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Évaluation des impacts du cycle de vie (ÉICV) de l’utilisation des ressources naturelles

LISTE DES ANNEXES

CHAPITRE 1 REVUE DE LITTÉRATURE

1.2 Évaluation des impacts du cycle de vie (ÉICV) de l’utilisation des ressources naturelles

1.1.4 Interprétation d'une ACV

La dernière phase d’une ACV consiste à en interpréter les résultats en tenant compte des choix faits dans les trois phases précédentes.

L’ACV est un processus itératif et lors de chacune des quatre phases des éléments pertinents à approfondir sont identifiés au niveau des autres phases jusqu’à l’atteinte du niveau de qualité et de détails requis. C’est en analysant la contribution des substances aux impacts environnementaux par étape du cycle de vie ou par catégorie d’impact que l’on peut se rendre compte qu’il est nécessaire d’avoir une meilleure donnée d’inventaire.

1.2 Évaluation des impacts du cycle de vie (ÉICV) de l’utilisation

des ressources naturelles

Les facteurs de caractérisation permettant d’obtenir les impacts de l’utilisation de ressources naturelles diffèrent d’une méthode de caractérisation à l’autre. Ces méthodes ne sont pas consensuelles dans la communauté scientifique et aucune modélisation aux endpoints n’est jugée assez mature et complète pour être recommandée par le groupe d’experts qui a rédigé le ILCD Handbook, un ouvrage de référence recommandant les meilleures pratiques en ÉICV (réalisé sous l’égide de la Communauté européenne) (Wolf et al., 2012). Selon cet ouvrage de référence, une amélioration fondamentale pour la catégorie ressource serait de considérer les ressources selon la fonctionnalité qu’elles peuvent amener aux utilisateurs. En effet, une ressource n’a de valeur que lorsqu’on lui confère une fonction pour laquelle il est utile de l’exploiter (Halvorsen & Smith T., 1986; Schulze, 1974).

La théorie de l’approche fonctionnelle a été ébauchée par Stewart et Weidema (Stewart & Weidema, 2005). Cette théorie propose de considérer une ressource non plus pour sa nature, mais pour la/les fonctionnalité(s) qu’elle(s) apporte(nt) à ses utilisateurs (Stewart & Weidema, 2005). De plus, en 2001, Goedkoop et al. soulignaient déjà (sans l’appliquer) la nécessité de considérer les substitutions possibles entre des ressources fonctionnellement équivalentes dans la

caractérisation des impacts de l’utilisation des ressources naturelles (Goedkoop, Margni, & de Schryver, 2001). En effet, certains utilisateurs peuvent remplacer la ressource de base par une ressource fonctionnellement équivalente, sans perte de performances. Par ailleurs, les autres utilisateurs s’adapteront aussi face à l’augmentation des couts lorsque la ressource se dissipe (Foster & Rosenzweig, 2010).

En parallèle, van Oers et al. (Van Oers, De Koning, Guinee, & Huppes, 2002) soulèvent une deuxième problématique en plus de la considération fonctionnelle. En effet, ils font appel à la notion de dissipation de la ressource. Une ressource n’est épuisée que si elle est dissipée. Ce n’est pas l’extraction de la ressource qui cause un épuisement, comme considéré jusque-là de manière implicite dans les modèles ÉICV, mais la dissipation de celle-ci durant son cycle de vie. Une ressource est dissipée lorsqu’elle ne peut être récupérée par des méthodes conventionnelles d’extraction. Par exemple, le cobalt renforçant l’acier est présent en trop faible quantité pour en être extrait en fin de vie. Une ressource qui serait entièrement recouvrée ne serait jamais épuisée, les stocks de cette ressource ne seraient que déplacés (Schneider, Berger, & Finkbeiner, 2011). Une ressource qui n’est que déplacée sans être dissipée reste disponible pour utilisations futures (Vieira, Storm, & Goedkoop, 2011).

Une méthode améliorée d’évaluation des impacts du cycle de vie liés à l’utilisation des ressources minérales et métalliques doit donc partir sur une base fonctionnelle, en considérant les substitutions possibles de la part des utilisateurs, tout en considérant le recyclage afin de distinguer ressources extraites et ressources dissipées.

Cependant, ce que doit représenter un indicateur d’épuisement des ressources en ÉICV (et en ACV à fortiori) n’est pas clair. Le ILCD Handbook part de la prémisse qu’un indicateur d’épuisement des ressources doit représenter des impacts environnementaux (Wolf et al., 2012). Mais les impacts de l’utilisation des ressources, de leur dissipation, sont-ils réellement des impacts environnementaux ? Le fait de priver des utilisateurs d’une ressource pour remplir une fonctionnalité désirée n’est-il pas un impact socio-économique (Atkinson, 2002; Muffels & Fouarge, 2004) ? Lorsque la disponibilité de la ressource diminue, les utilisateurs entrent en compétition pour la ressource restante, ils doivent s’adapter aux conséquences de la diminution des ressources par divers mécanismes économiques ou technologiques (Neumayer, 2000). La chaine de cause à effet implique des mécanismes autres que les mécanismes physiques,

chimiques ou biologiques, qui sont ceux pris en compte dans la modélisation environnementale des impacts du cycle de vie selon la norme ISO 14040. Afin de bien cerner tous les mécanismes d’impact en jeu, une méthode de caractérisation de l’épuisement des ressources devrait prendre en compte les conséquences de cet épuisement sur les utilisateurs et leur réaction face à celui-ci (Yellishetty, Mudd, & Ranjith, 2011). La problématique des conséquences économiques de l’épuisement des ressources sur leurs utilisateurs doit être considérée.

En adoptant la prémisse selon laquelle, pour caractériser adéquatement l’impact relié à l’utilisation des ressources, il faut être en mesure de connaître et de quantifier :

1. la fonctionnalité des ressources,

2. les mécanismes d’adaptation des utilisateurs faisant face à la compétition due à l’épuisement, incluant notamment la substitution des ressources par d’autres ressources fonctionnellement équivalentes,

3. la distinction entre ressource extraite et ressource dissipée

4. et l’effet sur les utilisateurs des ressources de la dissipation de celles-ci.

La section qui suit passe en revue les méthodes qui existent en analyse du cycle de vie pour caractériser l’impact de l’utilisation des ressources. Cette revue est faite en gardant en point de mire les enjeux de la fonctionnalité des ressources et de l’adaptation des utilisateurs à cette dissipation, de la distinction entre extraction et dissipation et de l’effet causé par la dissipation sur les utilisateurs.