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Chapitre 3 La construction d’un système de soins

3.1 Aspects scripturaires

3.1.1 Diplomatique consulaire

À l’époque qui nous intéresse, la majorité des archives de la ville sont entreposées dans la maison consulaire et font l’objet d’un travail de classement par des notaires9. Les entreprises de classement subséquentes sont l’initiative des archivistes du XVIIe siècle qui se sont adonnés à produire des classements et des inventaires pour l’ensemble des documents consulaires relatifs à l’administration de la ville et à la gestion du patrimoine urbain10. En 1662, l’archiviste Pierre Lou- vet dresse l’inventaire du Grand Chartrier11, répertoriant majoritairement des actes notariés, dont la plupart concernent le consulat. La même année, l’archiviste François Joffre amorce son Inven-

taire du Greffe de la Maison Consulaire, qui rassemble des documents consulaires variés, notam-

ment les documents comptables. Le classement de ces documents, découlant bien souvent d’une logique purement utilitaire, a depuis été revu de manière à proposer plus de cohérence. Au début du XXe siècle, Maurice Oudot de Dainville entreprend de revoir le classement de Joffre et surtout de bonifier le contenu des inventaires, bien souvent très laconique sous la plume de Joffre. Il n’aura toutefois pas le temps de couvrir tout le fonds d’archives avant sa mort. Les dernières armoires ne font pas l’objet d’un inventaire précis. Le dernier tome publié par Oudot de Dainville proposant des analyses de documents comptables, sans en fournir les références12. Il est également à noter

9 Certains documents pouvaient aussi être entreposés dans l’Église Notre-Dame des Tables. Geneviève Dumas, « Un

registre de compte à Montpellier au XVe siècle : nouveau regard sur l’organisation communale médiévale », Bulletin historique de la ville de Montpellier, n.35 (2013), p 50.

10 Pour un historique complet de l’entreposage et du traitement des archives de Montpellier, voir l’article de Christine

Feuillas, « Les archives de la ville de Montpellier », Bulletin historique de la ville de Montpellier, no. 28, (2004), p. 14.

11 Ferdinand Castets et Joseph Berthelé, Archives Municipales de Montpellier, Inventaire et documents, Tome I, In-

ventaire du Grand Chartrier rédigé par Pierre Louvet en 1662-1663, Imprimerie Serre et Roumégous, Montpellier, 1895-1899.

12 Maurice Oudot de Dainville, Inventaire sommaire des archives de la ville de Montpellier, Inventaires et documents.

que beaucoup de documents ont été perdus entre les travaux de Joffre et ceux de Oudot de Dain- ville.

Parmi l’ensemble de ces sources consulaires, l’intervention des consuls au sein du milieu hospitalier est essentiellement mesurable dans deux types de sources : les actes notariés et les documents comptables. Les actes notariés attestent avant tout des pouvoirs d’action des consuls à titre de patrons des hôpitaux. On y retrouve notamment des actes de nomination ou de destitution du personnel ou encore des actes de gestion immobilière. Par le biais de ces actes notariés, il est possible d’entrevoir de quelle manière les consuls exercent leur autorité sur les établissements qu’ils administrent et quelles sont les répercussions directes des rapports de pouvoirs qui s’établis- sent entre eux et les recteurs d’hôpitaux. Comme il a été question du rôle et des pouvoirs des consuls en tant que patrons des hôpitaux au chapitre précédent, nous ne nous étendrons pas ici à nouveau sur le sujet13

Les écritures comptables constituent quant à elles une source-clef en vue de mieux com- prendre comment s’exerce la gestion hospitalière du point de vue des finances. Avant de se lancer dans une analyse de ces comptes, on brossera d’abord un bref portrait de l’organisation comptable de la ville aux alentours du XVe siècle. La comptabilité urbaine à Montpellier repose sous la res- ponsabilité du clavaire. Choisi parmi les consuls élus14, celui-ci est accompagné dans sa tâche par deux auditeurs de consulat, lesquels sont chargés de la vérification des comptes. À la suite de cette vérification était dressée la liste des arrérages15 en fonction des manques à combler. Dans l’exer- cice de leurs fonctions, les clavaires tiennent trois types de livres. D’abord le livre d’ar et d’aver,

13 Pour plus de détails ou pour des exemples, voir la section 2.1.1. 14 Christine Feuillas, « Les archives de la ville de Montpellier », p. 10. 15 Geneviève Dumas, «Un registre de compte à Montpellier », p 51.

dont aucune copie n’est parvenue jusqu’à nous16. Ils doivent également tenir un livre des dépenses. L’intitulé de ce type de document varie selon les années mais porte le plus souvent le nom de Liber

preceptorum à la fin du XVe siècle17. Finalement, le clavaire consigne les revenus et dépenses

dans le livre de la claverie. Les dépenses du consulat sont inventoriées devant les consuls ainsi que quelques témoins. Ceux qui ont touché des sommes de la part du consulat confirment alors les avoir reçues. Une note explicative, plus ou moins brève indique la raison pour laquelle l’argent à été versée aux créanciers. Plus le XVe siècle progresse, plus ces notes s’avèrent détaillées. Cela va de pair avec le raffinement général des exercices comptables qui se met graduellement en place à cette époque.

En plus de ces livres, le corpus de la documentation comptable est aussi constitué de son lot de pièces justificatives, rédigées et compilées par les notaires du consulat, assistés de leurs clercs18. Celles-ci sont remises au clavaire, qui entreprend leur colligation en vue de la préparation des comptes. Autres documents utiles à l’étude des écritures comptables, les livres de mémoires donnent à voir quelles pouvaient être les questions qui préoccupaient particulièrement l’adminis- tration urbaine. On verra plus tard que les mémoriaux datés de la fin du XVe siècle présentent un nombre important de références aux hôpitaux et autres services d’assistance. C’est par la mise en commun de ces différents types de sources comptables que l’on peut envisager une compréhension de la mécanique intrinsèque à la gestion des comptes à Montpellier.

16 Idem.

17 Le livre des dépenses peut aussi porter le nom de liber expensarum et receptarum ou encore de liber recognitione. 18 Jean Beaumel, La fin d’une seigneurie du Midi de la France, Montpellier, Causse, 1969, p. 93.