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3.4 Conclusion du chapitre 3

4.1.1 Dialogue et contributions

4.1.3 Attitudes et Contributions dans les Conversations Humain-Agent . . . . 49 4.2 Expressions d’attitude strictement collaboratives . . . 49

4.2.1 Réponses aux questions fermées . . . 50 4.2.2 Réponses aux questions ouvertes . . . 51 4.2.3 Assertion d’une attitude . . . 53 4.3 Formalisation des attitudes strictement collaboratives . . . 54

4.4 Small-Talk vs négociation . . . . 54

CHAPITRE 4 – LES ATTITUDES À L’ÉCHELLE DE LA PAIRE ADJACENTE

D

ANSle chapitre précédent, nous avons analysé les attitudes telles qu’elles s’expriment

à l’échelle du tour de parole. Afin d’améliorer la compréhension du phénomène en contexte conversationnel, il est nécessaire de dépasser le cadre du tour de parole et d’observer la distribution et le fonctionnement des tours de parole entre eux. Pour cette raison, le cadre d’étude du présent chapitre est élargi à celui de la paire adjacente Sacks et al. (1974). Notre objectif est d’analyser le fonctionnement des expressions d’attitude à l’in- térieur de ce cadre et de montrer que certaines d’entre elles ne peuvent être analysées sans une prise en compte conjointe de l’apport sémantique des deux énoncés qui composent la paire adjacente. Ces expressions, que nous appelons expressions d’attitude strictement collaboratives (EASC), se distinguent de celles étudiées dans le précédent chapitre, que nous nommons expres- sions simples d’attitude, en ce que l’attribution des valeurs aux attributs polarité, cible et source repose exclusivement sur la collaboration dialogique des locuteurs (dans notre cas, l’agent et l’utilisateur). Dans un premier temps, nous interrogeons la notion de contribution dialogique telle que décrite par Clark and Schaefer (1989), qui permet d’envisager la conversation non comme une simple suite d’énoncés mais comme un travail collaboratif, dans lequel chaque énoncé implique la participation des deux interlocuteurs, du côté de la production et de la réception. Pour les auteurs, l’unité de base de cette contribution dialogique est la paire adja- cente. La première section de ce chapitre est pour nous l’occasion de questionner le caractère participatif et collaboratif des attitudes. Mettant en valeur un sous-phénomène particulier à la nature contributive des attitudes en conversation, celui des EASC, nous nous efforçons, dans un deuxième temps, d’analyser le fonctionnement sémantique de ces expressions spécifiques et d’en proposer une formalisation. Dans un troisième temps, nous procédons à une exemplification des phénomènes, décrits dans le chapitre, sur deux sessions issues de nos corpus de travail.

Publications associées à ce chapitre :

— Langlet, C. and Clavel, C. (2014b). Modelling user’s attitudinal reactions to the agent utterances: focus on the verbal content. In 5th International Workshop on Corpora for Research on Emotion, Sentiment & Social Signals (ES3 2014), Reykjavik, Iceland

— Langlet, C. and Clavel, C. (2014a). Modélisation des questions de l’agent pour l’analyse des affects, jugements et appréciations de l’utilisateur dans les inter- actions humain-agent. In Proceedings of TALN 2014 (Volume 2: Short Papers), pages 479–484, Marseille, France. Association pour le Traitement Automatique des Langues

4.1. LES ATTITUDES DANS LE CADRE COLLABORATIF DU DIALOGUE

4.1

Les attitudes dans le cadre collaboratif du dialogue

En conversation, les énoncés ne sont pas indépendants les uns des autres, ils s’inscrivent dans un travail coopératif entre les locuteurs. S’interrogeant sur la manière dont les locuteurs participent au dialogue, les auteurs décrivent les contributions dialogiques comme faisant partie d’actes collectifs. Dans cette section, nous présentons une synthèse du modèle de Clark and Schaefer (1989) et interrogeons la nature participative et contributive des expressions d’attitude.

4.1.1 Dialogue et contributions

Dans leur article, Clark and Schaefer (1989) s’interrogent sur la manière dont les locuteurs contribuent au discours. Le simple fait de produire le bon énoncé au bon moment n’est pas, selon eux, un critère suffisant. Ainsi, plus que des séquences d’énoncés produits tour par tour, les conversations doivent être appéhendées comme le fruit d’un travail collaboratif entre les différents participants qui, lorsqu’ils prennent la parole, doivent prendre en compte l’autre et s’assurer que celui-ci reçoit et comprend le message. À chaque tour de parole, qu’il s’agisse de celui qui parle ou de celui qui écoute, chacun a son rôle à jouer dans la progression de la conver- sation : le locuteur doit s’efforcer de préciser le contenu de sa contribution et de rendre celle-ci intelligible ; l’interlocuteur, quant à lui, s’efforce d’en enregistrer le contenu. Beaucoup d’unités de conversation – mots, phrases, etc – sont produites par un locuteur agissant de manière au- tonome. Mais les contributions sont élaborées par un locuteur agissant de manière collective. Il n’y a contribution que si le contributeur et son partenaire coordonnent leurs actions dans le même sens. Chaque contribution doit ainsi être envisagée comme un acte individuel participant à un acte collectif. Lorsque le locuteur A produit son énoncé, trois actes sont alors impliqués : la production de l’énoncé de A, l’intégration du contenu de l’énoncé par l’interlocuteur B et enfin l’acte collectif de A et de B qui ajoutent le contenu de l’énoncé à leurs connaissances partagées. Ainsi, quand Ann dit à Bob qu’elle est occupée, elle effectue un acte individuel, une assertion, qui contribue au dialogue. Mais cet acte n’est produit que comme la part d’un acte collective dans lequel Bob a également son rôle à jouer. Ainsi collectivement Ann et Bob ajoutent le contenu Ann est occupée à leurs connaissances partagées et cet acte collectif repose sur l’acte individuel de Ann qui formule une assertion et de Bob qui enregistre l’énoncé de Ann comme une contribution au dialogue.

D’un point de vue conceptuel, une contribution s’effectue en deux phases : une phase de présentation et une phase d’acceptation. Dans la phase de présentation, le locuteur A présente au locuteur B un énoncé e qu’il doit prendre en compte. En l’absence d’indication contraire, le locuteur A suppose que le locuteur B a compris ce que A signifiait en produisant l’énoncé e. Dans la phase d’acceptation, B accepte l’énoncé e en donnant la preuve p qu’il pense avoir compris ce que signifiait l’énoncé e. Là encore, par cette action, il suppose que A lui donnera la preuve e qu’il croit que B l’a compris. Si ces deux phases sont effectuées correctement, alors A et B considérerons qu’ils sont parvenus à la connaissance partagée que B comprend ce que A signifiait en produisant son énoncé. Ces différentes phases sont celles qui sont nécessaires pour que A puisse contribuer au dialogue. Ajoutons que B peut utiliser différents types de preuve pour montrer à A qu’il a compris ce qu’il disait : soit en continuant à prêter attention à ce que dit A, soit en le remerciant par un signe de tête ou par une interjection de type “hum hum”, soit en produisant un énoncé qui, à son tour, sera le point de départ d’une nouvelle contribution, soit encore en répétant tout ou une partie de ce que A a dit. Bien évidemment, le type et le nombre de preuves disponibles dépendent de la nature de l’interaction. Dans une conversation face à face, les locuteurs pourront avoir recours à des gestes, des regards ou des expressions faciales,

CHAPITRE 4 – LES ATTITUDES À L’ÉCHELLE DE LA PAIRE ADJACENTE

se composent de deux tours de paroles. La forme et le contenu du second dépendra du type et du contenu du premier (“two ordered utterances, the first and second pair parts, produced by two different speakers. The two parts come in types that specify which is to come first and which second ; the form and content of the second part”, (Clark and Schaefer, 1989)). Pour que la progression de la conversation suive son cours et que soit maintenue la cohérence discursive, la seconde partie doit donc remplir un critère de pertinence et d’acceptabilité.

FIGURE4.1 – Typologie des paires adjacentes (Clark and Schaefer, 1989)