2.5 Instrumentation et mesures de terrain
2.5.2 Données hydrométriques
2.5.2.1 Stations de mesure
Le bassin versant de l’Arve à Chamonix est équipé de quatre stations
hydromé-triques mesurant les débits au pas horaire. L’une d’entre elles est située sur l’Arve,
au niveau du pont des Favrands (Chamonix). Les trois autres sont situées
respecti-vement sur le Bisme du Tour, l’Arveyron d’Argentière et l’Arveyron de la Mer de
Glace. La station hydrométrique de l’Arveyron de la Mer de Glace est située en aval
du canal de fuite de la centrale hydro-électrique évoquée en2.4. La figure2.1montre
la localisation de ces stations hydrométriques sur le réseau hydrographique ainsi
que le bassin versant qui leur est associé. Le tableau2.3 résume les caractéristiques
de chacune de ces stations.
Les débits de prélèvements aux collecteurs situés sous le glacier du Tour et sous le
glacier d’Argentière sont également mesurés. Cette mesure est réalisée par la société
EMOSSON SA.
2.5.2.2 Reconstitution et disponibilité des données
Les stations hydrométriques du Bisme du Tour et de l’Arveyron d’Argentière,
ainsi que les mesures de débits de prélèvements, sont gérées par les sociétés EDF/DTG
2.5. Instrumentation et mesures de terrain 29
FIGURE2.13 – Périodes de disponibilité des mesures réalisées par les
stations météorologiques du réseau additionnel listées dans le tableau
2.2
Cours d’eau Altitude Surface totale
bassin versant Surface englacéebassin versant
Bisme du Tour 1487 m 12.52 km
27.84 km
2(62.62%)
Arveyron d’Argentière 1255 m 32.59 km
215.85 km
2(48.65%)
Arveyron de la Mer de Glace 1062 m 78.52 km
241.85 km
2(53.29%)
Arve - Chamonix 1022 m 193.01 km
267.36 km
2(34.90%)
TABLE 2.3 – Liste des stations hydrométriques disponibles sur les
cours d’eau du bassin versant de l’Arve à Chamonix, décrites en2.5.2
et EMOSSON SA. Les valeurs mesurées de débit nous ont été fournies dans le cadre
d’une convention, avec certaines restrictions en particulier au niveau des périodes
30 Chapitre 2. Le bassin versant de l’Arve à Chamonix
de disponibilité.
Les mesures de débit associés à ces stations hydrométriques nous sont fournies
di-rectement sous la forme de débits naturels reconstitués, c’est à dire pour chaque
station, la somme du débit qui y est mesuré et du débit mesuré aux collecteurs
si-tués dans son bassin versant. Cette reconstitution de débit naturel est réalisée au pas
journalier. Par ailleurs, la somme de la totalité des prélèvements réalisés sur le
bas-sin versant nous est fournie au pas journalier par la société EMOSSON SA.
La station hydrométrique de l’Arve au pont des Favrands est gérée par la DREAL.
Les débits mesurés nous sont accessibles au pas horaire, de manière quasi-continue.
La connaissance des débits prélevés sur l’ensemble du bassin versant de l’Arve nous
permet de les reconstituer. Néanmoins, la reconstitution ne peut qu’avoir lieu au pas
journalier compte-tenu du temps de transfert entre les collecteurs et le pont des
Fa-vrands à Chamonix, difficile à estimer.
Pour des raisons relatives à la représentation de la couverture glaciaire indiquées
au chapitre4, nous ne nous intéressons qu’aux données de débit relativement
ré-centes. La figure2.14donne un aperçu du jeu de données disponibles entre 1990 et
2015 en termes de débits naturels reconstitués au pas journalier sur les différentes
stations hydrométriques. De la même façon que pour la figure2.13, nous situons sur
cette figure plusieurs évènements que nous étudions en détail dans la suite de ce
document. Le tableau2.4indique la quantité de mesures disponibles pour chacune
de ces mêmes années.
FIGURE2.14 – Périodes de disponibilité des débits mesurés aux
sta-tions hydrométriques décrites en2.5.2
2.5.2.3 Incertitudes sur les valeurs mesurées
Il y a lieu de savoir que le segment de l’Arve sur lequel se trouve la station de
mesure du pont des Favrands n’a pas une section constante en raison du dépôt de
sé-diment et des curages réguliers. Cela entraine une instabilité de la relation
hauteur-débit et par conséquent une incertitude sur les valeurs de hauteur-débit issues des mesures
de hauteur d’eau.
2.5. Instrumentation et mesures de terrain 31
Arveyron
MDG Bisme ArveyronArgentière ArveCham.
1995 365 132 100 365
1996 366 130 130 366
1997 266 182 113 143
1998 207 173 134 120
1999 365 127 145 365
2000 366 166 164 366
2001 362 168 109 365
2002 365 192 154 365
2003 351 140 133 365
2004 366 109 123 366
2005 365 0 0 365
2006 365 0 0 365
2007 365 0 0 365
2008 331 0 0 366
2009 365 0 0 365
2010 365 0 0 311
2011 365 0 0 361
2012 366 0 0 348
2013 365 0 0 363
2014 365 0 0 359
2015 365 0 0 363
Total 7361 1519 1305 7117
TABLE2.4 – Nombre de jours de mesures de débit disponibles pour
chaque exutoire, sur toute la période de simulation et
individuelle-ment pour chaque année.
Par ailleurs, la courbe de tarage est majoritairement constituée de points issus de
jaugeages en période de basses et moyennes eaux. Cela constitue un facteur
sup-plémentaire d’incertitude lors de l’exploitation de cette courbe pour les mesures de
débit en période de hautes eaux, la relation hauteur-débit étant alors principalement
basée sur une extrapolation. De plus, lors d’évènements hydrologiques extrêmes, la
hauteur d’eau dans les rivières sort de la fourchette que le capteur peut mesurer, ce
qui conduit à des valeurs fausses. La question particulière de la mesure des débits et
de son incertitude lors d’évènements extrêmes est discutée par CHEN, (2013).
Un autre facteur général d’incertitude sur les débits estimés à partir d’une mesure
de hauteur d’eau grâce à une courbe de tarage réside dans le fait que cette courbe
est établie à partir de mesures réalisées dans un contexte de régime permanent. La
relation débit/hauteur en régime transitoire peut être différente de celle qui est
ob-servée en régime permanent (DI BALDASSARRE et MONTANARI, 2009; DOTTORI,
MARTINAet TODINI,2009).
La question générale de l’incertitude des mesures de débit a été étudiée dans la
thèse d’Aurélien Despax (DESPAX,2016) ainsi que par DOTTORI, MARTINAet
TO-DINI, (2009). Le problème spécifique de l’incertitude de la courbe de tarage est étudié
par SIKORSKAet RENARD, (2017).
32 Chapitre 2. Le bassin versant de l’Arve à Chamonix
Enfin, la présence d’une activité hydro-électrique intense sur ce bassin versant
consti-tue une source d’incertitude supplémentaire. Cette incertitude est est tout d’abord
liée à la nécessité de reconstituer les débits naturels en raison de l’influence des
prélè-vements. En effet, il n’est pas possible actuellement d’estimer correctement le temps
de transfert entre le collecteur et la station hydrométrique. La reconstitution est donc
faite au pas journalier, en faisant l’hypothèse que l’eau qui a été entonnée dans le
collecteur lors d’une journée se serait écoulée à la station lors de la même journée
si le collecteur n’avait pas été là. Il s’agit d’une hypothèse forte, le transfert de l’eau
entre le point de collecte et la station hydrométrique pouvant avoir lieu d’une
jour-née sur l’autre. Cette incertitude est ensuite liée au fonctionnement intermittent de
la centrale électrique du Bois du Bouchet ayant une influence sur les
hydro-grammes des stations hydrométriques de l’Arveyron de la Mer de Glace et de l’Arve
à Chamonix, qui sont les seules stations pour lesquelles nous disposons de mesures
au pas horaire.
Les données de débit dont nous disposons, surtout lorsqu’elles sont naturelles
re-constituées, sont donc malheureusement entachées d’une forte incertitude dont il
est absolument nécessaire de tenir compte lors de leur exploitation pour la
calibra-tion et l’évaluacalibra-tion des modèles.
Dans le document
Modélisation à bases physiques de l'hydrologie de l'Arve à Chamonix et application à la prévision des crues
(Page 39-43)