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Chapitre 1 Revue de littérature

1.3 Facteurs influençant la production d’acides gras à chaîne ramifiée

1.3.3 Effet de l’alimentation

1.3.3.1 Rapport fourrages:concentrés

Plusieurs auteurs ont établi que la proportion de fourrages dans la ration avait une influence sur la teneur en gras du lait et sur les concentrations relatives des différents acides gras, dont les AGCR. Salawu et al. (2002) ont en particulier montré que la concentration des acides gras iso à chaîne impaire (iso 15:0 et iso 17:0) augmentait proportionnellement avec la teneur en NDF de la ration. Dewhurst et al. (2003) ont observé des résultats semblables où une augmentation des apports en fourrages favorisait la concentration des acides gras iso- sans impact sur les acides gras anteiso-. Il est avancé que la majorité des AGCR de type iso- sont produits par des bactéries cellulolytiques, alors que les acides gras anteiso- seraient davantage issus du métabolisme des bactéries amylolytiques (Fievez et al., 2012). Une telle relation n’a cependant pas été clairement établie dans l’étude de Patel et al. (2013), où seule une légère augmentation de la concentration en iso 15:0 a été observée avec une hausse du rapport fourrages:concentrés, ou dans l’étude de Bas et al. (2003) chez la chèvre, où les concentrations de tous les AGCR du contenu duodénal ont été augmentées par une hausse de la teneur en fourrages de la ration. Vlaeminck et al. (2006c) ont également remarqué que l’ensemble des AGCR, autant iso- que anteiso-, produits par les bactéries du rumen, augmentaient proportionnellement au rapport fourrages:concentrés, ce qui semble contraire à l’hypothèse que les AGCR anteiso- sont favorisés par une augmentation des concentrés. Somme toute, on peut conclure que le rapport fourrages:concentrés influence l’activité des différents groupes de microorganismes du rumen permettant ainsi, en règle générale, une augmentation de la concentration totale en AGCR du lait (Bas et al., 2003 ; Vlaeminck et al., 2006c).

Sur le plan nutritionnel, une corrélation positive peut être observée entre la teneur en NDF de la ration et la concentration en AGCR du lait (Vlaeminck et al., 2006a). Cependant, la concentration en AGCR est négativement corrélée avec le niveau de protéine, d’amidon et de gras de la ration (Vlaeminck et al., 2006a)

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1.3.3.2 Type de fourrage

Le type de fourrage utilisé peut avoir une influence sur la concentration en AGCR du lait. Comme indiqué précédemment, une variation de la teneur en cellulose et en amidon de la ration peut influencer la concentration des différents AGCR du lait. L’utilisation de fourrages plus fibreux devrait donc augmenter les concentrations d’AGCR. Ainsi, chez la chèvre laitière, une alimentation à base d’ensilage de tige de maïs (77,6 % de NDF) augmente d’environ 50 % la concentration en iso 14:0, iso 15:0, iso 16:0, iso 18:0 et

anteiso 17:0 du contenu duodénal, lorsque comparée à une alimentation à base de foin

de luzerne (55,3 % de NDF; Bas et al., 2003). Cependant, des conclusions contraires sont tirées par Schulz et al. (2018) qui ont observé un effet linéaire positif sur les concentrations du lait de vache en iso 14:0, iso 16:0 et iso 18:0 lorsque l’ensilage de maïs a été remplacé par de l’ensilage de trèfle rouge. Leduc et al. (2017) ont également montré qu’une alimentation à base de trèfle rouge permettait d’augmenter les concentrations relatives d’AGCR par rapport à une alimentation à base de luzerne. La ration à base de trèfle était d’ailleurs plus riche en fibre et plus pauvre en protéine brute que la ration à base de luzerne. L’étude de Leduc et al. (2017) fait aussi état d’une diminution de la concentration des bactéries Ruminococcus albus et Ruminococcus flavefaciens lorsque les animaux ont été nourris avec la ration à base de trèfle. Une diminution de la concentration de ces bactéries peut être un signe d’une diminution généralisé des bactéries cellulolytiques ce qui semble en contradiction avec les résultats obtenus concernant les AGCR du lait. En effet, ces bactéries cellulolytiques qui colonisent le rumen sont riches en AGCR de type

iso- (Ifkovits et Ragheb, 1968 ; Dehority et al., 2003). En se basant sur la concentration

en AGCR de ces bactéries, une baisse de leur nombre devrait faire diminuer la teneur en AGCR du lait, alors que le contraire est observé. La plus faible disponibilité de l’azote dans la ration à base de trèfle rouge en serait la cause principale, puisque ces bactéries sont sensibles à une pénurie d’azote facilement utilisable (Belanche et al., 2012). Des résultats similaires ont été obtenus par Halmemies-Beauchet-Filleau et al. (2014) en comparant l’effet d’une diète à base de trèfle rouge et une diète à base de graminées (fléole et fétuque). Cette fois-ci, la diète à base de graminées, plus riche en fibre, a permis d’obtenir une plus grande concentration dans la plupart des AGCR de type iso- que la ration riche en trèfle rouge.

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Toutefois, des variations du profil en acides gras du lait peuvent être observées pour une même espèce de fourrage en modifiant la façon dont celle-ci est servie aux animaux. En effet, l’alimentation à base d’herbe fraiche (pâturage) ou sous forme de foin maximise les concentrations d’AGCR du lait comparativement à un même fourrage servi sous forme d’ensilage (Villeneuve et al., 2013). Des conclusions similaires sont rapportées dans une étude d’Elgersma et al. (2004) où les concentrations d’AGCR dans le lait diminuent rapidement (4 jours) suivant la transition d’une alimentation au pâturage à une alimentation à base d’ensilages.

1.3.3.3 Suppléments alimentaires

Les suppléments lipidiques sont une source dense d’énergie pour le ruminant utilisée pour prévenir le déficit énergétique en début de lactation (Palmquist et Jenkins, 1980). Certains acides gras sont cependant dommageables pour certaines populations microbiennes, lorsque présents en trop grandes concentrations (Ferguson et al., 1990). Il est généralement accepté que plus le niveau d’insaturation des acides gras utilisés comme supplément est important, plus ceux-ci ont un impact sur les populations microbiennes (Vlaeminck et al., 2006a). Les acides gras insaturés et ayant des doubles liaisons de configuration -cis sont également plus dommageable pour les microorganismes que leurs contreparties saturées ou de configuration trans. Une diète complémentée en huile de palme, riche en 16:0, est donc moins dommageable pour les populations microbiennes, permettant une plus grande proportion d’AGCR dans le lait, qu’une diète complémentée d’huiles végétales insaturées comme celles de soya et de tournesol (Vazirigohar et al., 2018). Ainsi, une supplémentation en huile de soya a des conséquences néfastes sur le microbiote fermentaire du rumen en inhibant la croissance de plusieurs bactéries cellulolytiques (Maia et al., 2007). Par le fait même, l’ajout d’huile insaturée à la ration ne permet pas d’augmenter la concentration en AGCR du lait (Baumann et al., 2016 ; Vazirigohar et al., 2018). Une supplémentation en gras permet cependant d’augmenter la production laitière et peut donc augmenter la sécrétion totale d’AGCR sur une base journalière (Baumann et al., 2016). Il a également été démontré qu’une augmentation du rapport fourrages:concentrés permet de contrer les effets délétères de l’huile végétale insaturée sur les populations microbiennes et, ultimement, sur la concentration en AGCR du lait (Vazirigohar et al., 2018).

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L’huile de poisson, bien que riche en acides gras polyinsaturés, pourrait être une exception à cette règle. Des effets positifs sur la concentration en AGCR du lait ont été observés chez la chèvre par l’ajout à la ration de ce type de supplément, particulièrement sur les niveaux d’iso 15:0 et d’iso 17:0, bien que la production laitière soit réduite (Shingfield et al., 2003). Ces effets semblent cependant moins importants chez la vache où seul le iso 17 :0 est augmenté par l’ajout d’huile de poisson à la ration (Toral et al. 2015). Cela démontre que l’utilisation de différentes sources lipidiques a des effets sur les concentrations d’AGCR du lait bien que des études supplémentaires soient nécessaires pour comprendre le mode d’action de ces suppléments et prévoir leurs impacts sur le profil en acides gras du lait.

L’effet d’une perfusion intraruminale d’AGV a aussi été étudié en considérant que certains de ceux-ci sont des précurseurs d’AGCR. Une supplémentation en acétate, propionate, valérate ou isovalérate n’a pas eu d’effets importants sur les concentrations d’AGCR du lait, démontrant ainsi que les bactéries du rumen n’utilisent pas davantage les AGV supplémentaires de l’environnement ruminal pour la synthèse d’AGCR (French et al., 2012). Ces éléments ne seraient donc pas le facteur limitant la production bactérienne d’AGCR.

1.4. Utilisation de bactéries du genre Bacillus comme

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