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Forme architecturale

I.2 Différentes approches de la forme architecturale :

I.2.1 La forme suit la fonction :

Cette approche considère la forme architecturale comme l’expression de sa fonction. En d’autres termes, la forme est expliquée par sa fonction. C’est la vision des fonctionnalistes

« form ever follows function » ou la forme suit la fonction de Louis Sullivan qui suppose que la forme est issue d’une nécessité fonctionnelle et que la fonction joue le rôle d’une impulsion créatrice de la forme.

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au mot « form », à partir de son sens élémentaire en anglais, un sens idéal générique et immatérialisé, propre au type ou à l’espèce ; c’est la pensée de la forme qui canalise toute formation spatiale et donc son appropriation et son usage. La forme, qui caractérise une existence par rapport à une autre, a une relation privilégiée avec le design « form inspire design » (Mastelan, 2005).

I.2.3 La forme est en rapport avec son contexte :

Toute forme architecturale dans l’espace se trouve liée et influencée par l’environnement où elle est implantée, soit positivement ou négativement. « Il n’y a pas d’architecture construite ex-nihilo … Tout projet d’architecture construit est réécriture d’un contexte » (Tixier, 2001).

Les lois de la Gestalt théorie, qui permettent de relier la forme à son contexte, considère que la forme, qui est une partie d’un tout, est autre chose que cette partie isolée ou insérée dans un autre tout (Mazouz, 2008).

Alexander (1971), s’intéressant aux problèmes de conception dans son essai De la Synthèse de la forme, indiquait que les problèmes de la conception commencent par des efforts pour arriver à la fin à une adaptation simultanée de deux entités : la forme considérée et son contexte (Alexander, 1971) ; Il considère que la forme isolée ne peut pas constituer un véritable objet de discussion, mais plutôt la forme dans son contexte, de plus, la pertinence d’une forme réside dans son adaptation au reste de l’ensemble.

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Fig I.1 : La forme dans son contexte (en bas) et hors son contexte (en haut) (Source : Mazouz, 2008)

Trois types de rapports entre la forme et son contexte sont à citer. Il s’agit de :

- Rapports de production : ce sont les rapports qui enracinent toute forme architecturale dans son contexte ; Les formes sont considérées ici comme des produits du contexte dans lequel elles sont insérées. L’exemple de l’enchainement : pratiques sociales, configurations spatiales, configurations formelles, illustre ce rapport.

- Rapports de référence : du fait que la forme communique des rapports de référence avec d’autres formes ou avec des idées, son apparition est expliquée en se référant à ses modèles ; citant ici l’exemple de l’explication des formes de l’habitat en référence aux modèles culturels.

- Rapports de signification : il s’agit de la rétroaction des formes architecturales en tant que signe sur leur contexte (Borie, 2006).

I.2.4 La forme prend corps dans la matière :

Toutes les activités de l’homme, quelque soit le domaine, agissent sur la matière pour lui donner en résultat une forme. Du fait que chaque matière se distingue des autres par sa consistance, sa texture, sa couleur et qu’elle dispose d’une vocation qui inspire des formes,

« la matière impose sa propre forme à la forme … la forme prend corps dans la matière » (Focillon, 1943) et les formes se diffèrent alors par rapport aux matières qui les constituent.

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La matière peut déterminer la forme. Cependant, cette forme existante dans la matière existe d’abord dans l’esprit du concepteur, c’est un processus interne qui modèle et façonne la matière pour lui donner forme, « en architecture, la conception commence par la production des idées et continue en les transformant en conformations spatiales concrètes » (Mazouz, 2011).

I.2.6 La forme comme structuration de l’espace :

Approche basée sur le rapport entre la forme et l’espace. La forme est perçue, ici, comme structuration de l’espace, comme enveloppe de cet espace.

Fig I.2 : La forme comme structuration de l’espace (Source : Borie, 2006 réadapté par Auteur)

Ce point de vue est abordé par Ching (1979) dans ses travaux sur la forme ; il explique que ce lien existant entre la forme et l’espace se résume dans le fait que la forme, par ses éléments horizontaux et verticaux, peut définir l’organisation de l’espace. Ainsi, cette dernière peut prendre différentes dispositions ; centralisée, linéaire, radiale, en forme d’un groupe ou en forme d’une grille.

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aujourd’hui, et le concept de l’espace tend à remplacer celui de la forme dans la plupart des ouvrages de l’architecture (Borie, 2006).

I.2.7 Synthèse :

« La forme architecturale est le lien entre la masse et l'espace… » (Bacon, 1974 cité par Ching, 1979), il s’agit d’une double structuration, à la fois de la matière et de l’espace, elle reflète une image par son architecture et remplit des exigences fonctionnelles pour les usagers auxquels le projet est destiné.

Aussi, la forme architecturale n’existe pas dans un champ délimité, mais plutôt elle fait référence à un ensemble, qui est la forme et son contexte, afin d’arriver à une adaptation réciproque, « pour contrôler l’adaptation de la forme, considérée comme un tout, au contexte environnant, cette forme elle-même repose, en fait, à la fois sur sa propre organisation et sur l’adaptation interne des éléments qui la compose » (Alexander, 1971).

Ainsi, « l’architecture réunit une forme construite, les matériaux par lesquels elle est mise en œuvre, le contexte où elle se situe et le rôle auquel est destinée » (Mitchell, 1990 ; Young, 1986, cités par Belakehal, 2010).

En outre, la création de cette forme architecturale nécessite un fond de connaissances et d’expériences faisant chemin à une idée qui « est essence de l’espace de conception et existence de l’espace architectural. Car si l’essence réclame l’existence, l’idée réclame l’objet » (Hammou, 2010).