La conductivité thermique, le coefficient Seebeck et la résistivité électrique ont été
mesurés simultanément entre 5 et 300 K en utilisant un cryostat PPMS (Physical Property
Measurement System). Il s'agit d'un équipement commercial de la société Quantum Design,
équipé de l’option de transport thermique (TTO) fonctionnant sous vide secondaire et assurant
un environnement adapté pour les mesures des propriétés de transport à basse température.
Le module de transport thermique mesure la conductivité thermique en contrôlant la
chute de température le long de l'échantillon lorsqu’une quantité connue de chaleur passe à
travers celui-ci. L'effet Seebeck est quantifié en mesurant la chute de tension électrique qui
accompagne la chute de température au sein de l’échantillon. Le système TTO peut effectuer
ces deux mesures simultanément en mesurant la température et la chute de tension aux bornes
de l’échantillon lorsque des impulsions de chaleur sont appliquées à une de ses extrémités. Le
système peut également mesurer la résistivité électrique ρ par une méthode à 4 contacts.
Le porte-échantillon (Figure IV-4a) est bien adapté pour mesurer des échantillons
massifs ayant de bonnes propriétés mécaniques. En effet, toutes les connexions entre le
barreau et les composants (puits de chaleur, four, capteurs de tension et de température) du
porte-échantillon sont réalisées à l’aide de vis (Figure IV-4b). Les barreaux (longueur L ~ 7
mm et section transversale s ~ 2,5 × 2,5 mm2) ont été découpés à l'aide d'une scie à fil
diamantée à partir du cylindre obtenu après densification par SPS.
Figure IV-1 : Photos (a) du porte-échantillon TTO et (b) d’un zoom sur l’assemblage. Une
plaquette de cuivre est enserrée dans l’étau du puits thermique à l’aide d’une vis pour fixer le
barreau sur le porte-échantillon. Les différents composants (four, capteurs de température et
de potentiel) sont vissés aux contacts en cuivre. Le pulse de chaleur est délivré par un petit
four résistif. Le courant I traverse l’échantillon à partir du four (I+) jusqu’au puits thermique
(I-). Les tensions résultantes (V+, V-) ainsi que les différences de température (Tc, Tf) sont
prises au niveau des deux contacts en cuivre.
Quatre contacts sur l'échantillon (deux sur les extrémités et deux le long du barreau) sont
nécessaires pour les mesures électriques et thermiques. Afin d’assurer une bonne connexion
avec les assemblages vissés intégrés dans le porte-échantillon, des contacts en cuivre ont été
utilisés. Ces éléments, qui sont initialement sous la forme de fils de diamètre 0,5 mm ou de
plaques d’épaisseur 0,4 mm, doivent être mis en forme (étapes de laminage, de découpage et
de pliage) pour être adaptés à la mesure de chaque échantillon afin de garantir des conditions
de mesure idéales. De plus, pour assurer de bons contacts électriques et thermiques entre
l'échantillon et les éléments en cuivre, une résine chargée à l’argent (Epo-Tech H20E) a été
utilisée. Le montage de l'échantillon sur le porte échantillon commence d'abord par sa
connexion au puits thermique (Figure IV-4b), effectuée en plaçant une plaquette de cuivre
située à l'extrémité de l'échantillon dans un petit étau serré par une vis. Le four résistif et les
deux capteurs de température (Cernox) sont alors connectés. Ces trois éléments sont collés sur
une petite pièce de cuivre revêtue d'or ayant une cavité (diamètre ~ 1 mm) à son extrémité où
le fil de cuivre sera placé. Le contact est assuré au moyen d'une petite vis qui bloque le fil.
Cette procédure doit être effectuée avec délicatesse tout en assurant un serrage suffisant. Les
thermomètres Cernox 1050, préalablement étalonnés, sont ensuite intégrés. Le four de type
résistif (~ 2 KΩ à température ambiante) est également calibré. Outre les fils qui assurent le
contrôle du four et des thermomètres, des fils supplémentaires sont inclus pour l'alimentation
électrique et les prises de courant. Ils possèdent un petit diamètre (~ 0,08 mm) et sont
constitués d'alliages composites (manganin ou alliage de cuivre pour l'alimentation en
courant) afin de réduire les pertes par conduction thermique le long des fils. Deux écrans de
radiation en cuivre doré sont également installés. Le premier écran, sous forme d'une plaque,
protège l'échantillon de l'influence des connecteurs électriques et le second, sous forme
cylindrique, est vissé sur le porte-échantillon et le protège de l'environnement extérieur.
Deux modes, stationnaire ou continu, sont disponibles pour la mesure de la conductivité
thermique et du coefficient Seebeck sous vide secondaire (<10-5 mbar). Dans le premier
mode, une fois le four alimenté, les mesures de ΔT et ΔV sont effectuées à température
constante après que les conditions d'état stationnaire ont été atteintes. Les valeurs de λ et S
sont alors déduites des équations IV-2 et IV-3. Le mode continu est beaucoup plus
sophistiqué. Dans ce cas, le four fournit une puissance électrique pendant un court laps de
temps seulement (le courant se présente sous la forme illustré Figure IV-14, la période du
signal variant de 30 à 1200 s). Pendant la mesure, la température n'est pas constante mais suit
une rampe préréglée par l'opérateur. Par conséquent, l'état stationnaire n'est jamais atteint. Il
sera simulé, comme le montre la Figure IV-5, par l'évolution durant une période (la période
comprend les phases de chauffage et de refroidissement) de la différence de température ΔT(t)
et de la tension ΔV(t) prise aux contacts internes de l'échantillon. Le modèle thermique utilisé
pour décrire le transfert de chaleur fait intervenir deux constantes de temps (modèle connu
sous le nom de "modèle 2τ"). Il est basé sur la modélisation développée à l'origine par
Maldonado [1] décrivant les réponses thermiques et thermoélectriques d'un échantillon
soumis à une impulsion de chaleur de basse fréquence et de l'expérience de Quantum Design
pour l'extraction de la chaleur spécifique (méthode de relaxation).
Figure IV-2 : Exemple d’extrapolation de ΔT(t) (ou ΔV(t)) pour modéliser l’état stationnaire
et continu.
Nous avons choisi d'effectuer toutes nos mesures en mode continu. Ce mode permet une
acquisition des données plus rapide que dans le mode stationnaire. De plus, ce mode est
fortement recommandé par les développeurs du module TTO. En outre, un algorithme
sophistiqué permet de contrôler les différents paramètres de mesure et d’ajuster au mieux la
période et la puissance du four, ce qui n'est pas possible en mode stationnaire. Les pertes par
radiation (observables pour T > 150 K lorsque l’échantillon possède une faible conductance
thermique) sont également estimées mais il s'avère, si l'on se réfère aux données collectées à
haute température, qu'elles sont toujours sous-estimées (d’environ 3 à 10% selon les
échantillons). Plus la conductance de l'échantillon est faible, plus l'écart est élevé. Puisque nos
échantillons présentent généralement une très faible conductivité thermique (environ 0,6 W
m-1 K-1 à 300 K), il n'est pas possible d'éliminer complètement les radiations même en
ajustant le facteur géométrique.
Dans le document
Synthèse, caractérisation physico-chimique et propriétés de transport des composés homologues (PbSe)5 (Bi2Se3)3m (m = 1, 2, 3)
(Page 188-192)