Dans le cas de Yeelirne, la minéralisation uranifère est le résultat de la succession de deux grands événements climatiques Un climat aride succédant à un climat de type chaud et humide Le climat aride permet la formation du calcrete et la mise en place définitive de la concentration uranifère, le climat chaud et humide permet quant à lui la libération de l'uranium lessivable
Dans le cas des gisements africains étudiés en Mauritanie, en Namibie et en Somalie, le second événement climatique est celui qui est le moins bien connu actuellement.
En Namibie (région de la Rivière Tumas) et en Somalie (Province de Mudugh, région de Dusa Mareb— El Bur) (FigureS), les dépôts carbonates sont liés à des chenaux de drainage et sont en de nombreux points semblables à ceux de l'Ouest australien Par contre en Mauritanie septentrionale (région de Ain BenTih) (Figure 6), les minérali-sations sont en relation avec des cémentations carbonatées épigénétiques de formations détritiques : les hamadas Mais le point essentiel commun aux occurences africaines et australiennes est la filiation directe qui existe entre elles et les nappes phréatiques circulant en leur sein Les eaux sont salines, chlorurées sodiques, légèrement alcalines et elles ont en général des teneurs élevées en uranium. La maturité de ces eaux est le fruit d'un mûrissement rapide sous un climat aride qui est encore un trait spécifique de la géographie physique de ces différentes régions
Si en Mauritanie et en Somalie, la chronologie événementielle fine de la mise en place des minéralisations ne permet pas de la mettre en relation avec des oscillations climatiques, par contre en Namibie Wilkmson [33] a pu l'établir dans les sédiments de la rivière Tumas II propose la succession suivante - a u n e période d'humidification avec des précipitations de l'ordre de 250 à 400 mm/an succède une première phase de gypsification et le dépôt concomittant de la carnotite en relation avec une période d'andification Le creusement des vallées avec la mise en terrasses des calcretes et une deuxième phase de gypsification seraient liés à une période aride avec de violents orages sans nécessairement des précipitations annuelles importantes. Une telle concordance entre une climatologie fine et une chronologie événementielle rappelle celle mise en évidence à Yeelirne. Elle souligne le rapport étroit entre la mise en place définitive d'un calcrete uranifère et les oscillations à l'intérieur d'un climat de type aride. Ainsi, même si les périodes de dépôts sont différentes Holocène en Australie Occidentale, Quaternaire en Mauritanie pour le sommet des hamadas [25], fin Tertiaire pour la première génération de calcrete en Namibie [4,5] et Miocène à Quanternaire en Somalie [34], il semblerait que chaque phase du processus génétique soit en relation avec une oscillation à l'intérieur d'une climatologie de type aride
Gisements étudiés
Figure 6
Localisation des gîtes uranifères de type calcrete étudiés en Afrique.
Localities of the calcrete uranium deposits described in Africa.
L'origine de l'uranium et son "histoire géochronologique" avant son arrivée dans les eaux des nappes et son piégeage sous un climat vraisemblablement chaud et aride sont les deux problèmes sur lesquels existe peu d'études et de documentations. Toutefois, il paraît acquis qu'en Mauritanie le socle stable (Dorsale Reguibat) légèrement anomalique est la source de l'uranium par l'intermédiaire d'un puissant manteau d'altération [25,20].
En Namibie la source de l'uranium est proche, il s'agit du socle altéré et légèrement anomalique du Damara Belt [4,33]. En Somalie par contre la source est inconnue et trois possibilités sont envisageables :
.le socle éthiopien .des roches volcaniques
.des remobilisations hydrothermales le long de failles Nord-Sud [34,35,36,37]. Cette imprécision est liée en partie au développement des calcretes non pas sur un socle cristallin stable mais sur une puissante couverture sédimentaire [34,35,36,37]. Dans ces trois pays, les altérites mises en évidence et/ou la présence de galets ferrugineux ou de galets à cutanés ferriargileuses dans les sédiments hôtes des calcretes semblent indiquer
l'existence de processus d'altérations continentaux proches de ceux qui se sont développés sur le bouclier Yilgarn en Australie Occidentale II n'est pas impossible de penser à une libération de l'uranium lessivable de ses sites originels sous climat chaud et humide et à son stockage. Puis par lessivage lors d'une rupture d'équilibre géochimique en liaïqon avec un changement climatique (andification) à son arrivée dans la nappe phréatique.
4. CONCLUSION
Ainsi, il existe de grandes similitudes mais également des différences notables entre ces différentes minéralisations et leur processus de dépôt, de la source de l'uranium à son piégeage dans les calcretes7 Mais tous ces gisements (Australie Occidentale, Mauritanie, Namibie, Somalie) ont semble-t-il comme points communs les grands contrôles paléoclimatologiques et paléomorphologiques qui les régissent Contrôles paléoclimato-logiques aussi bien dans la succession et le passage d'un climat chaud et humide à un climat aride que dans les oscillations climatiques à l'intérieur de cette dernière climatologie Conditions climatiques qui vont d'une part permettre la libération de I uranium lessivable de ses sites originels et son stockage, puis lors d'un changement climatique au lessivage de l'uranium et à son arrivée dans les eaux des nappes phréatiques, d'autre part permettre la mise en place des conditions hydrogéochimiques qui vont amener la précipitation de la carnotite Contrôles paléomorphologiques qui sont moins bien définis en Afrique par manque d'information mais qui existent probablement Contrôles aussi bien à I échelle régionale (socle stable Australie Occidentale, Mauritanie, Namibie) qu à I échelle locale (structures verrous Australie Occidentale, Mauritanie, Namibie)
Contrôles paléoclimatologiques, paléomorphologiques et hydrogéochimiques qui deviennent des guides de prospection pour la recherche de gîtes uranifères de type calcrete Guides d'autant plus importants que les gîtes d uranium de type calcrete se caractérisent par des anomalies radiométriques faibles
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