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Ecologie et biologie en Pays de la Loire

Habitats

Classiquement, le Gomphe de Graslin est une espèce des cours d’eau relativement calmes qui s’écoulent en plaine, le plus souvent de moyen calibre. En Poitou-Charentes, elle fréquente des sections de rivières relativement profondes, larges de 5 à 80 m (Jourde & Hussey, 2009b). Selon Leipelt & Suhling (2001), les larves sont fouisseuses et se retrouvent préférentiellement au niveau de substrats sableux recouverts d’une fine litière de débris végétaux.

Sur le Loir, l’espèce semble présente essentiellement sur des secteurs où les seuils sont très espacés (Banasiak & Vannucci, 2009). Elle est donc susceptible d’éviter à la fois les zones les plus lentiques en amont des seuils et des chaussées, et les secteurs plus rapides immédiatement en aval des ouvrages.

La reproduction de l’espèce en milieu stagnant est parfois rapportée, par exemple par G. Doucet (2009), sur un étang alimenté en Dordogne. Ce phénomène a été déjà suspecté dans le sud-ouest suite à plusieurs observations d’imagos sur étangs, y compris parfois d’individus immatures (Archimbaud & Jourdain, 2002), en particulier dans le Lot-et-Garonne et en Dordogne. Ce sont en général des plans d’eau artificiels, bien ensoleillés, à fonds sableux et à faible colonisation végétale.

Le développement larvaire dure vraisemblablement 3 à 4 ans (2 à 3 ans d’après Bensettiti & Gaudillat, 2003). Les supports d’émergence choisis par les larves sont variés et les exuvies se retrouvent à faible hauteur (Doucet, 2009) mais on remarque à ce sujet une assez grande variabilité (5 à 230 cm au-dessus de l’eau en Charente-Maritime, d’après Jourde, 2005).

Les immatures se dispersent dans les prairies alluviales ou les friches, parfois en des habitats distants de plusieurs kilomètres des sites d’émergence.

A l’instar de plusieurs gomphidés, les mâles territoriaux volent au ras de l’eau, en allées et venues le long des berges. Les appariements se forment en vol mais l’accouplement se termine généralement une fois que le couple s’est posé dans la végétation ou au sol. La femelle pond seule.

Phénologie

Les observations recueillies dans le cadre de cette synthèse ont été réalisées entre le 04 juin et le 17 août, toutes années confondues. Plusieurs données ne précisent pas le nombre d’individus observés.

Toutefois, une phénologie sommaire de la période de vol des adultes a pu être élaborée par semaine, laquelle semble indiquer une période d’activité imaginale maximale vers la fin juin, la statistique n’étant cependant guère significative. En Poitou-Charentes, le pic se situe plutôt dans la première quinzaine de juillet (Jourde & Hussey, 2009b) et ce gomphe est réputé être sensiblement plus tardif que les espèces congénériques (Dijkstra, 2007).

Bilan des actions déjà réalisées, en cours ou en projet

- Actions de connaissances

Cette espèce n’a jamais fait l’objet d’études particulières, dans la région, à notre connaissance.

Plusieurs prospections spécifiques ont néanmoins eu lieu sur le site de la RNR des Marais de Cré-sur-Loir et plus généralement sur le bassin du Cré-sur-Loir dans la Sarthe, ce qui a donné lieu à des observations d’imagos (8 contacts recensés et cartographiés) et à la découverte de sites d’émergence. Une recherche de l’espèce (et d’Oxygastra curtisii) a ainsi eu lieu sur le site Natura 2000 du Loir sarthois entre le 22 mai et le 1er août 2007, par observation d’imagos et au travers de la récolte d’exuvies.

Cette dernière opération s’est déroulée sur 4 journées de fin mai à mi-juin et a couvert 13,1 km de cours d’eau entre les communes de Luché-Pringé et Bazouges-sur-le-Loir (Langlet, 2007 ; Même-Lafond, 2007). L’ensemble de la récolte a produit 603 exuvies d’anisoptères dont 96,5 % de gomphidés, mais seules 5 dépouilles de G. graslinii ont pu être recueillies, sur deux secteurs du Loir : de Luché-Pringé à l’est de la commune de la Flèche, en passant par Mareil-sur-Loir et Clermont-Créans en amont, et de Bazouges à l’ouest de la lèche en aval. Trois imagos ont également été observés sur la même section amont (communes de Mareil et de la Flèche).

Suite à cette confirmation de présence de l’espèce en aval du site, une action de complément d’inventaires, concernant cette espèce parmi d’autres, fut inscrite dans le DocOb Natura 2000 du site de la Vallée du Loir de Vaas à Bazouges (E2). Celle-ci a été réalisée en 2009 par le CPIE « Vallées de la Sarthe et du Loir » (Banasiak & Vannucci, 2009). Il s’agissait en l’occurrence de rechercher ses exuvies à partir de canoë sur la rivière Loir mais de façon complémentaire, sur la section amont (section Vaas-Le Lude). Dix nouvelles exuvies de G. graslinii ont alors été récoltées sur la commune de Vaas le 18/06/2009.

En définitive, des émergences de l’espèce ont été constatées sur 3 sections distinctes du cours d’eau, évoquant l’existence a minima de 3 noyaux de populations distincts.

Dans le plan de gestion de la RNR des Marais de Cré, il est également prévu une action de suivi : SE6

« Poursuite des protocoles de suivis faunistiques », incluant les odonates de manière globale. Mais le protocole concerné consiste surtout à observer les imagos lors de parcours périodiques d’un petit transect sur le site et n’intègre pas d’approches permettant une localisation et une caractérisation précises des habitats de reproduction et des populations. Ce suivi a néanmoins permis de recontacter l’espèce à l’état imaginal, en juin 2009 (Banasiak & Vannucci, 2009). A noter l’absence de milieux de reproduction favorable au niveau des habitats parcourus.

- Actions de gestion ou de restauration

Aucune action de gestion ou de restauration particulière n’a été réalisée, n’est en cours ou n’est projetée dans la région.

Sur le site Natura 2000 de la Vallée du Loir de Vaas à Bazouges ainsi que dans le plan de gestion des Marais de Cré, plusieurs actions plus globales, susceptibles d’influer sur cette espèce et ses habitats de reproduction et de développement sont prévues. Mais faute de précisions sur la localisation exacte de ses habitats et sur les effectifs populationnels concernés, le cas échéant, ainsi que sur l’état de conservation local de l’espèce, nous ne pouvons évaluer les impacts positifs ou négatifs des

actions projetées. Le risque d’incidence reste cependant faible comptetenu de l’absence (ou au moins de l’extrême localisation, le cas échéant), des habitats de reproduction favorables à l’espèce.

Evaluation du niveau de connaissance de l’espèce en Pays de la Loire

A l’échelle locale concernée (vallée du Loir), le niveau de connaissance pourrait apparaître