• Aucun résultat trouvé

PARTIE I LA PROBLÉMATIQUE

2.3. Sa dynamique sociale

2.3.1. Dynamique sociale

Au sujet de la notion de dynamique, soulignons au point de départ que ce terme se retrouve autant en physique, en mécanique, en philosophie, en psychologie, en sociologie, qu'en politique et en économique. En sociologie, l'expression dynamique est introduite par Auguste Comte qui distingue la statique sociale de la dynamique sociale. Ce terme dynamique par opposition à statique suggère les notions de force, de mouvement, de

changement, et considère les réalités dans leur évolution, dans leur devenir. La dynamique se présente comme « l'ensemble des forces en interaction et en opposition dans un phénomène, [ou dans] une structure »20.

Quant à l'expression dynamique de groupe, elle appartient à la psychologie et elle est utilisée pour signifier l'action des forces et des règles qui président à la conduite d'un groupe. Cette dynamique désigne l'ensemble des interactions personnelles au sein d'une collectivité, les lois qui régissent son comportement, la manière dont elles se structurent, leur rôle dans la communication, la décision et la créativité au sein du groupe, de même que leur retentissement sur chacun des membres.

Le groupe étant considéré comme un être mouvant, une unité organique, il se trouve soumis à des forces internes et externes qui l'affectent et l'obligent à s'adapter, à se réajuster et à maintenir son équilibre à partir d'un processus dynamique permanent d'adaptation. Parmi ces forces, on distingue « des forces divergentes de cohésion et de rupture, des sympathies et des antipathies, des chefs, des isolés, […] des opposants, des dissidents, des réseaux de communication, une conscience collective, etc. »21 La dynamique de groupe est également influencée par certaines conditions physiques, psychologiques, culturelles et sociales qui s'exercent dans un système social.

Dans son aspect social, la notion de dynamique réfère à ce mouvement de forces interactives qui agissent dans un groupe social donné. Dans leur étude sur la dynamique sociale, Penouil et Poulalion (1997 : 251) mentionnent que le social est vivant et qu'il implique le changement et l'évolution. Toute société, tout groupe, est une structure en mouvement qui possède un champ de forces et de tensions en équilibre instable et dans lequel se vivent des discontinuités, des transitions et des ruptures. Georges Balandier écrit :

la dynamique consiste à prendre en compte les incompatibilités, les contradictions, les tensions et les mouvements cohérents à toute société […]. Toute formation sociale est un lieu de forces, de tensions orientées,

20 Josette Rey-Debove et Alain Rey (sous la direction de), Le Nouveau Petit Robert, Paris, Le Robert,

1993, p. 696.

21 Norbert Sillamy (sous la direction de), Dictionnaire encyclopédique de psychologie (A-K), Paris,

dont les résultantes définissent des déséquilibres générateurs de dynamismes qui font évoluer les formations sociales vers d'autres équilibres transitoires et relatifs (Balandier, cité dans Penouil et Poulalion, 1997 : 251).

Ces auteurs expliquent la dynamique sociale en fonction de la logique propre du changement social. Ils la définissent comme l'ensemble des transformations des structures et de leurs modalités de fonctionnement, de même que l'ensemble des phénomènes historiques qui affectent l'organisation sociale.

La dynamique transforme les comportements sociaux dans la mesure où elle modifie les statuts et les rôles dans la société. Elle se manifeste à des niveaux très variés. Elle affecte aussi bien les petits groupes sociaux que la société globale. Cette dernière est dotée de tendances qui influencent l'ensemble des groupes qui la constituent ; inversement l'ensemble des transformations micro-sociales participe à l'évolution de la société globale (Penouil et Poulalion, 1997 : 253).

Cette dynamique dépend de l'ampleur des modifications, de la durée et des modalités revêtues par le changement. Parmi ces modalités, se distinguent l'aménagement social, la dynamique sociale évolutive et la dynamique conflictuelle. Elle est également conditionnée par des facteurs exogènes : milieu physique, transformations techniques, démographie, et des causes endogènes secrétées par le groupe telles les tensions sociales, les relations, les croyances, les générations. Elle comporte de multiples formes de dynamiques qui s'influencent et qui s'expliquent par la complexité des relations entre les composantes du groupe et celles de la société.

Parmi ces dynamiques, nous retrouvons des dynamiques conflictuelles qui impliquent une rupture dans l'évolution, et des dynamiques évolutives complexes qui « se traduisent par une évolution lente et continue de certains caractères des structures sociales » (Penouil et Poulalion, 1997 : 259). Nous rencontrons également des dynamiques de convergence qui contribuent à l'évolution des groupes et des sociétés, et des dynamiques de transfert qui prennent place et font que « l'existence de structures ou de comportements sociaux […] seront imités par d'autres structures » (Penouil et Poulalion, 1997 : 261).

À ces dernières, s'ajoutent des dynamiques de transition qui « se manifestent lorsque de nouvelles structures ou de nouvelles modalités de fonctionnement de la société ou du groupe combinent des éléments du passé et des éléments nouveaux correspondant à de nouvelles tendances dans la société ou [dans] le groupe » (Penouil et Poulalion, 1997 : 262). Enfin, des dynamiques d'adaptation et de correction viennent soit accélérer l'évolution, soit la retarder ou encore elles se mettent en place afin de trouver des voies spécifiques. Parmi les stratégies d'adaptation, l'innovation sociale s'avère « un terrain d'expérimentation d'où naissent de nouvelles dynamiques » (Penouil et Poulalion, 1997 : 264).

Un problème de la dynamique sociale est celui des relations entre les composantes de la société globale. Ces relations sociales reposent sur trois logiques, de similitude, d'opposition et de différence. Dans la logique de similitude, les points de ressemblance sont accentués et la conscience d'appartenance est très forte. La logique d'opposition « particularise et isole. Elle dégage les différences » (Penouil et Poulalion, 1997 : 265). Par ailleurs, la logique de différence reconnaît et accepte les différences et elle les considère comme un facteur de complémentarité. Des facteurs exogènes et endogènes, diverses modalités de dynamique et des logiques relationnelles se conjuguent en un processus complexe d'évolution sociale dans lequel l'acteur se retrouve au cœur du changement.

La congrégation religieuse comme système fonctionnel d'interdépendance possède une dynamique qui lui est propre et qui s'inscrit dans la logique de la dynamique sociale que nous venons de présenter. Aussi, la compréhension de la notion de dynamique de groupe et de dynamique sociale nous aide à saisir ce mouvement dialectique et permanent de changement inhérent à tout groupe et à toute société. Elle permet de pénétrer quelque peu le mouvement de transformation qui s'opère dans l'histoire d'une organisation sociale tel un institut religieux, de cerner les différents facteurs qui conditionnent cette dynamique et de nommer des mécanismes qui influent sur la logique d'action du groupe. La dynamique sociale de la congrégation religieuse est façonnée de manière particulière par le processus de socialisation propre à cette collectivité, Ce mécanisme de socialisation doit à son tour composer avec le mode de fonctionnement de la dynamique de changement qui se vit dans l'institut.

Documents relatifs