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LES DIFFERENTES METHODES EMPLOYEES POUR LA PRESERVATION ET LA MISE EN VALEUR DU PATRIMOINE

CHAPITRE III. L’ETAT DE L’ART

I. LES DIFFERENTES METHODES EMPLOYEES POUR LA PRESERVATION ET LA MISE EN VALEUR DU PATRIMOINE

Plusieurs méthodes ont été appliquées pour la préservation et la mise en valeur des sites archéologiques, de la conservation à la valorisation ou « muséalisation »

«La conservation physique des vestiges par des mesures matérielles appropriées (de la simple consolidation à la mise hors d’eau et hors d’air) la protection juridique, si possible par des mesures foncières concernant la propriété du terrain et des vestiges et par toute une panoplie de mesures réglementaires»

«Cette étape découle de la décision de doter le site des moyens de sa survie et de sa restitution au public. Le site est appelé à connaître une vocation singulière où l’accueil et l’encadrement du public, dans leurs aspects matériels, pédagogiques et économiques, appelleront l’adjonction de divers équipements et l’entrée en piste de différents partenaires» (Boucharlat, 2010)

La restauration, l’anastylose, les modèles sous forme de maquettes physiques et maquettes virtuelles, les parcours pour visiteurs commentés, les restitutions sous forme de dessins et les restitutions virtuelles ont été employés un peu partout dans les sites, là où les vestiges étaient dégradés, et où l’interprétation était nécessaire pour la compréhension des ruines.

I. 1. La première méthode. «la restauration»

Dans la partie de restauration des vestiges, il y a plusieurs pratiques et plusieurs manières de maintenir en bon état les monuments et aussi de les mettre en valeur.

Nous rappelons une définition des normes européennes qui a été déjà présentée dans le chapitre théorique, qui nous semble simple et claire, qui nous rappelle l’essentiel et qui nous montre que la restauration est comprise dans la conservation et qu’elles sont étroitement liées.

Conservation-restauration

Mesures et actions ayant pour objectif la sauvegarde du patrimoine culturel, dans le respect de son intérêt patrimonial, tout en garantissant son accessibilité aux générations présentes et futures. (Norme européenne EN 15898 : 2011 (F) Terme 3.3.1)

I. 2. « La restauration » La consolidation des ruines et reconstruction de certaines parties manquantes

C’est la première méthode classique appliquée pour la préservation et mise en valeur dans presque tous les sites archéologiques du monde.

Remettre le site en bon état et si «c’est possible comme il était». Remettre en bon état, veut dire consolider les parties qui menacent de s’effondrer. Consolider les parties de faible résistance, refermer les joints, reprendre les contours d’un liant, couvrir les crêtes des murs pour éviter les infiltrations des eaux de pluies….

Presque dans tous les sites archéologiques de tout le bassin méditerranéen, des

«restaurations » ont été conduites sur les vestiges, suite aux campagnes des fouilles.

Apres la découverte des sites de Pompei, et Herculamum, en Italie, deux sites prestigieux ensevelis par l’éruption du Vésuve, s’est posée la question de la restauration.

commença le problème de la restauration des vestiges. La restauration, en ce temps là se résumait à la protection des crêtes des murs par des tuiles, en remontant parfois les murs, en découpant les peintures pour les conserver dans les musées ou dans les réserves.

D’autres restaurations ont eu lieu et un réel intérêt s’était manifesté envers les vestiges après les fouilles françaises de 1798. (http://www.archeologiesenchantier.fr/)

C’est le cas des trois sites algériens objets de notre étude. En même temps qu’ils déblayaient les sites, les fouilleurs du XIXe siècle remontaient et réarrangeaient les structures. Dans les rapports de fouilles de la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, nous disposons de très peu de renseignements sur les «restaurations» conduites par les fouilleurs sous la direction de Albert Ballu, inspecteur des monuments historiques de l’Algérie ou ses prédécesseurs comme Duthoit, Maintenay, Bernard, Milvoy, Sarrazin voire son successeur, Christofle. Les travaux de restauration se résumaient en une phrase:

«nous avons donc procédé (restauration) à ce travail de la façon la plus discrète» (Ballu, 1903, p. 62), « nous avons restauré les ruines de la maison des jardinières », (Ballu, 1910, p. 75). Il y a très peu de témoignage sur la consistance et le détail des travaux de restauration, ceux qui étaient chargé des travaux de fouilles, restauraient par mimétisme ; aujourd’hui encore, seuls les spécialistes en restauration peuvent discerner les parties antiques authentiques des parties restaurées.

I. 3. L’anastylose.

Au XVIIIe siècle, il y eut la redécouverte de l’héritage grec classique, et l’exaltation de la Grèce ancienne par Winckelmann, Goethe. Des visiteurs et des collectionneurs se rendaient sur place, ce qui a provoqué des fois des destructions. Ainsi, en 1834, la Grèce votait une loi sur la protection des monuments historiques alors que depuis 1820, s’ouvrait un débat européen sur l’anastylose, pratique de restauration qui consiste à remettre en place des éléments retrouvés sur le site. Les travaux de Leo Von Klenze (1784-1864) sur l’Acropole en sont un exemple. Il enleva tous les éléments postérieurs à la période antique et commença la restauration du site en remontant toutes les colonnes et remplaça les fûts manquant ainsi que les architraves.

I. 3. a. Les exemples de «restaurations» consolidations et anastyloses employées sur les sites de Timgad, Lambèse et Djemila.

Pendant la période coloniale, il y eut beaucoup de restaurations faites sur les monuments. Plusieurs consolidations et anastyloses furent appliquées sur les monuments de Djemila, on peut citer le temple des Sévères, l’arc de Caracalla. Cependant l’anastylose

Capitole de Timgad. Voir l’état du Capitole avant, Fig. n°27.

Une illustration qui montre l’Etat des colonnes après un tremblement de terre qui eut lieu entre le XVIIIe Siècle et les travaux de la fin du XIXe Fig. n°28

Après la consolidation du monument, on procéda au remontage des tambours à l’aide d’un treuil et d’une sapine dressée à 23 m de haut. Ballu précisait: «Des tenons en pierre dure noyés dans un bain de mortier de chaux hydraulique et de ciment solidarisaient les tambours dont quelques-uns atteignaient le poids de 6000 kilogrammes.» (Ballu, Journal officiel, 1899, p.4907). Fig. n°29

Juste après les fouilles, les Français restauraient et consolidaient les structures mises au jour les reprenant même après plusieurs années. C’étaient souvent des travaux d’entretien qui s’échelonnaient tout au long de l’année. Ils utilisaient surtout le ciment dans le mortier ou bien un mortier bâtard (le ciment mélangé avec d’autres liants), le ciment était le matériau recommandé et utilisé dans les chantiers de fouilles avant même la Charte d’Athènes. Aujourd’hui, selon les règles de l’art en vigueur, l’emploi de ce matériau est déconseillé voire interdit et seuls les liants proches de ceux d’origine sont admis, comme la chaux, la chaux hydraulique, quelques fois le gypse.

Fig. n°27, Colonnes du Capitole vues par Bruce au XVIIIe siècle, (Robert Lambert, Travels in the Footsteps of Bruce in Algeria and Tunis, 1877)

Fig. n°28, Etat des colonnes après un tremblement de terre qui eut lieu entre le XVIIIe Siècle et les travaux de la fin du XIXe –début du XXè siècle, (médiathèque du patrimoine)

Fig. n°29, Le Capitole de Timgad après l’anastylose (remontage) de quatre colonnes du pronaos

I. 3. b. L’exemple du théâtre de Timgad. Pratique du XIXe siècle.

Dans l’antiquité, le forum a été vidé de ses gradins, l’état du forum après les fouilles de la fin du XIXe siècle. Fig. n°30. En 1905, la restauration des gradins fut entreprise à l’exemple de la restauration déjà menée sur le théâtre d’Orange. Ballu notait à propos du théâtre de Timgad: « cette restauration était nécessaire non seulement au point de vue de l'aspect des ruines, mais aussi pour la conservation du terrain en pente qui, composé de lamelles schisteuses, s'effritait et menaçait de descendre sur l'orchestra. La Comédie Française, représentée par M. et Mme Silvain, a donné une fort belle représentation le 15 mai 1907, en jouant Electre, drame lyrique de M. A. Poizat, dans le théâtre rempli de monde. La plaine thamugadienne était couverte de tentes des Européens et des indigènes accourus de tous les pays à la ronde…» (Ballu, 2011, p. 17).

Les pierres qui formaient les gradins furent récupérées de la forteresse byzantine et replacées dans le théâtre. Fig. n°31

Fig. n°30, Le théâtre de Timgad après les fouilles, (médiathèque du patrimoine)

Fig. n°31, Le théâtre de Timgad après la restauration, (médiathèque du patrimoine) Le but était de consolider le monument et lui redonner sa fonction d’origine avec des représentations comme les comédies et autres spectacles.