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CHAPITRE 4 : LE MODÈLE PAYSAGRI

11. Du territoire physique aux attributs des parcelles agricoles

Deux caractéristiques physiques sont indispensables aux agriculteurs pour évaluer les aptitudes de leurs parcelles agricoles : la morphologie, conditionnant principalement la localisation des opérations mécaniques, et les potentialités agronomiques, intervenant dans le choix et le développement des espèces végétales.

111. La morphologie

Le relief est une caractéristique importante pour les activités agricoles. Il est en partie à l’origine de conditions pédoclimatiques plus ou moins favorables à l’implantation, puis au développement, de certaines espèces végétales. La contrainte la plus importante provient de la pente. Elle limite la mécanisation et, à l’origine d’investissements en équipements spécifiques onéreux (tracteurs à centre de gravité abaissé, à quatre roues motrices…), diminue fortement la compétitivité des surfaces concernées. D’après un certain nombre de documents d’expertise technique1, il semble qu’une pente supérieure à 30% soit considérée comme dangereuse et difficilement mécanisable. Les agriculteurs doivent disposer de cette

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Il ne semble pas exister d’informations précises quant à la pente maximale mécanisable par les agriculteurs. Une des explications est que ceci dépend de l’équipement à la disposition des agriculteurs, mais aussi de leur perception de la pente, variable selon l’habitude et la prudence. Néanmoins, les préconisations de diverses Chambres d’Agriculture, ainsi que la plupart des traitements

information pour évaluer l’aptitude de leurs parcelles à la mécanisation. Le modèle intègre donc la pente de chacune des parcelles agricoles.

Cette information existe sous la forme de Modèles Numériques de Terrain (MNT), représentations topographiques d’une zone terrestre sous la forme d’un maillage, obtenues par la mesure de l’interférométrie ou de la stéréoscopie des images aériennes2. Description plus ou moins fine de la forme des terrains, ces données numériques peuvent être traitées pour obtenir d’autres valeurs comme, par exemple, la pente ou l’orientation. Dans le modèle du territoire Chadrat, la pente est calculée à partir du MNT du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne3 (PRNVA). Comme le montre la Figure 4.2, chacune des parcelles agricoles est renseignée sous la forme d’un maillage de 50 mètres de côté. Chaque maille est classée au sein d’une des six classes de pente définies, s’étalant de 0 à 25% selon un pas de 5% – la dernière classe inclut l’ensemble des pentes supérieures à 25%, considérées comme difficilement mécanisables.

112. Les potentialités agronomiques

Les potentialités agronomiques des sols sont au cœur de l’organisation des activités agricoles au sein d’un territoire. Définies par de multiples caractéristiques intrinsèques (type de sol, structure, texture, épaisseur, porosité, humidité…), elles varient en permanence sous l’effet des forces extérieures (érosion climatique,

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En France, le MNT est produit par l’Institut Géographique National (IGN). L’ensemble des MNT disponibles constitue la base de données BDALTI®. Leur échelle de précision varie de 1:50 000 à 1:1 000 000.

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végétation, activités agricoles…). Afin de choisir des cultures adaptées, de mettre en œuvre des itinéraires techniques efficaces, tant pour la culture que pour le maintien d’une fertilité optimale, les agriculteurs doivent connaître de façon précise les caractéristiques des sols de leur territoire d’exploitation. Le modèle intègre donc le potentiel agronomique de chacune des parcelles agricoles.

Différents moyens de connaissance du potentiel agronomique des sols existent. Leur panel s’étend des références à dire d’experts, principalement disponibles au sein des services techniques agricoles, correspondant à la caractérisation des sols d’un département ou d’une petite région agricole, à l’étude locale en plein champ par le biais de profils culturaux et d’analyses de sol. Dans le modèle du territoire Chadrat, l’information utilisée est issue de la carte départementale des terres agricoles de Veyre-Monton4. Celle-ci fournit sous la forme de six classes générales, un indicateur de la productivité des terres agricoles, construit à partir de multiples informations (type de sol, profondeur, humidité, pierrosité, réserve en eau…). Simplifiée en trois classes principales – productivité forte, moyenne ou faible –, cette information permet, comme le montre la Figure 4.3, d’attribuer à chacune des parcelles agricoles la classe dominante du point de vue de la surface.

113. Les structures foncières

Les caractéristiques des structures foncières, principalement définies par l’organisation spatiale intrinsèque et extrinsèque des unités fonctionnelles agricoles, sont des facteurs importants de l’ergonomie des activités agricoles, c’est-à-dire de la facilité d’accès, d’utilisation et de mécanisation. Les agriculteurs, malgré l’existence d’outils d’aménagement rural, comme le remembrement, dont les objectifs sont la recherche d’une meilleure adaptation des structures foncières aux techniques modernes de mécanisation,

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restent souvent tributaires de la configuration de leurs territoires d’exploitation. Au sein de territoires de moyennes montagnes, l’affectation des usages aux parcelles agricoles est régulièrement influencée par cette configuration (MALPEL L., 2001; BERNHARD C., 2002). Le modèle intègre donc trois indicateurs permettant de caractériser la configuration du territoire : une topologie du territoire, une accessibilité et un indice de forme de chacune des parcelles agricoles.

1131. La topologie

L’organisation spatiale des activités agricoles est gérée par les agriculteurs fonction des potentialités des parcelles agricoles, mais aussi selon des critères d’organisation de leur temps de travail, prenant souvent en compte la proximité relative des parcelles agricoles. Les notions d’îlot – groupe de parcelles voisines séparées des autres parcelles du territoire d’exploitation par des obstacles (rivière, route, distance…) – et de bloc – groupe de parcelles voisines sur lesquelles s’appliquent un itinéraire technique similaire – illustrent cette recherche d’organisation (JOSIEN E. et al., 1994). Le modèle intègre cette notion de voisinage des parcelles agricoles du territoire sous la forme d’une topologie, modélisation graphique d’un problème permettant l’utilisation d’algorithmes spécifiques, appelés méthodes de recherche opérationnelle (recherche du chemin le plus court, recherche des objets présents dans le voisinage d’un autre objet…) (POIX C. et LAURINI R., 1994). Chacune des parcelles agricoles possède un certain nombre de parcelles voisines dans son environnement proche, défini selon les préférences des agriculteurs. L’information est obtenue à partir d’un traitement géographique de la couche vectorielle représentant les structures foncières du territoire. Comme le montre la Figure 4.4, un buffer paramétrable permet de déterminer les parcelles agricoles voisines d’une parcelle agricole donnée et de construire sa topologie.

1132. L’accessibilité et la forme

Le territoire peut présenter certaines zones très difficilement accessibles aux engins mécaniques, soit sous l’effet de conditions physiques contraignantes, soit à cause de l’absence ou de la disparition du réseau de communication (route, chemin…). Ces zones sont plus particulièrement sensibles à l’abandon. Le modèle intègre cette information d’accessibilité aux parcelles agricoles, sous la forme d’une variable booléenne. La surface et la forme des parcelles agricoles sont deux critères importants de l’ergonomie du travail des agriculteurs. Une parcelle agricole de petite surface et de forme très découpée sera difficilement mécanisable. Le modèle intègre donc cette information sous la forme d’un indice de forme, calculé à partir de la surface et du périmètre des parcelles agricoles, comme préconisé par l’indice P2A de MATHERON (MATHERON G.,1970). La valeur de l’indice permet de distinguer des parcelles agricoles de forme proche du carré, présentant des conditions optimales pour la mécanisation, ou très éloignée du carré – forme extrêmement plate ou composée de multiples branches comme une étoile – difficilement mécanisable. La Figure 4.5 montre la distinction des parcelles du territoire Chadrat selon leur indice de forme