• Aucun résultat trouvé

Données démographiques sur la population marocaine :

Fiche d’exploitation des infections des sujets âgés au CVMIT

I. Les infections à BMR :

2. Données démographiques sur la population marocaine :

Sur le plan démographique, le Maroc est souvent présenté comme un pays « jeune » dans la mesure où près d’un habitant sur trois a moins de 15 ans. Mais si le Maroc est « jeune », ce sera de moins en moins vrai dans les années à venir. En effet, alors que les personnes âgées de 60 ans et plus (au nombre de 2,4 millions de personnes) ne représentaient en 2004 que 8 % de l’ensemble de la population marocaine, leur part dans la population totale devrait augmenter de moitié d’ici 2020 pour atteindre 11,5 %. Dix ans plus tard, en 2030, cette part devrait atteindre 15,4 % et compter 5,8 millions d’individus [11]. En 2040, un marocain sur cinq aura plus de 60 ans. En d’autres termes, le poids relatif de la population âgée au Maroc sera équivalent, dans 30 ans, à celui de la population âgée en France aujourd’hui, et ainsi le Maroc aura connu en moins de 40 ans un vieillissement comparable à celui de la France en plus de 150 ans. Ce phénomène de vieillissement de la population marocaine devrait par la suite se

41

poursuivre de sorte qu’en 2050 un marocain sur quatre aura plus de 60 ans [12]. « Le vieillissement de la population représente, sans doute, la caractéristique démographique la plus spectaculaire que connaîtra le Maroc dans les trois ou quatre prochaines décennies ». Après avoir relevé le défi de la maîtrise de la fécondité, le Maroc devra en relever un nouveau, celui de l’accompagnement économique et social du vieillissement de sa population [13].

a. De la transition démographique au vieillissement démographique :

La baisse de la mortalité et les progrès de la longévité qui en découlent entraînent un vieillissement par le sommet de la pyramide des âges. Par ailleurs, la transition de la fécondité est une autre composante du vieillissement car elle agit sur la base de la structure par âge [13].

 Baisse de la mortalité et vieillissement par le haut de la pyramide

des âges :

Les progrès continus en matière d’élévation de l’espérance de vie à la naissance résument les effets de la baisse de la mortalité à tous les âges de la vie. Alors que sur la période 1950-1955, l’espérance de vie à la naissance au Maroc n’était que de 43 ans, elle s’élève aujourd’hui à plus de 72 ans [13].

L’allongement de la durée de vie moyenne induit un élargissement progressif du sommet de la pyramide des âges. Mais en dépit de très importants progrès en matière de longévité au niveau de l’ensemble de la population, de fortes disparités persistent, notamment entre les contextes urbain et rural. Ainsi en 2002, alors que l’espérance de vie à la naissance masculine était de 71,2 ans en milieu urbain, elle s’élevait à 66,5 ans en milieu rural. Ce différentiel rural/urbain apparaît plus élevé pour les femmes puisqu’en milieu urbain leur espérance de vie à la naissance était de 75,6 ans alors qu’en milieu rural elle était de plus de sept années moins élevées [13].

42

Tableau II: Évolution de l’espérance de vie à la naissance

au Maroc de 1950-1955 à 2008 (En années)

Les gains en matière de durée de vie moyenne résument la rapidité de la baisse de la mortalité à différents âges de la vie et en particulier dans l’enfance. Le niveau de la mortalité des enfants de moins de 5 ans a en effet considérablement reculé au cours des quatre dernières décennies passant de 203 ‰ en 1962-1966 à 47 ‰ en 1999-2003. Le niveau de la mortalité infantile a pour sa part été divisé par près de trois entre ces deux périodes passant de 118 ‰ à 40 ‰, avec des différences notables entre milieux rural et urbain (Sajoux, 2009) [13].

Dans le cadre du processus de transition démographique, la baisse des risques de décéder à chaque âge s’est accompagnée d’une baisse de la fécondité qui concourt également au vieillissement de la population.

43

b. Les personnes âgées au Maroc : réalités démographiques et résidentielles :

L’étude de l’évolution de la répartition par âges des personnes âgées au Maroc entre 1982 et 2004 montre un déclin du poids relatif des 60-64 ans au sein des 60 ans et plus. Leur part dans la population âgée marocaine a en effet baissé de 7 points entre ces deux dates passant de 38 à 31 %. Cette baisse est concomitante d’une augmentation forte de l’effectif des 60-64 ans qui a connu une augmentation de 50% entre 1982 et 2004 passant d’environ 487000 personnes à près de741 000 personnes. Les effectifs des autres tranches d’âges (65-69 ans, 70-74 ans et les 75 ans et plus) ont encore plus fortement augmenté entre ces deux dates. En 2004, un peu moins de la moitié (46 % pour un total de près de 1,1 million de personnes) des personnes âgées de 60 ans et plus au Maroc avaient 70 ans et plus [13].

Bien que les erreurs de déclaration d’âge aux âges élevés soient probablement marginales aujourd’hui au regard de la taille de la population marocaine totale, dans le cadre d’une étude portant spécifiquement sur la population âgée il est difficile d’évaluer l’impact que peuvent avoir d’éventuelles erreurs de déclarations au niveau des effectifs des tranches d’âges les plus élevées. En supposant que cet impact soit faible, nous poursuivrons en observant la répartition de la population âgée marocaine selon l’âge et le milieu de résidence [13].

C’est en milieu urbain que vit le plus grand nombre de personnes âgées au Maroc : 1,24 million de personnes contre 1,13 en milieu rural. Mais que l’on considère la part relative des 60 ans et plus ou des 70 ans et plus, le milieu rural apparaît « plus âgé » que le milieu urbain. La part des 60 ans et plus est de 8,5 %

44

en milieu rural contre 7,6 % en milieu urbain et la part des 70 ans et plus de 4,1 % en milieu rural contre 3,4 % en milieu urbain [14]. En milieu urbain, la population féminine est, sans surprise, « plus âgée » que la population masculine (8 % de 60 ans et plus au sein de la population féminine contre 7,2 % au sein de la population masculine). En milieu rural, les parts des 60 ans et plus pour chacun des deux sexes sont relativement proches : 8,6% pour les femmes et 8,4% pour les hommes. Les proportions des 70 ans et plus dans la population de chacun des deux sexes sont très proches en milieu urbain (3,2 % pour les hommes et 3,5 % pour les femmes) et identiques en milieu rural (4,1 %). Ces valeurs suggèrent que des erreurs dans les déclarations d’âge, vraisemblablement plus fréquentes en milieu rural, subsistent encore pour les personnes les plus âgées. Les rapports de masculinité calculés aux âges élevés [15] pour chacun des deux milieux de résidence corroborent cette idée. Ainsi, pour les 75 ans et plus, le rapport de masculinité s’élève en 2004 à 89,1 hommes pour 100 femmes en milieu urbain et à 106,7 en milieu rural. Même si des inexactitudes perdurent encore aujourd’hui pour les âges les plus élevés, les derniers recensements sont certainement bien meilleurs en termes d’âge que les premiers. Aujourd’hui, même s’il existe encore des imprécisions au niveau du « quatrième âge », elles devraient s’estomper dans les décennies à venir. En effet, pour les plus jeunes des personnes âgées en 2004, les 60-65 ans (qui feront partie du « quatrième âge » dans une quinzaine d’années), les rapports de masculinité s’élèvent à 83,6 hommes pour 100 femmes en milieu urbain et à 87 en milieu rural. Ces chiffres semblent bien plus en adéquation avec les réalités biologiques et sociales que ceux mentionnés pour les 75 ans et plus. Ces éléments préfigurent le fait que la population âgée devrait être connue de plus en plus précisément dans sa structure par âge dans les années à venir, ce qui est très

45

important dans la mesure où les besoins médico-sociaux des personnes de 75 ans et plus présentent des spécificités dont il convient de tenir compte pour accompagner socialement le vieillissement de la population [13].

Documents relatifs