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5.4 Conclusion du chapitre 5

6.1.2 Des attitudes aux likes et dislikes

Dans le domaine des agents conversationnels animés, la modélisation des relations interper- sonnelles se fonde sur l’utilisation de différentes dimensions, dont l’une des plus souvent citées est celle du liking. Sa définition repose sur la Balance Theory de Heider, qui formalise la façon dont les relations entre individus sont expérimentées cognitivement lorsqu’elles impliquent une entité impersonnelle (Heider, 1958). Le modèle prend en compte une personne P, au centre de l’analyse, une seconde personne O et une entité X, qui peut être un événement, un processus ou un objet physique (voir la figure 6.2). Tous trois entretiennent des relations représentées par un triangle dont les sommets représentent P, O et X. Les côtés sont les relations de liking existant entre eux : le liking de P envers O, celui de P envers X et celui de O envers X. Pour Heider, un état équilibré existe si les trois relations sont positives à tous égards ou si deux sont négatives et une positive Heider (1958). Ainsi, si P aime X, O aime X et P aime O, alors l’état entre P, O et X est équilibré. De même, si P et O n’aiment pas X et P aime O, alors l’état est équilibré. Dans le cas contraire, l’énoncé est déséquilibré, cela peut être une source de tension pour P. Cette théorie suppose que pour réduire la tension, les personnes impliquées dans ce type de relation tendent à garder des états équilibrés. Certains scénario d’interaction se fondent sur l’hypothèse que la relation de liking de l’utilisateur (P) envers l’agent (O) est déterminée par le sentiment que l’agent et l’utilisateur ont vis-à-vis d’une entité impersonnelle (X). Si l’agent et l’utilisateur partagent le même sentiment envers l’entité impersonnelle (X), alors la relation de liking de l’utilisateur envers l’agent devrait être positive.

Pour une première version de notre système, nous avons donc choisi de nous concentrer sur la détection des expressions d’attitude informant sur les goûts de l’utilisateur et utiles à la déter- mination de la valeur de la relation de liking envers l’agent. Nous avons regroupé ces différentes expressions au sein d’une même catégorie : les likes et dislikes (L&D). Cette catégorie doit être considérée comme une catégorie contextuelle et applicative permettant de cirsconscrire les ex- pressions à détecter au regard des besoins spécifiques de l’agent, et non comme une catégorie conceptuelle et théorique utile à la modélisation d’un phénomène linguistique. À partir du mo- dèle de Martin and White (2005), nous avons sélectionné les expressions permettant au locuteur, dans notre cas l’utilisateur, d’indiquer ce qu’il aime, n’aime pas, ce qui l’intéresse ou l’indiffère, ce qui le subjugue et ce qui le répugne. Ces expressions sont issues des trois classes définies par le modèle : affects, jugements et appréciations. Prenons l’exemple des phrases ci-dessous :

(i) “This movie makes me sad” (ii) “This painting is a masterpiece”

Tandis que sur le plan théorique, la première est considérée comme un affect et la seconde comme une appréciation, sur le plan applicatif toutes deux peuvent être envisagées comme des indices de L&D. Cependant, parmi les expressions d’attitudes au sein desquelles notamment

6.1. MÉTHODOLOGIE ET OBJECTIFS APPLICATIFS

aucune cible ou déclencheur ne sont spécifiés, ne peuvent être envisagées comme des L&D. Par exemple, “I’m very happy ” fait uniquement référence à un état affectif et ne donne aucune indication sur les goûts de l’utilisateur. Ce type d’énoncé est alors exclu de la catégories des likes et dislikes.

Likes et Dislikes dans le Cadre de la Négociation Néanmoins, si cette catégorie est valable dans le cadre de différents scénarios, il est à noter que certains énoncés peuvent s’y ajouter dans certains contextes spécifiques. Dans le cadre d’un scénario de négociation, un ensemble plus large d’énoncés peut être considéré comme des indices de likes et dislikes. Chaque locu- teur impliqué dans une négociation a un objectif de communication spécifique : obtenir les objets qui l’intéressent. Le dialogue doit être efficace et doit conduire à cet objectif. Dans un tel contexte, les expressions de likes et dislikes peuvent avoir un impact sur le résultat final de la négociation. Dans ce cadre spécifique, nous considérons ces expressions, non comme reflétant une composante de la personnalité de l’utilisateur, mais comme un outil permettant de tirer parti de la négociation. Le locuteur exprime des goûts ou des aversions pour servir un objectif pragmatique.

Cette nature particulière est illustrée par le type de phrases pouvant donner un indice sur les goûts de l’utilisateur. Deux types d’expression peuvent référer à des likes et dislikes : d’abord, des expressions d’attitude telles que décrites par Martin and White (2005), ensuite, des phrases liées à une déclaration volitive. Tandis que le premier type d’expressions se réfère aux propriétés de l’objet et aux sentiments que celui-ci procure chez l’utilisateur, le second permet d’exprimer les souhaits et volonté de l’utilisateur. Dans la phrase, “I want the records”, l’utilisateur n’attribue pas de valeur axiologique ou affective à l’objet, il explique simplement sa volonté concernant le résultat de la négociation. Nous considérons que ces deux types de phrases sont sémantiquement corrélés : en disant qu’elle aime un objet, la personne qui négocie suggère également son souhait de l’obtenir ; tandis qu’en disant qu’elle désire acquérir un objet spécifique, elle suggère qu’elle l’aime ou lui donne une valeur positive. Ce type d’énoncés a donc été considéré par notre système de détection.

CHAPITRE 6 – DÉTECTION DESlikesETdislikes

6.2

Tour de parole de l’utilisateur : détection des expressions simples