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Dans ce chapitre, nous nous interrogerons sur l’influence de la recherche documentaire engagée par les écrivains sur leur production romanesque. Cette réflexion partira donc d’une interrogation sur la portée biographique des œuvres considérées, puis envisagera la place des auteurs dans l’espace littéraire français ; pour finir, nous esquisserons une réflexion sur la place de chaque œuvre dans l’ensemble de la production littéraire de chaque écrivain. C’est néanmoins en examinant la dimension biographique des trois romans qu’il convient d’ouvrir ce chapitre.

3.1. LA PORTÉE BIOGRAPHIQUE DES TROIS ROMANS.

La biographie peut se définir comme un écrit sur la vie d’une personnalité aussi bien publique qu’anonyme. Elle permet de rendre compte de l’existence de la personne biographiée, mais aussi, de l’époque entière de cette personne. Daniel Madelénat, propose ainsi une « définition dont la seconde partie, mise entre parenthèses, détermine, dans un ensemble général, un sous-ensemble virtuel réservé aux œuvres qui incarnent l’idéal du genre : “Récit écrit ou oral, en prose, qu’un narrateur fait de la vie d’un personnage historique (en mettant l’accent sur la singularité d’une existence individuelle et la continuité d’une personnalité).” »226

En portant son choix sur le sujet biographié, le biographe vise généralement à porter son regard sur la période de manière générale, mais en s’appuyant sur la vie d’un sujet ; toutes choses qu’illustre Laurent Demanze au sujet de Gérard Macé :

Gérard Macé place en exergue de son entreprise biographique ces lignes du plus célèbre des flâneurs de la modernité, et ancre son livre dans l’anonymat des foules, dans ce monde ouvert part la modernité où l’individu, isolé et esseulé, peut néanmoins se rêver à travers le passant inconnu. La citation convoque ce monde nouveau qui naît au XIXe siècle, lorsque s’effondrent les communautés traditionnelles, pour laisser place sous la pression démographique à une société urbaine, morcelée et fragmentée. À tous égards, la figure

226 Madelénat (Daniel), La Biographie, Paris, Presses Universitaires de France, coll. Littératures modernes, 1984, p. 20.

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baudelairienne constitue l’emblème de ce passage traumatique où se croisent et s’articulent l’un à l’autre l’invention hypothétique du solitaire et la genèse de l’intimité.227

L’entreprise biographique apparaît, à la lumière de ce propos, comme un regard porté non seulement sur un individu, mais aussi sur la société et ses différentes mutations. Le critique nous amène ici à observer chez Macé une critique pertinente du glissement des valeurs provoqué par l’individualisme moderne. La communication biographique va se dessiner dans ces œuvres en esquissant les traits de figures particulières dans une situation sociale présentée comme décadente. Or, comme dans la période évoquée dans le propos de Laurent Demanze, la société représentée dans nos romans comme celle dans laquelle ces œuvres ont été écrites peuvent apparaître comme marquées par un ébranlement fort des valeurs morales.

Dans ce point nous ferrons ressortir les éléments qui, dans les textes, nous permettent de penser que ces romans contiennent une part biographique, conformément aux définitions que nous avons rappelées. Il ne s’agira pas d’aborder la biographie comme un genre littéraire, mais de voir comment la fictionnalisation d’un personnage historique peut non seulement rendre compte de la vie dudit personnage et de son temps, mais aussi conduire à l’élaboration d’une réflexion sur la société contemporaine, dans laquelle évoluent les auteurs eux-mêmes. La situation anomique qui est non seulement évoquée par Demanze mais aussi par le monachisme ne fait-elle pas écho à la remise en question généralisée des valeurs dans notre société contemporaine ? Cette question mérite en effet d’être posée ; elle prend son sens dans le contexte d’une société marquée par la libération sexuelle et morale, ainsi que par le renouvellement culturel des années soixante et soixante-dix.

3.1.1. Correspondances entre les modèles tirés des sources et ceux fictionnels.

Les noms des personnages centraux de ces œuvres sont le premier aspect qui conduit le lecteur à estimer être en face d’un roman qui comporte une dimension biographique. En effet, si Jacques Lacarrière nomme son héroïne Marie d’Égypte, il évoque les noms qu’elle porte

227 Demanze (Laurent), « Gérard Macé : une hantise biographique », in Biographie et intimité, des Lumières à nos jours, études réunies et rassemblées par Madelénat (Daniel), Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2008, p. 219-220.

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traditionnellement, dans la préface : « Que le fantôme de sainte Marie l’Égyptienne (que pour ma part j’ai toujours appelée Marie d’Égypte, Marie des sables, Marie des buffles, marie des lions…) 228 ». Dans ce propos, l’auteur annonce déjà qu’il est question d’une personne historiquement identifiable, mais qu’il ne compte pas la désigner comme le font les autres, Sainte Marie l’Égyptienne devenant pour lui Marie d’Égypte. Lacarrière prend donc d’emblée ses distances avec les sources en choisissant de désigner son personnage de cette manière qui lui est propre. La distance prise avec les sources sur le nom se marque également par le fait que Marie est aussi traditionnellement appelée la Pécheresse229, alors que Lacarrière tend à oublier cette appellation.

De même, Weyergans décide d’établir une distance entre son personnage et les autres Macaire, ce qui paraît traduire une volonté de brouiller les pistes : « Et puisqu’il était près de Coptos, on prit l’habitude de dire Macaire de Coptos afin de ne pas le confondre avec d’autres Macaire, singulièrement Macaire d’Alexandrie et le Grand Macaire, celui qui édifia un ermitage dans le désert de Scété »230. Pourtant, cette quête de singularisation de son héros a ses limites ; l’auteur ouvre ainsi son roman en évoquant l’expiation d’un péché qu’aurait commis ce personnage :

Les moustiques ne cessaient de l’attaquer. Ils étaient gros comme des sauterelles. C’était pour eux qu’il était venu jusque-là. Deux jours avant, dans sa cellule, un moustique l’avait piqué, et lui, qui souhaitait devenir un saint, s’était abandonné à la colère et, s’acharnant sur l’insecte, l’avait tué. En expiation de ce péché, il s’obligea à partir sans délai afin d’exposer pendant quarante-huit heures sa peau nue aux assauts des moustiques qui pullulaient autour du marais de Guébélinn231.

Le choix du supplice : l’exposition du corps aux piqûres des moustiques, n’est pas sans rappeler le récit de Macaire d’Egypte rapporté dans L’Histoire Lausiaque, comme en témoigne cet extrait :

Comme il était assis un matin dans sa cellule, un cousin s’étant posé sur son pied le piqua, et ayant ressenti de la douleur, il l’écrasa de la main après qu’il se fut rassasié de sang. Or s’étant accusé comme s’étant vengé, il se rendit dans le marais de Scété, qui est au grand

228 Lacarrière (Jacques), Marie d’Égypte, Paris, Jean-Claude Lattès, 1983 et 1995, p. 1.

229 Voragine (Jacques de), La Légende dorée, Paris, Gallimard, 2004, p. 298.

230 Weyergans (François), Macaire Le Copte, Paris, Gallimard, 1981, p. 23.

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désert, à rester assis nu pendant six mois, là où les cousins, qui sont comme des guêpes percent même des peaux de sangliers232.

La correspondance entre ces deux faits montre que le romancier a une connaissance précise des exploits ascétiques des deux autres Macaire et, mieux encore, de l’avènement du monachisme. Le Macaire de Weyergans nous apparait comme un personnage composite, créé non seulement à partir de ses homonymes, mais aussi à partir d’autres moines et probablement enfin à partir de ce que nous pouvons apparenter à des fantasmes de l’auteur. Weyergans compte en effet parmi ses auteurs qui tentent souvent de contourner les concepts ou de mettre en évidence ce qu’il considère comme des limites de ceux-ci. Dans Trois jour chez ma mère, livre qui révèle un écrivain hanté par la peur de ne pas réussir à rédiger son roman jusqu’à son terme, alors même que sa publication conditionne la visite du narrateur à sa mère, l’auteur place le lecteur en face d’une difficulté de classification générique. En effet, la lecture de ce roman peut laisser penser qu’il s’agit d’une autobiographie, tant les similitudes entre l’auteur et le narrateur sont nombreuses et signifiantes. Pourtant, par une subtile dérivation faite sur le nom de l’auteur (Weyergans) et celui du narrateur (« Weyergraf »), Weyergans sort son texte de cette famille de romans, en contournant ainsi l’un des critères définis pas Lejeune dans sa théorie de l’autobiographie : le critère d’identité. Cette attitude révèle un autre fantasme de l’auteur, sa quête de la réalisation de soi, presque toujours liée à la mère qui constitue d’ailleurs un des fantasmes fondateurs de l’écrivain.

Cet aspect se retrouve aussi dans le roman qui nous intéresse aujourd’hui, dans la mesure où le narrateur fait du refus de Macaire de se confronter à sa mère, lorsque celle-ci le retrouve dans le désert, le point de départ véritable de sa construction monacale. En effet, le rapport fusionnel qu’il a toujours eu avec sa mère se manifeste à nouveau. En réussissant à rester cloîtré dans son hypogée, Macaire montre sa séparation de plus en plus évidente d’avec le monde.

Dans les propos précédemment cités, Weyergans cherche à détourner son lecteur du soupçon d’une correspondance entre ces deux propos, en revoyant certains détails : « Les cousins » deviennent « des moustiques », ou « six mois » deviennent « quarante huit heures ». À travers ces changements, l’auteur voudrait se soustraire de la biographie afin de s’inscrire pleinement dans la fiction.

232 Histoire Lausiaque (Vie d’Ascètes et des pères du désert), Palladius texte grec, introduction et traduction française par A. Lucot aumônier des Chartreux à Dijon, Paris, Librairie Alphonse Picard et Fils, 1912, p. 121.

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Pour revenir à Marie, cette volonté de mettre en avant les différents noms qui lui sont attribués, Lacarrière cherche tout particulièrement à mettre en avant la Marie plongée dans l’ascèse, la Marie retirée dans le désert et qui vit non plus pour elle-même, mais tout simplement pour faire la volonté du Dieu qui l’a conduite dans ce lieu. La démarche de l’auteur nous semble claire. En mettant l’accent sur la deuxième Marie, il sacralise celle-ci et cette sacralisation ne vise pas autre chose que la démonstration de la puissance de l’amour divin dans un cœur. Le cœur de ce personnage apporte encore un peu plus de lumière sur cette puissance, dans la mesure où il s’agit d’un cœur ayant connu des turpitudes de tout genre.

Andrée Chédid procède de la même manière que Lacarrière. Lorsqu’elle aborde l’histoire de chacun de ses personnages, elle commence par les situer dans le cadre particulier du désert : « Cela faisait neuf ans que Marie s’était réfugiée dans le désert pour y mener sa vie d’anachorète »233

ou : « Droit devant elle, les yeux mi-clos, Cyre marche depuis trois jours dans le désert »234. C’est seulement au fil de la narration que le passé de ces personnages est évoqué. On le voit, Marie est d’abord présentée comme cette femme dévouée à l’ascèse, à la quête d’une vie meilleure dans un autre monde. La qualité de prostituée est ici secondaire. Il serait excessif d’affirmer que les auteurs décident d’effacer le passé de Marie. En revanche, il est patent qu’ils cherchent à affirmer la vie extraordinaire de cette sainte. Or, à partir de cette hypothèse, nous pouvons dire qu’il s’agit là d’un projet biographique, dans la mesure où les auteurs prennent l’engagement de relater, sinon de reconstituer la vie de cette marginale du désert. La dimension biographique rejoint ici la volonté des auteurs de mettre en évidence un modèle d’existence, en relatant un cheminement spirituel et moral qui conduit des turbulences du cœur à la paix de celui-ci dans le désert.

Faire le récit d’une vie suppose la connaissance de la personne biographiée et cette connaissance se manifeste non seulement à travers le nom du personnage, mais plus encore à travers les actes rapportés dans le roman. Dès lors, il convient de se demander quels sont les faits marquants de la vie des héros de ces romans qui sont mis en valeur dans le récit.

L’une des caractéristiques premières de la biographie est qu’elle tend généralement à relater la vie d’une personnalité de manière chronologique, en conduisant de sa naissance à sa mort, comme le souligne François Dosse : « La première période qui s’est attachée aux “vies” prend comme unité de mesure le bios, c’est-à-dire le cycle vital complet qui va de la naissance à

233 Chédid (Andrée), Les Marches de sable, Paris, Flammarion, 1981, p. 29.

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la mort 235 ». Il n’est pas directement question de la biographie dans ce propos, mais de « vies », c’est-à-dire de la première période du genre biographique. S’il convient de parler de première période, c’est en effet que la biographie a évolué dans le temps. Daniel Madelénat distingue ainsi trois moments de cette évolution, comme le rappelle Dosse :

Daniel Madelénat différencie trois paradigmes successifs en différenciant la biographie classique, qui couvre la période de l’Antiquité au XVIIIe siècle ; la biographie romantique, entre la fin du XVIIIe et l’aube du XXe siècle, qui exprime un besoin nouveau d’intimité, de connaissance du cadre intérieur de la vie familiale ; enfin, la biographie moderne, qui naît du relativisme et de lectures à la fois plus situées historiquement et enrichies des apports de la sociologie et de la psychanalyse236.

Dans les trois romans, la vie des personnages centraux n’est pas racontée de manière chronologique par les auteurs, mais ceux-ci manifestent une connaissance particulière du sujet. Ils regroupent toutes ces périodes établies par la critique, sans jamais avoir une démarche évolutive dans la peinture de leurs héros. C’est ainsi que Lacarrière et Weyergans ouvrent leurs œuvres en montrant des personnages déjà accomplis dans l’ascèse, montrant ainsi leur intérêt pour cet aspect de la vie de leurs personnages. Pour eux, il s’agit de rendre compte de la vie de Marie et de Macaire dans le désert.

Dans cette perspective, la lecture des sources montre que plusieurs éléments, ou plutôt nombre de traits fondamentaux des personnages, sont tirés de celles-ci. Lorsque Lacarrière parle de Marie la mondaine, nous pouvons lire ce qui suit : «Tu viens d’avoir douze ans et tes premières règles. Ta mère t’a aussitôt menée à l’homme 237

». Jacques de Voragine, dans La Légende dorée, retrace cette trajectoire de la vie de Marie, qui la conduit de l’enfance à la prostitution : « À douze ans, je suis venue à Alexandrie et là, à dix-sept ans, je me suis livrée aux amours publiques et ne me suis jamais refusée à personne238.» Si ces deux extraits ne sont pas formellement identiques, il demeure qu’ils délivrent le même message. Dans La Légende dorée, l’auteur donne deux indications sur la vie mondaine de Marie : son arrivée en ville et l’âge du début de la prostitution. Or, Jacques Lacarrière lie la prostitution de son personnage à ce premier rapport sexuel orchestré par la mère de Marie. C’est d’ailleurs aussi le cas pour Andrée Chédid. Dans la suite du propos, Jacques Lacarrière inscrit cette attitude de la mère dans une tradition,

235 Dosse (François), Le Pari biographique, Écrire une vie, Paris, La Découverte, 2005, p. 9.

236Ibid.

237 Lacarrière (Jacques), op.cit., p. 47.

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suivant laquelle il existe des familles de prostituées. Même en réécrivant cet aspect de la vie de Marie, l’auteur ne s’éloigne pas de la leçon suggérée par ses sources, même si celles-ci se montrent souvent plus laconiques dans la peinture de certains événements de la vie de la biographiée :

Un jour que des gens de la région s’embarquaient pour adorer la sainte Croix à Jérusalem, je demandai aux matelots de me laisser partir avec eux. Mais comme ils me demandaient de payer le passage, je leur dis : “Pour prix du passage, je n’ai rien d’autre à vous donner que mon corps.” Et ainsi ils me laissèrent embarquer et eurent mon corps en guise de prix de passage239.

Dans la source, Marie décide à ce moment de quitter la ville, de quitter sa vie pour aller ailleurs, en usant de son corps comme d’une monnaie d’échange, comme elle le relate à l’abbé Zosime. Dans le roman, le lecteur sera placé en face de la gravité sinon du caractère excessif de la débauche dans ce bateau, le romancier insistant délibérément sur les conditions immondes dans lesquelles Marie était réduite tout au long de cette traversée :

Horrible souvenir. Avec tous ces hommes sur elle. Il y en avait trop, cette fois. Impossible de les choisir vraiment et surtout de les chasser. Et, Pourtant, c’est pour cela qu’elle s’était embarquée. Pour s’éloigner d’Alexandrie, bien sûr, mais aussi pour donner tous les complices possibles à ses fureurs d’amour. Trois cents pèlerins et voyageurs dans ce bateau ! Dans le port, elle avait payé son passage de son corps. Deux fois, puisqu’il y avait deux propriétaires. Dès le départ le « vertige » l’avait saisi et le pont était devenu le lieu d’une véritable orgie. Au point qu’un certain nombre de pèlerins, moins tolérants que d’autres, avaient exigés qu’elle s’en aille exercer ses talents dans la cale. Ou plutôt dans la souille qui servait de cale. Elle avait dû « travailler », là au milieu des rats et des ordures avec deux ou trois hommes en même temps. La plupart avaient le mal de mer et vomissaient sur elle. Une semaine d’amours sordides dans le vomi, le pourri, la nuit fétide de la cale240

.

Il ne s’agit pas ici pour l’auteur de donner des indications d’ordre pratique sur ce voyage, mais de dire combien ce voyage a constitué une épreuve éprouvante, voire humiliante pour Marie, même si son comportement s’inscrivait aussi dans une quête du plaisir extrême.

D’une telle quête, il est aussi question dans Les Marches de sable où le narrateur prend également beaucoup de temps pour décrire cet épisode de la traversée vers Jérusalem. Il va ainsi

239 Voragine (Jacques de), op.cit., p. 299.

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jusqu’à décrire l’accoutrement de Marie dans le bateau, évoquant « son déguisement – une ample chemise, un capuchon recouvrant ses cheveux bruns serrées en bandeaux… »241

Dans chacun des romans, le récit de la manière dont l’héroïne se prostitue sur ce bateau manifeste clairement la portée biographique de ces œuvres. Cette correspondance entre les deux Marie, celle des fictions et celle des sources, c’est-à-dire la vraie Marie, est accentuée aussi par le rejet dont elle fut l’objet devant l’entrée de l’église, une fois arrivée à Jérusalem :

Quand je fus parvenue à Jérusalem et que je me fus rendue avec les autre jusque devant l’église pour adorer la croix, soudain et sans subir d’action visible, je me sentis repoussée et fus empêchée d’entrer à l’intérieur. Encore et encore, je parvins au seuil de la porte, en subissant aussitôt l’affront d’être repoussée. Et pourtant, comme tous trouvaient un libre accès et que personne ne subissait le moindre empêchement, je fis retour sur moi et pensai que cela m’arrivait en raison de l’énormité de mes crimes. Je me mis alors à me frapper sur la poitrine de mes mains, à répandre des larmes amères et à pousser de profonds soupirs du fond de mon cœur. En regardant autour de moi, je vie là une image de la sainte vierge. Alors, je me mis en pleurant à la prier d’obtenir le pardon de mes péchés et de me permettre