nationales ont perdu toute capacité d’intervention et de coordination
1515 Les capacités en personnel des pompiers pour tout Port-au-Prince s’élèvent à quelques dizaines de volontaires, selon l’AFPS 2010 (p.9). En ce qui concerne les forces de l’ordre, Haïti n'a pas d'armée et ses forces de police ont quasiment disparu dans le chaos qui a suivi le tremblement de terre. Seuls restent les quelque 7 000 soldats et 2 000 policiers déployés par l’ONU depuis 2004 pour aider à stabiliser le pays. (« L'insécurité, inquiétude croissante pour les habitants et les sauveteurs », Le Monde avec AFP et Reuters, 16 janvier 2010)
. Les institutions
internationales présentes sur place sont aussi touchées à l’image de l’ONU. Plus d’un million et
demi de personnes se retrouvent sans abris (un an après, les refuges hébergent encore un million
de personnes, et ils sont encore 400 000 en avril 2012) (photo 6). La gestion de l’aide humanitaire,
l’approvisionnement en aliments, en eau, etc., sont compliqués par des difficultés en termes de
mobilité. L’aéroport et le port ont été affectés, les routes sont couvertes de décombres, seuls les
axes principaux sont déblayés dans un premier temps.
Cette catastrophe touche un des pays les plus pauvres du monde,149
èmesur 182 selon l’indicateur
du développement humain du PNUD. Le séisme vient empirer une situation caractérisée par le
déficit général d’infrastructures. En 2009, 45 % de la population n’avait pas accès à de l’eau
potable et 83 % de la population haïtienne ne bénéficiait pas de services d’assainissement (OMS,
2010). « Port-au-Prince est une ville de plus de deux millions d’habitants sans station d'épuration
et dont les eaux usées se déversent dans la mer par des canaux à ciel ouvert. » (AFPS, 2010a, p.
10)
Le réseau d’approvisionnement en eau, déjà vétuste, présentait déjà des taux de fuites avant le
séisme de l’ordre de 50 %. La potabilisation était assurée par les particuliers en fin de réseau.
Après le séisme, l’accès à l’eau devient rapidement un problème majeur, voire Le problème
principal. La distribution demande une mobilisation de moyens importante pendant plusieurs
mois, notamment de camions citernes et par la mise en place d’alternatives de potabilisation de
l’eau. En ce qui concerne l’énergie, si les centrales électriques sont relativement épargnées, les
lignes d’approvisionnement de la capitale sont presque toutes affectées. 6 semaines après le
séisme, l’électricité n’est rétablie que dans la moitié de la capitale. 85 % de la production nationale
est rétablie au bout de deux mois. Les télécommunications coupées les premières semaines en
raison de l’endommagement des antennes ont dues être assurées temporairement avec des
antennes mobiles, dans la mesure des équipements disponibles (AFPS, 2010a).
En termes de santé, devant l’ampleur des défis – plus de 300 000 blessés et des infrastructures
existantes dans l’incapacité de faire face - c’est aussi un système alternatif qui se met en place. En
temps normal, le dispositif souffre déjà de carences : 47 % de la population n’avait pas accès aux
soins de santé de base en 2007, et on décomptait 1,33 lit pour 10 000 habitants (contre 5,5 en
Guadeloupe et 5,27 en France).
« L’hôpital général attend depuis plusieurs années de réunir la somme de 10 000 Dollars
pour remettre en état son groupe électrogène. L’électricité n’irrigue la ville que 12 heures
par jour en moyenne. » (AFPS, 2010a, p. 10)
Le séisme complique encore la situation. Les dommages matériels sont importants : 49 hôpitaux et
centres de santé sont endommagés et rendus inutilisables. Le bâtiment du ministère s’effondre
occasionnant la mort de 200 personnes. L'immeuble du Centre National des transfusions de sang
est détruit. Pendant les 8 premiers jours, aucun sang n’est disponible jusqu’à la remise en service
d’infrastructures adéquates et l’arrivée de dons (2500 dans les 6 premières semaines). Les stocks
de médicaments s’épuisent aussi rapidement (OPS, 2010a ; OPS, 2012).
Face à la saturation des établissements à Port-au-Prince, toutes les alternatives sont employées
(figure 2). 12 hôpitaux de campagnes seront installés dans la ville. Un nombre important de
blessés (difficilement estimable) sont transférés ailleurs (1500 à Jérémie, 2000 à Jacmel), mais
aussi en République Dominicaine (plus de 3000 blessés envoyés dans les premiers jours à Santo
Domingo, qui voit ses infrastructures saturer aussi
16). Un navire-hôpital de l’armée américaine est
positionné dans le port.
Figure n°2 : Dispositif d’attention médicale en Haïti au 24 janvier 2010
Source : OCHA
Malgré une capacité fortement diminuée, le dispositif de soins d’urgence doit prendre en charge
un nombre très important de blessés graves. Beaucoup doivent être soignés sur place en raison
des difficultés de mobilité liées à la configuration colinéaire de la ville, à l’obstruction de la voirie
mais aussi au manque de véhicules disponibles. Au total, plus de 4000 amputations ont été
réalisées. Au cours de la première semaine, la saturation des services d’opérations d’urgence s’est
très vite propagée aux services post-opératoires (Grünewald et Renaudin, 2010).
Passée cette phase d’urgence, la crise est loin d’être finie. Des problématiques d’intervention
d’urgence, on passe aux risques sanitaires, dus principalement à la contamination de l’eau et aux
16 « Les hôpitaux dominicains sont débordés », Le Monde avec AFP, le 18 janvier 2010