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Discussion sur les principaux résultats

Chapitre 4 Discussion générale

4.1 Discussion sur les principaux résultats

Le principal objectif de cette étude consistait à décrire les niveaux d’activité et de participation de patients post- AVC vivant à Kinshasa. Il ressort de l’analyse des résultats que les patients post-AVC vivant à Kinshasa avaient de divers niveaux d’activité et de participation. Même si le score moyen indiquait un bon niveau de d’activité, la distribution des scores a révélé que la plupart de nos participants continuaient d’expérimenter les limitations d’activité et pourraient avoir quelques restrictions pour accomplir pleinement leurs rôles sociaux après avoir subi un AVC.

En termes de limitations d’activité, ces résultats sont similaires à ceux mentionnés dans des études antérieures menées dans un contexte presqu’analogue12,165. En effet, Batcho et coll.165 ont rapporté, dans leur étude

conduite à la fois au Bénin et en Belgique, une bonne performance dans les AVQ chez les patients post-AVC évalués avec ACTIVLIM-Stroke sur un délai d’AVC moyen de 38 mois. Le score moyen sur ACTIVLIM-Stroke avait été estimé à 2,15 logit pour l’échantillon total; ce qui correspondait à environ 71% contre 69% dans la présente étude. Plus tard, Kossi et coll.12 ont évalué la récupération fonctionnelle au cours des six premiers mois

suivant un AVC au Bénin. Ils ont rapporté un score moyen de 67% chez 41 survivants d’AVC six mois après la survenue de leur AVC. Il apparait que les scores d’ACTIVLIM-Stroke sont similaires dans ces deux études et dans la nôtre. Malgré les programmes de réadaptation moins intensifs disponibles après un AVC dans les PFMR151 comme la RDC, les survivants d’AVC de cette région ont atteint des niveaux d’activité relativement

bons. Cela peut être expliqué en partie, non seulement par l’âge des patients au moment de l’AVC, comme l’ont rapporté Nakayama et coll.166; Kugler et coll.167 et Kossi et coll.12, mais aussi par le soutien de la famille et

des stratégies d’adaptation actives qui conduisent à l’adoption précoce de comportements compensatoires, et par le degré de sévérité (léger ou modéré) de leur AVC. Similairement à d’autres études menées dans les pays africains, l’âge moyen des survivants de l’AVC dans notre étude était de 58,4 ± 12,9 ans, ce qui est inférieur à l’âge moyen de > 65 ans fréquemment rapporté dans les pays à revenu élevé15,166. Selon Mairami et coll.168, le

soutien familial et les stratégies d’adaptation actives peuvent contribuer à limiter l’impact du manque de soins spécialisés de l’AVC dans les PFMR. Toutefois, bien que l’ensemble de notre échantillon ait présenté un bon niveau d’AVQ, des analyses supplémentaires ont montré que seuls 9.7 % (n=7) des patients avaient obtenu le

score maximal de 100%. Ceci dénote que la majorité des patients post-AVC présentent encore des limitations d’activité.

En ce qui concerne la participation évaluée avec le RNLI, d’après Mayo et coll.134, le score de 5 sur RNLI indique

qu’un patient présente des difficultés à réaliser au moins cinq activités quotidiennes en communauté ou il est complétement incapable d’en réaliser deux et présente des difficultés avec une de ces activités. Partant de cette observation, il apparait que, bien que les participants de notre étude aient présenté un bon niveau de participation avec un score médian de 5 sur RNLI, ils pourraient encore présenter des difficultés à accomplir au moins cinq activités quotidiennes en communauté.

En ce qui concerne la vitesse et la distance de marche, nos participants ont été moins performants (vitesse et distance de marche moyenne respectivement de 0,9 m/s et 282m contre 1,3 m/s et 384m) que les patients post- AVC ayant participé à l’étude de Flansbjer et coll.139 en Suède, avec un âge moyen similaire (58 contre 58,8 ans

dans notre étude), et un délai post-AVC variant de 6 à 46 mois. Cette différence peut possiblement être due au fait que les participants à l’étude de Flansbjer et coll.139 avaient reçu des soins de réadaptation dans une équipe

multidisciplinaire. Cela n’a pas été le cas pour les patients post-AVC vivant à Kinshasa où les soins de réadaptation sont constitués exclusivement de traitement médical et de quelques séances de physiothérapie. De plus, étant donné que 64,2% de notre échantillon n’avaient pas d’assurance maladie et 67% avaient déclaré avoir un revenu mensuel moyen de < 100 USD, on peut supposer que la plupart des survivants de l’AVC dans notre étude avaient été exposés à des programmes de réadaptation limités, et que cela aurait pu affecter leur performance à la marche.

Cette étude visait secondairement à comparer les niveaux d’activité et de participation à travers les catégories de patients post-AVC basées sur la vitesse de marche. Les analyses ont montré que les niveaux d’activité et de participation varient significativement (p<0,001) à travers les catégories de vitesse de marche. Cette observation laisse sous-entendre que plus les participants appartenaient à une catégorie de vitesse de marche élevée, plus ils étaient performants dans l’exécution des AVQ, la distance de marche et la participation, et inversement. Ce résultat a été confirmé par les fortes corrélations significatives entre le 10MWT et ACTIVLIM- Stroke, 6MWT et RNLI (r ≥ 0,76, p <0,001). En dépit de sa nature transversale, cette étude semblait être en cohérence avec les conclusions de Schmid et coll.20. Dans leur étude longitudinale, les auteurs avaient rapporté

que la progression vers une classe supérieure de vitesse de marche était associée significativement à une amélioration des AVQ, de la mobilité et de la participation. Dans notre étude, les scores au ACTIVLIM-Stroke ont montré que les trois catégories de patients basées sur la vitesse de marche étaient significativement différentes en termes d’AVQ. Cependant, les scores au 6MWT et RLNI n’ont indiqué aucune différence

significative entre les participants avec une vitesse de marche ≤ 0,8 m/s. Cela suggère que les performances à la marche et la participation ne varient pas entre les catégories de patients qualifiés de « marcheurs à domicile avec une vitesse de marche < 0,4 m/s" et de « marcheurs communautaires limités avec une vitesse de marche entre 0,4 et 0,8 m/s ». Néanmoins, étant donné les fortes corrélations observées entre ces variables, particulièrement entre le 10MWT et 6MWT, l’absence de différence significative entre ces deux dernières catégories peut être due à leurs faibles taille d’échantillon. Par conséquent, sur la base de nos résultats, cette étude ne peut pas confirmer si oui ou non le système de classification de la marche en communauté de Perry et coll.18 s’applique dans le contexte de Kinshasa où les exigences pour la marche sécuritaire dans la

communauté peuvent être différentes de celles dans les États-Unis d’Amérique. En effet, Perry et coll.18 ont

mené leur étude dans les régions de Los Angeles (USA) et on peut avancer l’hypothèse que ce qui est nécessaire pour que les survivants d’AVC pour traverser une route à Los Angeles peut être différent de ce qu’il faut pour traverser en toute sécurité une route à Kinshasa. D’autres études pourraient investiguer les seuils de vitesse de marche qui pourraient mieux refléter le contexte africain.

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