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C. Diffusion et usages des TIC dans les foyers et dans l’automobile

Sécurité routière et technologies : repères socio historiques et acteurs du contexte de la circulation routière en France

II. C. Diffusion et usages des TIC dans les foyers et dans l’automobile

Non seulement présente dans le fonctionnement de l’automobile, l’informatique est aussi intégrée dans de nombreux objets techniques du quotidien. La transparence de l’informatique caractérise aujourd’hui notre rapport aux dispositifs faisant que la technologie s’efface devant l’activité que rend possible l’objet. La société de l'information a ainsi gagné peu à peu de nombreuses pratiques quotidiennes des individus revêtant des applications protéiformes faisant que nous baignons dans un monde de TIC.

Au départ de cette réflexion nous nous sommes interrogés sur la liaison entre la familiarité que nous entretenons avec les techniques sans cesse en renouvellement et une démarche volontaire à nous entourer toujours plus de machines dans nos activités. Sommes-nous prêts à accepter des dispositifs sophistiqués pour mener une activité quotidienne telle que la conduite automobile ? Il s’agit d’une question essentielle dans notre réflexion liant technologies du foyer et technologies de l’automobile du fait que l’usage de TIC constitue un contexte de pratiques et de représentations susceptibles d’accompagner l’adoption des aides à la conduite. Héritée de diverses pratiques avec les dispositifs, la familiarité avec les technologies constitue une posture qui préside à l’acquisition d’autres dispositifs.

Nous réalisons un tour d’horizon de la diffusion de différents objets techniques1 en prenant trois familles de dispositifs qui couvrent les activités quotidiennes des individus en termes de taux d’équipement et en termes de pratiques, ce qui permet d’établir un état des lieux de la familiarisation avec les TIC.

II.C.1. L’ordinateur et Internet.

Les données du Crédoc montrent qu’entre janvier 1991 et janvier 1998, le taux d’équipement en ordinateur est passé de 12% à 23%1, soit un doublement en sept ans. En juin 2003, il atteignait 46% soit un doublement par rapport à 1998, année depuis laquelle la croissance s’est accélérée (+4% par an). Néanmoins à la fin de l’année 2003, la France était en cinquième position parmi les pays européens, derrière l'Allemagne ou la Grande Bretagne par exemple ; le taux d'équipement moyen en ordinateur en Europe étant de 43%2. Afin de prévenir une « fracture numérique » en termes d'équipement informatique, les politiques gouvernementales ont alors tenté de lancer la France dans l'univers du numérique. En juin 2004, le seuil des 50% était franchi et la France a atteint 64% de foyers possédant un ordinateur en juin 2007. Les taux d’équipements de certaines populations ont nettement progressé comme les sexagénaires (+11%), les ouvriers (+8%) et les ménages aux revenus inférieurs à 1500 euros (+9%).

Malgré ces progrès, les inégalités d’équipement en ordinateur demeurent importantes par rapport à un objet comme le téléphone portable mais elles diminuent. Rappelons ainsi qu’à ses débuts, l’ordinateur instaurait des inégalités liées au secteur d'activité faisant que : « les 'cols blancs' sont plus nombreux à savoir se servir d'un ordinateur que les 'cols bleus' »3. L’ordinateur se retrouve maintenant aussi bien dans les bureaux que dans les usines et surtout dans les foyers. Le coefficient de Gini fait apparaître des disparités d’équipement des foyers très importantes selon l’âge (19,8%), le revenu (16,7%) mais surtout selon le niveau de diplôme (22,3%) et la PCS (22,2%)4. Au contraire la variable sexe (2,1%) et le lieu de résidence (3,1%) ne révèlent pas de disparités notoires. Ceci est confirmé par le travail de T. Beauvisage qui remarque que le clivage homme/femme s’est estompé mais est remplacé par un clivage parent/enfant5.

L’utilisation de l’ordinateur pose la question de la transmission des savoir-faire impliquant une forme de socialisation à l’outil. Fait encourageant, l'apprentissage des jeunes générations s'inscrit dans un contexte totalement différent de celui de leurs aînés. La scolarité et l'entourage familial constituent désormais les sources d'apprentissage chez les 0-14 ans quand pour les plus de 30 ans il s'agissait de la sphère professionnelle voire d'une démarche personnelle6. Comme

1 BIGOT, « La diffusion des technologies de l'information dans la société française », 2006, p.33.

2 Etude réalisée par l'institut d'études marketing GfK en décembre 2003.

3

ROQUETTE, « L'informatique : une technique assimilée par les jeunes générations », 1999.

4 BIGOT, op. cit., 2006, p.72. Cet écart est mesuré par un indicateur statistique, le coefficient de Gini, qui lorsqu’il est égal à zéro signifie qu’il n’y a pas d’inégalités. Un coefficient de Gini égal à 100% signifie qu'un seul groupe détient tout l’équipement et que les autres groupes ne possèdent rien (pas d’égalité).

5

BEAUVISAGE, « Les usages routiniers de l’informatique à domicile », 2007, p.227.

nous en avons fait l’hypothèse dès les prémisses de ce travail1, une modification structurelle des utilisateurs de l'ordinateur est en train de s'opérer avec dans le bas de la pyramide des âges de la population une cohorte d’individus jeunes ayant eu un contact précoce avec cet outil, donc formée au maniement de cet outil et dont le rapport aux TIC sera bien différent de celui des cohortes plus âgées. En 2006, 83% des 12-17 ans possédaient un ordinateur, annonçant une cohorte familiarisée à cet outil qu’elle retrouvera dans différentes sphères de la vie sociale. Or le risque est grand d’assister à une fracture grandissante entre générations : les jeunes formés au maniement de l’ordinateur et une population âgée dont l’expérience de l’outil est très inégale. La notion de socialisation prend alors toute sa dimension et soulève le rôle d’instances alternatives pour former les plus âgés à cet outil.

Dans une étude dressant un panorama détaillé des usages de l’ordinateur, T. Beauvisage observe que l’ordinateur est utilisé en moyenne 23 jours dans le mois et reste allumé 7h34 par jour pour une utilisation réelle de 2h512. Il fait ressortir quatre profils d’utilisation dans les foyers en fonction des contextes d’usage, allant du ‘PC allumé 24h/24 (15%) au ‘PC peu utilisé’ (22%) en passant par des profils plus majoritaires tels que ‘PC à disposition’ (33%) et ‘PC au besoin’ (30%). L’utilisation quotidienne de l’ordinateur progresse chaque année : 45% des possesseurs d’un ordinateur l’utilisaient tous les jours en 2004, ce taux est passé à 52% en 2005 pour atteindre 57% en 2006. Aussi, pour le Crédoc, ces chiffres illustrent une réalité : « l’ordinateur occupe une place de plus en plus importante dans la vie quotidienne des Français »3.

En effet, l’ordinateur se prête à de multiples usages comme la navigation sur Internet (63%), les jeux vidéo (8%), la bureautique (6%), le multimédia (5%). Mais il faut remarquer tout de même que la gestion de l’ordinateur (gestion de fichiers) représente 10% des usages. De plus, les usages de l’ordinateur de la part de l’individu se concentrent sur un nombre restreint de logiciels qui reflètent l’usage réel de l’ordinateur4. Il constitue cinq profils d’utilisateurs selon le temps consacré aux différents types logiciels. Il y a les « usages à dominante Web », à dominante « messagerie instantanée », à dominante « jeux », à dominante « ‘peer to peer’ et multimédia » et à dominante « bureautique et mail ».

1 PAGES, PERVANCHON, « Approche sociologique des représentations et des usages des aides à la conduite », 2004, p.37.

2 BEAUVISAGE, op. cit., 2007, p.223.

3 BIGOT, « La diffusion des technologies de l'information dans la société française », 2006, p.90.

4 BEAUVISAGE, op. cit., 2007, p.231. On observe que les logiciels tels que Internet Explorer, l’explorateur de fichiers Windows, Windows Media Player, Acrobat reader, Word, MSN sont utilisés par plus de 70% des utilisateurs du panel de l’étude.

Il n’en reste pas moins qu’à côté d’une population familière de l’usage de l’ordinateur, il existe une autre population en retrait de l’informatique. Parmi la population ayant un ordinateur, 31% des non diplômés et 28% des retraités ne l’utilisent jamais ! Parmi ceux qui l’utilisent, les retraités (43%), les ouvriers (42%), les non diplômés (32%) sont les moins « accros » à leur machine. En recoupant utilisation de l’ordinateur au travail et au domicile, le rapport du Crédoc constate que 40% de la population ne s’est jamais confrontée à l’informatique. Il s’agit principalement des plus de 60 ans, des personnes peu diplômées (83% des non diplômés et 49% des titulaires d’un Bepc) et des personnes de ménages aux revenus inférieurs à 1 500 Euros mensuels. On observe la persistance d’une certaine forme de ‘concentration’ des usages au sein de la population faisant que les cadres, les diplômés du supérieur, les jeunes (12-24 ans) et les titulaires des revenus les plus élevés sont, non seulement les plus équipés, mais également les plus grands utilisateurs de l’ordinateur à domicile. Toutefois, le Crédoc note un signe encourageant dans la diffusion de l’ordinateur en constatant une diminution très nette, entre 2005 et 2006, des inégalités d’équipement liées au niveau de revenu. Le prix ne constitue donc plus la barrière principale dans l’équipement. Aujourd’hui, on compte même 12% des foyers qui en possèdent deux. L’étude du Crédoc explique cela en disant que l’informatique et Internet font partie intégrante du mode de vie des diplômés du supérieur, qui souvenons-nous se distinguent des autres classes en ayant des pratiques en avance sur le reste de la population.

Concernant la connexion à Internet, si en janvier 1999, seul 6% de la population en disposait, ce chiffre était de 35% en juin 2004 et atteignait 53% en juin 2007. Chaque année ce sont près de deux millions d’utilisateurs qui étaient conquis. Mais entre 2006 et 2007, on a assisté à une augmentation de plus de quatre millions1 ! Dès leur lancement en 2002, les connexions haut débit ont connu un succès qui n’a pas cessé depuis. En juin 2006, 88% des connexions à Internet des particuliers étaient à haut débit (technologie ADSL) alors qu’en 2004 le haut débit ne représentait que 55% des connexions. Et en 2007, 83% des possesseurs d’un ordinateur sont reliés à Internet contre 70% en 2004. Précisons qu’il n’existe pas de différence significative de sexe pour ce qui est du raccordement à Internet. La proportion de personnes déclarant se connecter quotidiennement à Internet a progressé au fil du temps : de 48% en 2004, ce taux est passé à 56% en 2005 puis à 65% en 2006. C’est ce que confirme T. Beauvisage en constatant un doublement du temps et du nombre de sessions par utilisateur entre 2000 et 2006. Pour expliquer cela, on peut avancer la progression des offres Internet à haut débit, exempts de tarification horaire. Ainsi 70% des personnes disposant du haut débit se connectent tous les jours contre 31% pour celles ayant du bas débit (RTC).

L’utilisation d’Internet dans les différents milieux sociaux est intéressante pour connaître les pratiques de communication et d’information des individus. Les utilisateurs les plus assidus avec un usage quotidien d’Internet sont les 18-40 ans, les personnes seules, les cadres et les professions intermédiaires, les étudiants, et les Franciliens. Au niveau scolaire, si 27% des élèves utilisaient Internet à l’école au moins une fois par semaine en 2004, en 2006 ce chiffre monte à 40% mais son utilisation quotidienne est encore rare (4%). Dans le milieu professionnel, l’accès à Internet n’a plus progressé depuis 2004 : 60% des actifs ne disposent pas aujourd’hui d’Internet sur leur lieu de travail. Néanmoins, la fréquence d’utilisation progresse avec 22% des actifs se servant d’Internet quotidiennement, contre 18% en 2005 et 15% en 2004. Plus on est diplômé, plus les revenus sont élevés, plus on utilise quotidiennement Internet. C’est ainsi que 80% des cadres consultent au moins une fois par jour Internet. Jusqu’à 40 ans environ, la moitié de la population se connecte chaque jour. 56% des habitants de l’agglomération parisienne se connectent chaque jour contre à peine un quart des ruraux.

Le développement de l'Internet haut débit a favorisé l'émergence de nouveaux usages que nous relatons. Si l’usage d’Internet représente l’activité principale sur l’ordinateur avec 63% du temps d’usage de l’ordinateur, c’est la navigation sur le Web (soit 3h57 hebdomadaire) qui constitue la principale utilisation d’Internet, suivi de la messagerie instantanée (45 minutes) et du courrier électronique (36 minutes), le ’peer to peer’ ne représentant que 13 minutes par semaine !1 T. Beauvisage met au jour « d’une part un phénomène de routinisation des usages Web, supportée par un élargissement de la palette de sites routiniers et la captation d’un tiers du temps de trafic par ces sites, et d’autre part, une quantité encore considérable de sites éphémères »2, autrement dit il y a une consultation régulière d’un nombre restreint de sites.

Concernant les pratiques de communication, 79% des internautes ont utilisé un système de messagerie électronique pour envoyer des courriels au cours des 12 derniers mois, activité plus fréquente chez les 25-40 ans (83%), les diplômés (88-94%), les cadres (88-95%), les personnes vivant dans un ménage aux revenus élevés (88%), les habitants des grandes villes (83-86%). Dans aucun groupe, la proportion d’internautes concernés ne descend en dessous de 60%, ce taux descend à 63% chez les adolescents, ceux-ci étant nettement plus portés sur la messagerie instantanée, et à 60% chez les non diplômés. Les internautes ayant publié un blog ou un site Internet sont essentiellement des adolescents et les 18-25 ans dont la plupart sont élèves ou étudiants (contre 12% des 25-40 ans et 8% des 40-60 ans).

1

BEAUVISAGE, op. cit., 2007, p.230.

Les téléchargements de musique, de films et de logiciels continuent de croître d’année en année. En 2006, près d’un internaute sur deux (47%) déclarait avoir téléchargé des fichiers de ce type au cours des 12 derniers mois. La proportion d’internautes ayant téléchargé de la musique est passée en un an de 26% à 32%, quand celle relative au téléchargement de films a progressé de 4 points (16% des internautes en 2006) et le téléchargement de logiciels concerne aujourd’hui plus d’un internaute sur trois (+5 points en un an)1. En juin 2006, 49% des internautes avaient déjà accompli des démarches administratives ou fiscales sur Internet, soit près de 14 millions de personnes. Les achats sur Internet ont progressé en 2006, et 47% des internautes en ont fait au cours des douze derniers mois (contre 39% en 2005). Cette pratique est surtout répandue chez les 18-40 ans, les diplômés2, les cadres (69%), les personnes vivant dans des ménages aux hauts revenus (49%) et les habitants de Paris et de son agglomération (41%).

Si l'ordinateur demeure le symbole de la complexité technologique et de la difficulté d’usage du fait de sa capacité de tout faire, cela ne l'a pas empêché de conquérir un certain nombre de sphères comme le bureau, l'école et le domicile. Les stratégies d’usages montrent que l’ordinateur reste une ressource utilisée ponctuellement pour des activités spécifiques et routinières. Internet s’avère constituer « le moteur d’usage de l’ordinateur et le dénominateur commun entre tous les utilisateurs »3.

II.C.2. Les dispositifs nomades.

Considérons maintenant quelques dispositifs nomades qui accompagnent les individus dans leurs déplacements et leur permettent de réaliser différentes activités, ils embarquent une partie de l’univers personnel de l’individu. Basés sur le microprocesseur, ces dispositifs affichent-ils la difficulté incarnée par l’ordinateur ?

• Le téléphone portable.

Objet qui s’est inséré dans les pratiques de communication en quelques années, le téléphone portable accompagne désormais l’individu durant toute sa journée, redéfinissant les frontières public-privé, du ici et maintenant et du futur, de l’individuel et du collectif. En moins de dix ans d'existence cet objet est parvenu à s'imposer largement. Selon les données du Crédoc4, son taux de possession a doublé entre janvier 1998 et janvier 1999, passant de 11% à 24%. En juin 2000,

1 L’étude du Crédoc livre une analyse des profils selon le type de téléchargement. Les personnes particulièrement plus attirées qu’en moyenne par le téléchargement de logiciels sont des internautes diplômés du supérieur (43%), des cadres (53%), des personnes vivant dans des foyers à hauts revenus (40%), des 18-25 ans (43%), des hommes (40%) et des habitants de l’agglomération parisienne (44%)

2 38% des bacheliers et 58% des diplômés du supérieur contre 27% en moyenne dans l’ensemble de la population.

3

BEAUVISAGE, op. cit., 2007, p.246.

il se chiffrait à 47%, soit près du double en un an. Cet équipement concernait 60% de la population en juin 2002, atteignant 68% en juin 2004 puis 75% en juin 2007. La diffusion ralentit depuis 2002 suggérant que les personnes non encore équipées seront peu enclines à acquérir cet équipement. Certaines populations sont moins concernées par la possession telles que les personnes vivant en zones rurales et les petites villes (50%), les seniors (54%), les personnes non diplômées (43%), les personnes au foyer et celles aux revenus inférieurs à 1500 euros (39%). Mais on observe un taux d’équipement élevé chez les 12-17 ans, de l’ordre de 70%, cette tranche de population constituant un enjeu pour les opérateurs dans la captation d’une clientèle qui sera fidélisée. Le coefficient de Gini montre que l’équipement en téléphone mobile varie principalement en fonction de l’âge des enquêtés (11,5%) et de leur catégorie sociale (9,5%), inégalités en baisse entre 2005 et 20071.

Conduite par les fabricants de téléphones mobiles et les opérateurs de téléphonie, la téléphonie mobile a connu un grand développement2. La preuve de l’engouement pour la téléphonie mobile se note au travers d'un nombre de lignes de téléphones mobiles supérieur à celui des lignes fixes depuis l'année 2002. Autre manifestation du succès de l'objet, l'usage des messages (SMS). En 2006, 65% des possesseurs du téléphone portable en ont envoyé. C'est principalement une pratique adolescente : 97% des 12-17 ans ayant un portable envoient des SMS, et pas moins de 92% des 18-24 ans et 79% des 25-40 ans. Cette proportion diminue fortement après 40 ans. Les écarts entre les générations se vérifient également sur le nombre de messages transmis : les 12-17 ans envoient, en moyenne, 31 SMS par semaine, alors que les 18-25 ans en envoient 23 ; au-delà de 18-25 ans, le nombre de messages envoyés descend en dessous de 10. En 2006, le nombre moyen de SMS hebdomadaire envoyé par client actif était de 14 contre 11 en juin 2003. Regarder la télévision sur son téléphone mobile reste encore marginal en 2007 (1%), mais les 12-17 ans sont toutefois plus concernés que leurs aînés.

Le téléphone portable est aussi devenu un instrument multifonctions3 sous le règne du paradigme informatique, ce qui permet une convergence avec l’ordinateur en s’y connectant pour importer/exporter des contenus multimédias. Mais cette polyvalence ne va-t-elle pas le faire sombrer dans les affres de la complexité de l’ordinateur ? Ainsi bardé de fonctions, le téléphone portable devient « smart phone » revêtant une dimension encore plus ludique et sa possession

1 BIGOT, op. cit., 2007, p.78.

2 En témoigne le lancement des téléphones mobiles de « troisième génération » (ou 3G) offrant un haut débit donnant accès à des services tels que visiophonie, la diffusion de la vidéo et de la télévision.

valorise l’utilisateur1. Concernant les services proposés par les opérateurs, 13% des possesseurs de téléphone mobile utilisent les services de téléchargement de jeux, de sonneries ou de logos. L’effet d’âge est le facteur discriminant et ce sont principalement les jeunes qui en sont friands : 49% des adolescents le font, de même que 23% des 18-24 ans, contre seulement 10% des 25-40 ans et 5% des 40-60 ans. Le téléchargement de musique ou de vidéos a fait son apparition en 2004 et 9% des possesseurs ont utilisé ce type de service. Cette pratique concerne essentiellement les jeunes : 37% des 12-17 ans téléchargent de la musique ou des clips, contre 7% seulement des 25-40 ans. Cette pratique n’apparaît pas liée à des questions de revenus (coût de ces services), mais tend à accréditer l’effet d’une « culture jeune » dans l’intérêt pour ces services. La diffusion du téléphone portable et la variété des usages participent à la construction à chaque instant d’une culture numérique plus élargie. Cette imprégnation nous laisse augurer une certaine capacité des individus d’appréhender d’autres dispositifs sous ce cadre de référence et pourquoi pas les instruments embarqués dans un véhicule.

• L’agenda électronique.

L’agenda électronique (PDA) est lui aussi un objet technique qui a connu une forte progression, plus 15% entre 2002 et 2003, pour atteindre un taux d'équipement de 2,4% à la fin de l'année 20032. Cela étant il reste encore onéreux et d'un champ d'usage assez restreint bien que l'on puisse y adjoindre diverses applications (GPS, bureautique, jeux,…). Il subit la concurrence du téléphone portable qui voit ses fonctionnalités augmenter au fil des ans (photo, vidéo, jeux,…). Plus que les autres appareils cités ici, cet objet est source de marquage social, il est attaché aux « cols blancs » et à une élite culturo-informatique.

• Le baladeur audio numérique.

Apparu au début des années 2000, cet objet technique a vu son prix baisser et remporte un certain succès auprès des jeunes générations. Si en 2003, le taux de possession était de 7,5%, il se chiffrait à 34% en 2006 (source GfK). Cet appareil s'insère lui aussi dans l'architecture numérique et s’impose comme dispositif phare de l’ère numérique en offrant un rapport dématérialisé au contenu utilisé (en l'occurrence la musique mais aussi les vidéos notamment grâce aux algorithmes de compression). Pour l’étude du Crédoc : « la numérisation de