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LES DIFFÉRENTS CADRES THÉORIQUES

Dans le document Des représentations du temps en wolof (Page 37-58)

Tout au long de notre étude des représentations du temps en wolof, nous nous sommes permis de faire appel à trois modèles théoriques linguistiques différents qui sont la Théorie des Opérations Prédicatives et Énonciatives d’Antoine Culioli, le modèle dit calculatoire et cognitif de la temporalité de Laurent Gosselin ainsi que, dans une moindre mesure, la Grammaire Cognitive américaine dans la mouvance de linguistes comme Ronald Langacker ou Georges Lakoff.

Il se trouve que ces trois modèles théoriques relèvent de trois niveaux d’observation, trois points de vue possibles d’une étude du temps et de son expression linguistique : un point de vue phénoménologique, un point de vue géométrique ou spatial et un point de vue cognitif. On notera que ces trois angles de recherche sont en fait liés les uns aux autres puisque le paradigme phénoménologique, tel qu’il a été conceptualisé par Edmund Husserl, qui invite à envisager l’étude de la conscience par une analyse des faits immédiats, traite du temps en termes de passage d’un vécu psychique et sensible de la temporalité à un vécu cognitif1. Ensuite, l’espace (relevant du concret) est avant tout pour le temps (abstrait) la première source de représentation et de schématisation (tant à un niveau cognitif que métacognitif). D’ailleurs, on verra plus loin que ce recours massif à l’espace qui permet de re-conceptualiser2 le temps pour faire mieux comprendre ses diverses significations pose le problème suivant : est-ce que la représentation spatiale est un outil métacognitif servant à représenter des opérations mentales caractérisées par un niveau d’abstraction élevé (de l’ordre de la logique synthétique) ou est-ce que ce recours à l’espace est une caractéristique cognitive spécifique au temps et/ou aux processus de conceptualisation plus généralement. Enfin, ces trois théories ont cela de cognitif qu’elles postulent que les processus linguistiques sont des phénomènes relevant de la cognition humaine.

Ces trois paradigmes – phénoménologique, spatial et cognitif – ont donc servi à la genèse des trois modèles linguistiques utilisés : en effet, la Théorie des Opérations Prédicatives et Énonciatives (abrégée en T.O.P.E.) par exemple, est issue du courant de la linguistique énonciative pour qui l’acte d’énonciation est prépondérant puisqu’il sert de centre organisateur à partir duquel sera repéré l’énoncé. Le modèle de Gosselin emprunte une démarche à la fois géométrique (topologique plus exactement) et cognitive visant à traduire les différents schèmes temporels à l’aide de formes symboliques (mais sans pour autant poser de corrélations entre les représentations métalinguistiques relatives à la temporalité et des représentations mentales imagées). Quant à la grammaire cognitive américaine, elle se borne à une approche des phénomènes linguistiques plus strictement cognitive parce que plus directement centrée sur l’expérience individuelle, expérience qui sert à conceptualiser des notions plus abstraites. Mais la Grammaire Cognitive partage avec la T.O.P.E. le fait d’envisager la mise en correspondance de concepts différents (dans

1

D’après la conférence donnée par Henri Portine (2001), intitulée "Sur quel mode penser le temps dans sa représentation linguistique ? Phénoménisme, géométrie et cognition", durant un séminaire DEA de linguistique sur la temporalité en linguistique (cette conférence est d’ailleurs disponible sur le site internet de l’université Paris 7 à l’adresse suivante : http://www.artemis.jussieu.fr/enslyon/enslyon2001)

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le cas de la polysémie par exemple) à partir d’abstractions schématiques de représentations mentales. Enfin et surtout, ces différentes théories linguistiques ont cela de commun d’avoir établi une méthodologie basée sur une relation entre représentations spatiales ou spatialisées d’un côté (comme outil métalinguistique) et processus linguistiques d’un autre coté afin de modéliser le fonctionnement de l’appareil cognitif lors de la production linguistique1 .

3. 1. LA T.O.P.E. D’ANTOINE CULIOLI

La Théorie des Opérations Prédicatives et Enonciatives d’Antoine Culioli est issue du courant français de la linguistique fonctionnaliste dite linguistique énonciative2. Pour les fondateurs de cette théorie (R. Jakobson ou E. Benveniste pour ne citer qu’eux) l’énonciation est un acte créateur défini par une situation particulière (notée Sit0) impliquant tout à la fois un sujet énonciateur (ego noté S0) situé au lieu et au moment de l’énonciation (hic = ici et nun = maintenant : l’espace-temps du sujet énonciateur, noté T0), produisant un énoncé à un destinataire (appelé encore co-énonciateur, noté S’0). Cet énoncé, qui renvoie à une occurrence d’événement, implique lui aussi une situation particulière notée Sit2 (composée de S2, le sujet syntaxique, et de T2, le lieu et moment de l’événement auquel fait référence l’énoncé).

Pour les énonciativistes, tout énoncé doit présenter des traces de sa détermination par rapport au sujet énonciateur et à l’espace-temps de l’énonciation pour être interprétable. Autrement dit, la situation de l’énoncé Sit2 doit être nécessairement déterminée par rapport à la situation de l’énonciation Sit0. Ceci explique en quoi un certain nombre d’unités linguistiques, appelées embrayeurs3 (comme “je”, “ici”, “maintenant” ou même “demain”…), ne peuvent être comprises qu’à partir de l’acte d’énonciation qui les caractérise, c’est-à-dire dans le contexte situationnel où elles sont produites.

Il est également des énoncés où celui qui parle – le sujet-énonciateur, S0 – rapporte littéralement les paroles de quelqu’un d’autre, le locuteur (noté S1). Dans ce cas de figure, qui concerne le discourt direct (ou discours rapporté directement) et le discours indirect, le sujet-énonciateur S0 ne prend pas en charge l’énoncé puisque celui-ci est en réalité repéré par rapport au locuteur S1, celui à qui revient les choix notionnels, temporels… relatifs à la relation prédicative4. Autrement dit, Sit2 est repérée non pas par rapport à S0 mais par rapport à S1 ; dans les autres cas, S1 est assimilé à S0.

Stéphane Robert5 présente la T.O.P.E. comme une version cognitive de la Théorie de l’Enonciation en ce sens que la T.O.P.E. cherche à modéliser de façon systématique et éco- logique les « opérations énonciatives » qui constituent les traces d’opérations mentales.

1

D’après J. P. Desclés dans G. Tiberghien (Eds.), 2002.

2

La linguistique énonciative, appelée encore Théorie de l’Enonciation puisqu’elle envisage l’acte d’énonciation comme centre organisateur du discours.

3

Appelés également ‘déictiques’.

4

D’après A. Culioli, 1973, pp. 88-90. J. P. Desclés & Z. Guentcheva, 2000, pp. 84-87. M.-L. Groussier & C. Rivière, 1996, p. 115

5

D’ailleurs, pour étayer sa théorisation du processus de repérage, Antoine Culioli s’est inspiré, au contact du mathématicien J. P. Desclés, de la physique et des mathématiques et plus particulièrement de la théorie des catastrophes (en émettant l’hypothèse que des phénomènes complexes peuvent s’expliquer à partir d’opérations plus petites) ainsi qu’en empruntant les outils proposés par la topologie, nous allons y venir.

A. Les trois niveaux de construction d’un énoncé

D’une manière générale, le modèle de Culioli1 se présente comme une théorie de la construction du sens, construction qui peut être envisagée comme une structuration composée de trois niveaux hiérarchisés les uns par rapport aux autres. De telle sorte qu’il convient de distinguer :

- Le niveau notionnel - Le niveau prédicatif - Le niveau énonciatif

Ces trois niveaux renvoient tous à l’un des processus de mise en relation qui participent à la construction du sens que représente un énoncé. Ainsi, le premier niveau de détermination – le niveau notionnel – renvoie à la mise en relation de notions. Les notions entrant en jeu dans la construction d’un énoncé trouvent place dans un schéma à trois places que l’on nomme lexis (π, C0, C1). Au niveau prédicatif, ces trois notions sont ordonnées – on parle d’orientation – en assignant à C0 et à C1 un rôle d’actant2 par rapport à π qui sert de noyau prédicatif permettant de relier ces deux arguments (C0 et C1). La lexis ainsi formée est appelée relation prédicative. Enfin, au niveau énonciatif, la situation particulière relative à la relation prédicative – définie par l’espace-temps de l’énoncé T2 et le sujet syntaxique de cet énoncé S2 – est mise en relation avec le système des paramètres énonciatifs : l’espace-temps de l’énonciation T0 et le sujet énonciateur S0.

□ Les différents niveaux de construction d’un énoncé dans la T.O.P.E.

1

2002, p. 18.

2

En fonction de leurs propriétés primitives. Niveau notionnel

Niveau énonciatif Niveau prédicatif

lexis ↔ (<Marie>, <boire>, <champagne>)

prédication ↔ («champagneX

» («Marie»,«boire», «X»))

énoncé ↔ Du champagne, Marie en a bu ! notions ↔ <champagne>, <Marie>, <boire>

B. Le concept d’opération de repérage

Le concept d’opération de repérage est le concept fondamental de la Théorie des Opérations Prédicatives et Enonciatives puisqu’il transcende l’ensemble des différentes relations entre les entités1 que nous venons de définir (C0, C1, π ainsi que T2, S2, T0 et S0) ; c’est d’ailleurs à partir d’opérations de repérage que l’on va pouvoir prédire le sens qu’une unité linguistique va prendre en contexte et l'influence qu'elle va avoir sur les éléments qui l'accompagnent dans l'énoncé2.

Selon Culioli, la relation d’un terme par rapport à un autre – un repéré et un repère – peut prendre trois valeurs distinctes : une valeur d’identification, une valeur de différenciation ou une valeur de rupture. L’identification (notée =) exprime une opération de repérage où le repéré est considéré comme totalement ou quasiment identique au repère. La différenciation (notée ≠) traduit une négation de l’identification où les deux entités de la relation de repérage sont vues comme distinctes. Enfin la rupture (notée ω) pose que le repéré n’est ni identifiable ni différenciable au repère.

Culioli définit également un autre opérateur dit étoile (noté ∗) qui est un opérateur mixant les trois valeurs décrites à l’instant tel que le repéré est en rupture par rapport au repère et en même temps différent ou identique : on a donc (r * R) ⇔ (r ω R) et ((r = R) ou (r ≠ R)).

Ces différentes valeurs entrent en jeu dans bon nombre de processus linguistiques intervenant dans la construction d’énoncés comme la constitution d’un domaine notionnel3, dans les opérations de détermination relatives aux relations prédicatives et énonciatives telles que les relations prépositionnelles ou encore dans l’expression de valeurs temporelles ou aspectuelles. Mais l’exemple le plus évocateur de ce système de valeur nous est donné avec les pronoms personnels.

Ainsi en wolof comme en français, dans la série des pronoms personnels/IPAM4 suivants, on a en (1) une identification du sujet syntaxique (noté S2) par rapport au sujet énonciateur (noté S0), en (2) une différentiation de S2 par rapport à S0, en (3) une rupture et en (4) un repérage étoile5 :

1. Jàng naa. 2. Jàng nga. 3. Jàng na. 4. Jàng nañu. J’ai lu. Tu as lu. Il a lu. On a lu (S2 = S0) (S2≠ S0) (S2ω S0) (S2∗ S0)

On verra un peu plus loin, lors de la définition du temps linguistique6, comment ces quatre valeurs opératoires permettent la description des relations temporelles et aspectuelles. On se contentera de remarquer pour l’instant que la valeur de présent

1 D’après S. Robert, 2002, p. 18. 2 B. Victorri, 1997, p. 4. 3

Voir plus loin.

4

Les IPAM, que l’on retrouve d’ailleurs en wolof, sont des morphèmes verbaux amalgamant les Indices de Personne, d’Aspect-temps et de Mode. Voir dans le prochain chapitre, en 3.

5

Ajoutons que, pour ces quatre cas, dans le cadre d’un discours direct, on a S0 = S1. 6

correspond à une identification du moment d’un procès par rapport au moment de l’énonciation (T2 = T0), la différenciation renvoie à une valeur de passé ou de futur (T2 ≠ T0). Enfin, la rupture vaut pour les contes, les récits ou le reportage en direct (T2ω T0).

C. Notion et domaine notionnel

Tout mot d’une langue renvoie à une représentation mentale appelée notion. Même si, pour plus de commodité, il est tentant de définir une notion comme la signification d’un mot, le terme de « notion » renvoie plus exactement à l’ensemble des propriétés physico- culturelles qui caractérisent un terme et qui, comme le précise Culioli1, ne peuvent être uniquement du ressort de la linguistique.

Toujours pour éviter tout risque de confusion, on doit également préciser que la notion d’un terme linguistique ne se réduit pas au lexique. En effet, tout terme grammatical renvoie à une notion, même si ce contenu représentationnel est plus épuré et moins riche en contexte que s’il s’agissait d’un terme du lexique.

Comme le rappellent Marie-Line Groussier et Claude Rivière2, une notion ne peut fonctionner comme telle qu’à partir du moment où il y a consensus entre un nombre de locuteurs en vue de la désignation d’un certain nombre d’occurrences d’événement par le mot renvoyant à cette notion (noté I), par rapport aux occurrences qui ne sont pas désignables par ce mot (noté E). Entre les deux, il y a une zone variable (noté F) où l’on ne peut dire si la notion de ce mot est adéquate ou non à la description des occurrences envisagées. Ces trois possibilités constituent le domaine notionnel d’un terme.

Culioli a eu recours à des outils faisant appel à la topologie pour représenter les opérations de structuration d’une notion. Ces outils topologiques définissent des concepts telles que l’intérieur, l’extérieur et la frontière ainsi que la fermeture et l’ouverture qui permettent de caractériser tout domaine notionnel. L’intérieur (I) désigne toutes les occurrences d’événements identifiables à la notion à laquelle renvoie un mot donné, l’extérieur (E) désigne à l’opposé l’ensemble des occurrences qui ne sont pas identifiables à la notion envisagée et la frontière (F) ce qui est entre l’intérieur et l’extérieur. Enfin, on désigne par l’intervalle ouvert un ensemble d’occurrences correspondant soit à un intérieur soit à un extérieur tant que la frontière n’est pas prise en compte. Un intervalle fermé renvoie à un intérieur ou à un extérieur, frontière incluse (on dit aussi ‘bornée’).

Il est nécessaire de définir pour plus tard un quatrième espace – la position décrochée (notée IE) – qui correspond à une situation où l’on est ni dans l’intérieur ni dans l’extérieur. Il s’agit en fait d’une absence de repérage, en rupture par rapport au domaine de validation (I, E et la frontière entre I et E). A partir de ces concepts métalinguistiques (intérieur, extérieur, frontière…), on peut représenter la structuration d’une notion comme le figure le schéma suivant :

1

1999, T.2, pp. 161-162.

2

□ Représentation topologique d’un domaine notionnel

D. Formes schématiques et fonctionnement fractal

• Le concept de forme schématique

« Pour décrire le comportement d'une unité linguistique de manière

opérationnelle […], on est donc amené à déterminer les règles qui régissent son interaction avec le reste de l'énoncé, et ceci dans les deux sens. Une des méthodes pour réaliser ce travail consiste à associer à chaque unité ce que l'on peut appeler une forme schématique qui précise pour chaque unité les éléments de sens qu'elle "convoque" dans son contexte et les éléments qu'elle "évoque" elle-même, étant entendu que ce travail de convocation-évocation doit être conçu comme une série d'interactions impliquant toutes les unités présentes... » (Victorri, 1997 : 4)

Une forme schématique est une entité minimale qui renvoie à une représentation mentale obtenue par abstraction1, c'est-à-dire qu’elle correspond à un processus cognitif qui consiste à isoler une propriété, qualité ou élément d’une représentation conceptuelle.

De tels outils – domaine notionnel et forme schématique – permettent de rendre compte du fonctionnement d’un certain nombre de marqueurs. On peut, à titre d’exemple2, expliquer la signification de prépositions du français et locutions prépositionnelles wolof telles que “sur” : ci kow : et “dans” : ci biir. Ainsi, à partir des outils topologique, il est possible de gloser les relations < X dans Y > et < X ci biir Y > en affirmant que les termes

ci biir et dans évoquent une relation de repérage de X par l’intérieur du fermé que

constitue Y ; et que, dans les relations < X ci kow Y > et < Y >, ci kow et sur évoquent une relation de repérage par la frontière du fermé Y.

1

D’après la définition de G. Sabah, dans G. Tiberghien, 2002, p. 14.

2 D’après B. Victorri, 1999, p. 98. Intérieur Extérieur frontière IE décroché

• La forme schématique dans la grammaire fractale de S. Robert Dans le cadre de sa grammaire fractale, Stéphane Robert1 explique que c’est cette même forme schématique que l’on peut désigner comme l’invariance commune aux différents emplois de morphèmes au comportement transcatégoriel et polysémique – elle parle alors de morphèmes fractals – et cela, malgré leurs variations sémantiques et syntaxiques ; ces différentes variations étant fonction des diverses échelles syntaxiques auxquelles fonctionnent ces termes fractals. Stéphane Robert envisage donc les formes schématiques comme des matrices, c'est-à-dire comme des formes génératrices d’autres formes.

Ainsi, en wolof, le terme ginnaaw2 est un terme fractal capable de fonctionner comme un nom pour désigner (i) le “dos” d’un corps humain et plus généralement (ii) la “partie arrière” d’un objet. Mais il peut également fonctionner (iii) comme préposition temporelle

ginnaaw : “après” ou (iv) comme conjonction à valeur causale, de la même manière que le

marqueur “puisque” en français (ginnaaw A, B : “puisque A, B”) : (i) ginnaaw : “dos”

Ci sama ginnaaw am na ay picc

Prép. mon dos avoir 3sg+parfait des bouton Sur mon dos, il y a des boutons

(ii) ginnaaw : “arrière”

Waaw, waaw, dugg-leen. Am na benn palass ci ginnaaw

Oui, oui, entrer-2pl+impératif. Avoir 3sg+parfait une place prép. derrière Oui, oui, entrez. Il y a une place à l’arrière (à propos d’un taxi « sept places »). (iii) ginnaaw : “après”

Gannaaw loolu, looy wax ?

Derrière ça, que+2sg+narratif-inaccompli dire Après ça, tu dis quoi ?

(iv) ginnaaw : “puisque”

Gannaaw yaa ko taqal, yaa koy raxas

Derrière 2sg+emphS le salir, 2sg+emphS le-inaccompli laver Puisque c'est toi qui l'as sali, c'est toi qui vas le laver

Dans tous les cas, ce terme ginnaaw implique une forme schématique issue de l’abstraction d’une opération de localisation d’un espace (le repéré) défini par rapport à un

1

2003c, p. 87. Voir aussi l’étude des quelques termes fractals, les points 5, 6 et 7 dans le chapitre 4.

2

S. Robert, 1997a.

Extérieur Extérieur

□ ci biir : “dans” □ ci kow : “sur”

Domaine notionnel de Y

autre (le repère) – selon une relation d’orientation – comme étant situé « derrière » de celui-ci :

□ Forme schématique de ginnaaw1

Fonctionnant comme un nom, le repère à partir duquel s'applique ginnaaw réfère à un corps humain référencé à l’aide d’un génitif tel qu’un complément du nom (ginnaaw

Maudo gi : “le dos de Maoudo”) ou un déterminant possessif (sa ginnaaw : “ton dos”) ;

fonctionnant comme une conjonction à valeur causale, le repère renvoie à la proposition subordonnée qui définie par rapport à elle, un espace « conséquence » permettant de localiser la proposition principale. Dans ce dernier cas, la forme schématique s’applique aux espaces syntaxiques auxquels renvoient les énoncés cause et conséquence.

Si l’on compare les différents statuts épistémologiques attribués aux formes schématiques, force nous est de constater que la manière dont Robert envisage cette abstraction n’est pas tout à fait identique à celle de Victorri. Car l’idée que se fait Stéphane Robert de la forme schématique suppose quelques perspectives gestaltistes, en ce sens que cette entité abstraite, pour être utilisée comme telle, doit comporter des propriétés caractéristiques des processus cognitifs de perception. Et, selon la Théorie de la Gestalt, les relations qui définissent un couple partie/tout (repéré et repère) pour être abstraites en forme schématique doivent comporter des propriétés et des règles qui impliquent déjà en soi une certaine aptitude à la schématisation.

De ce fait, nous ajoutons que, selon nous2, les formes schématiques présentent un caractère ontologique3, en ce sens que de telles formes sont issues d’un traitement de l’appareil cognitif ayant à voir avec la perception. Alors que, comme nous avons pu le constater précédemment, un linguiste tel que Bernard Victorri envisage les formes schématiques comme des opérations synthétiques obéissant à des règles logico- mathématiques, à la manière de ce que Piaget nomme la logique mathématique ou symbolique4, relevant de l’a priori.

1

La flèche représente la relation « est repérée par ».

2

Stéphane Robert ne partageant pas ce point de vue (communication personnelle).

3

Au sens de l’acception ‘moderne’ qu’ont donnée Georges Lakoff & Mark Johnson (1985) à ce terme. En effet, selon Lakoff (1987 : 267-271), puisque dotées de propriétés gestaltistes, les formes schématiques imagées sont le lien issu de la médiation entre perception et conceptualisation.

4

Voir plus loin (en 2. 3. A.) la critique faite des différents modèles utilisés ainsi qu’en 3. 1. B., sur l’épistémologie du temps selon Piaget.

REPERE ginnaaw

3. 2. L’APPROCHE GÉOMÉTRIQUE ET COGNITIVE DU TEMPS

En s’inscrivant dans les perspectives ouvertes par le philosophe et logicien Hans Reichenbach1, le modèle linguistique élaboré par Laurent Gosselin2 concerne exclusivement l’expression linguistique du temps en en proposant une modélisation à partir de représentations géométriques symbolisant les différentes relations aspectuelles et/ou temporelles.

Dans sa théorie de la temporalité linguistique, Reichenbach propose de distinguer point

of speech (S), point of event (E) et point of reference3 (R). Mais ce modèle s’est vite heurté à la diversité des relations relatives au temps linguistique à comparer aux relations primitives qui définissent la notion de temps4. En fait, l’utilisation de points n’était pas

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