprises, nous pouvons affirmer que ces valeurs extrêmes ne sont donc pas causées par un problème d’équipement ou une erreur humaine. Ces participants ont donc réellement obtenu des résultats élevés d’HSP-72, indiquant de toute évidence la présence d’un stress physiologique. Nous avons ainsi décidé de les inclure dans nos calculs statistiques. Dans un but exploratoire, les statistiques ont néanmoins été effectuées sans ces valeurs extrêmes afin de vérifier l’impact de celles-ci sur les résultats. Ainsi, malgré l’exclusion de ces données, la supplémentation en glutamine n’a pas eu davantage d’effets sur les valeurs de HSP-72.

Pour terminer, il est pertinent de préciser le fait que les sujets ayant montré une réduction des concentrations plasmatiques de glutamine lors de la condition glutamine ont obtenu le supplément lors de la phase A du projet, sauf dans le cas d’un seul participant. Il en est de même pour les sujets ayant obtenu des valeurs de HSP-72 et de CRP plus élevées en post-compétition.