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PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET TERRAIN D’ETUDE

ALTITUDE MOYENNE

2.4. DESCRIPTION DE LA VALLEE DE YERBA LOCA

La vallée de Yerba Loca est localisée dans le bassin supérieur de la rivière Mapocho, à 50 km au nord-est de la ville de Santiago du Chili. Yerba Loca est un des rares domaines protégés proches de Santiago où l’on trouve de la forêt à Kageneckia angustifolia. Le site a été déclaré « Santuario de la Naturaleza5

» le 24 juillet

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1973 par le Consejo Nacional de Monumentos Nacionales (CNMN) (ARROYO et al., 2002). Dans son ensemble le site s’étend sur plus de 39.000 ha, mais seulement un tiers de son espace est protégé. Le site a été géré, jusqu'à la fin de l’année 2006, par la

Corporacion Nacional Forestal (CONAF) en partenariat avec la municipalité de Lo Barnechea, propriétaire du terrain, qui gère le sanctuaire depuis janvier 2007.

Figure 35 : Localisation du Sanctuaire de la Nature Yerba Loca (image Aster - avril 2003).

A cet endroit domine un climat méditerranéen du type semi-aride froid (DI CASTRI et HAJEK, 1976). Les étés sont secs et chauds, avec une haute radiation solaire. Les hivers sont froids et humides, concentrant la plupart des précipitations de l’année. Dans les Andes du Chili central, les précipitations hivernales

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sont du type solide, et la durée au sol de la neige varie entre 3 et 5 mois, en fonction de l’élévation et de l’exposition (ROZZI et

al., 1989).

Yerba Loca correspond à une vallée glaciaire modelée durant les dernières glaciations quaternaires, avec de forts signes de glaciations du Pléistocène (BARCELÓ, 1984). Aujourd’hui deux glaciers, El Plomo et La Paloma, occupent le fond de la vallée (photographie 6).

Photographie 6 : La vallée de Yerba Loca (prise de vue septembre 2006).

La morphologie du site est caractérisée par trois unités physiographiques :

− au sud-est, la chaîne d’El Plomo-La Parva ;

− au nord-ouest, la chaîne du Yerba Loca qui marque la ligne de partage des eaux avec le bassin versant du Río San Francisco ;

[95] Le cours d’eau principal, l’estero6

Yerba Loca, large de 3 à 5 mètres, coule en direction du sud-ouest à travers la vallée du même nom. Il trouve sa source dans le cerro7

La Paloma à 3.900 mètres d’altitude. Dans son parcours de 22 km, le cours d’eau reçoit l’apport de deux affluents, les esteros La Leonera et Chorrillos del Plomo, avant de se jeter dans le San Francisco à 1.400 mètres d’altitude.

Son débit moyen annuel est à peine de 1 m3/s (entre 1987 et 2006), enregistrant une haute variabilité interannuelle avec une période sèche et une autre humide pour chaque année (figure 36). Pendant la saison de fonte, son débit est maximal, pouvant atteindre entre deux et cinq m3/s.

Figure 36 : Débit moyen de l’estero Yerba Loca, entre 1987 et 2006 (DGA, 2008).

Du point de vue saisonnier, les basses eaux estivales sont alimentées par les eaux de dégel de la cordillère. Au cours du printemps le débit de l’estero augmente fortement, soutenu par la fusion nivale des versants (figure 37). Cette eau est disponible pour les plantes au début de la période végétative.

6 Au Chili, rivière à faible débit.

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Figure 37 : Débit moyen mensuel de l’estero Yerba Loca (calculé entre 1987 et 2006 (DGA, 2008).

A Yerba Loca, quatre types de végétation sont identifiés: le

matorral sclérophylle à succulents entre 900 et 1.500 mètres, la forêt sclérophylle de montagne dominé par Kageneckia angustifolia (photographie 7) entre les 1.600 et 2.300 mètres, la végétation des zones humides (« vegas ») et la végétation de l’étage andine entre les 2.100 et 3.700 mètres (ARROYO et al., 2002). Au-delà de cette altitude, les plantes vasculaires sont quasiment absentes (CAVIERES et al., 2000 ; ARROYO et al., 2002).

Photographie 7 : Formation à Kageneckia angustifolia au Sanctuaire de la Nature de Yerba Loca - Chili (prise de vue mars 2008).

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Dans une étude floristique, ARROYO (2002) a analysé l’apport de la réserve de Yerba Loca à la conservation de la flore vasculaire dans le contexte régional du Chili. Cette étude montre que Yerba Loca, avec une surface équivalent au 0,3 % de la surface de la Région Métropolitaine de Santiago et de la 5ème Région de Valparaiso8, contient 27 % de la flore native de ces deux régions, et entre 16 et 17 % de la flore de la zone méditerranéen du Chili central. L’étude conclut que la réserve de Yerba Loca est très intéressante du point de vue de la conservation de la flore vasculaire et que les petites zones protégées comme celle-ci sont très riche en biodiversité.

Les Sanctuaires de la Nature, comme le Sanctuaire de Yerba Loca, sont une catégorie des Monuments Nationaux, sous tutelle du

Consejo de Monumentos Nacionales (CNM), qui dépend du Ministère de l’Education. La loi 17.288 du 04 février de 1970, dans son article 31, définie les Sanctuaires comme : « les sites marins et terrestres qui offrent des possibilités particulières pour les études et recherches géologiques, paléontologiques, zoologiques, botaniques ou écologiques, ou ayant des formations naturelles dont la conservation présente un intérêt pour la science ou pour l'Etat ».

Le système d'aires protégées au Chili comprend non seulement les zones SNASPE (Sistema Nacional de Areas Silvestres Protegidas del Estado), destinées à protéger les écosystèmes terrestres localisées sous propriété fiscal, mais aussi plusieurs autres initiatives, comme les aires marines protégées, les zones côtières, les concession d’aires de droit privés, les aires protégées de type privé, les zones rurales réglementées pour le développement touristique, les sanctuaires de la nature (qui ne sont pas nécessairement de propriété fiscale), et les aires d'une reconnaissance internationale, telles que les réserve de la

8 La Région Metropolitana de Santiago et la 5ème Région ont une surface totale de

32.177 km2

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biosphère, les sites Ramsar9 et les sites du patrimoine mondial, qui se recoupent souvent avec d'autres catégories nationales.

Le SNASPE englobe trois types des zones protégées : les Parcs Nationaux, les Réserves Nationales et les Monuments Nationaux, tous sous la tutelle de la CONAF (Corporacion Nacional Forestal). Les parcs nationaux ont une fonction de préservation intégrale et d'accueil du public. Quant aux réserves forestières, elles ont pour vocation de développer une gestion durable et multifonctionnelle.

Tableau 5 : Zones protégées au Chili (OCDE, 2005).

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DEUXIEME PARTIE : DONNEES ET

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