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VI. Limitation et solution

2. Données indisponibles

2.1. Données MYPA

Dans MYPA, des données manquantes ont été constatées pour plusieurs variables (Table 6). Beau-coup d’informations essentielles permettant d’étudier plus précisément la pré-éclampsie ne sont pas disponibles comme la date de diagnostic, les mesures de la tension artérielle, les dosages des protéinu-ries, de la vitamine D…. De nombreux facteurs de risques potentiels de la PE (l’intervalle entre les grossesses d’une mère9,64,116–119, la durée de cohabitation avec le père de l’enfant avant la gros-sesse229,231, l’antécédent personnel ou familial de la PE88,119,131,132…) n’y sont pas non plus enregistrés. Il est plus difficile d’étudier les impacts des facteurs météorologiques sans avoir des informations sur le temps passé à l’extérieur, ni une précision sur le lieu de travail de la femme avant ou pendant sa grossesse. Il est à noter qu’en cas de grossesse spontanée, la plupart des femmes ignorent leur gros-sesse avant 4 semaines après la date de conception. En plus, un déplacement professionnel et person-nel (comme partir en vacances) n’est pas interdit en général pendant la grossesse.

Nous avons examiné soigneusement les variables incomplètes puis appliqué la méthode d’imputation multiple pour limiter au maximum leurs impacts.

Quant à l’absence totale des informations, nous avons séparé dans un groupe de variables qui ne sont quasiment pas influencé par les facteurs environnementaux (antécédente obstétriques, durée de cohabi-tation avec le père d’enfant avant la grossesse) et un groupe ayant des variables qui ont une relation étroite avec les facteurs saisonniers (le dosage de la vitamine D, l’infection urinaire, la pollution), ou qui peuvent modifier l’estimation sur l’exposition individuelle (le temps passé à l’extérieur, le lieu de travail de la mère).

L’objective de ce travail est d’examiner la relation de dépendance entre la PE et les facteurs clima-tiques. Il est donc évident que sans construction d’un plan d’analyse statistique adapté, la saisonnalité des covariables absentes aurait pu perturber la relation. Il convient de vérifier chaque absence le plus précisément possible.

En abordant la vitamine D, de nombreuses études ont montré le risque de la PE plus élevé chez des mères ayant un faible taux de vitamine D. Cependant, nous avons, en regardant de plus près, découvert que la plupart d’entre eux ont étudié des mesures du dosage à la fin de la grossesse171–174. Dans une récente étude focalisée sur la saison de naissance, des collègues Allemands ont montré que la PE et

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aussi le statut en vitamine D ont été significativement influencés par des facteurs saisonniers. Par contre, l’enzyme 24-hydroxylase et l'enzyme 1-alpha-hydroxylase participant à la synthèse de la vita-mine D, n’ont pas eu de lien avec la PE ni ont été influencée par la saison21. Plusieurs études qui ont mesuré le statut en vitamine D pendant le 1er trimestre et n’ont pas trouvé d’impact de son déficit ni d’un plus faible dosage sur la PE167–170. Prenons comme exemple une autre étude de collègues Alle-mands dont les résultats ont confirmé que le déficit de la vitamine D mesuré entre 5 SA à 12 SA n’a pas été associé au risque de la PE315.

Quant au manque d’information sur le budget espace-temps de la mère (notamment son déplacement et son lieu de travail), nous avons essayé de résoudre leurs absences par des explications au travers d’autres variables et de l’étude sur les situations socio-économiques et environnementales concernant nos sujets d’intérêt, des femmes des Yvelines puis par des analyses de sensitivité.

Il est possible que les erreurs d’estimation de l’exposition au niveau individuel dans notre étude soient relativement faibles car la plupart des habitants des Yvelines travaillent dans le département (60 %) et quasiment tous (99,9 %) travaillent dans la région d’Île-de-France. Il est à noter que le département des Yvelines est une partie de la région de-France. Selon Météo-France, des départements d’Île-de-France partagent en principe une seule condition météorologique. L’estimation d’exposition n’aurait pas de grands écarts entre les femmes travaillant dans les Yvelines et dans d’autres départe-ments d’Île-de-France. En sachant que nous n’avons trouvé aucune différence significative des me-sures de la température, de l’ensoleillement entre les stations météorologiques ni entre les zones ur-baines et rurales en Yvelines. Selon nos données fournies par l’INSEE, environ 40 % des habitants des Yvelines travaillent en dehors du département et 1 % des habitants travaillent à l’extérieur de la région Île-de-France. Nos études ont montré que la moyenne du pourcentage des habitants de la commune maternelle travaillant à l’extérieur du département et de la région était à 0,8 % et 40 %, respective-ment. Nous avons constaté que les habitants ayant les lieux de travail à l’extérieur de l’Île-de-France résident dans des communes très rurales (moins de 200 habitants / km²) et se situant au sud-ouest et au nord-ouest des Yvelines et sont à la frontière avec deux région Centre-Val de Loire et Haute-Normandie. Si un risque plus élevé de la PE est lié à l’augmentation de la température ou de l’ensoleillement alors que les zones rurales protègent les femmes de ces facteurs de risques, nous en avons déduit que de possibles erreurs dans l’estimation d’exposition des femmes travaillant en dehors des Yvelines sont mineures et ne peuvent pas reverser nos résultats. Ces explications ont été confir-mées par des relations inchangeables entre la PE et la température minimale obtenues des analyses de sensibilité où nous avons exclus respectivement des communes ayant plus de 50 % puis de 75 % des habitants travaillant à l’extérieur des Yvelines.

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Le même chemin de raisonnement a été utilisé pour l’absence d’informations sur le temps passée à l’extérieur par la mère avant et durant la grossesse. Cependant, selon INSEE, plus de 66 % des franci-liens (habitants de l’Île-de-France) partent en vacances l’été (en Juillet et/ou en Août). Il n’y a aucune contre-indication à partir en vacances pour des femmes enceintes surtout quand elles pourraient encore ignorer leur grossesse durant le premier mois suivant la date de conception. Même pour une femme en attente de grossesse, le test permettant confirmer son état gravidique sera suffisamment efficace seu-lement un mois après la date de dernière règle par le dosage de l'hormone chorionique gonadotrope humaine (hCG). Nous avons exclu les grossesses conçues en Juillet et en Août dans les analyses de sensibilité et avons trouvé que le risque de la PE a été plus faible mais toujours significatif lors de l’augmentation de la température minimale par rapport à l’estimation du risque obtenu de l’analyse principale. Nos résultats sont suffisamment robustes pour confirmer une relation significative entre la survenue d’une PE et l’augmentation des températures ou des paramètres solaires à l’extérieur. Possédant plus de 30 % de grands espaces verts (forêts et champs), les Yvelines sont connues comme le département le plus « vert » de la région Île-de-France. Selon Airparif, les moyennes annuelles de différents polluants du département (polluants liés essentiellement au trafic routier) sont inférieures à la moyenne de l’ensemble des stations de l’agglomération Île-de-France. Les impacts des facteurs polluants atmosphériques ne pourraient pas modifier considérablement la relation entre les facteurs météorologiques et la PE.

Par ailleurs, nous avons utilisé une analyse stratifiée sur la saison pour résoudre les problèmes dus à l’absence complète de l’ensemble des facteurs variant selon la saison qui peuvent perturber la relation entre les facteurs météorologiques et la PE. Nos résultats permettent de confirmer l’impact des facteurs météorologiques sur la survenue d’une PE avec toute précaution.

La PE sévère, la PE modérée et l’hypertension gravidiques ont plusieurs points communs sur le plan clinique mais différent selon leur mécanisme physiopathologique. Cependant, les mauvais codages ne nous permettent pas de comparer les impacts des facteurs météorologiques et saisonniers sur chacune de ces maladies. Par contre, l’inclusion de la PE modérée et l’hypertension gravidique dans le groupe de référence ne peut inverser nos résultats mais réduit la force des relations entre la PE sévère et les facteurs de risques étudiés.

2.2. Données environnementales

Dans la 2ième partie de la thèse, 14 paramètres météorologiques en moyenne journalière ont été inclus pour déterminer les conditions météorologiques existantes en Yvelines durant l’étude. Cependant, il manque d’autres paramètres pouvant renforcer nos résultats comme la durée des vitesses et la direction

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du vent, l’occurrence d’orage, le rayonnement solaire direct (les rayons UV du Soleil) et diffus (rayons qui provenant de l'atmosphère) ou la température du point de rosée…

Il est peu probable que l’inclusion d’autres paramètres pourrait changer nos résultats sur la relation météo-PE sévère car elle est confirmée à la fois par les impacts des paramètres météorologiques syn-thétiques et d’origine sur la maladie. Cependant, l’augmentation des paramètres peut affiner des résul-tats obtenus de la procédure de classification par la répartition des paramètres dans chaque classe, la distinction de leur caractéristique et aussi la détermination du paramètre le plus représentatif.

La prolongation de la durée et l’élargissement des zones géographiques de l’étude sur des effets mé-téorologiques sont primordiaux. La durée de 6 ans semble courte pour ce type d’étude sur un événe-ment si rare et si aigüe comme la PE sévère. Ce qui rend la difficulté de mettre en évidence les impacts d’autres paramètres météorologiques comme la pression atmosphérique. Même si l’association entre ce paramètre et la PE sévère n’est pas statistiquement significative et plus faible par rapport aux autres paramètres (ratio d’évidence = 53,6 %), elle présente l’estimation de Hasard Ratio la plus élevée (HR ajusté = 1,3 ; 95 % IC [0,93 - 1,90]) (Figure 24 et Table 30). Par contre, l’association est cohérente avec l’impact négatif de la condition météorologique venteuse sur la maladie car la « Vitesse du vent maximale instantanée » journalière (Table 12) et la condition météorologique dominée par le vent sur 2 semaines (Table 15) étaient négativement les plus corrélées à la pression atmosphérique.

Par ailleurs, la littérature a rapporté les relations entre la PE et certains facteurs de risques dépendant de l’exposition au soleil (déficit de la vitamine D, diminution du taux de mélatonine circulante). L’exposition aux facteurs climatiques et la plus part des paramètres météorologiques varient selon la journée ou la nuit. Néanmoins, nous n’avons pas disposé des données mesurées avec une heure précise pour étudier leurs impacts selon le cycle nycthéméral.

Quant à la pollution atmosphérique, les données sont disponibles (fournies par Airparif), mais nous n’avons pas pu les inclure dans l’étude faute d’outils permettant de les traiter avec précision en parti-culier les distances entre les stations et le domicile, entre les stations et le lieu de travail de la femme. MYPA dispose uniquement du code INSEE de la commune de domicile durant la grossesse. L’estimation des polluant pour un individu a besoin d’informations plus fines que la commune car la plupart des études ont montré les différences considérables des mesures des polluants entre les stations proches contrairement aux différences non-significatives entre les stations météorologiques en Yve-lines.248,292,312

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