Les performances des AHMLLs pour une utilisation comme horloge optique pour l’échantillonnage de
signaux RF assisté optiquement dépendent notablement de la cadence de répétition du train
d’impulsions en sortie de cavité ainsi que de sa gigue temporelle (cf. chapitre II). La compréhension
des phénomènes limitant ces deux paramètres est alors primordiale pour une utilisation optimale
des AHMLLs. La dynamique du laser, ainsi que le choix de la modulation appliquée et du filtrage sont
particulièrement déterminants.
1. b. i. Laser à verrouillage de modes actif et harmonique pour la
conversion analogique numérique assistée optiquement
La réponse dynamique du laser joue un rôle déterminant dans la description et l’évaluation des
fluctuations du train d’impulsions en sortie de cavité.
La classe dynamique d’un laser est définie en fonction des temps de relaxation caractéristiques du
champ électromagnétique dans la cavité : le temps de vie de photon dans la cavité 𝜏
cav, le temps de
vie associé à l’inversion de population 𝜏
invet le temps de vie associé à la polarisation des atomes
𝜏
polar[169]. Trois classes dynamiques peuvent être distinguées :
Classe A : 𝜏
polar≪ 𝜏
cavet 𝜏
inv≪ 𝜏
cavL’évolution de l’inversion de population du milieu à gain Δ𝑁 et de la polarisation des atomes ℘ est
quasi-instantanée par rapport à l’évolution du nombre de photons 𝐹 dans la cavité. Par élimination
adiabatique des variables associés au milieu actif de la réponse du laser, on peut montrer que pour
les lasers de dynamique dite de classe A, la cavité agit comme un filtre passe-bas vis-à-vis des
différentes sources de bruits, la fréquence de coupure étant reliée au temps de vie de photon dans la
cavité [170].
Classe B : 𝜏
polar≪ 𝜏
cavet 𝜏
polar≪ 𝜏
inv(𝜏
cav~ 𝜏
inv)
L’évolution de la polarisation des atomes ℘ est quasi-instantanée par rapport à l’évolution de
l’inversion de population 𝛥𝑁 et du nombre de photons 𝐹 dans le laser. C’est donc la seule variable
qu’on peut éliminer adiabatiquement. Pour ces lasers dits de dynamique de classe B, la réponse
dynamique et les spectres de bruit sont marqués par une résonance à la fréquence des oscillations
de relaxation du laser. Cette dernière est, entre autres, donnée par le temps de vie des photons dans
la cavité et le temps de vie de l’inversion de population [171].
Classe C : 𝜏
cav~ 𝜏
inv~ 𝜏
polarLes trois variables s’amortissent avec des constantes de temps comparables. Aucune variable ne peut
être éliminée adiabatiquement. La réponse de ces lasers peut donner lieu à des comportements
dynamiques très particuliers, de type chaotique notamment.
La classe B comprend les lasers à état solide (Nd:YAG, Er-Yb:Verre, Ti:Saphir), les diodes lasers
conventionnelles type DFB, DBR ou Fabry-Perot, les lasers SC à émission par la surface (les VCSELs).
Quant à la classe A, elle comprend les lasers à colorant et une grande partie des lasers à gaz
atomiques (He:Ne). La classe C, comprend essentiellement des lasers dans l’infrarouge très lointain,
par exemple les lasers à ammoniac. Les lasers ayant des dynamiques de classe C sont néanmoins
beaucoup plus rares que les lasers ayant des dynamiques de classes A ou B.
Dans ce chapitre, nous nous intéressons en particulier aux AHMLLs utilisant un SOA (𝜏
inv~ ns) placée
dans une cavité optique choisie longue et à faibles pertes pour avoir une durée de vie des photons de
l’ordre de quelques ns. Le laser présente ainsi une dynamique de classe A (𝜏
inv≪ 𝜏
cav). En effet,
d’une part, les oscillations de relaxation, à l’origine d’une dégradation résonante du bruit du laser,
sont ici naturellement supprimées. D’autre part, grâce à la fonction de filtrage passe-bas du premier
ordre offerte par la dynamique de classe A [52], il est possible de filtrer les sources de bruit avec une
fréquence de coupure de quelques centaines de kHz [68].
Différents travaux présentent plusieurs méthodes de verrouillage actif des modes optiques de la
cavité : modulation directe du gain [172], ou modulation externe [173] par un modulateur d’intensité
[66] ou de phase [174]. Pour les mêmes raisons que pour la réinjection de signaux RF dans la BDF de
fréquence au chapitre III, nous nous intéressons dans ce chapitre à la modulation externe des pertes
de la cavité avec un modulateur d’intensité de type Mach-Zehnder.
1. b. ii Performances et limitations
Avec les considérations précédentes, nous étudions dans ce chapitre des lasers de dynamique de
classe A par verrouillage actif et harmonique des modes optiques de la cavité. Si cette architecture
présente des performances remarquables de génération de trains d’impulsions ultra-stable à haute
cadence de répétition [67, 175], le verrouillage harmonique des modes impliquent plusieurs
limitations intrinsèques.
Dans un AHMLL, plusieurs supermodes, de taux de répétition 𝑞ISL
cavespacés de ISL
cavsont
susceptibles de coexister dans la cavité (cf. Figure V - 3 peigne bleu et rouge). Comme énoncé
précédemment, la phase des dents d’un seul supermode est constante grâce à l’injection réciproque
des dents du supermode dans l’amplificateur optique par le modulateur de Mach Zehnder.
Cependant, la phase spectrale peut fluctuer d’un supermode à un autre. Ces fluctuations, alimentées
en particulier par l’ASE et le bruit environnant, se traduisent par du bruit, en excès aux harmoniques
de l’intervalle spectral libre du laser, à la fois en phase en intensité [168, 176]. Plus précisément, le
bruit de phase du train d’impulsions 𝑆
𝜑(𝜔) en sortie du laser à la fréquence 𝑓
reps’écrit dans ce cas
[52, 177] :
𝑆
𝜑(𝜔) = ∑ 1
(𝜔 − 𝑚 ∗ ISL
cav)
2+ 𝛤
2(𝛤
2𝑆
GRF(𝜔) + 𝑆
ASE(𝜔))
+∞𝑚=−∞
, (V. 3)
avec 𝑆
GRF(𝜔) le bruit de phase du synthétiseur externe pilotant le MZM, Γ la fréquence de coupure
de la cavité qui dépend de 𝜏
cavet du nombre de modes verrouillés en phase dans la cavité et
𝑆
ASE(𝜔) la contribution de l’ASE qui est résonant aux harmoniques de L’ISL de la cavité.
Pour un AHMLL, le bruit de phase du train d’impulsions présente du bruit en excès aux harmoniques
de ISL
cavD’après l’équation (V. 3), on remarque que 𝑆
𝜑(𝜔) est limité par deux principales
contributions :
- le bruit de phase du générateur RF se reportant sur le bruit de phase du train d’impulsions
aux basses fréquences de décalage par rapport à la porteuse (pour 𝜔 < Γ le bruit de phase n’est pas
filtré par la cavité),
- la contribution de l’ASE aux hautes fréquences de décalage par rapport à la porteuse
résonante aux harmoniques de ISL
cav.
Dans ce chapitre, on se propose d’étudier deux techniques inspirées des BDF pour améliorer les
performances des AHMLLs :
- l’injection optique de l’AHMLL par un laser CW externe monochromatique pour réduire le
bruit de phase lié à l’ASE et la compétition entre les supermodes,
- le verrouillage rationnel et régénératif pour la génération de trains d’impulsions à haute
fréquence de répétition à partir d’un générateur externe à basse fréquence, afin de réduire la
contrainte de l’utilisation d’un synthétiseur externe à haute fréquence et à bas bruit de phase.
2 Injection optique de laser à verrouillage de mode actif et
harmonique
Comme décrit plus haut, le bruit de phase à haute fréquence de décalage est essentiellement dû aux
fluctuations entre les différents supermodes coexistant dans la cavité. Ces fluctuations sont
alimentées par l’ASE et le bruit environnant, et se traduisent par des pics de bruit en excès aux
fréquences harmoniques de l’ISL du laser. La coexistence de plusieurs peignes de modes dans un
verrouillage actif et harmonique, est dû à l’absence de processus physique fixant la longueur d’onde
optique d’une des dents du peigne.
Plusieurs preuves de concept expérimentales ont été démontrées dans la littérature pour favoriser
un seul peigne de mode par rapport aux autres et ainsi réduire le bruit de supermodes : en insérant
un filtre Fabry-Pérot de grande finesse dans la cavité [67, 178], ou bien en injectant la cavité avec un
laser externe CW [179]. L’insertion d’un filtre optique type Fabry-Pérot de grande finesse
(typiquement une finesse de l’ordre de 𝑓
rep/ISL) apporte une réduction significative du bruit en
excès mais aussi une perte de l’accordabilité de la cadence de répétition du train d’impulsions, ainsi
qu’une complexité supplémentaire pour asservir la cavité laser au filtre Fabry-Pérot inséré. Nous
nous sommes intéressés à la réduction de bruit de phase par l’injection optique externe de l’AHMLL.
2. a Influence de l’injection optique sur un laser à verrouillage de
Dans le document
Dynamique et applications des boucles optiques à décalage de fréquence pour l'optique hyperfréquence et la métrologie
(Page 196-199)