• Aucun résultat trouvé

Descriptions du terrain de recherche et les langues L1, L2 & L3 2. Description du terrain de recherche

- Pourquoi choisir ce terrain de recherche ?

Comme nous l’avons dit dans l’introduction, notre terrain de recherche porte sur quelques situations d’enseignement/apprentissage/acquisition du FLE au Sri Lanka. Ce lieu exolingue correspond bien aux objectifs de notre étude, à plusieurs égards : d’abord, les cours de FLE dans ce milieu exolingue accordent, implicitement et explicitement, une place importante à l’enseignement de la grammaire de FLE.1 Cela nous permet de nous renseigner plus facilement sur le processus de conceptualisation du PC et de l’imparfait et sur les difficultés que les apprenants éprouvent au moment des divers emplois de ces deux temps. En effet, dans les cours de FLE au Sri Lanka, cette problématique constitue un des obstacles principaux dans l’apprentissage/acquisition du FLE.

D’autre part, puisque notre objectif concerne l’acquisition du FLE (et de ses concepts grammaticaux) sous l’impact des langues déjà acquises, il nous faut observer les cours de FLE où les apprenants possèdent un certain nombre de langues premières communes. Dans le cas où les apprenants observés disposeraient de langues premières différentes, nous ne serions pas en mesure d’en tirer des conclusions générales.2 De même, nous ne saurons pas comprendre et analyser un corpus de nombreuses langues disparates. À cet égard aussi, le contexte d’apprentissage du FLE au Sri Lanka nous est d’un précieux recours : c’est-à-dire, les langues premières des apprenants de FLE observés dans ce milieu nous sont bien connues, et cela, plus ou moins sous les mêmes formes3. Par ailleurs, ces langues premières comprennent l’anglais et surtout, le singhalais dont les interactions avec le français ne sont pas encore étudiées.

En outre, beaucoup plus que dans un quelconque autre contexte exolingue donné, nous croyons disposer des connaissances approfondies sur les arrière-plans socioéducatifs et culturels du contexte d’enseignement/apprentissage du FLE au Sri Lanka. À notre avis, une telle connaissance sur le terrain d’observation est impérative dans l’analyse des données qui en sont extraites. À savoir, dans une étude telle la nôtre qui ne se borne pas aux données strictement linguistiques, la problématique choisie peut clairement dépasser les frontières de la classe de langue. Ainsi, avant d’aborder les données issues de ces cours, nous nous proposons d’examiner le cadre général de notre problématique en le situant sur le terrain de recherche choisi. Cet examen comprend nécessairement des informations culturelles, historiques et sociolinguistiques relevant du cadre d’enseignement des langues au Sri Lanka.

1La plupart des cours observés adhèrent actuellement à des méthodes éclectiques d’enseignement/

apprentissage du FLE. Toutefois, l’influence des méthodes communicatives est toujours largement présente dans certains manuels d’enseignement du FLE utilisés par des instituts comme l’Alliance française. Le traitement de la grammaire peut pourtant plus ou moins varier selon chaque classe de langue aussi bien au sein de cet institut et ailleurs.

2 Par conséquent, les cours de FLE en situation endolingue (par ex : en France, en Suisse romande, etc.) où

les apprenants disposent de différentes langues premières ne nous conviennent pas.

3 C’est-à-dire que, nous avons aussi acquis le singhalais en tant que L1, l’anglais en tant que L2 et le

français en tant que L3 dans les mêmes contextes et plus ou moins sous les mêmes conditions d’apprentissage que les apprenants de FLE observés.

2.1. Le cadre d’enseignement des langues au Sri Lanka : le contexte plurilingue

Le Sri Lanka est un pays officiellement bilingue. Actuellement, il a deux langues d’État, le singhalais et le tamoul. Cependant, durant des siècles de répression coloniale, ces langues étaient subordonnées à l’anglais, la langue des derniers colonisateurs de l’île. Suite à l’indépendance, en 1956, le singhalais, la langue maternelle (L1) de l’ethnie majoritaire du pays (74% de la population), fut officiellement reconnue comme langue d’État. Toutefois, cette décision de politique linguistique causa du mécontentement chez certains Tamouls, la plus grande minorité du pays (18%). Ayant joui d’un statut social plutôt privilégié sous les colonisateurs, les Tamouls se sentirent désavantagés par ce mouvement national. Ils réclamèrent ce statut officiel également pour leur langue maternelle et cette demande leur fut accordée en 1987.

Cependant, la composition ethnographique et la réalité linguistique de la société sri lankaise vont au-delà de ces deux ethnies et des deux langues d’État (cf. www.lankalibrary.com). Les 26% de la population minoritaire comprennent plusieurs groupes ethniques parlant au moins quatre langues différentes. Selon un recensement fait en 1995, parmi ces ethnies minoritaires, il y avait les Tamouls (18%), les Moors (7%), les Berghers, les Eurasiatiques, les Malais, les Veddhas et les Gitans (1%). Les Moors, les descendants des mercenaires arabes et des femmes tamoules indigènes parlent le tamoul en langue maternelle. Les Berghers, les Malais et les Veddhas ont chacun leur propre langue, mais ils ne constituent que 1% de la population totale. Les Berghers et les Eurasiatiques, les descendants des colons européens, ont l’anglais pour la L1. Les Malais, dont les ancêtres seraient d’anciens exilés polynésiens, parlent le malais. Les Veddhas, que l’on considère comme les aborigènes du Sri Lanka ont une langue plutôt proche d’une ancienne forme du singhalais. Mais, selon leur lieu d’habitat, toutes ces ethnies minoritaires apprennent à parler l’une des deux langues nationales pour ainsi disposer d’une langue véhiculaire.

Malgré la présence de plusieurs langues et la reconnaissance de deux langues comme langues d’État, il est à noter qu’une grande partie des Sri Lankais ignore les langues de leurs compatriotes. Ceci est réciproquement valable pour les Singhalais et pour les Tamouls. La non obligation (jusqu’à très récemment) d’apprentissage des langues nationales en langue seconde à l’école peut constituer la cause principale de cette indifférence à l’égard de la langue de ses voisins. De plus, l’apprentissage de l’anglais à l’école, en tant que langue seconde, est perçu comme plus avantageux que celui d’une langue locale, même majoritaire. En outre, divisés à la suite d’une guerre de deux décennies, la communication entre les Singhalais et les Tamouls semble devenir de plus en plus rare. Dans les échanges essentiels entre eux, l’anglais joue le plus souvent le rôle de la langue véhiculaire.

Néanmoins, cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de bilingues en langues vernaculaires (par ex : singhalais/tamoul, singhalais/autre langue minoritaire, tamoul/ autre langue minoritaire) au Sri Lanka. Il en existe une minorité qui est constitué des autochtones habitant parmi leurs concitoyens alloglottes. Toutefois, dans presque tous ces cas d’acquisition naturelle (sans apprentissage formel) de langues indigènes, l’apprentissage se limite en général au code oral de la langue cible.

Un nombre restreint de citadins Sri Lankais apprend également des langues au statut international (tant asiatiques qu’européennes). Toutefois, par rapport aux langues indigènes acquises dans la pratique sociale, ces langues internationales sont à acquérir

dans l’apprentissage formel. Leur valeur sociale étant très réduite, les motifs des apprenants relèvent nécessairement d’ordres personnels, professionnels ou intellectuels que sociaux.

2.1.1. Le statut des langues et le problème d’étiquetage

Avant de relever l’histoire et la situation actuelle de l’enseignement/ apprentissage des langues au Sri Lanka, il nous semble important d’expliciter ce que nous entendons, dans le cadre de ce travail, par les expressions de « la langue maternelle (L1) », «la langue seconde (L2) » et «la langue étrangère (L3) ».

- « Langue maternelle » (L1)

Comme Stern, H.H. (1990:9) et Giacobbe, J. (1992:15) le constatent, la terminologie dont nous nous servons dans la pédagogie des langues est souvent ambiguë. Il ne faut donc pas les considérer comme des évidences. Souvent, on s’étonne devant la profusion des termes employés qui désigne une seule notion. Par exemple, la langue 1 (L1) d’un locuteur donné peut également être sa « langue maternelle », sa « langue première », sa « langue de départ », sa « langue native », sa « langue source » ou sa « langue de la première socialisation » (voir Marquillo Larruy, M. (2003:5) pour cette dernière désignation de L1). Même si on parvient à repérer intuitivement ce à quoi on se réfère, on ne peut pas nier en même temps le fait que, avec chaque désignation, on ne saisit qu’un seul aspect saillant de la notion en question. Soit on parle de la langue héritée de sa mère (langue maternelle), soit on se réfère à la langue acquise en premier (langue première, langue de départ). On peut aussi faire allusion à la langue que l’on parle en tant que membre originaire d’une communauté linguistique (langue native), ou encore à la langue qui est à l’origine de toutes nos connaissances linguistiques (langue source).

Malgré cette abondance terminologique, le problème du manque de désignation précise reste irrésolu et crée des difficultés à ceux qui travaillent sur ces concepts. À notre sens, l’objet que nous cherchons à appréhender mais qui nous échappe à cause de la prolifération de ces termes ferait plutôt référence à ‘la langue avec laquelle un locuteur s’exprime le plus à l’aise’. C’est également la langue que l’on parle souvent avec les siens, au sein de la famille. Si une langue peut être associée à nos pensées, ce serait cette langue intime. Mais, à part cette proximité psychologique que l’on ressent à l’égard de sa « langue maternelle », elle est aussi clairement une des premières langues que l’on acquiert au cours de sa vie. D’ailleurs, chez une grande majorité des locuteurs, il s’agit vraiment de leur toute première langue.

Dans son livre Fundamental Concepts of Language Teaching, Stern, H.H. (1990 : 11) tente de mettre en lumière cette notion mal définie. Il accepte tous les termes désignant la notion de L1 comme relevant de deux caractéristiques dominantes : d’une part, on se réfère à la langue qu’on acquiert initialement pendant l’enfance, et d’autre part, on parle de la langue la plus utilisée par le locuteur 1 ou la langue qu’il préfère

1 Dans sa définition de L1, Kecskes, I. (cf. séminaire ‘Bilingual Pragmatics’: le 08-11-2006) se base

uniquement sur ce deuxième critère: pour lui, la L1 est la langue la plus utilisée par un locuteur à une phase donnée de sa vie. En ce sens, la L1 n’est pas nécessairement identique à la langue maternelle et un locuteur donné peut avoir plusieurs L1 au cours de sa vie. Or, dans le cadre de cette étude, notre définition de L1 correspond mieux à celle de Stern, H.H.: ce que nous avons désigné la L1 des apprenants observés constituait d’une part leur langue maternelle, d’autre part, la langue qu’ils utilisaient le plus.

utiliser le plus (“language of dominant or preferred use”). Dans le cadre de son ouvrage, Stern propose donc d’employer les termes de « L1 » ou de « Langue première » qui lui semblent susceptibles de regrouper les deux conceptions sous une même désignation. Par manque d’autres termes adéquats pour appréhender ce concept fondamental, nous nous proposons également d’adopter désormais le terme « langue 1 (L1) » pour désigner la « langue maternelle » de nos apprenants ; cela, malgré ses éventuels défauts.

Selon la définition ci-dessus de la L1, les Sri Lankais ne disposent pas tous d’une même L1. Comme nous l’avons déjà vu, c’est une nation multilingue constituée de plusieurs communautés linguistiques qui disposent chacune d’une L1 à part : le singhalais, le tamoul, le malais, etc. Par ailleurs, contrairement aux pays occidentaux où de plus en plus de couples se forment entre des personnes d’origines linguistiques différentes, au Sri Lanka, la tendance est toujours à se marier au sein de sa propre communauté linguistique. Cela a pour conséquence que les enfants sri lankais possèdent presque exclusivement une seule L1 (langue de départ) : soit le singhalais, soit le tamoul, soit le malais, etc. Par suite, dans les cours de FLE observés, nous avons trouvé des apprenants d’origines linguistiques différentes, qui, pourtant ne possèdent qu’une seule L1. Dans le cadre de cette recherche, ce sont les apprenants de L1 singhalaise qui constitue notre groupe visé. De plus, par leur nombre largement supérieur aux apprenants d’autres L1, ils rajoutent une valeur quantitative considérable à notre étude.

Cependant, si le statut de cette langue en tant que L1 des Singhalais n’est pas contesté, sa constitution devrait clairement l’être. C’est-à-dire, la langue singhalaise de nos jours n’est plus parlée dans sa forme ‘pure’ d’il y a quelques siècles passés.1 Aujourd’hui, dans le singhalais parlé, on emploie d’innombrables expressions et mots anglais. Ce code mixte de singhalais et d’anglais qu’on nomme « le singlish » se parle davantage par les gens des grandes villes que par les villageois. Ainsi, dans toute évaluation du monolinguisme (singhalais) ou du bilinguisme (singhalais/anglais) des Sri Lankais (y compris, nos apprenants observés), il faut impérativement prendre en compte leur arrière-plan linguistique complexe.

- « Langue seconde » (L2)

Si la désignation de la langue 1 est problématique, celle de la langue 2 paraît être, du moins à première vue, moins complexe. C’est surtout le cas en anglais où, lorsqu’on fait référence à une « second language », on se réfère à la langue qu’un locuteur acquiert après sa toute première langue (L1). Mais l’inconvénient de cette désignation réside dans le fait qu’elle est conçue sur le seul critère chronologique de l’apprentissage des langues par un apprenant donné. Le contexte d’enseignement, l’âge de l’apprenant ou encore le statut de cette langue par rapport à l’apprenant et à son contexte d’apprentissage ne se révèlent guère à travers cette désignation anglaise de L2. Une « seconde langue » ainsi interprétée ne fait aucune distinction entre une « langue seconde » et « une langue étrangère ».

Par contre, pour beaucoup d’apprenants de langues, ces deux concepts n’ont pas nécessairement la même valeur. En effet, par rapport à « une langue étrangère », « une langue seconde » se distingue à l’aide de plusieurs critères.2 Premièrement, une langue

1 Vu le nombre important de langues dont il a subi l’influence depuis son origine, on ne peut pas

véritablement parler d’un singhalais ‘pur’ même dans le passé. Ici, par ‘le singhalais pur’ nous évoquons simplement un singhalais dépourvu d’anglicismes.

seconde jouit en général d’un certain statut politique dans le pays où elle est enseignée. D’une part, c’est le cas dans les anciennes colonies ainsi que dans les pays qui adhèrent à des organisations internationales tels les pays francophones. Ceux-ci se voient dans l’obligation d’enseigner en langue seconde la langue de leurs anciens colonisateurs (par ex : beaucoup d’anciennes colonies anglaises, françaises et espagnoles en Asie, Afrique et Amérique du Sud). D’autre part, l’obligation d’enseigner/apprendre une langue seconde fait également partie de la politique linguistique des pays dotés de plusieurs langues officielles. Par exemple, Singapour, la Suisse. Dans ces pays où le multilinguisme est une réalité sociopolitique du quotidien, on ne peut pas échapper à l’apprentissage obligatoire d’une langue seconde à l’école.

Deuxièmement, pour être considérée comme langue seconde, une langue donnée doit posséder une valeur sociale importante. En effet, c’est de loin le critère le plus important qui désigne une langue seconde par rapport au contexte de son enseignement. Dans certain pays comme Singapour, ce statut social peut déjà être officialisé et par la suite, politique. Mais, d’un point de vue strictement social, le statut politique d’une langue donnée ne correspond pas nécessairement à son statut social privilégié (par ex : l’anglais au Sri Lanka, et l’anglais en Suisse alémanique). Sans prétendre à aucun statut particulier dans la constitution nationale, une langue seconde peut facilement l’emporter sur les langues indigènes d’un État donné, grâce uniquement à sa renommée sociopolitique et/ou économique.

Enfin, une langue seconde peut également constituer la langue d’enseignement dans le pays de l’apprenant. Elle peut servir à assurer l’enseignement, soit dans sa totalité, soit partiellement. Dans une situation où la totalité de l’enseignement est dispensé en langue seconde, sa supériorité par rapport aux langues indigènes ne doit guère être mise en cause.

Cependant, la langue seconde d’un apprenant donné ne se définit pas toujours avec tous ces trois critères; à l’exception peut-être du cas d’un immigré dans un pays unilingue tel la France ou l’Angleterre. Arrivé dans son pays d’accueil, l’immigré se voit obligé d’apprendre la langue de ce pays. Cette langue, de par son statut politique et social dominant s’impose également à ses enfants à l’école. Même si certains linguistes refusent de considérer le cas des immigrés comme relevant de la question de la langue seconde, nous sommes plutôt d’avis que en ce qui concerne la première génération des immigrés, c’est un exemple typique de l’apprentissage de langue seconde. Malgré leur inconsistance, les trois critères mentionnés ci-dessus servent à faire la distinction entre une véritable « langue seconde » et une simple « seconde (deuxième) langue », qui peut d’ailleurs être « une langue étrangère » acquise directement après la L1.

- L’anglais, langue seconde au Sri Lanka ?

Dans le cadre d’enseignement/apprentissage des langues au Sri Lanka, l’anglais n’a pas de concurrents pour son statut de langue seconde. Indépendamment des L1 des élèves, l’anglais est en général considéré comme la langue seconde de tous les élèves scolaires. Il est ainsi désigné dans les programmes scolaires et est enseigné comme telle dans la presque totalité des écoles publiques et privées. Les quelques institutions qui font exception à cette règle sont les écoles internationales où l’enseignement est d’ailleurs totalement dispensé en anglais.

Quant aux deux langues officielles de l’État, le singhalais et le tamoul, elles sont encore loin d’être considérées comme langues secondes réciproques des deux ethnies principales du pays. Le gouvernement sri lankais a récemment introduit l’apprentissage du tamoul dans les écoles primaires singhalaises et l’apprentissage du singhalais dans les écoles primaires tamoules. Pourtant, cette décision politique ne doit pas être interprétée comme une reconnaissance de la valeur de ces langues indigènes par le système scolaire. À notre sens, l’admission de ces langues dans les programmes des écoles primaires devrait plutôt être interprétée comme une démarche indispensable vers la résolution des conflits interethniques du pays. Par conséquent, le statut de l’anglais en tant que langue seconde à l’école reste stable et non menacé.

Cependant, cette seconde langue à l’école, est-elle vraiment une ‘langue seconde’ pour les Sri Lankais, ou est-elle tout simplement une ‘langue étrangère’ qui l’emporte sur les autres langues étrangères ? Comme nous l’avons dit précédemment, l’anglais est la L1 d’une très petite minorité de la population sri lankaise. Cela ne suffit évidemment pas pour que cette langue soit attribuée de statut de L2 des apprenants de la grande majorité de la population. En outre, l’anglais n’est pas une langue proche aux deux L1 majoritaires du pays ni linguistiquement ni géographiquement. Géographiquement parlant, les vrais natifs anglophones se trouvent bien loin des apprenants sri lankais d’anglais L2. Dans une perspective linguistique, l’anglais ne serait pas plus proche du singhalais ou du tamoul que n’importe quelle autre langue européenne enseignée au Sri Lanka sous la désignation de ‘langue étrangère’. Le seul critère qui fait distinguer l’anglais d’autres langues étrangères au Sri Lanka est constitué par sa très longue présence sur cette île en tant que la dernière des langues des colonisateurs.

En outre, si l’anglais constitue la langue seconde (ou seconde langue) de tous les apprenants scolaires, il ne l’est pas ainsi à tout sri lankais en dehors du système scolaire. Comme nous l’avons déjà dit, à force de vivre parmi les Singhalais ou les Tamouls, les enfants d’autres ethnies minoritaires acquièrent l’une de ces deux langues, et non pas l’anglais, comme leur seconde (deuxième) langue. De même, beaucoup d’enfants tamouls vivant dans les contrées singhalaises acquièrent également la langue de leurs voisins grâce à l’exposition naturelle à cette langue. Toutefois, l’acquisition extra scolaire de ces langues se limite d’habitude à leur forme parlée. Seuls les enfants alloglottes qui fréquentent parallèlement des écoles singhalaises ou tamoules auront

Documents relatifs