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METALLIC RESOURCE COMPETITION

CHAPITRE 7 DISCUSSION GÉNÉRALE

L’ambition de cette discussion est double. D’une part, elle doit permettre de revenir sur la méthode de caractérisation de l’impact de la dissipation des ressources minérales et métalliques qui s’appuie sur la fonctionnalité des ressources, leurs substituabilités, l’adaptation des utilisateurs en compétition et la discrimination entre ressources extraites et ressources perdues. D’autre part, cette discussion doit permettre de discuter de la nature des impacts de la dissipation des ressources, nature environnementale ou socioéconomique. Ainsi, la discussion est présentée en deux parties. La première partie synthétise les forces et les limites de la méthode d’évaluation des impacts du cycle de vie (ÉICV) développée dans le cadre de ce projet doctoral d’une part, et la contribution de la méthode à l’amélioration de la prise en compte de ces impacts d’autre part. Une deuxième partie de la discussion portera sur le manque de considération des risques d’approvisionnement et de la criticité des ressources dans l’évaluation de l’impact de leur utilisation en analyse du cycle de vie.

7.1 Synthèse de la méthode ÉICV développée

C’est en acceptant la prémisse qu’un indicateur complet, pour prendre en compte l’impact de la dissipation des ressources minérales et métalliques, doit tenir compte de la fonctionnalité des ressources, de la substituabilité des ressources au sein d’une fonctionnalité, de la distinction entre la ressource extraite et la ressource effectivement dissipée et doit permettre de mesurer l’adaptation des utilisateurs faisant face à une compétition avec les utilisateurs requérant la ressource pour d’autres fonctionnalités que cette thèse est présentée.

7.1.1 Les forces de la méthode fonctionnelle pour évaluer l’épuisement des

ressources minérales et métalliques

La principale force de la méthode fonctionnelle est qu’elle permet d’évaluer les impacts du cycle de vie en considérant les ressources selon la fonctionnalité qu’elles amènent aux Hommes. De fait, les ressources minérales et métalliques ont une importance pour l’Homme lorsque celui-ci peut s’en servir pour remplir une fonction et il continue d’exploiter les ressources de nos jours pour remplir toutes les fonctions qu’il estime utiles. La méthode développée permet de se dissocier des autres méthodes d’évaluation des impacts du cycle de vie qui considèrent les

ressources en tant que finalité et non en tant qu’intermédiaires vers une finalité fonctionnelle. De par son approche fonctionnelle, la méthode développée permet aussi de considérer les utilisateurs de la ressource selon chacune des fonctionnalités pour laquelle ils l’utilisent.

Une autre force de la méthode développée réside dans le fait qu’elle permet d’inclure tous les utilisateurs présents de la ressource selon leurs diverses fonctionnalités, mais qu’elle permet aussi de considérer les utilisateurs, autant présents que futurs, de la ressource. La méthode développée permet de considérer ces utilisateurs futurs par sa considération d’échelles de temps très longs. En effet, l’effet de la dissipation des ressources sur les utilisateurs du futur est mesuré en considérant les évolutions technologiques et les comportements des utilisateurs.

La méthode développée présente aussi l’avantage de pouvoir exprimer l’impact de l’utilisation des ressources minérales et métalliques à deux niveaux d’interprétation. Le premier niveau, ou niveau midpoint en ACV, permet de constater la compétition qui existe pour une ressource. Cette compétition se traduit par une fraction d’utilisateurs ayant encore besoin de la ressource lorsque ses stocks facilement accessibles sont épuisés. En d’autres termes, cette fraction peut être interprétée comme la fraction de la ressource facilement accessible extraite aujourd’hui dont les utilisateurs futurs seront privés. Il est ainsi possible d’obtenir un impact qui traduit la quantité de ressources facilement accessible qui manquera aux utilisateurs futurs. L’impact s’exprime alors en nombre de kilogrammes de ressources facilement accessibles manquantes. Le deuxième niveau, ou niveau endpoint en ACV, permet de mesurer la conséquence sur les utilisateurs futurs de ce manque de ressources. Par divers mécanismes d’adaptation, les utilisateurs vont continuer à remplir la fonctionnalité qui leur est procurée par la ressource. Ces mécanismes sont cependant plus ou moins onéreux, l’adaptation des utilisateurs n’est pas gratuite. Il est ainsi possible, au niveau endpoint, de mesurer l’ampleur monétaire de l’adaptation des utilisateurs faisant face à une diminution de la ressource qui procure leur fonctionnalité. Les impacts au niveau midpoint et au niveau endpoint ne sont pas proportionnels entre eux. En effet, le classement des ressources selon leur facteur de caractérisation midpoint n’est pas le même que selon leur facteur de caractérisation endpoint. Les indicateurs au midpoint s’expriment selon des quantités de ressources qui manqueront potentiellement aux futurs utilisateurs n’ayant pas de ressource de substitution et lorsque les impacts de plusieurs ressources sont additionnés, une agrégation de l’impact pour toutes les ressources est faite. L’impact au midpoint s’exprime alors comme un total de ressources manquantes. Une pondération implicite est faite que le kilogramme de

ressource manquant est équivalent pour chacune des ressources. Au niveau endpoint, l’impact monétisé est plus facilement interprétable en matière d’aide à la décision (Vieira et al., 2011) et une agrégation des ressources est possible sans avoir recours à une pondération implicite, comme pour le niveau midpoint, n’est pas requise. Ainsi, bien que la monétisation soit l’indicateur le plus approprié pour l’aide à la prise de décision, la dualité de présentation des résultats fait la force de la méthode développée, car il est possible d’adapter l’expression des impacts selon l’interprétation qui est requise.

Une dernière force de la méthode proposée réside dans le fait qu’elle est d’ores et déjà opérationnelle au niveau d’interprétation midpoint. En effet, les facteurs de caractérisation midpoint sont déjà inclus dans la nouvelle méthode d’évaluation des impacts en analyse du cycle de vie (ÉICV), IMPACT World+. Pour le moment, seuls les facteurs de caractérisation midpoint sont implémentés dans IMPACT World+, car les facteurs de caractérisation au endpoint ne sont disponibles que pour les sept ressources présentées dans le troisième manuscrit. Il est cependant possible d’obtenir tous les facteurs de caractérisation endpoint pour les ressources dont les facteurs midpoint ont été fournis durant ce travail de doctorat. Il est recommandé d’obtenir les facteurs de caractérisation au endpoint pour aussi opérationnaliser la méthode au niveau endpoint.

7.1.2 Faiblesses de la méthode fonctionnelle pour évaluer l’épuisement des