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1. Discussion des résultats obtenus par Madame M.H

1.1. Résultats des évaluations neuropsychologiques

Suite aux stimulations sensorielles et cognitives, Madame M.H a progressé dans trois domaines :

- Le niveau d’efficience global met en avant une légère amélioration au score du MMSE (+ 1 point). L’épreuve de répétition de la phrase « pas de mais, de si ni de et », correspondant à l’item amélioré, met en avant un renforcement de la boucle phonologique et donc de la mémoire de travail. Le score de celui-ci était cependant déjà élevé à l’initiale.

- Les fonctions mnésiques et langagières sont largement améliorées, particulièrement au test de Grober et Buschke. Les scores de ce dernier indique un meilleur encodage, une meilleure récupération et restitution des informations de la patiente. Cette dernière obtient de plus le meilleur score possible à l’épreuve de dénomination lors de l’épreuve de la DO 80. Ces améliorations sont probablement engendrées par les exercices de stimulations (exercices de mémoire sémantique, mémoire visuelle). - Les résultats évaluant les fonctions exécutives sont également supérieurs

comparativement à l’initiale. En effet, le score à la BREF est légèrement amélioré et les TMT A et B sont effectués plus rapidement. Ces résultats nous indique que la patiente possède de meilleures capacités à s’adapter à des situations nouvelles. Il apparait alors que les exercices cognitifs proposés, ont amené la patiente à élaborer des processus de planification, d’organisation, de flexibilité, de contrôle et de mise en place des stratégies lui permettant d’améliorer ses scores.

Les scores aux épreuves de qualité de vie sont, quant à eux, restés stables. Cependant Madame M.H possédait déjà les scores maximaux à l’inventaire d’apathie et à l’échelle IADL. Ses fonctions instrumentales sont restées intactes et elle ne présente toujours pas de signe d’apathie.

Le seul score qui n’ait pas connu d’amélioration positive est celui correspondant au questionnaire relatif au sommeil (PSQI). Néanmoins, il est resté stable. L’arôme choisi par la patiente, censé favoriser le sommeil, n’a pas eu l’effet escompté. L’absence d’amélioration pourrait s’expliquer par le temps de diffusion de l’arôme le soir. La dernière étude parue à ce jour, préconise la diffusion en continu d’huiles essentielles durant deux heures, avant le coucher. Le temps proposé dans notre protocole était de 30 minutes.

1.2. Résultats de l’analyse perceptivo-acoustique

Les spectres de Madame M.H nous renseigne sur la richesse de son timbre. Pré et post- stimulations, quel que soit le souvenir exprimé, qu’il soit produit spontanément ou répété, Madame M.H parvient à moduler sa voix qui comporte de nombreux harmoniques.

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En ce qui concerne les modulations de hauteurs pour la production du souvenir exprimant la joie, elles sont légèrement plus nombreuses pré-stimulations que post-stimulations. Néanmoins, le logiciel nous renseigne que sa fréquence moyenne est identique lors des deux enregistrements : elle est de 197 hertz. Il en est de même pour son étendue vocale qui s’étend de 91 à 237 hertz.

Pour évoquer son souvenir exprimant la peur, Madame M.H crée plus de modulations que pour le souvenir agréable qui évoque la joie. Sa fréquence fondamentale pour cette émotion est de 214 Hertz à l’initiale et de 224 Hertz post stimulations. Son étendue vocale qui naviguait entre 90 et 280 Hertz diminue de 87 à 259 hertz.

Nous pouvons néanmoins noter que pour exprimer la peur, la moyenne de F0 est plus élevée que pour la joie. De plus, les variations de F0 sont plus importantes et l’amplitude plus large. Madame M.H est donc capable pré et post-stimulations de moduler sa prosodie pour exprimer différentes émotions. Par conséquent, la production de la prosodie émotionnelle de Madame M.H n’est ni altérée pré-stimulations, ni post-stimulations.

En ce qui concerne le débit, il est quasi le même pré et post-stimulations pour le souvenir agréable et désagréable. Néanmoins, pour les deux émotions, il est très légèrement diminué post stimulations. En l’occurrence, la joie et la peur sont des émotions qui s’évoquent par une accélération du débit, il est donc difficile de comparer ce paramètre avec les deux souvenirs de la patiente. Nous pouvons simplement soulever l’hypothèse que le ralentissement du débit est peut-être dû à la nature de l’épreuve post-stimulations, qui consiste à répéter un souvenir produit spontanément auparavant.

2. Discussion des résultats obtenus par Madame B.N

2.1. Résultats aux évaluations neuropsychologiques

Les résultats aux tests neuropsychologiques objectivent une réelle dégradation à tous les niveaux, chez la patiente atteinte de la maladie d’Alzheimer, entre les évaluations initiales et celles trois mois après.

En effet, Madame B.N a connu lors des trois mois d’étude, un syndrome de glissement. Ce syndrome est défini comme une décompensation rapide de l’état général. Ce dernier, déjà précaire, est fragilisé par un épisode somatique aigu dont le patient se remet à peine. Ici, l’étiologie est indéterminée (chute, infection urinaire,..). Néanmoins, dès la troisième semaine de stimulations sensorielles, l’état cognitif et psychologique de Madame B.N s’est aggravé. Lors des séances d’entrainements cognitives, elle a montré une perte de motivation. Ces dernières étaient plus courtes et les résultats aux questions posées souvent en deçà de ses scores obtenus les semaines précédentes. Nous avons constaté une réduction de l’utilisation de l’interface.

Ainsi les évaluations finales de la patiente permettent d’évoquer la baisse cognitive de celle-ci dans tous les domaines explorés :

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- Au niveau de l’efficience cognitive global, le score au MMSE chute de 12 points. le CDR confirme ce résultat mettant en avant une détérioration cognitive globale. Madame B.N a évolué vers un stade de démence sévère.

- Au niveau des fonctions mnésiques et langagières, la batterie cognitive courte objective une dégradation de la mémoire épisodique verbale (test des cinq mots), de la capacité visuo-spatiale (épreuve de l’horloge), ainsi que du langage (fluence verbale). Madame B.N obtient les scores les plus faibles possibles aux épreuves correspondant à ces domaines.

- Les fonctions exécutives sont également touchées, le résultat à la BREF chute de 2 points passant de 7/18 à 5/18. Pré-stimulations, ces fonctions étaient déjà les plus altérées. Cependant, les troubles attentionnels, comportementaux et de compréhension de Madame B.N sont plus marqués post-stimulations, engendrant de grosses difficultés à répondre aux questions posées lors de cette épreuve. L’élaboration conceptuelle via l’épreuve des similitudes sémantiques est impossible, la programmation motrice aussi. Madame B.N est incapable de reproduire les séquence motrices de Luria qui lui demandent une attention trop soutenue. Le contrôle inhibiteur est également touché lors du test du Go-NoGO. - Les échelles de qualité de vie mettent en évidence la perte de motivation exprimée

par la patiente. En effet, la sévérité de la dépression et les troubles de l’humeur de la patiente sont mis en avant par les scores au MADRS. De plus, Madame B.N présente des résultats à l’échelle de solitude et à l’inventaire d‘apathie largement diminués également.

2.2. Résultats de l’analyse perceptivo-acoustique

Pré-stimulations, Madame B.N présente déjà un timbre pauvre et n’émet que peu de modulations de hauteur pour produire ses deux émotions. Elles sont néanmoins perceptivement reconnaissables. Le souvenir exprimant la joie est légèrement plus modulé que celui exprimant la tristesse, cela peut s’expliquer par le fait que la joie est une émotion qui s’exprime toujours par davantage d’accentuations prosodiques. Son débit est identique à celui d’un individu sain. Bien que la prosodie émotionnelle de Madame B.N soit altérée comparativement au sujet âgé fragile, la patiente est capable de produire deux émotions distinctes.

Post-stimulations, la patiente atteinte de la maladie d’Alzheimer connait une altération de tous les paramètres étudiés : son timbre est davantage appauvri, son débit est fortement ralenti et ses modulations de hauteurs quasi-inexistantes, quel que soit le souvenir exprimé. Sa fréquence fondamentale ainsi que son étendue vocale sont diminuées. La voix de la patiente est quantitativement et perceptivement aprosodique. Celle-ci se traduit par une expression verbale lente et hachée et une intonation monotone.

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