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3 Élaboration d’un thésaurus

3.3 Difficultés et préconisations

Une des principales difficultés a été le choix des termes, puis des catégories et des groupes.

Pour cela il m’a fallu comprendre précisément la particularité des collections du musée Rodin et les besoins exacts des utilisateurs. D’autre part, il était nécessaire de combiner l’utilisation des vocabulaires déjà existants dans le domaine, comme le Thésaurus iconographique Garnier, puis les adapter et les enrichir avec des termes spécifiques et utiles pour la collection du musée Rodin, tout en respectant les normes en vigueur.

Une autre difficulté était que le corpus d’œuvres sur lequel portait l’élaboration du thésaurus était limité aux dessins et aux sculptures, mais il me fallait toutefois prendre en compte que ce thésaurus devait rapidement s’étendre à l’ensemble des collections et des ressources du musée Rodin. J’ai donc choisi des termes utiles à la description des dessins et des sculptures tout en présentant un thésaurus qui puisse facilement être étendu dans la suite du projet avec la création d’un vocabulaire commun et l’harmonisation des données. Lors de la présentation de mon travail au service des collections et au service de la recherche, les conclusions ont porté sur le fait qu’il apportait un véritable éclairage et des éléments concrets permettant de mettre en valeur les collections du musée Rodin. Mais les discussions ont également porté sur la difficulté de prolonger ce travail tout en mettant en avant sa nécessité. Mon travail n’était pas de rendre un projet abouti mais a surtout consisté à créer une première ébauche, à poser les jalons et le cadre pour la suite et a été une valeur ajoutée pour la réflexion menée au sein du musée Rodin.

Enfin, alors que l’objectif de ma mission était l’élaboration d’un vocabulaire contrôlé sous forme de thésaurus afin de faciliter l’indexation et la recherche, je me suis souvent heurtée à une méconnaissance de l’utilité des langages documentaires et de la structuration des données. Jusqu’à l’arrivée du chargé d’études documentaires des collections, aucun langage documentaire n’était utilisé et tous les champs de la base de gestion des collections étaient des champs libres et non indexés. Un certain nombre de champs sont maintenant indexés mais le logiciel de gestion des collections étant obsolète et mal utilisable, les utilisateurs n’ont pas conscience de la manière dont peut être valorisée l’utilisation des langages documentaires, notamment pour la recherche. Il est également vrai qu’au début de la période informatique, on voyait clairement comment était effectué le travail, mais aujourd’hui beaucoup de choses sont invisibles : la recherche se fait sur des liens et des champs qui peuvent être cachés ; le résultat est affiché mais pas forcément les étapes qui ont permis d’y arriver ; l’information peut être concaténée (mise côte à côte), donnant l’impression de l’existence d’un seul champ alors qu’il y en a plusieurs. Pour des personnes qui ne sont pas formées à la structuration des bases de données, il n’est pas toujours facile d’en comprendre le fonctionnement.

J’ai donc pris le temps, tout en m’attachant à comprendre les besoins des utilisateurs et les spécificités des collections du musée Rodin, d’expliquer ce qu’une meilleure structuration des données et l’utilisation d’un vocabulaire contrôlé pouvait apporter, et montrer les profits que l’on peut retirer d’un logiciel plus performant et bien paramétré.

J’ai pu également tenter de montrer l’utilité d’un langage documentaire tel que le thésaurus, qui permet justement de décrire correctement les données de façon homogène. Ce langage documentaire est, en effet, un outil sémantique performant qui permet de créer des liens et de donner du sens.

Or, justement, le web de données, dans lequel les données liées aux collections muséales doivent être intégrées, nécessite des données très structurées et porteuses de sens. On peut se demander si ce n’est pas là un des enjeux de la valorisation des collections muséales.

Nous allons essayer, dans la troisième partie, de définir plus précisément ces enjeux. Quelles sont les politiques culturelles et comment les musées doivent y répondre ? Comment les musées peuvent-ils ouvrir leurs données, garantir leurs échanges et leur interopérabilité dans le cadre du web de données ?

Troisième partie :

Quels enjeux pour la valorisation

des collections muséales

Dans cette dernière partie, et afin de répondre à ces questions, nous replaçons les collections muséales dans le contexte plus large des données culturelles et des grandes missions du MCC : garder trace de la connaissance et la diffuser. De ces deux grandes missions vont découler naturellement les enjeux de la valorisation des collections muséales.

En premier lieu, et afin de répondre à ces missions, le MCC impulse trois grandes politiques culturelles auxquelles les musées doivent répondre : la collecte des données avec le premier récolement décennal des collections, la numérisation des ressources avec la numérisation du patrimoine culturel et l’ouverture des données avec l’open data.

En répondant à ces politiques culturelles, les musées peuvent favoriser ainsi le partage et la diffusion des connaissances qui doivent se faire là où sont les utilisateurs. Or les utilisateurs, à l’heure actuelle, sont sur le web et ne sont pas seulement français mais du monde entier.

En utilisant tous les canaux de diffusion de leurs données et de leurs ressources sur le web, et en mettant à contribution les utilisateurs, les musées peuvent ainsi acquérir une visibilité nationale et internationale d’envergure, qu’ils amélioreront encore en étant capables de comprendre les enjeux et les fonctionnalités du web de données.

En effet, il ne suffit pas de mettre ces données sur le web, il faut les rendre exploitables et ainsi mieux visibles. Et pour cela, et afin de tirer le meilleur profit du web de données, les musées doivent pouvoir garantir l’interopérabilité de leurs données. Cela nécessite des données très structurées qui reposent sur l’utilisation des langages documentaires comme les thésaurus et les vocabulaires contrôlés utilisés selon les principes du web sémantique.

Les données vont pouvoir être porteuses de sens, favoriser le multilinguisme et ainsi permettre à l’utilisateur d’accéder à une recherche facilitée et unifiée, non seulement sur les collections muséales mais également sur l’ensemble des données culturelles.