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4. Evaluation de l’impact de la filière sur le développement

3.2. Les interactions avec les autres filières agricoles

1.3.2. Diminuer le prix des intrants

1.3.2.1. Diminution par une centralisation des achats

Les consommations intermédiaires qui sont constituées des intrants phytosanitaires et des emballages contribuent pour 23 % au coût de revient de la banane antillaise. La baisse du prix des intrants est donc un élément important de l’amélioration de la « compétitivité coût ». Cette baisse est d’autant plus nécessaire qu’elle permettra, en dépit des difficultés financières actuelles, de maintenir un niveau d’intensification minimal des exploitations et surtout d’éviter que les producteurs ne tombent dans la spirale dangereuse d’un raisonnement minimaliste : « je n’ai plus de liquidité pour traiter, je traite de moins en moins, les rendements baissent, la qualité se dégrade, les coûts fixes par kilogramme augmentent, le prix de vente baisse ».

Le prix des intrants14 utilisés en bananeraie a augmenté de 2 %/an environ entre 1996 et 2001 qui indique une stabilité des prix en valeur réelle compte tenu de l’inflation. Pourtant, plusieurs éléments conduisent à penser que la baisse des prix des produits phytosanitaires pourrait être possible notamment au niveau des groupements. Il faut relever aussi une difficulté à comparer les prix des produits en raison de la grande diversité des conditionnements utilisés. Un travail d’harmonisation de la nomenclature des références de produits phytosanitaires par les groupements est nécessaire.

Les économies dans l’achat des intrants sont nécessaires pour améliorer la « compétitivité coût » de la filière. Elles peuvent s’appuyer sur un regroupement des achats et une homogénéisation des conditionnements. Ces actions sont aujourd’hui mises en œuvre par l’Union des groupements.

1.3.2.2. Le prix des traitements aériens pour lutter contre la cercosporiose.

Le prix du traitement aérien est globalement stable depuis 10 ans aux Antilles françaises. Un renforcement des équipes au sol pourrait cependant permettre de diminuer le nombre de traitements notamment dans le contrôle de l’efficacité des applications après traitement et l’implication des producteurs dans le contrôle de la maladie (meilleur effeuillage, élimination des bananeraies abandonnées qui sont des réservoirs de recontamination, …). Une évaluation économique plus fine est nécessaire pour valider cette hypothèse et mesurer son impact sur les coûts, d’autant plus que dans le même temps des investissements seraient nécessaires au moins en Martinique pour remettre aux normes les installations au sol. L’évolution de la réglementation interdisant le traitement aérien à moins de 50 mètres des zones d’habitées risque en revanche de conduire à une augmentation des coûts des traitements contre la cercosporiose sans que l’on puisse à ce stade donner des indications chiffrées15.

Conclusion sur l’amélioration des prestations des groupements

L’évolution vers une bananeraie raisonnée, nécessite des compétences spécifiques accrues à chaque étape de la production. La création récente d’une Union de groupements

14 Données fournies par Karubana, sur un panel de 50 produits. 15

Il sera probablement nécessaire dans certaines zones d’utiliser davantage les traitements par hélicoptère qui ont un coût supérieur à celui des traitements avions.

constitue une condition favorable pour répondre à ces enjeux. La réorganisation des groupements sur les fonctions de conseil technique et l’achat d’intrants devrait permettre une évolution plus rapide des techniques culturales et une diminution des coûts de revient.

Conclusion sur l’amélioration de la compétitivité par une diminution des coûts de revient

Le coût élevé du travail qui pénalise la compétitivité de la banane antillaise crée une situation qui incite les exploitants à augmenter la productivité du travail par la recherche constante d’innovations. Ces gains de productivité reposeront pour partie sur l’augmentation des rendements. Compte tenu des contraintes environnementales (fortes dans des milieux insulaires), ces gains de rendement ne pourront pas être obtenus par une intensification des applications d’intrants. Ils nécessitent la mise en oeuvre de nouveaux itinéraires techniques (dont certains sont en phase de vulgarisation) qui repose sur la systématisation des principes de l’agriculture raisonnée (vitroplants sur jachères, rationalisation de l’usage de désherbants et d’engrais, meilleure irrigation etc..). Les perspectives d’intensification par mécanisation de certains travaux (travaux du sol, au champ, transport des régimes), l’amélioration des stations d’emballage par une mise en commun de certains équipements, et la réduction attendue des coûts de transports représentent des sources d’économies potentielles.

La mise en œuvre de ces mesures nécessite un ajustement des compétences humaines au niveau de l’encadrement assuré par les groupements, des exploitants et des services de recherche/développement. Au niveau des exploitations, ces ajustements requièrent une mobilisation plus forte de la main d’oeuvre salariée, et par conséquent une évolution des coordinations entre exploitants et ouvriers agricoles. Si ces formes de coordinations se sont développées favorablement en Martinique (mensualisation des salaires, convention collective) des retards préjudiciables à la filière ont été pris en Guadeloupe sur ce plan.

L’amélioration des compétences doit tenir compte de la diversité des exploitations qui selon leurs structures n’ont pas les mêmes itinéraires techniques ni la même structuration des coûts de revient. L’allégation qui sous tend que la compétitivité de la bananeraie antillaise souffrirait de la faiblesse de ses structures (comparé aux multinationales) n’a pas pu être vérifiée dans le cadre de cette étude. En revanche, des économies d’échelle commerciales sont possibles au niveau de l’achat des intrants et des prix de vente de la banane. La question reste posée de savoir qu’elles pourraient être les économies qui résulteraient d’une utilisation collective des stations d’emballage.

Il existe donc de réelles possibilités d’amélioration de la compétitivité aux Antilles par une diminution des coûts de revient. Cette amélioration nécessiterait dans certains cas des investissements dont il faudra trouver le financement.

II. STRATEGIE DE COMPETITIVITE HORS COUTS : MIEUX VALORISER COMMERCIALEMENT LA BANANE ANTILLAISE

Introduction

Des gains de compétitivité sont à réaliser dans une stratégie hors coûts qui va s’appuyer sur une amélioration du positionnement commercial de la banane antillaise.

Nous rappellerons ici quelques points « clés » des analyses sur l’évolution des prix :

 La fixation des prix QWD est déterminée par les importateurs-mûrisseurs. La banane antillaise est commercialisée sur le marché européen où elle est fortement concurrencée par d’autres origines.

 Le prix QWD de la banane antillaise subit, à qualité comparable, une décote par rapport aux autres provenances (Afrique, Amérique Latine) sur le marché français16.  Les prix de détail aux consommateurs pour une qualité donnée sont convergents entre

les différentes origines.

En complément de ce rappel, des tests récents (validés par les normes AFNOR) sur les intentions d’achat d’un panel de 65 consommateurs de banane en France (Maison de l’alimentation, CCI Avignon, 2003) montrent que:

 63 % des consommateurs seraient prêts à acheter une banane plus chère sachant qu’elle est produite uniquement aux Antilles.

 88 % des consommateurs seraient prêts à payer la banane plus chère, sachant qu’elle est produite dans des conditions plus respectueuses de l’environnement17

.

La valorisation commerciale de l’amélioration des pratiques culturales représente un potentiel de compétitivité qui n’est pas aujourd’hui réalisé sur les marchés. Nous allons détailler ici les pistes qui permettraient de valoriser ce potentiel.

2.1. Diminuer l’hétérogénéité de la production antillaise et mieux rétribuer les efforts de qualité

L’amélioration de la qualité de la banane est un élément central de la compétitivité à venir. Elle est un requis indispensable à la mise en place d’une segmentation du marché qui permettrait de vendre plus cher une banane qui coûte plus cher.

Tous les opérateurs sont unanimes pour souligner la forte hétérogénéité de la production antillaise. Cette hétérogénéité se traduit par une grande variété d’emballages qui ne correspondent pas à une réelle différenciation qualitative du produit, un respect des cahiers des charges très variable, et de fortes variations de la qualité physiologique des fruits empêchant un mûrissage homogène.

16 La faiblesse des lots antillais en terme de volumes (pour une qualité comparable), l’hétérogénéité de ces lots mais également, le pouvoir de négociation des groupements expliquent cette décote.

17

Il faut cependant être prudent sur l’interprétation de ces résultats car l’expérience sur d’autres produits montre qu’il y a souvent des différences entre intentions et actes d’achat.