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2.1 TYPE D’ETUDE ET QUESTION DE RECHERCHE

La méthodologie de recherche qualitative s'est imposée afin de répondre à la question de recherche par son recours à une démarche inductive plutôt que la démarche hypothético-déductive intrinsèque à la recherche quantitative. Elle permet d'accéder à la compréhension du phénomène investigué à partir de la collecte et l'analyse du vécu des personnes au sein de leur environnement, sans hypothèse préétablie. Dit autrement, elle donne à voir les acteurs et les actions dans un contexte choisi (60,61).

2.2 ECHANTILLONNAGE ET RECRUTEMENT

Les critères initiaux des médecins recrutés ont été respectés lors de l'échantillonnage, permettant de cibler le champ de recherche souhaité.

L'échantillonnage théorique a semble-t-il été atteint au moyen de la méthodologie utilisée. En effet il a pu être observé au cours des entretiens une réelle diversité de points de vue, de profils de pratique, de profils personnels, de zones géographiques de pratique au sein du département, d'appétence à la part pédiatrique de l'activité du médecin généraliste et enfin de façon de partager

durant l'entretien. Cependant une réserve est émise par l'investigateur concernant leur bagage socio- culturel supposé. En effet bien que ces critères n'aient volontairement pas été demandés pour des raisons de confidentialité évidentes, l'investigateur semble avoir observé sur des bases purement subjectives et personnelles, une relative homogénéité des médecins interrogés en regard d'un tel critère et n'avoir pas réussi à raisonner le recrutement sur celui-ci. Cela mérite probablement d'être pris en compte dans l'interprétation des résultats.

Le fait que moins d'un médecin sur deux au total ait accepté de participer, semble moins participer d'un désintérêt pour le sujet ou de la part pédiatrique traitée, que de contraintes temporelles et personnelles des médecins sollicités. Cela n'a pas impacté l'échantillonnage théorique, semble-t-il, au vu de la diversité du matériau empirique observée.

L'utilisation du contenu de la fiche premier contact comme information initiale délivrée, a été respectée mais la volonté de maintenir flou au maximum le sujet exact de l'étude s'est parfois heurtée à une demande plus insistante du médecin pour obtenir son accord de participation. Cependant il ne semble pas que cela ait impacté outre mesure la fraîcheur de point de vue ou la sincérité des médecins durant leur entretien.

Enfin et une nouvelle fois, ce type de recrutement visant un échantillonnage théorique, la population recrutée ne pouvait être considérée comme statistiquement représentative. Le corollaire était donc qu'il était impossible de sortir toute donnée chiffrée de ce travail, dans un objectif d'extrapolation des résultats pour une population plus large. Autrement dit, que toute donnée chiffrée issue de cette étude contient une part de hasard non contrôlée qui lui retire de fait sa légitimité. La recherche qualitative vise en effet la généralisation analytique et non la généralisation statistique (62).

2.3 RECUEIL DES DONNÉES

Le choix du recueil des données par la méthode de l'entretien semi-dirigé a été fait car elle permet à la différence des entretiens non-directifs et directifs-stricts, de placer le discours de la personne dans le cadre de la problématique voulue, tout en lui offrant la possibilité de faire émerger et de développer, dans des sens non anticipés par l'investigateur, de nouveaux nœuds de sens et de nouvelles interactions entre ceux-ci.

La méthode dite du Focus-groupe n'a pas été retenue car elle présentait le risque de n'obtenir qu'une partie seulement du point de vue des personnes. Ceux-ci risquant de s'appliquer une forme d'autocensure, de tronquer leur discours, de ne pas exprimer les parts plus personnelles de celui-ci tels que le doute ou l'incertitude, face au regard de leurs pairs. De plus la prise en compte de règles sociales implicites, à l'origine de l'émergence d'une opinion au sein d'un groupe, ne correspondait

pas aux besoins de l'étude.

Le recueil de données de recherche dans le cadre d'une méthodologie qualitative au moyen d'entretiens individuels, requiert des compétences qui lui sont propres. En effet la posture de l'investigateur durant l'entretien de recherche se distingue de la posture du médecin au sein de la relation médecin/malade. Cela a impliqué une progression obligatoire des compétences de l'investigateur au cours de l'avancement de son recueil de données. Ce fait anticipé, l'investigateur a tenté de limiter son impact sur la qualité des données collectées à l'aide de plusieurs moyens. Tout d'abord la préparation minutieuse d'un guide d'entretien en revenant régulièrement sur les points méthodologiques et le confrontant à plusieurs personnes tests afin de réaliser une sorte d’entraînement ; l'élaboration en amont d'une posture personnelle volontairement engagée et emprunte de sympathie afin de faciliter l'élaboration de points de vue personnels par un climat de proximité et le rejet d'une neutralité stérile ; la préparation en amont de questions de relance et l'anticipation de la suppression de certains réflexes de langage modelant inconsciemment l'expression du vécu par leurs caractères approbateurs ou réprobateurs implicites (d'accord, ok, très bien, super …).

Enfin le guide d'entretien initial a été remodelé au cours de l'étude sur deux points principaux. Premièrement le retrait de la question large infectiologie pédiatrique. Car celle-ci n'apportait aucune information signifiante et avait tendance à casser la dynamique de l'entretien, par le constat mutuel de la neutralité des propos recueillis. Deuxièmement l'introduction en fin d'entretien de la proposition de description orale des avis d'experts du CEREDIH concernant les points d'appel cliniques et le bilan à réaliser si suspicion de DIH. Car ceux-ci avaient été décrits en off des premiers entretiens suite à la demande de renseignements de la part des médecins, entraînant de fait la perte d'informations. L'introduction de ces données scientifiques étaient en accord avec la volonté de posture engagée décrite dans la partie méthodologie.

2.4 ANALYSE DES DONNEES

Le choix d'une méthodologie d'analyse par théorisation ancrée, s'est imposé pour plusieurs raisons. Devant l'absence de bibliographie sur le sujet exact il était impossible d'anticiper ne serait- ce que la direction que prendrait le matériau empirique lors des premiers entretiens, donc d'anticiper la création de thèmes à couvrir pour une analyse thématique et encore moins d'anticiper des hypothèses que l'on viendrait confirmer ou non comme lors d'une démarche hypothético-déductive. S'agissant de la première expérience en la matière pour l'investigateur ; la prise en main de la théorie et de la pratique de cette méthodologie d'analyse a impliqué une certaine forme de

progression là aussi, qui peut avoir impacté la qualité de l'analyse mais qu'il était impossible de réduire à néant. Des retours itératifs sur la méthodologie ont été effectués durant les différentes phases de recherches pour tenter de contrôler ce fait.

Aucun logiciel d'aide à l'analyse de données quantitatives n'a été utilisé, car ils sont peu appropriés pour ce cadre méthodologique. Ils nécessitent eux aussi un apprentissage technique supplémentaire et les données chiffrées isolables grâce à un tel logiciel n'apportent aucune information légitime encore une fois. Relativement homogène dans sa forme, la centralisation du matériau empirique n'était pas une aide décisive pour ce travail. Enfin bien qu'ils puissent contribuer à structurer l'analyse par aide au recoupement, ils exposent à la tentation de ne pas s'atteler aux opérations intellectuelles de problématisation, au centre de la démarche d'analyse, en imaginant laisser cette opération à la machine. De ce fait l'utilisation d'un simple carnet de bord à noircir a permis à l'investigateur de centraliser ses efforts sur l'apprentissage des méthodes d'analyses et leur réalisation.

Enfin, d'usage au sein de la recherche qualitative en sciences humaines (63), il n'a pas été réalisé ici de restitution des informations issues de l'analyse. Les médecins interrogés lui ayant offert leur temps à titre gracieux, l'investigateur a jugé inopportun de revenir vers eux une nouvelle fois.

2.5 GESTION DES DIFFÉRENTS RISQUES INTRINSÈQUES À LA MÉTHODOLOGIE QUALITATIVE

2.5.1 Gestion du risque de circularité

Le risque de circularité, correspond au risque de ne recueillir, de n'observer et de ne se focaliser que sur les seuls faits venant confirmer la théorie. De ne faire sortir de l'observation que ce que l'on en attend.

L'impact de ce risque semble faible dans cette étude pour deux raisons principales. La première est qu'au début du processus de recueil des données l'investigateur était quasi vierge de connaissance sur la méthodologie entourant le processus de recherche qualitative. La compréhension de la méthodologie s'est faite dans le même temps que les autres processus cycliques de l'étude : recueil, transcription, analyse. Constituant quasiment de manière non intentionnelle un modèle pour contrôler ce risque. Deuxièmement, la bibliographie fait initialement et au cours du processus de recherche n'a pas mise en évidence d'information pré-existante sur le sujet. Il y avait donc peu de risque de n'observer que les faits annoncés par une recherche préalable.

évolutif au cours de l'étude, la recherche des opinions extrêmes, sont quelques exemples d'outils, décrits dans la partie Matériel et méthode, destinés à rechercher l’inattendu et à tenter de contrôler ce risque (60,64).

2.5.2 Gestion du risque des acteurs abstraits

Le risque des acteurs abstraits correspond au risque que peut présenter une démarche de recherche qualitative de n'aboutir qu'à la description et à la compréhension de thèmes abstraits n'interagissant qu'entre eux, hors sol, loin de tout acteur réel. Que le lecteur de l'étude ne se dise à aucun moment, que celle-ci l'amène à la compréhension des actions ou des pensées d'acteurs concrets.

Pour gérer ce risque, le point important paraît de définir l'unité d'analyse. Ce risque a semblé peu impacter cette étude, l'unité d'analyse étant relativement évidente, bien qu'elle semble avoir évoluée au cours de l'étude du médecin généraliste lui même, vers la relation en trinôme formée lors de la consultation pédiatrique type (médecin généraliste, l'enfant et les parents) (60,64).

L'utilisation privilégiée des verbes aux noms, pour désigner les propriétés, a été un autre moyen de contrôler ce risque. S'abstenir des substantifs permet de décrire les processus bien plus concrètement, et d'intégrer les acteurs en leur sein.

2.5.3 Gestion du risque de méconnaissance du phénomène d'équifinalité

Le risque d'équifinalité, correspond au risque présenté par le fait de n'envisager qu'une seule théorie explicative. De n'envisager qu'un seul chemin amenant d'un point A à un point B.

Ce risque a semblé être le plus compliqué à contrôler. Les moyens mis en place pour tenter de le contrôler était la réalisation de l'analyse de manière concomitante au recueil des données, la confrontation de l’analyse aux nouvelles observations et la prise en compte de toute explication possible pouvant amener aux observations (60,64).