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LE DOMAINE CONCEPTUEL ÉTUDIÉ : LE TEMPS

Dans le document Des représentations du temps en wolof (Page 58-83)

Contrairement à l’espace qui se laisse aisément appréhender au travers d’une réalité concrète et parfois manipulable, il n’est pas possible de saisir ou même d’agir sur le temps qui sans cesse évolue. Pourtant, c’est bien souvent par l’intermédiaire de l’espace que le temps se laisse aborder, que ce soit dans le déplacement d’une aiguille sur une horloge ou comme dans le cas d’expressions métaphoriques telles que la locution adverbiale déictique du wolof ci kanam1 : “plus tard”, littéralement “devant (toi)”2.

Un autre problème que pose le temps vient du fait que ce concept renvoie à des réalités différentes et à des traitements divers selon l’angle par lequel on l'examine. Ainsi le linguiste aura tendance à s’intéresser à la conjugaison qui permet entre autres de situer dans le temps une occurrence de procès ; un physicien l’envisage essentiellement pour mesurer la durée d’un événement, enfin pour un sociologue le temps concerne la manière dont l’homme répartit ses activités.

Ces deux spécificités, cause de bon nombre de définitions et d’interprétations différentes et parfois contradictoires, sont sans aucun doute les principales responsables de la complexité qui caractérise ce phénomène et des difficultés engendrées par n’importe quelle étude scientifique. Cependant, la question demeure : qu’est-ce que le temps ?

La dernière révolution scientifique qui semble avoir été à l’origine d’influences considérables dans d’autres domaines de recherche nous vient de la théorie de la relativité physique d’Albert Einstein. En effet, cette révolution a tout d’abord permis de reconsidérer le caractère arbitraire – relatif – mais néanmoins fondamental de la notion de repère puisque toute interprétation (donc toute représentation) d’un phénomène dépend du repère d’où il est envisagé3. Mais c’est aussi à partir de ses considérations sur la vitesse que Einstein va permettre un renouvellement de l’approche que font les sciences en général du temps puisque pour le physicien, temps et espace sont liés l’un à l’autre dans un couple indissociable.

C’est sûrement à Piaget que l’on doit la meilleure extension de la théorie de la relativité dans les domaines de l’épistémologie et des sciences cognitives en général. Ainsi, selon Piaget, considérer cette opération mentale (et donc psychologique) qu’est le temps comme allant nécessairement de pair avec la réalité concrète qu’offre l’espace revient à « physicaliser » le temps et à « psychologiser » l’espace. Il s’en suit, en ce qui concerne le temps, un traitement non plus comme un phénomène strictement absolu ou a priori mais également comme le produit résultant d’un apprentissage progressif empirique (de la même manière que l’enfant apprend à maîtriser l’espace). Autrement dit, le temps exige des connaissances tant physiques (expérientielles) que mathématiques (logiques). Ce qui fait dire à Piaget que le temps est tout autant une forme de connaissance reposant sur des

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Le terme kanam fonctionne à l’origine comme nominal pour signifier le “visage” / le “devant”. Existe également l’expression ci ginnaaw : “avant” / “derrière toi” avec ginnaaw g- : le “dos” / le “derrière”. Voir plus haut dans l’introduction en 3. 1. C ainsi qu’en 6., dans le quatrième et dernier chapitre.

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On aurait pu également parler les figures métalinguistiques qui permettent de représenter des relations temporelles.

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On a vu plus haut que l’on retrouve cette même conception de la notion de repérage en linguistique dans la Théorie des Opérations Prédicatives et Enonciatives d’Antoine Culioli.

bases logico-mathématiques (au sens de Kant1) qu’une connaissance non donnée au début de sa genèse chez l’enfant. De plus, une telle approche implique une modélisation des schèmes temporels usant aussi bien de représentations mentales abstraites qu’imagées. D’ailleurs, Piaget va bien plus loin dans cette problématique puisqu’il définit deux sortes d’intelligence (deux types de processus mentaux) nécessaires à l’émergence de la conception du temps chez l’homme : la fonction symbolique obéissant à des règles logiques et la fonction figurative. Et cette opposition n’est d’ailleurs pas sans rappeler le clivage observé entre la Théorie des Opérations Prédicatives et Enonciatives2 et la Grammaire Cognitive…

4. 1. LES RELATIONS TEMPORELLES FONDAMENTALES

A. Le temps en société

Pour cette étude des représentations du temps dans la langue wolof, nous avons souhaité définir le temps à partir d’un point de vue sociologique et fonctionnaliste. Car le temps, celui que nous allons étudier, est avant tout pour l’homme un instrument qui lui sert à s’orienter dans le flux continuel du devenir et à y ordonner des événements. D’ailleurs le sociologue Norbert Elias3 suggère, pour penser au mieux ce domaine conceptuel, de réfléchir à partir d’une forme verbale comme « *temper » en français ou « *to time » en anglais (construire, élaborer des relations de nature temporelle) puisque le temps est avant tout une activité, tout autant sociale que mentale. Ainsi, d’une façon générale, Elias définit le temps comme une mise en relation mentale, que l’homme établit grâce à sa capacité de synthèse mais aussi grâce à ses capacités de perception, de mémorisation et de projection, entre deux ou plusieurs processus. Ce sont donc ces relations temporelles qui permettent de repérer des événements dans le temps ou d’en mesurer la durée, et qui permettent aux hommes de s’organiser entre eux et de donner une lecture intelligible et cohérente du monde, malgré le flot incessant du devenir4.

Cependant, pour rendre opérante socialement cette aptitude mentale, l’Homme est obligé de rationaliser le concept de temps à l’aide de continuums normalisés irréversibles qui serviront de cadres de référence s’il s’agit de dater des événements, ou d’étalons s’il s’agit de mesurer leur durée. De telles divisions institutionnalisées du temps constituent ce que Elias appelle des systèmes calendaires-chronométriques. Nous aurons l’occasion de revenir plus longuement sur le système calendaire-chronométrique wolof dont les termes

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En effet, dans Critique de la raison pure (1781), Kant analyse les concepts d’espace et de temps comme des formes a priori de la sensibilité.

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Ainsi que, dans une certaine mesure, l’approche calculatoire et cognitive de la temporalité de Gosselin, si l’on l’inscrit dans le cadre plus général de la théorie des scènes verbales. Voir plus haut en 3. 2. B.

3

N. Elias, 1999, pp. 57-58.

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On verra plus loin que la manière dont Elias envisage le temps – comme une relation mentale d’ordre synthétique – rejoint sans contradiction la conception de Piaget du temps qu’il nomme temps opératoire ainsi que celle de Culioli qui rend compte de l’expression du temps comme la trace d’une opération de

qui le composent fonctionnent généralement au sein de la langue comme circonstanciels de temps pour localiser des occurrences de procès1.

Pour ce faire, et à l’origine même de cette rationalisation, Elias explique que l’Homme a dû s’appuyer sur les différents processus naturels réguliers préexistants comme les cycles liés aux mouvements de la terre pour définir les différentes divisions de la journée et de l’année ou comme le cycle de la lune pour les mois. Les divisions récurrentes de ces cycles périodiques ont alors pu faire l’objet d’une standardisation à l’échelle de la société que l’on appelle ‘calendrier’. Par la suite, les durées d’un cycle et/ou des unités qui le composent servent d’étalons de mesure à l’évaluation de la durée d’un événement ou de la durée séparant deux événements.

Il est également tout à fait possible qu’un continuum de référence soit artificiel, c’est à dire sans référence directe à un processus naturel cyclique, comme c’est le cas pour les heures ou les semaines, même si de tels systèmes impliquent, de façon sous-jacente, un cycle naturel d’où ils sont dérivés.

Mais Elias va plus loin dans ses considérations sur les systèmes calendaires- chronométriques puisqu’il leur prête quelques implications cognitives dans la manière dont l’homme envisage le temps. Il explique en effet que le degré de rationalisation de ce super- concept par un groupe social donné – en fait quand le temps est enfin envisagé pour ce qu’il est, c’est à dire comme une abstraction – dépend du caractère artificiel (par opposition aux systèmes calendaires-chronométriques reposant sur des cycles naturels et concrets) des cycles qui servent de cadres de référence ou d’étalons. Car plus un système calendaire-chronométrique est artificiel et arbitraire, plus un groupe social arrive à concevoir le temps comme une abstraction. Autrement dit, notre conception du temps est directement calquée sur nos systèmes calendaires-chronométriques.

Mais attention, le fait qu’une société donnée fasse usage d’un calendrier concret établi à partir de cycles naturels ne signifie pas pour autant que cette société n’a pas de conscience du temps. Elle a conscience des différentes relations temporelles mais ne les place pas systématiquement sous une même étiquette globale de « temps ». Ce qui explique pourquoi, dans bien des ethnies de l’Afrique, comme c’est le cas en wolof, le terme « temps » n’existe pas alors que l’on trouve des termes comme “demain”, “futur” ou “longtemps”… ainsi que des rites sociaux initiatiques qui témoignent de la temporalité de l’existence humaine.

De ces considérations, deux faits s’imposent. D’abord, il convient de différencier ce qui tient du propre de l’Homme – son aptitude mentale à établir des relations temporelles – de ce qui relève plus de la production du groupe : les systèmes calendaires-chronométriques, construits sur la base de l’expérience, selon les nécessités du groupe. Certes, l’aptitude de l’homme à établir des relations synthétiques de nature temporelle demande certaines prédispositions physiologiques et donc génétiques, innées. Seulement, une telle conceptualisation ne peut émerger que dans un cadre sociétal et en dépendance avec un

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Nous proposons une présentation du système calendaire-chronométrique wolof, qui fera d’ailleurs l’objet d’une étude plus approfondie, dans la première partie du deuxième chapitre (consacré aux circonstanciels de temps) mais surtout dans l’annexe 1.

cadre naturel1. Ainsi, on peut supposer qu’en l’absence de tels cycles naturels, la capacité à utiliser cette synthèse mentale « temporelle » n’aurait jamais émergé complètement. De la même manière, sans le langage il n’y aurait pas de temps (ou pas de futur ni de passé2). En effet, le langage va au-delà de la perception du présent puisqu’il permet entre autres de représenter ce qui n’est plus, n’est pas ou n’est pas encore3 : le passé, le fictif et le futur ! A ce titre, un parallèle peut être observé entre le temps et le langage qui, lui aussi implique quelques prédispositions mais qui ne peut émerger que par apprentissage et dans un cadre sociétal4.

Nous n’oublions pas que la présence du temps dans la vie de l’homme ne se limite pas à une fonction d’outil servant à s’organiser dans le flot des événements. Comme le signale Edward Hall, on retrouve également le temps comme outil de synchronisation lorsque les hommes agissent et interagissent entre eux au cours de leurs échanges quotidiens. Ce qui suppose quelques règles d’organisation propres à chaque société qui tiennent d’un niveau de culture dit primaire5.

On retrouve aussi le temps lors de toute action physique effectuée par l’Homme qui implique nécessairement une certaine forme de coordination. Il faudrait également évoquer les rythmes circadiens, véritable horloge biologique qui règle notre comportement en relation avec le milieu naturel. Seulement, dans tous ces cas, même s’il s’agit là encore de gestion de relations synthétiques temporelles entre deux événements, même si de tels actes sont à l’origine de l’émergence de la notion de temps chez l’homme, il s’agit d’un temps plus inconscient.

Enfin, le temps peut être envisagé selon un autre point de vue que celui de la logique de relations synthétiques puisqu’il est possible d’avoir une opinion, une interprétation philosophique, métaphysique ou religieuse de la manière dont les événements s’agencent dans le temps. D’où des conceptions d’un temps dit cyclique ou linéaire, physique ou sacré…

Pour ce qui est de notre étude, nous nous sommes consacrés au temps conscient et émergé dit opératoire, celui-là même qui permet de donner une représentation structurée et cohérente d’événements. Ce temps qui sert à situer des événements entre eux et à leur donner une durée, nous l’envisageons donc comme un ensemble de relations mentales que nous allons bientôt définir. Pour cela, nous avons souhaité nous intéresser à la genèse et l’émergence de cette notion chez l’homme.

1

On remarquera par ailleurs que notre corps est déjà en relation avec le cycle naturel de l’alternance jour / nuit puisque les rythmes circadiens se mettent en phase avec ce cycle.

2

M. Tomasello (2004 : 14) partage également ce point de vue.

3

Voir plus loin sur l’intelligence représentative de Piaget.

4

M. Tomasello, 2004, pp. 91-92.

5

C'est-à-dire, selon Hall (1984 : 264), un niveau qui définit des règles sociales qui sont respectées par tous les membres d’une communauté mais qui ne sont pratiquement jamais définies explicitement et qui sont généralement non conscientes.

B. Epistémologie génétique du temps selon Piaget

Selon Piaget qui s’est abondamment concentré sur la genèse de la notion de temps chez l’enfant, le temps opératoire, celui qui permet à l’homme de penser, de représenter ou de résoudre des problèmes, est le produit de deux intelligences : l’intelligence sensori- motrice (figurative) et l’intelligence représentative (symbolique).

L’intelligence sensori-motrice est l’activité ordonnatrice et auto-organisée grâce à laquelle le sujet structure ses actions et les milieux avec lesquels il interagit, de manière à atteindre les buts qu’il se fixe. Cette intelligence se construit quelques mois après la naissance jusqu’à dix-huit mois. Quant à l’intelligence représentative, elle concerne l’utilisation de la capacité sémiotique de l’homme (signe et symbole) pour organiser, transformer ou expliquer les réalités qui dépassent (dans le temps, l’espace et/ou le degré de difficulté de raisonnement) celles envisagées par l’intelligence sensori-motrice.

L’intelligence sensori-motrice contribue à l’émergence du temps sensori-moteur qui est assimilable à une forme élémentaire de conscience du temps ou forme a priori de la sensibilité. Ce temps sensori-moteur, nécessaire dans des actions supposant une coordination gestuelle, implique des schèmes élémentaires tels que la succession et la simultanéité ainsi que l’estimation de la durée. Et ce sont ces schèmes premiers qui vont permettre le début du développement du temps représenté dit opératoire1. Il s’agit donc d’un processus relatif à l’élaboration d’un temps on ne peut plus objectif, ancré dans l’action physique.

Contrairement à ce temps intuitif empirique qui se limite à des relations de succession, de simultanéité et de durée telles qu’elles apparaissent dans l’action et la perception immédiate, le temps opératoire consiste en l’appréhension émergée de ces schèmes temporels comme des opérations logiques impliquant ou non le sujet psychologique (temps physique et temps psychologique).

Ainsi, selon Piaget, le résultat de cette suite de processus de constitution du temps aboutit à la création de cette représentation du temps comme une ligne abstraite et orientée : un espace vectoriel en somme2.

Nous voudrions aussi attirer l’attention du lecteur sur un certain processus de traitement particulier d’événements passés qui passe par le langage et dont fait mention Piaget dans son travail sur la temporalité. Il s’agit d’une forme de ressouvenir3 d’événements passés qui entraîne la réactivation de la perception relative à cet instant passé et que l’Homme cherche à faire revivre au moment présent par le biais du langage, ce qu’il nomme l’évocation. Nous verrons plus loin que ce processus psychologique semble correspondre à des temps comme l’imparfait ou le plus-que-parfait en français ou encore en wolof à la marque du passé /-oon/ qui, selon le point de vue d’Antoine Culioli, correspondent à une translation des valeurs relatives à l’étape du déroulement d’un événement dans le temps (valeurs aspectuelles donc) par rapport au moment présent en un point du passé4.

1

J. Piaget, 1998.

2

Telle sera la manière dont nous pensons que l’homme pense le temps afin d’en faire usage et par la même de le représenter. Voir dans la conclusion, en 3. 2. B.

3

D’après P. Vermersch (2004, p. 3) citant Husserl.

4

On voit bien maintenant ce qu’il y a de commun entre la manière dont Elias envisage le temps – comme une relation mentale d’ordre synthétique entre plusieurs événements – rejoint sans contradiction la conception de Piaget du temps qu’il nomme temps opératoire (basé sur des opérations logiques) ainsi que celle de Culioli qui rend compte de l’expression du temps comme la trace d’une opération de repérage entre des représentations notionnelles1.

C. Les schèmes de temps fondamentaux

A partir de l’ensemble des études que nous avons pu aborder, nous pensons pouvoir définir le temps à l’aide d’un nombre fini de schèmes fondamentaux qui peuvent être ramenés à deux triades conceptuelles. Ces deux triades concernent plus exactement la manière d’envisager un processus dans le temps : on envisage ce processus soit dans son déroulement, selon un point de vue interne à l’événement2, soit en le repérant par rapport à un quelconque point selon des relations d’ordre chronologique.

Les relations relatives au déroulement du processus concernent l’une des étapes successives de la réalisation d’une occurrence d’événement : l’avant, le pendant et l’après. Quant aux relations chronologiques, elles rendent compte de relations temporelles telles que la succession (avant/après, antérieur/postérieur) entre deux événements lorsqu’ils ont lieu à des instants différents, et la concomitance lorsque ces deux événements ont lieu simultanément.

Ajoutons à cela les relations de durée : durée du déroulement, durée entre deux processus (pour des évaluations tant objectives3 que subjectives).

S’ensuit l’intrusion de l’homme dans le temps qui se manifeste par une fixation de l’instant vécu qui devient une position de visée, organisatrice de deux vecteurs opposés, ce qui conduit à trois zones : le présent, le passé et le futur4. Et c’est cette trichotomie présent / passé / futur qui est la relation la plus indispensable permettant à l’homme de s’orienter et de se représenter l’organisation des événements dans le temps. Mais pour mieux comprendre ce phénomène universel, prenons les observations de Benjamin Lee Whorf sur la genèse des époques passées et futures par rapport au présent :

« Il convient d’observer que dans la conscience, il y a ce qui provient des

sens et ce qui ne relève pas des perceptions extérieures. On peut appeler le donné des sens ce que nous voyons, nous touchons... ce qui définit le présent, tandis que ce qui n’est pas perçu par les sens comprend le monde des images, occupant le vaste champ de la mémoire et désigné sous le nom de passé, et un autre domaine : celui de l’intuition, de la croyance et de l’indéterminé, appelé futur.... Cependant, la sensation, la mémoire et la prévision coexistent dans la conscience et donc en chacun de nous » (B. L. Whorf, 1956 : 89).

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Voir plus loin en 4. 2.

2

Ce qui correspondra, plus loin, en linguistique, aux valeurs dites « aspectuelles ».

3

Ou plus précisément rationalisées, voire scientifiques.

4

Et Erwin Koschmieder poursuit, dans son ouvrage sur « les rapports de temps

fondamentaux et leur expression linguistique », à propos du moment présent :

« Notre moi se trouve en permanence sur ce point du même mouvement

perpétuel et uniforme sur la ligne du temps. Car la conscience de soi habite un présent perpétuel. Elle divise le temps en passé et futur : en fonction de chacune des positions qu’elle occupe successivement sur la ligne du temps... La conscience qui définit le présent est cependant à chaque instant une autre. Elle doit sa continuité au fait que le moi se pose à chaque instant comme ce qui vient d’être et ce qui est sur le point d’être ». (E. Koschmieder, 1984 : 13).

Il n’y a rien d’étonnant à ce que ces deux réflexions sur l’importance du moment présent viennent de deux linguistes puisque c’est dans le langage que se manifeste la nécessité de partir de la situation présente pour repérer tous les autres événements, que ce

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