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LES DIFFÉRENCES MORPHOLOGIQUES

Dans le document 01 – LES DIFFERENTS PUBLICS (Page 9-13)

La question de la différenciation morphologique chez l’être humain s’est posée très tôt. Ainsi, Hippocrate (4es av. J-C) distinguait 4 types de tempéraments : le sanguin, le flegmatique, le colérique et le bilieux qui correspondaient aussi à 4 types de morphologies.

Au 16eme siècle, toujours dans l’idée d’établir un lien entre la morphologie et le tempérament, certains ont émis des hypothèses qui prêtent sourire aujourd’hui. Ainsi, Giambattista Della Porta (1536-1615)1, initia la Physiognomonie, discipline qui consistait à trouver des ressemblances entre les visages humains et certains animaux et à en tirer des conclusions quant au caractère !

1 « De Humana Physiognonomia », 1586

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La fin du 19eme siècle et le début du 20ème siècle ont vu des approches plus structurées se mettre en mettre en place. Ainsi, Alfred Thooris1 avait déterminé 4 morphotypes :

1 : Type à prédominance thoracique ou type respiratoire ; 2 : Type à prédominance abdominale ou type digestif ; 3 : Type à prédominance des membres ou type musculaire ; 4 : Type à prédominance de la tête ou type cérébral.

Cela peut paraître dérisoire près d’un siècle plus tard, mais cette classification montre l’intérêt d’une partie de la communauté scientifique à établir des traits communs à certains membres d’une même espèce, et par extension, d’en tirer des caractéristiques fonctionnelles (physiologiques, anatomiques) et psychiques.

Nombre de chercheurs ont poursuivi dans cette idée de catégorisation de l’espèce humaine (à des fins parfois plus que douteuses, dans le but notamment de prouver la supériorité de certains sur d’autres, dans une espèce qui rappelons-le, partage à 99,9% le même ADN…).

En 1954, WILLIAM H. SHELDON, médecin et psychologue américain, dans ses publications2, classe le genre humain selon trois types : l’endomorphe (viscéro-tonique), le mésomorphe (somato-tonique) et l’ectomorphe (cérébro-tonique). Il est intéressant de noter que la classification de Sheldon met elle aussi en lien une typologie « physique » avec un type psychique. En d’autres termes, de la morphologie découle un comportement psychique : le tempérament.

Pour élaborer sa théorie, Il s’appuie sur l’embryologie où trois couches de tissus sont distinguées : l’endoderme, le mésoderme, l’ectoderme. Le développement « prioritaire » d’un de ses trois feuillet déterminant le morphotype futur.

1 Thooris, 1924, « la vie par la stade »

2 « The Varieties of Human Physique, An Introduction to Constitutional Psychology» 1940 ; « The Varieties of Temperament, A Psychology of Constitutional Differences», 1942

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C’est son approche qui reste pour beaucoup référentielle dans le milieu sportif et notamment la musculation. Suivant cette classification, les trois types présenteraient les caractéristiques suivantes :

Caractéristiques

En se basant sur cette typologie, il suffirait de tenir compte de ces caractéristiques pour mettre en place à la fois une pédagogie adaptée et des entraînement correspondant aux différents morphotypes.

Il est important de souligner que cette approche typologique, souvent mise en avant en musculation, est de plus en plus remise en question car la méthodologie utilisée par Sheldon est sujette à caution.

Celle-ci était observatoire, mais aucune étude médicale « scientifiquement fiable et mesurable » n’a à ce jour confirmé cette catégorisation.

Elle implique aussi un déterminisme qui fige les êtres humains dans des ces catégories (« un ectomorphe ne pourra que faiblement développer sa musculature ») qui a souvent été remis en question par la pratique (certains ectomorphes dans le début de leur vie d’adulte ont pu développer une musculature plus qu’honorable par la suite).

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Cela est d’autant plus discutable qu’il apparait que les phénomènes environnementaux et l’hygiène de vie (notamment l’alimentation) sont des éléments favorisant le passage d’un type à l’autre (si l’on se réfère toujours à cette typologie).

Cette dernière idée est par ailleurs corroborée par des recherches en génétique qui démontrent que la génétique d’un individu peut évoluer au-cours de sa vie (ce qui va à l’encontre de la théorie de Sheldon qui « enferme » les individus dans un morphotype). Il est ainsi démontré comment l’influence certains gênes peut influencer l’assimilation des nutriments, mais aussi et surtout comment le régime alimentaire, l’hyperthermie et l’exercice peuvent influencer l’évolution des gènes.

Finalement il revient à chacun d’accorder le crédit qu’il souhaite à la théorie des morphotypes de Sheldon.

En revanche, s’il l’on s’écarte de l’approche des morphotypes, on ne peut nier qu’il existe des spécifiés morphologiques et anatomiques qui vont prédisposer à la pratique d’un sport au lieu d’un autre surtout quand il s’agit de performances. De manière simpliste, mieux vaut être grand pour jouer au volley-ball (le morphotype des joueurs de haut niveau va dans ce sens), mais n’importe qui peut pratiquer cette discipline au final.

De même, de sérieuses connaissances en biomécanique, dans les disciplines de forces, vont permettre d’adapter les interventions des entraîneurs aux caractéristiques des sportifs. Ainsi au soulevé de terre, la longueur des bras et du rachis, de même que celle des segments inférieurs auront une incidence sur le placement du dos lors de l’exécution.

En conclusion, nul ne peut nier qu’il y existe des différences morphologiques qui peuvent être importantes entre sportifs. La catégorisation systématique sur des critères non objectifs1 peut être délétère à la pratique.

Au final, et nous l’avons dit et nous ne cesserons d’en reparler dans les chapitres suivants, l’individualisation doit faire partie du crédo de l’entraîneur.

1 Par « critères non objectifs » il faut entendre « non mesurables » : La répartition par catégories de poids, de taille, performances, sont des critères objectifs.

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Dans le document 01 – LES DIFFERENTS PUBLICS (Page 9-13)

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