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Effet de l’assurance sur la quantité et le prix des soins prescrits par les professionnels de santé

1.8. Risque moral et offre de soins

1.8.3. Effet de l’assurance sur la quantité et le prix des soins prescrits par les professionnels de santé

Examinons maintenant l’effet de l’assurance sur la demande de biens et services médicaux dans ce contexte de concurrence monopolistique. Supposons plus exactement que les individus bénéficient d’un contrat laissant à la charge des individus la somme $ pour un euro dépensé.

Lorsque le producteur de soins dispose d’une liberté tarifaire, le programme de maximisation est analogue à celui étudié dans la partie 1.8.2 s’écrit :

Programme 1.8-iii max

? ,, •0, E?,f. H ,f− i?,fAH ,fB

:$: C,fA ,f, H ,fB ≥ D,f¤ $ :$: f, + $. E?,f. Hf, = 1 − Vc

Où D,f¤ $ est l’utilité retirée auprès des autres professionnels de santé. D,f¤ $ est croissante lorsque $ décroît.

Autrement dit :

max

? ,, •0, E?,f. H ,f− i?,fAH ,fB

:$: C ,fA1 − Vc− $. E?,f. H ,f, H ,fB ≥ D,f $

Dans le cas du modèle à deux risque utilisés ici, Vc= 1 − $ . ; . E?,f. H ,f. Le programme s’écrit finalement : Programme 1.8-iv max ? ,, •0, E?,f. H ,f− i?,fAH ,fB :$: C ,fA1 − Vc− $. E?,f, H ,fB ≥ D,f $ :$: Vc= 1 − $ . ; . E?,f. H ,f

La résolution de ce problème est effectuée comme dans la partie 1.8.2.

•••• La courbe de coût marginal est inchangée puisque l’assurance ne modifie pas le coût marginal auquel le producteur fait face.

•••• La courbe de revenu marginal du producteur, nommée maintenant ‚„ $ est donnée par l’équation : Équation 1.8-iv AE?,f. H ,fB H ,f = 1 $ . C ,f H AO ¤Ä.•0,. ? , ¤.¥,?,B C ,f AO ¤Ä.•0,. ? , ¤.¥,?,B

Cette courbe est décalée vers le haut par rapport au cas où l’individu ne possède pas d’assurance.

•••• La courbe de demande DEM(c) de soins est donnée par l’équation :

E?,f 1$ . C ,f

H AO ¤Ä.•0,. ? ,¤.¥,? ,B C ,f

AO ¤Ä.•0,. ? ,¤.¥,? ,B

Cette courbe est située au-dessus de celle de demande de soins en l’absence d’assurance. •••• Soit « U(c)=Vj-(c) » la courbe qui donne l’ensemble des z H ,f, E?,fA H ,fB{ tels que :

C ,fA1 ] $. E?,f. H ,f] Vc, H ,fB D,f¤ $ Cette courbe respecte l’équation suivante :

E?,fAH ,fB 1$ . C ,f H AO ¤Ä.•0,. ? ,¤.¥,?,B C ,f AO ¤Ä.•0,. ? ,¤.¥,?,B ] H ,f. EH?,f ,f

Cette courbe est située au-dessus de celle de demande de soins et au-dessus de la courbe « U=Vj- ».

La représentation graphique des différentes courbes et leur comparaison avec celles obtenues en absence d’assurance (cf graphique 1.8 vi, ci-dessous) permet de constater qu’en présence d’assurance, les médecins offrent une quantité H«,f $ plus importante de soins, à un prix E?,f« $ plus élevé.

Graphique 1.8-iv : quantité et prix des soins consommés lorsque les offreurs sont en concurrence monopolistique : équilibre de court terme

Grille de lecture du graphique :

•••• CMA : coût marginal de production des soins ;

•••• RM(c) : revenu marginal du producteur lorsque le niveau de coassurance est $ ;

•••• DEM(c) : courbe de demande du consommateur lorsque le niveau de coassurance est $ ; •••• U=Vj-(c) : courbe des AH ,f, E?,fB tels que :

C,fA1 ] $. E?,f. H ,f, H ,fB D,f¤ $

•••• E?,è $ : coût des soins imposé par le professionnel de santé lorsque le niveau de coassurance est $ ;

•••• H«, c : quantité de soins offerts par le professionnel de santé lorsque le niveau de coassurance est

$ ;

Comment évolue la demande de soins lorsque le médecin ne dispose pas de liberté tarifaire, parce que l’état, l’assureur public ou privé impose un tarif opposable E?ƒ. Dans ce cas, l’assureur augmente la quantité de soins au-delà de ce qu’il aurait prescrit s’il avait la possibilité de choisir son tarif et au- delà également de la quantité de soins demandée par l’individu.

Pour synthétiser l’ensemble de ces résultats, lorsque l’offre des professionnels de santé n’est pas parfaitement substituable d’un professionnel à l’autre il y a concurrence monopolistique. Dans le contexte de cette concurrence imparfaite, l’assurance conduit les professionnels de santé à accroître

leur prix et/ou la quantité de soins offerte aux individus. Lorsque le producteur de soins ne dispose pas de liberté tarifaire et que le prix des soins est fixé par l’Etat ou le tiers-payeur, le professionnel de santé augmente la quantité de soins offerte au-delà de la quantité demandée par l’individu : dans ce cas, la concurrence imparfaite amplifie donc le phénomène de risque moral.

Ainsi, dans un contexte où c’est le médecin qui exerce un pouvoir sur la quantité de soins prescrits et/ou le prix des soins, l’assurance entraine une augmentation de la dépense en biens et services médicaux via une augmentation du prix et de la quantité des soins prescrits. Notons que notre analyse est très voisine de celle menée par McGuire (2000), la différence étant que dans notre cas, les courbes d’offre sont directement construites à partir l’utilité des consommateurs et non à partir de leur surplus. Cette approche permet de disposer d’un peu plus de détails sur les mécanismes conduisant les médecins à augmenter leur prix ou leur offre de soins. Notons enfin que nous n’avons pas considéré un paramètre essentiel sur lequel le professionnel de santé peut jouer qui est la qualité des soins. Nous nous intéresserons à l’effet de l’assurance sur la qualité des soins administrés dans la partie 1.8.4.

1.8.3.1. Effet de l’assurance sur la concurrence par les prix entre professionnels de santé

L’assurance joue un rôle ambigu sur le comportement des individus vis-à-vis des tarifs pratiqués par les professionnels de santé. Dranove et Satterthwaite (2000) signalent que les individus couverts peuvent être moins incités à changer de médecin, la diminution du coût des soins réduisant la propension des individus à rechercher un médecin au meilleur coût. Mais à contrario, le fait que les professionnels de santé soient imparfaitement substituables peut réduire l’effet que l’assurance sur le fait de substituer le professionnel de santé préféré par l’individu par un autre plus cher. En effet, le professionnel de santé dont les prix sont plus élevés peut certes présenter des avantages sur certains attributs (par exemple la qualité) mais qui ne compense pas d’autres avantages (tels que la proximité géographique, la connaissance du patient qu’a le professionnel de santé) que l’individu valorisait chez le médecin consulté habituellement.