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Chapitre 3. Comorbidités associées à l’obésité sévère

3.2 Diabète de type 2

3.2.1 Définition, classification et prévalence du diabète de type 2

Le diabète est une maladie chronique (156, 157). Le diabète de type 1 est caractérisé par un déficit absolu de la sécrétion d’insuline associé à la destruction des cellules bêta du pancréas, généralement causé par un mécanisme auto-immun (158).

Cependant, si le pancréas ne produit pas une quantité suffisante d’insuline, ou si l’insuline produit n’est pas adéquatement utilisée par l’organisme, il est question de diabète de type 2 (157). Le diabète de type 2 (ou diabète non insulinodépendant) est le plus fréquent des deux

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types, représentant plus de 90% des cas de diabète (159). L’obésité est étroitement associée avec le diabète de type 2 (160). En effet, le risque de développer un diabète avec un IMC ≥ 35 kg/m2 est augmenté de 20 fois par rapport à un IMC entre 18,5 et 24,9 kg/m2 (161). En 2016, au Canada, la prévalence du diabète (type 1 et type 2 confondus) était de 7,0% (6,4% chez les femmes et 7,6% chez les hommes) (162). Aux États-Unis, en 2015, la prévalence du diabète était de 9,3% (9,2% chez les femmes et 9,4% chez les hommes) (163). Dans un contexte d’obésité sévère (IMC ≥ 40 kg/m2

), la prévalence du diabète de type 2 est beaucoup plus importante et est estimée entre 15,5 et 24,0% (164, 165).

3.2.2 Pathophysiologie du diabète de type 2

Le pancréas est une glande à la fois endocrine et exocrine (166, 167), et joue un rôle important dans la digestion et dans la régulation de la glycémie (167). La fonction endocrine du pancréas, assurée par les îlots de Langerhans, a un rôle clé dans le contrôle de la glycémie. Les îlots de Langerhans sont composés de quatre types de cellules, qui sécrètent chacune, des hormones (168) : 1) le glucagon par les cellules alpha ; 2) l’insuline par les cellules bêta ; 3) la somatostatine par les cellules delta ; et 4) le polypeptide pancréatique par les cellules PP. Cette section du chapitre abordera principalement la fonction endocrine des cellules alpha et bêta, ayant tous deux un rôle important dans la régulation de la glycémie.

Dans un contexte de métabolisme normal du glucose, l’augmentation de la glycémie provoquerai une production de l’insuline, une hormone hypoglycémiante, par les cellules bêta du pancréas. À travers la glycogénogénèse et la lipogenèse, celle-ci diminuera la glycémie. Dans le cas contraire, si la glycémie diminue, le glucagon, une hormone hyperglycémiante, est produit par les cellules alpha du pancréas pour favoriser la glycogénolyse ainsi que la néoglucogenèse afin d’augmenter la glycémie.

En situation de résistance à l’insuline, l’action de l’insuline est perturbée (169) et par conséquent, le sucre n’est pas utilisé adéquatement par l’organisme et la glycémie augmente. Afin de contrôler la glycémie, les cellules bêta des îlots de Langerhans

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augmentent leur production d’insuline, résultant en une hyperinsulinémie (170, 171). La capacité des cellules bêta à secréter l’insuline peut se détériorer à long terme entraînant ainsi le développement du diabète de type 2 (171). En situation de métabolisme normal du glucose, lorsque la glycémie augmente [glycémie > 6 mmol/L (172)], l’insuline est secrétée par les cellules bêta des îlots de Langerhans. Cette hormone, avec l’aide des transporteurs GLUT 4 (protéines membranaires), accélère l’entrée du glucose dans les différentes cellules de l’organisme (170). Elle active la glycogénogénèse hépatique et musculaire, qui est la transformation de glucose en glycogène ainsi que la lipogenèse au niveau du tissu adipeux, c’est-à-dire la transformation du glucose en lipide (172). En contrepartie, en cas d’hypoglycémie (glycémie < 4 mmol/L), les cellules alpha des îlots de Langerhans secrètent le glucagon, qui diminue la lipogenèse et qui active la glycogénolyse hépatique et musculaire, en transformant le glycogène en glucose. Le glucose est ensuite libéré dans le sang par les hépatocytes afin d’augmenter la glycémie (166, 172). Le glucagon active également la production du glucose à travers la néoglucogenèse, c’est-à-dire, à partir de l’acide lactique et des acides aminés. Si la concentration du glucose devient trop élevée ou trop basse, la sécrétion respective du glucagon ou de l’insuline cesse par un mécanisme de rétro-inhibition (166).

3.2.3 Critères diagnostiques du diabète de type 2

Le Canada (2013) (173) et les États-Unis (2018) (174) proposent quatre critères pour le diagnostic du diabète de type 2, tels que présenté dans le Tableau 5. Le critère de l’hémoglobine glyquée est celui priorisé pour le diagnostic du diabète de type 2 (173, 174). Les critères diagnostiques du prédiabète (communément appelé la phase de résistance à l’insuline), exposant les personnes à un risque plus élevé de diabète, est également mentionné dans ces lignes directrices (173, 174) (Tableau 5). Celui-ci est défini comme une anomalie de la glycémie à jeun ou une intolérance au glucose (173). Afin de confirmer le diagnostic de novo du diabète de type 2, les lignes directrices proposent de répéter le test diagnostic le jour suivant (173).

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Tableau 5 : Critères diagnostiques du diabète de type 2

Abréviations. mmol/L : millimole par litre ; g : gramme ; n/a : non applicable

Source : Canadian Diabetes Association. 2013. (173) ; American Diabetes Association. 2018. (174)

3.2.4 Causes et conséquences du diabète de type 2

Les facteurs génétiques sont l’une des causes du diabète de type 2. De nombreux gènes, soit plus de 50 (171), sont impliqués dans le développement du diabète de type 2, que ce soit dans la régulation de la sécrétion de l’insuline, au niveau des récepteurs de l’insuline ou encore dans le métabolisme du glucose (175). Il est estimé que si un parent est atteint de diabète de type 2, le risque de développer cette maladie est de 40%, alors que si les deux parents sont atteints, le risque augmente à 70% (176). Il convient de noter qu’une proportion significative de cette héritabilité provient de l’obésité plutôt que du diabète de type 2. L’environnement joue aussi un rôle majeur dans le développement du diabète de type 2, plus particulièrement l’environnement « obésogène » tel que discuté dans le chapitre 1. Plus précisément, l’obésité androïde (accumulation de tissu adipeux au niveau de l’abdomen) est celle qui est étroitement associée à la résistance à l’insuline et au diabète de type 2 (74). Il est aussi important de mentionner que due à l’obésité viscéral, la libération de marqueurs inflammatoires peut causer une dysfonction des cellules bêta du pancréas (177). L’intestin est aussi mis en cause dans le développement du diabète de type 2 (178). Plus particulièrement via une activité atténuée voir anormale des incrétines GLP-1 et GIP Prédiabète Diabète de type 2

1) Glycémie à jeun - mmol/L 5,7 – 6,4 ≥ 7,0

2) Hémoglobine glyquée - % 5,6 – 6,9 ≥ 6,5

3) Glycémie 2 heures après ingestion de 75g de glucose - mmol/L

7,8 – 11,0 ≥ 11,1

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qui stimulent habituellement la sécrétion et la libération de l’insuline tout en inhibant la sécrétion du glucagon (179-181).

Le diabète de type 2 peut entraîner des conséquences microvasculaires, qui regroupent entre autres la néphropathie, la neuropathie et la rétinopathie ainsi que des conséquences macrovasculaires qui regroupent l’HTA, l’accident vasculaire cérébral (AVC) et l’infarctus du myocarde (182) (Figure 14).

Figure 14 : Conséquences du diabète de type 2

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