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Guide de lecture

Chapitre 3. Vers une amélioration des connaissances et des compétences des concepteurs urbains et architecturau

3.3 Deuxième intuition – les outils d’AAC hybrides, les plus porteurs?

Les outils « hybrides » présentent-ils vraiment les qualités recherchées par les utilisateurs d’outils d’aide à la conception? Cette question est importante, considérant que la plupart des outils disponibles représentent dans les faits la réponse des chercheurs à un problème de connaissances d’un enjeu donné chez les concepteurs. Or, les chercheurs et les concepteurs ont des manières fondamentalement différentes d’aborder le même problème comme nous l’avons vu précédemment (Figure 31). Nous estimons que le point de départ d’un outil d’aide à la conception devrait être la satisfaction des besoins des utilisateurs. Ces besoins ne se limitent pas à l’acquisition de données scientifiques, mais englobent des enjeux beaucoup plus grands tels que : i) le type d’information utile pour le concepteur, ii) le moment où celle-ci doit être communiquée, iii) sa forme et iv) son degré de précision. L’approche habituelle des outils d’aide à la conception consiste plutôt à amener des données scientifiques prédéterminées aux concepteurs en tenant pour acquis qu’elles lui seront utiles et qu’ils sauront les comprendre. Dans cette optique, l’identification des qualités recherchées par les utilisateurs d’outils d’aide à la conception constitue donc une étape incontournable. Nous croyons qu’un outil adapté aux besoins réels des utilisateurs sera mieux positionné pour influencer positivement le développement de projets urbains ou architecturaux. L’outil proposé aura ainsi plus de chance de contribuer à l’adaptation du cadre bâti des villes tempérées froides à la hausse des températures estivales.

De manière à vérifier que les outils « hybrides » présentent réellement les qualités recherchées par les utilisateurs d’outils d’aide à la conception, plusieurs d’entre eux ont été testés dans le cadre d’un atelier d’architecture de deuxième cycle43

de l’Université Laval (Québec, Canada). Le contexte de l’atelier est exposé dans un premier temps. Il est suivi par la présentation des outils testés. Ces derniers ont tous été discutés dans le cadre de la recension et de la catégorisation d’outils d’aide à la conception précédente (section 3.3). La démarche d’enquête est expliquée à la section 3.4.3. Elle comprend trois méthodes distinctes : 1) l’analyse des projets architecturaux créés à l’issue de l’atelier, 2) un sondage électronique et 3) deux groupes de discussion. La présentation des résultats et une discussion générale sur les qualités des outils d’aide à la conception closent le chapitre.

3.3.1 Présentation de l’atelier

L’atelier intitulé « ambiances physiques et design architectural » porte sur les dimensions architecturales et urbaines du développement durable. Ce dernier est abordé principalement sous l’angle de l’intégration de stratégies passives à l’architecture des bâtiments. Un professeur encadre un groupe de 14 étudiants, à raison de 6 à 9 heures par semaine, pendant 15 semaines. La formule atelier est optimale pour encadrer l’apprentissage des étudiants et pour développer leur capacité à concrétiser des idées. Ils n’ont jamais une compréhension totale de la problématique, peu de règles sur la manière de procéder leur sont transmises et ils ne peuvent prétendre que les solutions intégrées au projet constituent une « bonne réponse ». Il leur faut donc prendre des risques, formaliser leurs idées, mettre à jour leurs connaissances et prioriser les enjeux du projet (Bachman 2012; Burry 2012). Le professeur anime également des séminaires hebdomadaires concomitants (3 heures\semaine) pour transmettre aux étudiants les notions théoriques et les outils d’aide à la conception (AAC) requis pour alimenter les projets d’atelier.

Le groupe d’étudiants participant à l’atelier de l’hiver 2013 est composé de neuf femmes et de quatre hommes âgés de 23 à 25 ans. Un candidat étranger de près de 50 ans fait également partie du groupe; il compte plusieurs années d’expérience professionnelle. Onze étudiants sont d’origine québécoise, trois sont d’origine étrangère (Afrique du Nord et Amérique du Sud). L’atelier s’inscrit au huitième semestre du programme de maîtrise en architecture (M.Arch.) totalisant dix semestres. Les étudiants ont donc déjà acquis un bagage architectural conséquent. La plupart d’entre eux (12/14) ont également expérimenté la pratique professionnelle de l’architecture dans le cadre d’emplois d’été ou d’emplois à mi-temps. Les 14 étudiants, répartis en équipes de deux personnes, ont été invités à concevoir des ensembles résidentiels situés dans la ville de Québec qui seraient adaptés à l’augmentation des températures estivales44

.

43

Programme de maîtrise en architecture (M.Arch.) de l’École d’architecture de l’Université Laval, Québec, Canada. 44

3.3.2 Outils d’AAC testés

Le choix des outils d’AAC testés par les étudiants de l’atelier d’ambiances physiques est basé sur trois critères : 1) la catégorie, 2) la durée d’apprentissage et 3) l’accessibilité. Aucun outil des catégories « intentions » ou « références » n’a été testé, car les prototypes de logiciel recensés sont au stade expérimental, donc inaccessibles (Tableau 13). Aucun outil strictement orienté « connaissances » n’a été testé non plus étant donné le choix d’appuyer l’enseignement magistral concomitant à l’atelier sur le contenu du manuel « Sun Wind & Light » (Brown et DeKay 2000). Cet outil hybride supporte à la fois l’apprentissage des étudiants dans le cadre du séminaire et la validation des projets dans le cadre de l’atelier. La plupart des outils testés appartiennent donc à la catégorie « performance ». La priorité a été donnée aux plus simples, car ils peuvent vite être assimilés par les étudiants. Les trois outils de calculs simplifiés recensés « LUMcalcul » (Demers et Potvin 2004), « PET » (Potvin, Demers, et Boivin 2004) et certains indicateurs, inspirés des « Local

Climate Zone » (Stewart 2011) et repris dans les fiches descriptives (section 2.2.1), ont aussi été

testés. Il en est de même pour les outils de simulation analogique que sont le ciel artificiel (GRAP 2010a) et l’héliodon (GRAP 2010b). Parmi les logiciels de simulation numérique, qui requièrent un temps de formation considérable, seul Autodesk Ecotect Analysis © a été testé : l’Université Laval en possédait déjà les licences d’exploitation et les responsables de la formation (atelier autant que séminaire) étaient déjà suffisamment formés à cet outil, pour assister les étudiants dans leur application. En tout, sept outils d’aide à la conception (AAC) ont été manipulés par les étudiants dans le processus de création de leur projet résidentiel, à un moment ou l’autre du semestre.