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Discussion des résultats

Dans le document Anne GATIGNOL DOCTORAT EN MEDECINE Thèse (Page 47-51)

A. Discussion des résultats

 

L’hypothèse de travail est que des niveaux élevés d’IgA2 anti-venin d’abeille auraient un rôle 

protecteur dans l’allergie. Les IgA2 étant impliquées dans l’immunité muqueuse, nous avons 

opté pour un allergène à porte d’entrée transcutanée, le venin d’abeille. Le premier objectif de 

ce travail était donc de mettre au point une méthode de dosage des IgA2 spécifiques. En effet, 

seule la commutation vers le locus Cα2 impose l’excision du Cε, et comme stipulé par un article 

publié récemment, il est probable que les réponses IgE pathogènes pour l’homme aux allergènes 

soient en grandes partie générées à partir d’un LB à IgG spécifiques d’allergènes (Saunders et

al., 2019). Ceci implique donc que les LB à IgG4 peuvent commuter vers IgE. 

 

Nous avons utilisé le système Phadia® pour réaliser les dosages des IgA2 spécifiques car cet 

automate  réalisait  déjà  en  routine  celui  des  IgE  spécifiques.  Cela  permettait  de  conserver  la 

même  technique  de  mesure,  d’utiliser  le  système  des  ImmunoCap®  et  de  rendre  le  dosage 

automatisable dans notre laboratoire. Cependant, la première différence avec le dosage des IgE 

spécifiques par cette méthode, est qu’il n’existait pas dans le commerce d’anticorps anti-IgA2 

couplé  à  l’enzyme  de  révélation  utilisée  par  l’UniCAP  100  de  Phadia®.  Pour  pallier  ce 

problème, nous avons eu recours à une étape supplémentaire. En effet, l’Ac anti-IgA2 étant une 

IgG1 de souris, nous avons ajouté un anticorps polyclonal anti-IgG de souris qui était couplé à 

la β-galactosidase. Le système Phadia®, qui est un système automatisé, ne permettait ni l’ajout 

de cette étape supplémentaire par l’automate, ni l’arrêt de celui-ci afin de réaliser manuellement 

cette étape. Nous avons donc choisi d’ajouter directement l’Ac anti-IgA2 dans le tube contenant 

l’IgA2  anti-TNF-α  ou  dans  le  sérum  du  patient  contenant  les  éventuels  IgA2  anti-venin 

d’abeille.  L’automate  déposait  ainsi  le  complexe  IgA2-anti-IgA2  sur  la  phase  solide  de 

l’ImmunoCAP®, il s’en suivait une étape de lavage, et enfin l’ajout de l’anticorps de révélation. 

Plusieurs  problèmes  ont  découlé  de  l’ajout  de  l’Ac  anti-IgA2  directement  dans  le  sérum  du 

patient.  En  effet,  il  fallait  que  l’Ac  anti-IgA2  soit  ajouté  à  une  concentration  largement 

supérieure à l’IgA2 pour pouvoir être saturant et se complexer avec tous les IgA2 présents dans 

l’échantillon. Ces complexes étaient alors déposés par l’automate sur la phase solide du cap. Le 

volume  mort  de  l’automate  étant  de  100µL  et  le  volume  analytique  de  50µL,  il  était 

nécessaire  de  disposer  d’un  volume  supérieur  à  150µL  par  tube.  Les  concentrations 

physiologiques des IgA2 dans le sérum (0,5mg/mL) étant très importantes et l’Ac anti-IgA2 

étant onéreux et difficile à obtenir, nous avons opté pour une dilution au préalable du sérum 

des patients. La dilution permettait de réduire considérablement la quantité d’Ac anti-IgA2 à 

ajouter dans  chaque  tube patient afin  d’être saturant. Cette dilution  a été  choisie dans le but 

d’obtenir  des  concentrations  proches  de  celles  des  IgE  afin  de  rendre  cette  méthode 

automatisable en utilisant le programme des IgE spécifiques disponible sur l’automate. 

Le deuxième problème identifié avec l’ajout de l’Ac anti-IgA2 directement dans le tube patient 

est qu’il n’existe pas d’étape de lavage entre l’ajout de l’IgA2 anti-allergène sur la phase solide 

et  l’ajout  de  l’Ac  anti-IgA2.  Cette  étape  de  lavage  est  pourtant  nécessaire  pour  limiter  le 

phénomène  de  «  zone  »  se  créant  quand  l’Ac  est  en  large  excès  par  rapport  à  l’antigène  ou 

inversement. Ce problème aurait pu être évité si une étape de lavage supplémentaire avait pu 

être ajouté à la méthode, comme nous l’avait présenté le fournisseur, ce qui n’était en réalité 

pas possible. Les autres solutions pour pallier ce problème auraient été de faire synthétiser sur 

la base de l’anticorps primaire un Ac conjugué à la β-galactosidase ou de changer la technique 

pour  un  ELISA  (Enzyme-Linked  Immunosorbent  Assay)  au  vu  des  concentrations 

physiologiques en IgA2 sériques bien supérieures à celles des IgE. 

 

La mise en place du modèle IgA2 anti-TNF-α avait deux objectifs : tester la spécificité de l’Ac 

anti-IgA2  et  réaliser  une  courbe  de  calibration  propre  aux  IgA2.  Grâce  aux  deux  témoins 

négatifs, IgA1 anti-TNF-α et IgA2 anti-CD20, nous nous sommes assurés de la spécificité de 

l’Ac anti-IgA2. Cela nous  a permis par la suite de comparer les niveaux d’IgA2 spécifiques 

chez  des  patients.  En  revanche,  nous  n’avons  pas  réussi  à  mettre  en  place  une  courbe  de 

calibration spécifique aux IgA2, pourtant nécessaire pour réaliser une titration des sérums en 

nous affranchissant de la variabilité du bruit de fond. Différentes causes peuvent avoir entravées 

cette réalisation Tout d’abord, lors de la mise en place de ce modèle IgA2 anti-TNF-α, nous 

avons été contraints de changer brutalement de lot de TNF-α ce qui a modifié le niveau du bruit 

de  fond.  Ensuite,  nous  avons  testé  la  sensibilisation  du  TNF-α  sur  les  caps  streptavidine  en 

utilisant une concentration fixe en IgA2 de 0,1μg/mL. Cette concentration avait été choisie pour 

être  équivalente  aux  concentrations  de  la  borne  supérieure  de  la  gamme  de  mesure  des  IgE 

spécifiques.  Mais,  les  dilutions  de  l’IgA2  anti-TNF-α  réalisées  par  la  suite  pour  obtenir  une 

gamme de calibration proche de celle des IgE spécifiques n’ont pas été concluantes. Cet aspect 

pourrait révéler un manque de sensibilité de notre dosage. Il pourrait s’expliquer par le manque 

de l’étape de lavage entre l’ajout de l’IgA2 anti-allergène sur la phase solide et l’ajout de l’Ac 

anti-IgA2. En effet, si l’allergène est présent à une faible concentration par rapport à l’Ac anti- 

IgA2, le manque de cette étape de lavage peut entrainer le phénomène de prozone conduisant à 

un dosage négatif.  Il  se  peut également  que les concentrations  en  IgA2  anti-TNF-α utilisées 

pour  la  gamme  soient  trop  faibles  pour  être  détectées.  Il  serait  judicieux  d’effectuer  une 

gamme  resserrée  autour  de  la  concentration  de  0,1µg/mL  d’IgA2  afin  de  vérifier  si  la 

concentration  permettant  d’avoir  le  signal  fluorescent  maximal  est  proche  de  cette  valeur. 

Dans notre cas, il n’a pas été possible de réaliser une augmentation de concentration de l’IgA2 

car  il  fallait  alors  augmenter  celle  de  l’Ac  anti-IgA  qui  n’était  disponible  qu’en  quantité 

limitée. 

 

Après avoir validé la spécificité de l’Ac anti-IgA2, vis-à-vis d’une IgA1 de même spécificité et 

d’une  IgA2  de  spécificité  différente,  et  validé  le  choix  du  diluant  (PBS-albumine)  grâce  au 

précédent modèle, nous avons réalisé les dosages chez des patients. Comme nous n’avons pas 

pu mettre au point une gamme de calibration, la lecture de ce dosage a été analysée à partir du 

signal  de  fluorescence  corrigé  rendu  par  l’automate.  Plus  ce  signal  était  important,  plus  il 

reflétait  une  concentration  élevée  en  IgA2  anti-venin  d’abeille.  Les  dilutions  des  sérums 

patients ont été réalisées au 1000ème et au 10 000ème. La concentration sérique en IgA2 étant 

de  0,5mg/mL,  la  dilution  au  1000ème permettait,  d’effectuer  le  dosage  dans  les  conditions 

proches de celle mises au point dans le modèle TNF-α. La dilution au 10 000ème permettait de 

s’affranchir  d’un  effet  «  post  zone  »  si  l’IgA2  était  présente  en  quantité  importante.  Les 

dosages des IgA2 spécifiques ont été réalisés chez des patients avant désensibilisation et des 

patients  après  désensibilisation.  L’analyse  des  résultats  révèle  une  différence  de  signal  du 

bruit  de  fond  entre  le  modèle  IgA2  anti-TNF-α  et  le  dosage  des  IgA2  anti-venin  chez  les 

patients. En effet le signal du bruit de fond était faible (environ 300  UA) lorsqu’il s’agissait 

des  caps  anti-venin  d’abeille  et  au  contraire  fort  avec  les  caps  streptavidine  (environ  3000 

UA).  Cette  différence  peut  être  liée  à  la  sensibilisation  différente  des  caps  qui  est  une 

sensibilisation directe pour l’allergène et indirecte pour TNF-α. En effet, le TNF-α était ajouté 

manuellement sur le cap streptavidine dans des concentrations connues, alors que dans le cas du 

cap anti-venin d’abeille, la sensibilisation est réalisée par le fournisseur avec une concentration 

non  divulguée.  Cette  observation  pose  la  question  de  la  pertinence  de  la  réalisation  d’une 

courbe de calibration avec le modèle IgA2 anti-TNF-α. 

 

Concernant les résultats du dosage des IgA2 anti-venin d’abeille chez les patients avant et après 

ITS,  aucune  différence  significative  n’a  pu  être  mise  en  évidence  entre  les  deux  groupes. 

Aucune  corrélation  n’a  été  retrouvée  entre  le  signal  de  réponse  des  IgA2  spécifiques  et  la 

concentration en IgE spécifiques, ni avec la concentration en IgG4 spécifique. 

En revanche, pour l’unique patient pour lequel nous disposions d’un dosage longitudinal, nous 

observons une augmentation du signal IgA2 spécifiques au décours de l’ITS. De plus, chez ce 

même  patient,  lorsqu’on  compare  les  dosages  des  IgE  spécifiques  anti-venin  d’abeille  aux 

résultats obtenus avec les dosages des IgA2 spécifiques, on remarque une tendance inverse. En 

effet,  la  concentration  en  IgE  spécifiques  était  plus  importante  avant  qu’après  la 

désensibilisation. Ce qui parait logique quand on sait que la désensibilisation vise à diminuer la 

synthèse d’IgE spécifiques. Alors que dans le cas des IgA2 spécifiques, le signal de réponse 

aux IgA2 spécifiques augmente après l’ITS, ce qui est en faveur de notre hypothèse qui défend 

le fait que les IgA2 spécifiques seraient un marqueur de protection contre l’allergie et de bonne 

réponse  à  l’ITS.  Nous  n’avons  par  ailleurs  pas  retrouvé  de  lien  entre  l’histoire  clinique  du 

patient et un signal faible ou fort de réponse en IgA2 anti-abeille. Notre période de recueil de 

deux ans et demi nous a permis de récolter 57 sérums dont 21 ont pu être dosés en première 

intention pour cette étude pilote (Annexe 4 et 5). Il est cependant, difficile à ce stade de tirer 

des conclusions sans une étude de plus grande taille. En effet, du fait d’une rupture de stock 

depuis mars 2018 des extraits standardisés de venin d’abeille utilisés pour la désensibilisation, 

nous  n’avons  pas  pu  recueillir  une  grande  cohorte  de  patient.  Cette  étude  pilote  devra  être 

confirmée par des études prospectives sur plusieurs années pour comparer les niveaux d’IgA2 

spécifiques  chez  des  patients  ayant  eu  une  désensibilisation  efficace  vs. échec  de 

désensibilisation. 

 

Afin de valider la méthode de dosage et notre hypothèse, nous avons fait réaliser les mêmes 

analyses par une autre technologie validée pour le diagnostic clinique. En effet, nous avons mis 

en place une collaboration avec la société HYCOR Biomédical basée en Californie compétente 

dans  le  dosage  des  IgE  spécifiques.  Cette  société,  intéressée  par  notre  étude,  développera  le 

dosage des IgA2 anti-allergènes par une technique de chimiluminescence. Elle nous permettra 

ainsi,  de  valider  notre  hypothèse  à  plus  grande  échelle  et  de  manière  plus  sensible.  Les 

démarches  administratives  ont  été  effectuées  pour  que  les  sérums  anonymisés  des  patients 

puissent être exportés. 

A ce jour l’autorisation d’envoi a été validée par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et 

de la Recherche et les sérums envoyés en carboglace. 

 

 

 

 

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