• Aucun résultat trouvé

Du développement productif (secondaire) au développement tertiaire

développement tertiaire économique : la longue évolution dans le

temps et dans l’espace

« Durant la période de haute croissance, elle (la réutilisation des espaces vacants) fut marquée par l’influence de la politique nationale et régionale de la décentralisation et du desserrement, par les possibilités offertes sur le marché immobilier de tirer profit d’une importante pression foncière, par l’attitude générale des municipalités favorable à la construction de logements. Depuis le renforcement des effets de la récession générale qui aggrave les problèmes de l’emploi, restreint les rentrées fiscales et exige davantage de dépenses sociales, la réaffectation accorde à la finalité économique une importance primordiale. » (Malézieux, 1987).

La deuxième partie de cette thèse commence par un état des lieux sur le développement local. Celui-ci s’intéresse particulièrement au rôle qu’ont joué les activités (développement

économique) dans les différentes phases1 de ce type de développement. Pour ce faire, il part

de l’avènement de ce modèle de développement à sa nouvelle approche, sans oublier les phases intermédiaires sur lesquelles il va souvent revenir. L’Ile-de-France, qui est choisie comme territoire d’application de nos études de cas dans ce travail, va également être très présente dans ce chapitre ; d’une part, par le département du Val-de-Marne et le département de la Seine-et-Marne (dans une moindre mesure) et, d’autre part, par les communes de Créteil, Rungis, Mandres-les-Roses et dans une moindre mesure Orly.

1. Genèse de l’Economie régionale spatiale et première approche du

développement local

1.1. La genèse de l’économie régionale spatiale

Pour une meilleure compréhension de ce que nous voulons démontrer dans ce chapitre, nous avons trouvé nécessaire et important de faire un retour sur la genèse de l’économie régionale spatiale, autrement dit, sur la rencontre entre l’économie et l’espace. Selon Talandier (2007), « la quasi-totalité des manuels d’économie ont en commun l’oubli de l’espace. Tout se passe également comme si les activités économiques n’avaient aucun

ancrage spatial, comme si les activités se déclenchaient « sur une tête d’épingle »2.

En effet, jusque dans les « années 30 », voire début des « années 40 », c'est-à-dire avant la

naissance de la science régionale3, économie et espace n’avaient pas encore fait leur véritable

rencontre, et ce, malgré les quelques études éparses théorisant l’espace que l’on pouvait trouver :

- Marshall 1890, avec l’invention de la notion « d’économie internes et externes »,

1 Le développement local étant parfois défini comme un processus, nous nous sommes alors dit pourquoi ne pas retracer les différentes phases d’évolution de celui-ci.

2

Ici l’auteur précise avoir repris une expression de Combes, Mayer et Thysse (2005).

3 Si l’on se fonde sur l’analyse de Talandier (2007), c’est à ces années là (« années 30 » début « années 40 ») qu’il faut situer la naissance de la science régionale.

- « les spatialistes allemands », pour reprendre l’expression de Talandier (2007) : Von Thünen 1826, Weber 1909, Christaller 1933 ;

- « quelques auteurs classiques », qui intégraient également cette dimension spatiale dans

leur analyse.

Ce n’est vers les « années 40 », correspondant, à peu près, à la naissance de l’économie régionale, que l’espace a commencé à être véritablement intégré en Economie. Et les travaux

des auteurs1, tels que Hoover (1937), Losch (1938), Grennhut (1956), Isard (1956), Tiebout

(1956), Ullman et Berry (1958), Alonso (1964), etc., en sont de parfaites illustrations (voir fiche synoptique ci-dessous).

Quelques étapes de la théorie de l’économie spatiale

Richard Cantilon (1755- à titre posthume) La ville lieu du pouvoir

Johann-Heinrich Von Thünen (1826) La ville, organisation de l’espace rural

Alfred Weber (1909) Les économies d’agglomération

William J. Reilly (1929) L’attraction urbaine Walter Christaller (1933) La théorie des places centrales

August Losch (1938) La théorie des lieux centraux

Walter Isard (1949)

La prise en compte du facteur transport William Alonso (1960)

La localisation des particuliers et le modèle de localisation généralisée Harry w. Richardson (1977)

Chaque espace a une utilité Source : Dumont (1993a : 124).

Cependant, force est de constater que si à « l’internationale » (Talandier, 2007) on situe la naissance de l’économe spatiale régionale dans les « années 40 » (Talandier, ibidem ; Dumont, 1993), en France, ce n’est pas exactement le cas. En France, d’après Benko

(septembre 2005), celle-ci a vu le jour bien plus tard : « Jusqu’à la deuxième Guerre Mondiale, l’espace et les problèmes liés à la gestion de l’espace sont restés des variables largement ignorées des scientifiques, et plus particulièrement des chercheurs en sciences économiques ». Le clivage entre disciplines et le cloisonnement académique a pendant de longues années divisé ceux qui se sont, par la suite, réellement intéressés à l’espace, en l’occurrence les géographes et les économistes.

On pourrait même préciser, en s’appuyant à nouveau sur Benko (ibidem), qu’il existait en France « deux approches rivales de l’espace », comme l’a mis en évidence, en 1976,

Gendarme1 dans cette phrase : « Le géographe s’attache, peut-être, trop à ce qui se voit, alors

que l’économiste à ce qui ne se voit pas.»

En France, d’après Benko, les précurseurs de la question spatiale en économie sont Perroux et Dobretsberger. En effet, c’est avec leurs publications respectives de 1950 dans la revue « Economie appliquée » (« Les espaces économiques » et « Théorie des territoires économiques ») que l’espace a réellement commencé à être pris en compte dans les analyses économiques françaises.

Perroux va d’ailleurs développer plus tard, en 1955, le cadre conceptuel d’une véritable approche économique spatio-régionale (le développement régional), comme le résume si bien Benko (op. cit.) : « La croissance économique ne se produit pas partout et simultanément, elle est ponctuelle, dynamique et se diffuse en fonction de la structure spatiale et industrielle de la région et de l’armature urbaine. La croissance régionale dépend de la croissance qui s’initie dans les centres urbains et de la diffusion de cette croissance à travers la région. Il n’y a pas un mécanisme national de croissance ; la croissance nationale ne dépend que de la performance des régions, tout comme cette région dépend de celle des centres urbains constituants ».

Toutefois, selon Talandier (op. cit.), celui qui a plus incarné ce modèle de développement, en France, n’est ni Perroux, ni Dobretsberger, c'est-à-dire les précurseurs français de la jonction entre espace et économie, mais plutôt Boudeville qui, en 1966, démontre, sur la France métropolitaine, que « le pôle de croissance est le lieu où est implantée la firme

motrice ; son essor génère celui des régions où sont implantées les industries ou les secteurs entrainés. » 1

Ce qu’il faudrait, in fine, ici retenir c’est, que ce soit les théories de Perroux et de Dobretsberger, ou celles de Boudeville, elles portent principalement sur un développement ou sur une croissance s’appuyant à la fois sur une hiérarchisation urbaine et sur un système spatio-temporel.

Dans les années 1950-1960, voire 1970, une bonne partie des études relatives à l’économie régionale spatiale française a, ainsi, porté sur la croissance urbaine et régionale, c'est-à-dire sur le modèle de développement principalement théorisé par ces différents auteurs. C’est donc ce modèle de développement « à la Perroux », « à la Dobretsberger » (Benko, op. cit.) ou « à la Boudeville » (Talandier, op. cit.) qui va prévaloir, en France, jusqu’à la fin des « Trente Glorieuses » (1945-1975), et même au delà.

1.2. La première approche du développement local

Jusqu’au début des « années 80 », c'est-à-dire après de « nombreux revirements »

(Beckouche et Davezies, 19932) concernant sa définition, le développement local n’était pas

tellement l’affaire des collectivités locales. En effet, jusqu’à ces années là, la forme de développement (le développement régional) qui dominait était celle à la fois dite « polarisée et exogène », c'est-à-dire celle que nous avons expliqué plus haut.

Selon Perroux3, « la croissance n’apparaît pas partout à la fois ; elle se manifeste en des

points ou pôles de croissance, avec des intensités variables puis elle se répand par divers canaux et avec des effets terminaux variables pour l’ensemble de l’économie. »

Cette première forme de développement local, si l’on peut l’appeler ainsi, était, en quelque sorte, calquée sur le modèle du développement national, donc principalement fondé sur la croissance économique, notamment sur ses « effets d’entraînements interterritoriaux ». Puisque dans un jeu croisé d’effets d’entraînement des économies locales, le développement

1 Talandier Magali (2007), résumant Boudeville Jacques (1966).

2 Beckouche et Davezies, analysant les différentes théories sur le développement local, parlent exactement de « vingt ans de revirements ».

d’un territoire1 pouvait bien dépendre du développement d’autres espaces : par exemple, les pôles de développement par exemple (Beckouche et Davezies, op. cit.).

La deuxième particularité de ce type de développement local, et qui mérite également d’être soulignée ici, est relative à la nature de ses acteurs. En effet, les principaux acteurs de ce modèle de développement ne sont pas directement les acteurs locaux. Autrement dit, ni les collectivités locales, ni les populations des territoires, à qui le développement était pourtant destiné, ne sont directement impliquées dans la conception de ce modèle de développement. Dans ce modèle de développement, les principaux acteurs étaient, pour la plupart, des agents économiques, pas forcément issus du territoire concerné.

Benko (op. cit.), expliquant ce qu’il appelle le « tournant territorial » des « années 80 », c'est-à-dire le développement qui va finalement se substituer à celui que nous analysons présentement, parle lui du « développement par le haut », qu’il ne considère presque pas comme un développement local : « Le développement local se substitue désormais au développement par le haut. « Il n’y a pas de territoire en crise, il y a seulement des territoires sans projet », déclarait ainsi en 1997 le ministre français de l’Aménagement du territoire. » Pour sa part, Savey, refaisant l’évolution diachronique du développement local note ceci : « Dans les années 1970, on a beaucoup écrit sur croissance et développement et je ne reviendrai pas sur les multiples définitions, mais je retiendrai simplement, de tout ce qui s’est dit alors, que le développement ne se résume pas à la croissance et j’ajouterai qu’une définition possible du développement local renvoie à la définition de l’espace selon

Lefevbre2. » (Savey, 2008).

Ceci nous amène, ainsi, à parler de la relation espace/acteurs de ce modèle de développement.

Dans ce modèle de développement, que l’on peut également bien qualifier de « développement exogène et descendant », le territoire était perçu comme un « espace où s’organisent les agents économiques » et non comme le fruit « d’une mobilisation des acteurs », locaux précisément (Talandier, op. cit.) ; car l’enjeu était plus national que local, tel

1 Un territoire qui n’est, par exemple, pas un pôle de développement.

2 Dans cette citation l’auteur, en parlant de « l’espace selon Lefevbre » (Henri Lefevbre) fait allusion à « l’espace comme produit social » ; ce qui renvoie plus au « développement endogène » (espace ou territoire comme facteur de croissance ou comme support de développement) qu’au « développement exogène ».

que le symbolisaient les politiques ou stratégies de l’époque, mises en œuvre : lutte contre les déséquilibre régionaux ; en un mot « aménagement du territoire ».

Pour ce qui est, enfin, de la caractéristique purement économique de ce modèle de développement local, il importe de rappeler qu’il fut incontestablement le fait des activités dites de production, c'est-à-dire l’industrie au sens strict du terme (secteur secondaire). En effet, cette forme d’industrie a été, pendant toute cette période des « Trente glorieuses », au cœur du développement économique, que ce soit à l’échelle nationale (aménagement du territoire) ou à l’échelle locale (économie spatiale). Veltz (2005) qui la situe exactement entre 1955 et 1975 (la période glorieuse), c'est-à-dire sur 20 années et non sur 30, comme le soutiennent pourtant plusieurs auteurs (1945-1975), parle, lui, de « redéploiement industriel » et du « fordisme ».

« Il n’y a pas un mécanisme national de croissance ; la croissance nationale ne dépend que de la performance économique des régions, tout comme cette dernière dépend de celles des centres urbains constituants. Le schéma d’analyse qui s’impose est la hiérarchie urbaine

et le système spatio-industriel (…) », avait déclaré Perroux1 en 1955.

2. La nouvelle approche du développement local : le tournant territorial

Cette question va être étudiée à partir de trois points essentiels:

- il va, d’abord, consister à théoriser son ancrage théorique (2.1) ;

- puis, à l’analyser en fonction de ce que nous pouvons parfois qualifier du binôme

« désindustrialisation-tertiairisation » (2.2) ;

- et, enfin, l’appréhender suivant le nouveau concept de la « métropolisation », très

explicatif dans le développement local actuel (2.3).

2.1. L’ancrage théorique

Si dans les « années 70 » le développement régional était majoritairement axé sur la production, dans cette nouvelle forme de développement, c’est plutôt le tertiaire, sous toutes ses formes, qui est visé. La nouvelle approche du développement local, apparue dans un

contexte macro économique différent, a, en effet, connu des changements d’orientation assez particuliers :

- nouvelle organisation économique mondiale pour faire face au « choc pétrolier » de

1974 ;

- nouveau modèle d’organisation industrielle, conséquence de l’échec du premier

modèle (désindustrialisation, tertiairisation, etc.) ;

- changements d’échelles, en ce qui concerne les politiques d’aménagement et

l’appréhension du développement local : intégration respective de deux dimensions, Europe et monde (la mondialisation) ;

- émergence d’un nouveau cadre d’analyse du développement urbain : les métropoles,

etc.

En France, l’adoption de ce nouveau mode d’appréhension du développement local peut

être divisée, selon Veltz1 (2005), en deux phases : 1980-1995 et 1995 à nos jours. Et c’est sur

cette division de Veltz que nous allons nous fonder pour expliciter l’ancrage théorique de ce développement post « Trente Glorieuses ».

De 1980 à 1995, on peut parler d’une phase de transition entre le développement local assis sur la production et celui portant sur les activités tertiaires. Parce que le nouveau modèle de développement, qui fait l’objet de cette partie, n’a pas aussitôt succédé à l’ancien, analysé plus haut. Il a d’abord existé une période où l’industrie, au sens « secteur secondaire », a progressivement cédé sa place à celle dite « tertiaire » (tertiaire supérieur inclus). Il s’agit de la « désindustrialisation-tertiairisation » qui était très mise en pratique dans les territoires autrefois dits industriels ou industrialisés.

« La forte régression des activités de la production, la diminution marquée des emplois secondaires, la multiplication et l’extension des friches industrielles déstabilisent les structures économiques, sociales, et spatiales, altèrent la personnalité et perturbent le fonctionnement des villes dans la plupart des vieilles régions industrielles françaises dont l’état de crise s’accentue.» (Malézieux, 1987)

1 Par rapport aux autres théoriciens du développement local ou territorial (chercheurs et universitaires), lus dans la cadre de ce travail, Veltz est le seul auteur qui distingue trois étapes importantes. A la lecture de ses analyses, on se retrouve avec trois phases distinctes de modèle de développement depuis l’après guerre, au lieu de deux, comme on le retrouve souvent dans les analyses de ses pairs (les « Trente Glorieuses », puis la période « 80 à nos jours »).

De 1995 à nos jours : c’est à partir de 1995 que le basculement complet s’est, à peu près, effectué. Autrement dit, c’est, en quelque sorte, à partir de cette date que le développement territorial a semblé définitivement s’installer ou prendre une dimension plus importante. Les grandes agglomérations, telles que Paris (voire l’Ile-de-France), qui se sont quasiment défaites de leur paysage industriel (au sens secteur secondaire), ont semblé totalement « tertiairisées ». L’émergence de nouveaux concepts dans l’appréhension du développement local (mondialisation, métropolisation) est assurée ou quasiment (Davezies 1993, Veltz. 2005, Pecqueur 2000, etc.) ; tandis que la mise en œuvre de nouvelles stratégies de développement local est presque effective (CREPIF 1993, Demazière septembre 2005, etc.).

Cette nouvelle appréhension du développement local, dont la conséquence majeure, selon

Veltz, est d’avoir conduit à une « dualité »1, a même entraîné, dans son sillage, la

confirmation2 d’autres formes de développement local, plutôt centrées sur des notions, telles

que la « consommation », la « redistribution », etc. (Davezies, Pecqueur, Veltz, Demazière,

Rousseau, Talandier, etc3).

Cette dissociation temporelle vis-à-vis des modèles de développement local ou territorial a également induit une dissociation spatiale. Désormais, « certains territoires se spécialisent dans la création de richesse, dans un contexte de forte concurrence mondiale, quand d’autres se spécialisent dans la captation du revenu » (Davezies, 1993 : voir grille de la page 156).

1Par « dualité », l’auteur fait allusion à cette dichotomie créée dans les grandes villes par la métropolisation, et dont l’une des caractéristiques majeures est la montée des inégalités entre riches (professions qualifiées et bien intégrées dans le nouveau système : gentrification, « boboisation ») et pauvres (les laissés-pour-compte, les exclus du nouveau système : paupérisation). Il parle exactement, à la page 63 de son ouvrage, de « l’extrême richesse » qui « côtoie l’extrême pauvreté » (Veltz, 2005).

2 Selon Davezies (avril 2002), ces formes de développement auxquelles nous faisons allusion et qu’il appelle « la théorie de la base économique », sont d’abord théorisées, au début du 20ème siècle, par le sociologue allemand Werber Sombart. Sauf que, celles-ci furent confrontées, pendant très longtemps, à des difficultés pratiques liées surtout à « l’absence de données sur le revenu du territoire » ; or c’est sur ce type de données qu’elles sont censées principalement se fonder. C’est ce qui a poussé, d’après lui, au milieu du siècle dernier, les économistes américains, qui tentaient de les réutiliser, à recourir à l’emploi et non au revenu pour documenter leurs travaux. Encore, selon Davezies (ibidem), la théorie de la base a même été l’objet d’un abandon total en 1985, c'est-à-dire lors de la réunion annuelle de l’Association de science régionale américaine, puisque l’économiste de renommé Richardson avait ouvertement reconnu son échec. C’est pourquoi aujourd’hui, Davezies, son principal défenseur en France, quand il l’utilise parle souvent de la « théorie de la base revisitée ».

3 Tous ces auteurs ont fait allusion, un moment ou un autre, à cette forme de développement local, plus que acceptée aujourd’hui, dans leurs différents travaux, souvent cités dans ce travail.

La structure, selon Davezies, des bases économiques des grandes villes françaises (aires urbaines : AU)

Rang de l’AU

Nom de l’AU Type de l’AU Base productive

privée Base publique Base résidentielle Base sociale En indice de la part de la base totale (100= moyenne des AU françaises). 1 Paris Productive publique 135 129 81 83 2 Lyon Productive Publique 103 111 94 102 3 Marseille Aix-en-Provence Publique 75 108 96 131 4 Lille Publique 94 109 89 136 5 Toulouse Productive publique 101 117 84 132 6 Nice Résidentielle 48 69 134 83 7 Bordeaux Productive publique 101 133 90 82 8 Nantes Publique 95 115 89 125 9 Strasbourg Résidentielle-actifs 98 94 103 101 10 Toulon Résidentielle 39 91 123 99 11 Douai-Lens Résidentielle-actifs 56 79 110 146 12 Rennes Productive Publique 112 120 87 101 Toutes les 12 AU 100 100 100 100 100 Source : Davezies (2003).

Ce nouveau type de développement local, symbolisé par cette « nouvelle industrie »1 (le

tertiaire sous toutes ses formes), est aussi marqué par le déclin de la profession ou du statut d’ouvrier au profit de celles ou de ceux de cadre, d’agent de maîtrise et de technicien, qui

correspondent principalement aux secteurs d’activités2 dont les prémices peuvent être situées

dans les « années 80 », c'est-à-dire quand la désindustrialisation était effectivement de mise (Carroue, 1987 ; Malézieux 1987 ; Dezert 1987 ; etc.) :

- négoce et commerce,

- services après vente,

- formations,

- maintenance,

- activités logicielles.

1 « Nouvelle industrie » par rapport au concept de « nouvelles activités », posé et expliqué au début de cette partie (note de bas de page).

2

Enfin, le nouveau modèle de développement territorial ou le développement « endogène et

ascendant »1 se définit à la fois comme un processus (de mobilisation des acteurs) et un état

(Pecqueur, 2000), mais également comme un mandat, c'est-à-dire « un mandat donné aux responsables locaux » (Davezies, avril 2002).

2.2. Désindustrialisation et tertiairisation, témoins de la nouvelle approche du développement territorial

Comme nous l’avons légèrement évoqué dans le point précédent en citant Veltz et en se référant à son découpage chronologique fait sur le nouveau modèle du développement local, nous pouvons déduire que la « désindustrialisation- tertiairisation », dont il est objet dans ce sous-chapitre, s’est principalement produite en France entre 1980 et 1990, c'est-à-dire au cours de cette décennie qui a marqué le passage d’une économie urbaine, très majoritairement assise sur le secondaire (la production), à une économie urbaine, s’orientant davantage vers le tertiaire (les services : tertiaire supérieur inclus) : une transformation, au demeurant, très ressentie au niveau local ; d’où cette attention particulière que nous allons ici lui accorder.

Durant la période de haute croissance (1945-1975), marquée par la recherche de la performance économique des régions, l’activité industrielle, au sens secteur secondaire

(symbolisé par le Fordisme2), a constitué la stratégie principale de développement local.

L’industrie (la production) a été, ainsi, en amont et en aval de tous les types de développement, qu’il s’agisse du développement à l’échelle nationale ou du développement local. Les politiques d’aménagement du territoire définies, commandées et mises en place par