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3-1 Dispositif et méthode d’analyse

Un système de culture est mis en œuvre dans une parcelle. Le but étant de caractériser les divers systèmes de cultures existants, j’ai choisi un échantillon de parcelles rizicoles qui permette d’observer une large gamme de variabilité de situations. Compte-tenu de moyens d’observation et de mesure limités, quelques agriculteurs cultivant chacun plusieurs parcelles de riz dans différents types d'aménagement ont été retenus (Tableau 2). Par choix, nos observations se limitaient à des situations pour lesquelles l'agriculture irriguée constituait une activité majeure25.

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L’échantillon ne permet pas de caractériser les systèmes de riziculture pratiqués par les agro-pasteurs peuls par exemple.

Figure 14 : Schéma d’élaboration du rendement du riz irrigué d’après Durr (1984) et Dingkuhn (1995).

Nb Epis Nb Fleurs

Stérilité apparente

Nb Grains Poids 1 Grain

Conditions de remplissage (adéquation puits/sources) Variété Stress thermique tallage initiation

paniculaire montaison épiaison floraison maturation maturité

semis DEVELOPPEMENT Nb Talles Conditions d'implantation (autre modèle) Photosyntèse après floraison biomasse aérienne poids de paille Croissance semis-montaison Croissance montaison-épiaison Translocation FERTILISATION nutrition minérale compétition inter-spécifique verse état sanitaire (borers, sauterelles) alimentation hydrique TRAVAIL DU SOL DESHERBAGE IRRIGATION TRAITEMENTS

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Malgré le nombre très restreint d’agriculteurs choisis, le nombre d’observations à réaliser peut devenir très important. En effet, les relevés de base (pratiques culturales et états de la parcelle) ont été réalisées dans toutes les parcelles rizicoles cultivées par chaque agriculteur ; elles ont été complétées par des mesures de croissance et de composante du rendement du riz dans plusieurs « placettes » (2 à 4) installées dans chaque parcelle. Comprendre la logique à l’échelle de l’exploitation nécessite de connaître aussi les travaux effectués dans les autres parcelles, notamment maraîchères. Comprendre la logique à l’échelle de l’aménagement exige de connaître les activités à cette échelle et les décisions prises par les OP.

Ce suivi a eu lieu pendant deux années consécutives, 1994 et 1995, et durant les deux saisons de culture, saison chaude et hivernage. Les caractéristiques des différentes situations étudiées sont rassemblées dans le tableau 2. Le choix de six agriculteurs en 1994 nous a permis de suivre un assez grand nombre de situations en saison chaude 1994. Mais vu les résultats obtenus, seul un agriculteur a choisi de cultiver en saison chaude 1995. Ceci confirme l’observation faite à l’échelle de l’ensemble de la vallée (Cf. I-2-2) : après les « mauvais » résultats de 1994, les agriculteurs ont été moins nombreux à réitérer la riziculture de saison chaude. Pour compléter les observations, j’ai choisi d’ajouter deux agriculteurs dans le dispositif. Mais trois de ces parcelles ont été abandonnées suite à l’arrêt de l’irrigation dû à une panne du groupe moto-pompe… La mise en place d’un dispositif d’observations et de mesures en « milieu réel » introduit non seulement de nombreuses sources de variabilité, mais se heurte aussi très souvent à ce genre de difficultés.

Les placettes installées dans chaque parcelle permettent d’observer précisément le développement et l’état de la culture (notamment le développement des mauvaises herbes), et de mesurer la densité et la croissance de la culture. Ces mesures (4 répétitions par placette) ont été réalisées à deux dates clés : le début de la montaison, ou « initiation paniculaire » qui marque la fin de la période végétative et l’entrée en phase reproductrice, et la maturité. Ces observations et ces mesures s’appuient sur un « schéma d’élaboration du rendement du riz » (Figure 14). Ce schéma indique les relations entre la croissance de la culture et l’état du milieu qui évolue en fonction du climat et des pratiques culturales. Il propose une décomposition du rendement en « composantes » qui reflètent la croissance du riz à différentes phases. Ici, on mesure la densité de la culture par le nombre de plantes, de talles, d’épis par unité de surface, et la croissance de la culture par la biomasse aérienne et les composantes de rendements (poids moyen d’un grain, nombre de grains et d’épillets). Le modèle RIDEV a été utilisé pour évaluer sur chaque parcelle la stérilité éventuellement due au climat pendant le cycle, ainsi que les décalages entre les calendriers observés, notamment désherbages et apports d’engrais, et les périodes optimales de réalisation des opérations culturales.

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Le schéma d’élaboration du rendement du riz a ensuite été utilisé pour estimer les effets de ces décalages.

Pour analyser les résultats de nos mesures et de nos observations, on doit mettre en œuvre des méthodes statistiques qui permettent de distinguer les divers effets biophysiques (année, saison, sol, variété…) sur la croissance du riz, et ceux engendrés par les pratiques des agriculteurs. Ces méthodes sont décrites en détail dans [R-07] en annexe. Le principe consiste à retirer les effets des facteurs (variété, année, saison) pour concentrer l’analyse sur les « résidus », les écarts à la moyenne pour le facteur que l’on veut retirer.

Les caractéristiques physico-chimiques du sol (pH, salinité, capacité d’échange cationique, teneurs en éléments…) peuvent influer, via des phénomènes de carence ou de toxicité, sur la croissance de la culture. Des analyses ont été pratiquées dans toutes les parcelles suivies. Les teneurs en éléments minéraux, les pH et les conductivités électriques mesurées se trouvaient à l’intérieur des gammes non critiques pour la culture du riz. De même, aucun signe de carence en oligoélément n’a été observé dans les parcelles, et les gammes de pH et de conductivité électrique mesurées ne constituaient pas de contrainte particulière à la croissance du riz (en supposant une irrigation régulière de la culture). J’ai donc fait l’hypothèse que l’état initial du sol ne constituait pas de contrainte majeure.

Le climat de l’année – le rayonnement et les températures quotidiennes - détermine le rendement potentiel du riz. De même, la saison de culture, du fait de conditions climatiques assez différentes en saison chaude et en hivernage au début et à la fin du cycle de développement du riz, explique que les résultats varient : la culture de saison chaude se heurte notamment à des conditions défavorables au démarrage de la culture. Enfin, la variété de riz utilisée influe sur les paramètres de croissance de la culture (capacité de tallage, hauteur de paille, nombre d’épillets par panicule et poids moyen d’un grain). J’ai donc évalué successivement l’effet de chacun de ces trois facteurs sur les moyennes (et éventuellement des variances) des variables mesurées, puis j’ai « retiré » leur effet sur les valeurs moyennes, voire les variances, et j’ai poursuivi l’analyse sur les résidus (Cf. [R-07] en annexe).